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samedi, 05 décembre 2009

La dé-fête des lumières

Pour comprendre en quoi cette dixième fête des lumières lyonnaise est tout sauf réjouissante, il faut relire ce passage lumineux de L'Enseignement de l'Ignorance  (Jean Claude Michéa, Climats - 1999) :

 

C’est ainsi par exemple qu’en septembre 1995, - sous l’égide de la fondation Gorbatchev – cinq cents hommes politiques, leaders économiques et scientifiques de premier plan constituant à leurs propres yeux l’élite du monde, durent se réunit à l’Hôtel Fairmont de San Francisco pour confronter leurs vues sur le destin de la nouvelle civilisation. Etant donné son objet, ce forum était naturellement placé sous le signe de l’efficacité la plus stricte. Des règles rigoureuses forcent tous les participants à oublier la rhétorique. Les conférenciers disposent tout juste de cinq minutes pour introduire un sujet : aucune intervention lors des débats ne doit durer plus de dix minutes.

Ces principes de travail une fois définis, l’assemblée commença par reconnaître – comme une évidence qui ne mérite pas d’être discutée – que dans le siècle à venir, deux-dixièmes de la population active suffiraient à maintenir l’activité de l’économie mondiale. Sur des bases aussi franches, le principal problème politique que le système capitaliste allait devoir affronter au cours des prochaines décennies put donc être formulé dans toute sa rigueur : comment serait-il possible, pour l’élite mondiale de maintenir la gouvernabilité des quatre-vingts pour cent d’humanité surnuméraire, dont l’inutilité a été programmée par la logique libérale ?

La solution qui, au terme du débat, s’imposa comme la plus raisonnable fut celle proposée par Zbigniew Brezinski sous le nom de tittytainment. Par ce mot valise, il s’agissait tout simplement de définir un cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettant de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète .

 

Il convient ensuite de se souvenir qu'en septembre 1995, Raymond Barre vient d’être élu maire de Lyon. Il appartient, comme on peut le voir sur ce lien ou sur cet autre, à la commission Trilatérale fondé par Zbigniew Brzezinski en 1973 «club encore plus impénétrable que le Siècle, qui regroupait en 1992 environ 350 membres américains, européens et japonais, et qui constitue un des lieux où s’élaborent les idées et les stratégies de l’internationale capitaliste. »

Depuis 1989, Michel Noir avait déjà développé cette politique d’éclairage des ponts et de certains bâtiments, qui avait séduit les Lyonnais.

 

Le 8 décembre 1999,  pour le 10° anniversaire du plan lumières, on testa un éclairage exceptionnel : Illumination de l'hôtel de ville, illumination du théâtre des Célestins. La fête fut étendue au week-end précédent ou suivant. Elle durerait désormais 4 jours et fut baptisée « Fête des Lumières ». Un battage médiatique en bonne et due forme sur les chaînes nationales assura le succès de cette première opération

Ainsi redéfinie, elle s’inscrit dans la stratégie commerciale de la ville de Lyon, au même titre que le foot-business qui assure à l'OL une série de sept championnats. Aujourd’hui cette fête à dix ans. Elle n’a, contrairement à tout le discours traditionnel qui la sous-tend (voir plus bas des récits littéraires de plusieurs écrivains du XXème siècle) plus grand-chose de lyonnais sinon qu’elle se déroule dans les rues de cette veille capitale des Gaules, dont la pierre et le pavé sont  pris en otages avec tous ses habitants.

Dans le numéro de Lyon citoyen de décembre 2009 (gratuit mensuel en papier glacé de 40 à 50 pages distribué dans toutes les boites aux lettres), le roué Gérard Collomb, successeur de Raymond Barre et 7 fois champion de France avec le non moins rusé Aulas, inclut sa présentation du programme de l’édition 2009 à un appel pour le moins ridicule à être tous « ensemble pour 2016 » (voir page 7 sur le lien plushaut) . Curieusement, deux manifestations caractéristiques du programme défini en 1995 s’y retrouvent instrumentalisées au profit d'un auto-sacramental dont nous commençons à être las  : le divertissement et le foot comme programme de gouvernance…

Dans le même numéro, on découvre un interview de Stéphane Bern venu faire la pub du maire de Lyon, et qui affirme tranquillement que la fête « devient de plus en plus culturel. » On y trouve un programme des « événements » qui du 5 au 8 vont transformer la ville en une gigantesque crèche, à l’intérieur de laquelle la déambulation silencieuse de millions de badauds s’effectue en rangs serrés, d’un show tournant en boucle à un autre show tournant en boucle.

« L’aliénation du spectateur au profit de l’objet contemplé s’exprime ainsi : plus il contemple, moins il vit. Plus il accepte de se reconnaître dans les images dominantes du besoin, moins il comprend sa propre existence et son propre désir. L’extrémité du spectacle par rapport à l’homme agissant apparaît en ce que ses propres gestes ne sont plus à lui, mais à un autre qui les lui représente. » écrit Guy Debord dans la 29ème remarque de sa Société du Spectacle : Dirait-on pas qu’il est venu se promener à Lyon ces dernières années ?

La promotion gratuite de l’événementiel sera assuré entre autres par de nombreux blogueurs qui se précipiteront dans les rues pour remplir d’images leurs pages et leurs colonnes. Dans tout cela ne percera jamais l’ombre d’une analyse ni l’ombre d’une critique du moins sur le fond et l’histoire de cette manifestation.

La lecture du programme est cependant éclairante, si l’on peut dire.

En pas moins de 23 pages, on détaille les manifestations inspirées par la municipalité avec la collaboration  des associations de quartier (bénévoles ou bien plus ou moins subventionnées) enrôlées dans la préparation de la fête, dans tous les quartiers et arrondissements de la ville : Presqu’île,  vieux Lyon, colline de Fourvière, Croix-Rousse, parcours au fil du Rhône, Montchat, Duchère, Gerland… Quelle belle et touchante unanimité...

Il faut attendre la 24ème page pour qu’on signale, sous un titre pour le moins ambiguë (Autour de la Fête) les événements religieux (veillée spirituelle et accueil, montée aux flambeaux  avec le cardinal Barbarin, et liste des messes à Notre Dame de Fourvière.)

La fête traditionnelle se trouve ainsi excentrée et satellisée  « autour » de la fête technologique, laquelle par ailleurs ne cesse de revendiquer sur les dépliants touristiques sa filiation avec elle, qui lui sert de caution. Paradoxe du spectacle, aurait dit Guy Debord. Magnifique illustration de l’entertainment, également,  tel qu’il fut définit à l’origine par ses concepteurs. La tradition, tout comme l’innovation technologique, se retrouvent récupérées et instrumentalisées à peu de frais dans une opération qui n’est plus que politico-commerciale, et qui ne manquera pas de servir de communication au staff électoral de la mairie .

  
Aux Lyonnais qui sentent confusément qu’on leur a dérobé « leur fête », demeure la liberté d’allumer quelques lampions déposés sur le rebord d'une mélancolique fenêtre. Même ceux-là, hélas, n’auront d’autre alternative que d’être récupérés par le spectacle, puisque que comme le dit dans sa langue de coach simpliste et de mage inspiré le mégalo-maire de Lyon (qui s’apprête à vendre l’Hôtel-Dieu par ailleurs) dans son opuscule de propagande municipale : « Le soir du 8 décembre posons des lumignons sur le rebord de nos fenêtres ; tout en perpétuant notre tradition nous montrerons à quel point nous pouvons nous mobiliser et participer. L’avant-veille le 6 à 19 heures, nous avons rendez-vous avec le feu d’artifice reporté le 14 juillet en raison des intempéries ; il aura toute sa place lors de la Fête des Lumières. Ensemble, nous allons revivre cette fête, passion au cœur. La passion, celle qui engendre l’enthousiasme dont dons avons tant besoin… »

( On croirait entendre Zbigniew Brezinski – voir plus haut- troublant, non ?)

A partir de ce soir, tout le périmètre du centre ville sera fermé. Il n'y a bien que les commerçants qui se frottent les mains devant cette  grand messe du commerce. La piètre équipe municipale également, qui gère l'image de la ville comme si c'était une entreprise, et qui n'a plus à présenter à la population que ce genre d'événementiel pour redorer son blason.  Pour le reste, la plupart des gens que je connais me disent : "vivement le 9 !"

 

Si vous avez le temps, voici quelques témoignages d'écrivains du vingtième siècle  décrivant des impressions d'enfance sur les Illuminations du 8 décembre. Des descriptions plus politiques, également, sur les luttes qui opposèrent les laïcards et les cathos. Tout ceci ne manque pas de sel, et est à suivre au fil de ces différents liens :

 

- témoignage de Marcel E Grancher

- témoignage de Charles Joannin et suite

- témoignage de Tancrède de Visan et suite.

- témoignage de Pétrus Sambardier

- Contre les Lumières  (Solko, 2008)

- Procedo, cessi, cessum

- Le 8 décembre du temps de l'O.T.L.

 

19:13 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : politique, lyon, fête des lumières, noël | | |

Commentaires

Tout s'éclaire à la lumière (j'ose le bon mot, profitez!...) de ce bellit ! et de ce Zignbiew Zinbrewski comme quoi à l'avenir, (après ulectre de ce bellit), il faudra toujours se méfier de ces personnes qui ont des noms de poètes maudits...
Ce qui consolera (un brin) quant à cette future dé-fête de la lumière c'est qu'il ne s'agit juste que du passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps...
(N'est ce pas comme nue cretto de choume par rapport à la vie des trases ?)

Écrit par : La 29 eme démarque | samedi, 05 décembre 2009

@ Frasby : " Nue cretto de choume par rapport à la vie des trases ", oui, mais on peut dire cela de notre vie aussi. Le bordel qu'on fout sur la naplète, elle aura des millions d'années pour s'en remettre la naplète ; notre espèce pas sûr qu'elle se réinvente, ce qui, me direz-vous...

@ Solko : L'extrait de Michéa donne un sacré éclairage. Il fait froid dans le dos. Depuis le temps que vous conseillez cette lecture, là j'ai compris. Nom de Zeus...

Écrit par : Michèle | dimanche, 06 décembre 2009

@Chimèle : De trone evi ! tuto fiat ! c'ste beni le ness de la 29eme quaderme.
Je ne sais pas pour l'heure si la naplète pourra s'en remettre... Ma lobule de crastil étant à la NAPE...
Des millions d'années ! vous êtes très optimiste chimèle !
Quant à notre espèce... Espèce de quoi ? qui réinventerait tout de A à Z avec des petites puces dans serre-veau, ça peut aussi. Ce qui me direz vous ...
@ Solko : Pour l'extrait de Michéa, je pense tout pareil que Chimèle. Froid dans le dos aussi. Vous nous offrez la fête de l'éclairage Solko ?
Décidément vous ne ferez jamais rien comme les autres !!! vindieu !

Écrit par : Garni de soupières | dimanche, 06 décembre 2009

Vivement le 9 alors!!!

Écrit par : Sophie | dimanche, 06 décembre 2009

Je vais encore jouer l'avocat du diable même si je partage ce constat sur la fête des Lumières.
La récupération à des fins commerciales de notre fête religieuse et traditionnelle n'est pas propre au 8 décembre à Lyon : le carnaval de Venise, les carnavals du Nord, les marchés de Noël alsaciens ont subi la même dérive que celle-ci et il nous faut dénoncer plus largement tout un système de société qui est d'abord et exclusivement marchand.
Système qui aboutit par ailleurs et le rapprochement me paraît juste avec la suppression de l'épreuve d'Histoire et géographie au bac scientifique qui draine actuellement la majorité des élèves.

Quant aux maires auxquels il est demandé de faire plus en "gagnant" moins, il est difficile de leur faire porter à eux seuls la responsabilité de ces dérives.

Écrit par : Rosa | dimanche, 06 décembre 2009

@ Frasby : Zbigniew Brzezinski, poète ditmau ! Je reconnais bien là votre muhour ! Ancien conseiller de Jimmy Carter et fondateur de la Trilatérale en 1973, le monsieur doit être (on l'espère) à la retraite mais il aura pas mal sévit et fait bien des gatdés !

Écrit par : solko | dimanche, 06 décembre 2009

@ Michèle :
De ce point de vue là, l'apport de ce petit livre pourtant ancien, "l'enseignement de l'ignorance" reste d'actualité. En tous cas tout ce qui s'y énonce se trouve confirmé par ce que nous avons sous les yeux. Le problème c'est que nous en sommes réduits à faire des constats d'impuissance devant le "tsunami"...

Écrit par : solko | dimanche, 06 décembre 2009

@ Sophie : C'est vrai, "vivement le 9."
C'est ce que disent les bonnes gens autour de moi.
Sauf qu'il y a une suite. Comme disait Murray, "le chaos festif et touristique est devenu la trame de nos vies concrètes."
Les Fêtes à la sauce actuelle sont loin d'être terminées : " Tous ces évènements ont un point commun celui d'être racontés comme des sommets de positivité".
Vivement Janvier donc !

Écrit par : solko | dimanche, 06 décembre 2009

@ Rosa : Nous disons bien la même chose : Les Lumières à Lyon, les carnavals et les marchés de Noëls un peu partout, les joutes nautiques de la Saint-Louis à Sète (la ville entière transformée en scène techno),les multiples festivals d'été, les journées de ceci et de cela et chaque maire qui obtempère,de quelque parti politique qu'il soit : suivre le lien là-haut sur, entre autres les objectifs de la Trilatérale et la politique mise sur pied par ses dirigeants.
Comme ils voient que la population s'en satisfait, avec en première ligne la jeunesse, j'aime autant vous dire que nous sommes pas au bout de nos surprises...

Écrit par : solko | dimanche, 06 décembre 2009

@Solko : Oui, hein ! vivement Janvier !
Rendez vous TOUS à la fête de la galette !
(on n'en sortira plus jamais ! plus jamais, je vous dis)

Écrit par : Frasby | dimanche, 06 décembre 2009

Je dirai même pluss : vivement février!
La fête à la galette n'attend même plus celle des rois mages, il y en a déjà dans quelques hypermarchés.
(j'éteins les lumières)

"la population s'en satisfait, avec en première ligne la jeunesse" : çà fait pas un peu vieux ronchon çà Solko?
Oups, je suis sûre que vous aurez une réponse excellente!

Écrit par : Ambre | dimanche, 06 décembre 2009

Beaucoup de jeunes, c'est vrai ... mais aussi des vieux.
J'ai marché deux heures ce soir sur les berges du Rhône, la foule était fluide et familiale. Ambiance bon enfant. Soyons honnête je ne serais pas sortie sans cette occasion, un dimanche soir, même par la douceur d'une fin d'automne. ! Le feu d'artifice ? Je ne lui trouve pas plus d'intérêt au 14 juillet : j'ai toujours détesté le 14 juillet ! Je trouve même que ce serait une bonne idée de l'instaurer en cette période de l'année.
Lyon est devenue une ville qu'on visite : Solko tu regrettes l'époque où elle était sale et noire et où on se plaisait à cuchonner entre lyonnais ? J'en garde un souvenir détestable !

Écrit par : Rosa | lundi, 07 décembre 2009

@ Frasby : Possible que l'horizon extérieur soit bien bouché. Reste l'intérieur.

Écrit par : solko | lundi, 07 décembre 2009

@ Ambre : Ma remarque tient du constat.
Disons que la jeunesse, plus malléable, a encore des excuses d'être ainsi manipulée. Les vieux, s'ils se font piégés et entraînent leurs gosses dedans, ils sont impardonnables.
PS : Ronchon. Cela me va. Je n'ai pas de vocation à être "sympa", Dieu m'en garde !

Écrit par : solko | lundi, 07 décembre 2009

@ Rosa :
Je crois que Lyon a toujours été une ville très visitée, depuis la plus lointaine Antiquité. La différence - et en cela elle ne différera bientôt plus des Venise et autres lieux sordides du parc cuculturel européen, c'est qu'elle était jadis également habitée. Vivante.
Elle suit, ni plus ni moins, l'évolution des autres villes qui est impulsée par une gouvernance mondiale malsaine et pas du tout "sympa"...
Je ne déplore ni ne regrette rien, je dénonce. C'est très différent.

Écrit par : solko | lundi, 07 décembre 2009

Bonjour, Solko.
Il y a juste un an, je suis revenue à la fête des lumières à Lyon, pour la première fois depuis mes lointaines années estudiantines, l'époque des monômes dans le vieux Lyon. J'attendais la nostalgie. Nulle nostalgie, en fait, c'était un autre monde que j'ai trouvé beau, de cette beauté artificielle qui glisse sur la mémoire sans y laisser la moindre empreinte. La beauté, la chaleur de l'ancienne fête, elles, restent intactes dans la mémoire.
Vous avez parfaitement raison de "dénoncer" et je vous sais gré de différencier "regretter" et "dénoncer" pour Rosa: elle le comprendra peut-être mieux venant de vous que de moi! :-)
Il s'agit bien d'un mode de vie uniformisant et abrutissant qu'on nous impose. Que faire? Je m'occupe d'une association de protection du patrimoine en Basse-Normandie( qui est à la France actuelle ce qu'était la Basse-Bretagne dans l'Ingénu de Voltaire), avec l'espoir de Cristina Campo, préserver les quatre trésors que les morts nous lèguent, le paysage, le langage, les mythes, les rites, pour les rendre à ceux à qui on les a arrachés. Cette année, la préfecture de l'Orne a inauguré un festival du patrimoine, "Pierres en lumière dans l'Orne" qui s'inspire peu ou prou de la fête des lumières à Lyon,avec les moyens financiers en moins puisqu'il repose uniquement sur... le bénévolat des associations et mairies! Nous y avons participé dans le but de faire connaître notre association et de récupérer quelques sous pour la restauration d'une église romane classée monument historique dont tout le monde se fout. Quel rapport avec la fête des lumières à Lyon? Simplement le fait que la question n'est pas uniquement celle du système économique (même si les analyses de Debord sont pertinentes) ni celle de la société mais plus largement celle d'une civilisation nihiliste dans son essence sous le voile pudique de la laïcité,qui mêle inextricablement tout. Dans cette inextricable mêlée, les enjeux économiques sont toujours au premier rang, mais il est peut-être possible, avec d'autres intentions,avec la foi surtout (pas nécessairement la foi religieuse) de provoquer une brèche dans l'édifice.
Que faire des églises? m'a demandé un jour, avec un soupir de perplexité lasse, la conservatrice du musée d'art sacré de l'Orne.Des lieux de concert, d'expos, de sons et lumières? A quelles fêtes, quels rites nouveaux pourraient servir les églises? J'ai la naïveté de croire que dans un futur dont nous ignorons tout alors que nous croyons pouvoir le planifier, le maîtriser, ces lieux pourraient être de nouveau véritablement habités.
Pardonnez moi d'avoir été si longue pour une première visite. Cordialement.

Écrit par : Elisabeth B. | lundi, 07 décembre 2009

@ Elisabeth B.
La question du bâti patrimonial m'intéresse tout particulièrement depuis que j'ai appris que Gérard Collomb envisageait de transformer l'Hôtel-Dieu de Lyon (dôme, façades et galeries compris)en hôtel de luxe et en galerie marchande... Si la question vous intéresse, vous trouverez sur la colonne de droite une série d'articles (pour une véritable concertation à propos de l'hôtel dieu - dans la colonne Lugdun'hommes - et une pétition plus haut toujours à droite.)
Le devenir des bâtiments religieux m'est tout particulèrement sensible. Je me souviens que Pascal Adam a écrit un très beau texte sur ce sujet titré "la clope de Paques". Je suis en train de me documenter à propos de la réflexion tenue en ce moment sur cette question par ceux sur qui s'appuient les décideurs politiques (idéologues, chercheurs, universitaires et "penseurs"...). Le moins que l'on puisse dire est que les bâtiments religieux sont en ce moment un sujet sensible.
Vous avez raison de souligner le fait que "le mal vient de plus loin" : la preuve étant qu'au fond, cette politique de divertissement conduite dans le monde entier satisfait finalement beaucoup de gens, suscite de multiples adhésions. C'est presque comme si, en s'érigeant contre, on faisait figure d'empêcheur de tourner en rond. Au sens propre.
De Cristina Campo, je ne connais que peu de choses - le billet de Stalker m'a interpellé à l'époque (je laisse le lien ici : http://stalker.hautetfort.com/archive/2009/01/09/les-impardonnables-de-cristina-campo.html ...

Merci de votre long commentaire et à bientôt.

Écrit par : solko | lundi, 07 décembre 2009

"du pain et des jeux" (Juvénal)

rien de bien nouveau sous le soleil, solko, " du pain et des jeux télévisés" peut-être, et encore...tout change mais rien ne change, ironie des apparences...mais, au fond, quelle importance?

Écrit par : gmc | mardi, 08 décembre 2009

Quand j'ai débarqué à Lyon à la fin des années 60
quand je m'y suis mariée et que les lyonnais me demandaient : "vous êtes une quoi" ?
je n'ai pas du tout eu l'impression d'arriver dans une ville vivante.
J'ai même trouvé cette ville détestable pour ceux qui n'avaient pas la chance d'être nés à Lyon. Et franchement je préfère les touristes d'aujourd'hui aux Lyonnais de cette époque.

Écrit par : Rosa | mardi, 08 décembre 2009

A Lyon comme ailleurs, y a toujours eu des "imbéciles heureux qui sont nés quelque part", et il y a toujours eu des gens qui vivent "auprès de leur arbre". Nous n'avons pas dû connaître les mêmes personnes.
Et puis tu ne peux pas toujours tout ramener à ta seule expérience personnelle pour juger le monde sans être de mauvaise foi. Ces foules silencieuses de morts-vivants, errant dans la fête technologique sous le contrôle de cameras et le regard narquois (ou las) de CRS, ces rapports de la Trilatérale, cette redéfinition planétaire des fêtes traditionnelles en show technologique sous contrôle, cette disparition de l'humain, c'est un fait, pas un ressenti.
Il n'y a qu'une sorte de touriste, celui qui se plie aux règles du grand show , celui qui "collabore"; il y avait une grande sorte de Lyonnais, du populaire ou grand bourgeois : le nivellement a fait son travail depuis.
Pour moi, ta dernière phrase n'a aucune pertinence et aucun sens car elle oppose deux réalités qui ne sont pas sur le même plan.

Écrit par : solko | mercredi, 09 décembre 2009

Vous z'y croyez vous à l'horizon intérieur ... ? (zhorino iniutrére)
C'est comme la beauté intérieure, l'horoscope, les bougies parfumées, moi j'dis on y croit ou on n'y croit pas. Ou bien alors, vous voulez dire, ces gens qui vivent DANS leur arbre. ("auprès", c'est encore trop risqué). Donc, sous l'écorce même !
L'horizon intérieur avec un tire bouchon à portée de main = "Pour en finir avec l'horizon extérieur"... (C'est de Nietzsche ! (;-O !)

Écrit par : Frasby | jeudi, 10 décembre 2009

Comment vous dire, Solko ?
Je ne suis même pas étonné.

Écrit par : Pascal Adam | samedi, 12 décembre 2009

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