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vendredi, 05 septembre 2014

Les cloches de l'Hôtel de Ville

C’est aujourd’hui l’anniversaire de Louis XIV, qui aurait 376 ans. Peu de Lyonnais, en traversant la place des Terreaux, se souviendront qu’on posa en grande pompes la première pierre de l’Hôtel de Ville en son honneur, un 5 septembre 1646, alors que le jeune roi n’avait que huit ans. Cela ne porta pas chance au bâtiment de Simon Maupin puisqu’il fut ravagé par un incendie quelques vingt-huit ans plus tard. On fit appel alors à Jules Hardouin Mansart pour le restaurer et lui donner l’allure qui est encore en gros la sienne aujourd’hui. L’hôtel de ville de Lyon ne figure pas parmi les œuvres de Hardouin Mansart sur la page que Wikipedia lui consacre. On y trouve, en revanche, celui d’Arles, que je n’ai jamais eu l’heur de contempler autrement qu’en photo. Les deux façades ont bien un air de famille, sauf que le beffroi lyonnais est placé au centre, quand celui de la patrie de Jeanne Calment se trouve fortement déporté sur la gauche.

Hardouin Mansart avait fait placer au cœur du grand tympan au-dessus de la porte centrale une statue équestre de Louis XIV, selon la tradition italienne consistant à mettre en valeur le prince. Il s’agissait surtout, pour les échevins de l’époque, d’affirmer leur indépendance effective dans une fidélité symbolique au roi. Ces vieux bourgeois provinciaux, dans une ville de commerce qui n’avait jamais eu de tradition parlementaire, avaient bien compris le paradoxe politique de leur temps, et comment cultiver la réalité de leur liberté à travers l’affirmation de leur sujétion. La Révolution l’en chassa pour le remplacer par une pompeuse allégorie de la Liberté, dont elle seule eut le secret. On décida, sous Charles X, d’y rétablir un prince et c’est Henri IV, roi bien aimé à Lyon raconte-t-on pour son soutien à la Fabrique de soie de son temps et l’annulation de la dette lyonnaise suite à la Ligue, qui fut choisi. Il y trône encore aujourd’hui.

 

On peut sourire de ce souci d’apparat et le croire caractéristique de la monarchie. La République possède aussi le sien : lors du G7 de 1996 qui se tint à Lyon, on remplaça huit des 65 cloches du beffroi, et on leur donna le nom des 7 participants  (dont Clinton et Chirac) auquel tint à se rajouter le maire de l’époque Raymond Barre. C’est un dur métier que celui de carillonneur. Les cols blancs ne s’en doutent pas, il ne faut pas être trop mélancolique. L’un d’entre eux, André Combe, se suicida en 1986 en se jetant du beffroi dans le vide. Le carillon sonne régulièrement, de 7 à 20 heures, les deux premières phrases musicales de Big Ben toutes les heures, sauf à 9, 12, 15 et 18 heures, où le carillonneur peut jouer des mélodies en fonction des demandes. Songer que Clinton, Chirac, Barre et consorts jouent ainsi dos à dos du Béart, Gainsbourg ou Macias ne manque pas d’un certain sel, à l'heure de la cacophonie politique dont nous sommes les témoins impuissants.

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Maquette de l'Hôtel de Ville de Lyon,musée GADAGNE. Le bon roi Henri en son centre 

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