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vendredi, 05 février 2010

Scandaleux,sordide,fascisant...

Scandaleux, sordide, fascisant

Que n’ai-je entendu sur le débat suscité par Besson à propos de l’identité nationale.  Tandis que Besson et son inquiétant rictus politicien sortait du bois, Peillon instrumentalisait le non-débat pour placer ses billes dans son parti décomposé.

Et puis, comme on le fit de l’épidémie de la grippe A, on déclara le débat terminé.

Jusqu’à ce que ce que, pour faire parler de soi, à droite comme à gauche, ces deux partis interchangeables que sont le PS et l’UMP trouvent autre chose.

Scandaleux, sordide, fascisant : ce débat est surtout inutile, imbécile et sans issue. Il me rappelle ces espèces de questions bidonnées que posait Delarue dans son talk-show : comment vit-on avec un paraplégique ? Y-a-t-il une vie après un troisième divorce ?

Qu’est-ce qu’être français ?

Etre français, c’est avoir épousé, comme un italien, un russe, un marocain, ou un esquimau, les contours d’un certain particularisme au sein de la grande famille universelle. Mais j’emploie des mots que l’idéologie dominante, à l’élaboration de laquelle PS et UMP auront bien contribué de pair (1), n’aime pas : l’idéologie dominante préfère mondialisé à universel, et communautariste à particulier. Demander aux français résidents en France de se poser la question de leur identité, cela revient à les considérer comme une communauté parmi d’autres. Or nous ne sommes pas une communauté parmi une autre. Car le communautarisme est une imposture autant idéologique qu’historique, nous le savons tous. J’en veux pour preuve cette réflexion identitaire que je viens de conduire à travers nombreux textes sur le fait d’être lyonnais : réfléchir au particularisme sans déboucher sur l’universel, c’est se perdre dans le communautarisme, comme le lit d’un torrent qui prendrait la mauvaise pente et n’arriverait plus ensuite à trouver la route de la mer.

Le marché mondialisé a besoin de penser le monde sans histoire et sans transcendance : c'est-à-dire sans particularisme et sans universel. Le monde a besoin d’un seul marché et le marché a besoin qu’il n’y ait face à lui qu’un monde fait d’individus et de communautés qui auraient besoin exclusivement de lui pour trouver (et se payer) de pauvres repères afin de survivre dans une idéologie et une histoire faites de bric et de broc. S’interroger sur une quelconque identité dans un tel contexte, cela revient à renoncer (ou faire mine de) à la sienne. Seul celui qui est perdu se demande qui il est. Et ce qui était vrai, jadis, sur un plan uniquement ontologique, l’est devenu, aussi dans ce monde post-moderne et foireux, sur le plan identitaire. Dans un tel contexte, et au vu des échéances électorales qui se préparent, nous n’avons pas fini d’entendre un peu partout des âneries en cascades. Je viens par exemple d'apprendre hier soir qu'on pouvait, au XXIème siècle, porter le voile pour les beaux yeux de Mahomet et militer dans un parti d'obédience marxiste. Visiblement, il n'y a pas que la religion qui est l'opium des peuples... Vive les facteurs !

Comme demeure d'actualité, dès lors, cette remarque de Léon Boitel dans ce passage où il justifie l'existence de la revue qu'il vient de créer en 1835 :

«  Au milieu des graves préoccupations qui dominent notre société, au milieu de tant de partis qui la déchirent, de tant de corruption et de scepticisme qui l’envahissent, au moment enfin où, à voir les transes convulsives qu’elle éprouve, on devine l’enfantement de nouvelles idées et l’agonie d’idées anciennes ; nous dirons qu’avec les révolutions matérielles il nous faut les révolutions intellectuelles ; qu’aux hommes ballottés par la politique décevante et irritante, il faut souvent une page où reposer l’esprit. »

 

 

 

(1) L’encartage politicien mis à part, rien ne ressemble plus à Nicolas Sarkozy que Dominique Strauss-Kahn. Les sondages qui discrètement nous rappellent l'existence d'une opposition entre eux deux en témoignent. Rien, hélas, ne ressemble non plus tant à Martine Aubry (M.A) que Michèle Alliot Marie (MAM).

 

 

 

 

 

23:52 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique, ps, france, régionales, actualité, société, identité nationale | | |

jeudi, 31 décembre 2009

Pont la Feuillée (1)

« Du pont de Pierre où j’étais alors, en me tournant vers la rivière, j’avais à ma droite le pont Seguin, et à ma gauche un autre pont suspendu dont j’ignore le nom, mais que les lions qui en retiennent les chaines désignent assez à la vue. J’aime ces lions ; ils sont bien posés, bien assis dans leur force ; ils serrent bien et avec volonté sous leurs griffes puissantes, les liens où viennent aboutir les derniers anneaux. Et je passe avec confiance sur ce pont, quelque lourd qu’il paraisse, sans craindre jamais que par fatigue ou distraction, ils ne me laissent engloutir »

« Une heure de flânerie », in Lyon vu de Fourvière, Léon Boitel, 1845

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Le pont La Feuillée décrit par le flâneur de Boitel était un pont suspendu ouvert en 1831. Il fut remplacé par un pont métallique en 1910, que les Allemands détruisirent totalement en 1944. Le pont actuel est en acier, et n’offre que peu d’intérêt.  

Sur la photo, on ne voit pas les lions mais le quai Saint-Vincent et les rails des tramways, ainsi que l’agitation sur la Saône. Le cliché, qui date de 1897, est de Jean-Jacques Dutey (1860-1924). Etrangement, le pont la Feuillée y est redoublé par une passerelle provisoire, comme en témoigne les poutres en bois de son pilier. Plus loin, le pont du Change, également disparu.

Sur la carte postale ancienne plus bas, on peut voir clairement le cul des lions, et presque leur tirer la queue. La carte a voyagé et le cliché est de moins bonne qualité. Il faut s'arracher les yeux pour connaître ce qu'on joue au théâtre, ce soir.

 

 

Les dernières jours d’une année sont comme les derniers pas que nous faisons sur un pont. Impression (souvent fausse) que les choses vont changer en posant les pieds sur une autre rive. Voilà un beau lieu commun, lourd, épais, éculé, que j’aime bien.

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00:25 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : pont la feuillée, lyon | | |

mercredi, 02 décembre 2009

Je ne me ferai pas vacciner

Je ne me ferai pas vacciner, évidemment.

S’il existait un vaccin contre la connerie, au moins, tous ces gens qu’on voit rentrer, tête baissée, dans la propagande de l’Etat pourraient être immunisés et l’air redeviendrait en partie respirable. Mais non. Il n’en existe pas. La propagande, partout. L’insidieuse, la sale propagande. Je pense aux individus isolés qui regardent ces émissions. Leur seule compagnie. J’en ai connu des comme ça. Qui croient tout et son contraire. Morte en eux, la conviction. Avortée. La télévision a désormais le pouvoir de créer une guerre civile, une épidémie, de gérer des mouvements de solidarité, de vote, de guider les gens dans leurs indignations (les Suisses ne veulent pas de minarets chez eux, pouah les méchants !), de les mettre en empathie avec n’importe quel leader, de guider leurs goûts « musicaux », « littéraires », leurs opinions politiques, etc, etc…

La dictature de la gouvernance mondiale est passée à un stade encore supérieur avec la mise sur le marché de l’illusion technologique. Les pratiques culturelles des individus ne sont plus que des pratiques d’impuissants solitaires : avec mon portable, mon facebook, mon MP3, je pratique l’onanisme culturel en permanence. Accroc. C’est un contrôle absolu de l’opinion qui n’eut sans doute pas de précédent dans l’histoire de l’humanité.

Leurs affects… Leur reste que ça. Plus quelques mots. Vocable d'impuissants.

Parfois, dans les rues de Lyon, je me pince, car je ne reconnais plus mon pays. Où sont passés la simple politesse, le plaisir de marcher ensemble sur les mêmes trottoirs, la connivence immédiate, la personnalité de chacun ? Des clones manufacturés par le prêt à porter. La gouvernance mondiale. Moi, parmi eux. Une colère en fusion, parmi d'autres. Mais tant et tant qui semblent satisfaits. (ce que dit Ellul : un technicien est toujours satisfait...)

Sans prétention baudelairienne, pourtant, moi, parfaitement étranger.

« Eh, qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger … » Cette part de poésie qui grelotte en moi au milieu de ces jeunes gens en acier, de ces adultes infantilisés, de ces vieillards apeurés. Une affiche publicitaire avec un mannequin-putain accroupie, sorte de goule rousse pour un parfum qui me dit : « tout ce que tu as lu est en trop, au pays des illéttrés. »

Là-haut, la marchandisation de l’or au même prix que celle de la merde.

Il n'y a pas de crise économique au pays de cette marchandise.

Les journalistes collabos. Et combien "d'artistes", collabos ?  "D'intellos", collabos ?

Ils n’y voient que du feu. Ou le feu qu'ils voient les aveugle.

Résultats tout pareils.

 

Dans quel sens cela fonctionne, cet aveuglement des masses ?

Tout se vend tout se vaut.

Et vice-versa

 

Je ne me ferai pas vacciner.

05:48 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : vaccination, politique, h1n1, grippe, propagande | | |

vendredi, 06 novembre 2009

Un conseil épatant

« Les maîtres et les maîtresses querellent communément les domestiques de ce qu’ils ne ferment pas les portes après eux ; mais ni les maîtres ni les maîtresses ne réfléchissent qu’il faut ouvrir ces portes avant de les fermer, et que fermer et ouvrir les portes, c’est double peine ; le meilleur donc, le plus court et le plus aisé, est de ne faire ni l’un ni l’autre. Mais si vous êtes si souvent tourmenté pour fermer la porte qu’il vous soit difficile de l’oublier, alors poussez-la en vous en allant avec tant de violence que la chambre en soit ébranlée et que tout y tremble, afin de bien faire voir à votre maître ou à votre maîtresse que vous suivez ses instructions. »

 

Jonathan Swift,  Instructions aux domestiques (1731)

 

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16:58 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : jonathan swift, littérature | | |

mercredi, 04 novembre 2009

Bienfaits et méfaits d'une même solitude

 

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« Je ne sais comment vous avez fait ; mais depuis que vous vivez dans le séjour des talents, les vôtres paraissent diminués ; vous aviez gagné chez les paysans, et vous  perdez parmi les beaux-esprits. Ce n’est pas la faute du pays où vous vivez, mais des connaissances que vous y avez faites ; car il n’y a rien qui demande tant de choix que le mélange de l’excellent et du pire »

( J.J. Rousseau - de Julie à Saint-Preux – La Nouvelle Héloïse, II, 27)

15:44 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : la nouvelle héloïse, rousseau, littérature | | |

dimanche, 01 novembre 2009

Etre en avance sur son temps

Il est un rien plaisant de lire dans Lyon Citoyen ( le magazine gratuit  d’information et de propagande de la politique culturelle de la ville de Lyon) que la même équipe municipale qui s’apprête à céder l’Hôtel Dieu à un repreneur privé «affirme son attachement à la pensée humaniste » à l’occasion d’une exposition consacrée à Etienne Dolet pour le 500° anniversaire de sa naissance (1)

Il est par ailleurs amusant de voir qu’au lieu d’essayer de comprendre en quoi Etienne Dolet fut vraiment un homme de son temps, ce qui est la seule question vraiment digne d’intérêt, la communication de la Ville de Lyon insiste sur le fait qu’il fut « tragiquement en avance sur son temps »…

Ce lieu commun, depuis si longtemps asséné à propos de tout et de n’importe quoi, dit bien le narcissisme idiot de notre temps, de notre monde, et de notre société qui se croit avec une imbécilité rarement égalée le centre ou le devenir de tout.

Au fond si Dolet est intéressant aux yeux du rédacteur de l’article, c’est parce qu’il « paya de sa vie sur le bûcher ses idées progressistes ».

 

Toute cette terminologie si pontifiante et si bête est usée. Et c’est parce qu’elle est devenue insignifiante qu’elle fonctionne comme fonctionnent ces panneaux signalétiques qu’on reconnait de loin : parking, urinoir, rampe pour handicapés…

Toute cette pensée anesthésiée, cette non-curiosité véritable de l’autre convient si bien à l’époque.

Comme au fond nous conviendront ces bâtiments historiques partout reconvertis, derrière lesquels les repreneurs feront leur business, et dont le citoyen lambda se contentera,  pour au fond  se croire cultivé, de photographier en quelques secondes la façade restaurée, juste avant de remonter dans le car.

 

Tout cela pue tellement la mort, la charogne.

 

Ah j’oubliais, pour affirmer son attachement à la pensée humaniste, la ville de Lyon a non seulement soutenu l’exposition organisée par la Bibliothèque Municipale, l’association laïque des amis d’Etienne Dolet et l'Université Lyon 2 (2) mais elle a aussi émis un timbre à son effigie et acquis une édition originale (on ne sait de laquelle de ses œuvres, et d’ailleurs demandez à n’importe qui de vous dire ce qu’il a écrit …)

Quid de l’Hôtel-Dieu ?

(1)Exposition sur  ETIENNE DOLET du 12 novembre au 4 décembre, bibliothèque municipale de la Part-Dieu. 

(2) Tout ce qui est dit là concerne bien entendu la communication municipale à propos de cette exposition et ne présume en rien de la qualité ou de la non qualité de ladite exposition.

 

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10:06 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : etienne dolet, culture, lyon, hôtel-dieu | | |

jeudi, 29 octobre 2009

Lieux Communs

·         01 Il faut voter

·         02 J'ai du talent

·         03 Le monde bouge

·         04 N'ayez pas peur.

·         05. Le monde change

·         06 "Notre Société"...

·         07 C'est que du bonheur

·         08 Monter en puissance

·         09 Le devoir de mémoire

·         10 J'honore l'argent

·         11 "Je vous laisse..."

·         12 De la videosurveillance et des lieux communs

·         13. Bêtise et lieux communs

·         14 Abolir les distances ...

·         15 Ces lieux communs venus d'Amérique

·         16 "Il faut sauver la planète..."

·         17 Faire des efforts

·         18. Les goûts et les couleurs

·         19 Profiter de la neige

·         20. On ne va pas se mentir

00:17 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lieux communs | | |

samedi, 10 octobre 2009

Noyés dans un verre d'eau

La France est devenu ce pays où la ratification par la Pologne du traité de Lisbonne et les démêlés ridicules du  neveu de François Mitterrand avec son passé sont traités à peu près à part égale dans les journaux.

Ou bien l’attribution du Nobel à Obama et le match  France / île Feroë.

 

On pourrait s’amuser à comparer longuement l’importance de ces 4 événements, à l’aune de l’intérêt que leur portent tel ou bien tel autre téléspectateur (micro-trottoirs), consommateur d’infos (sondages et billets d'humeur) ou commentateur prétendument spécialisé (éditoriaux).

C'est à  l'aune, surtout, de ses conséquences historiques sur nos vies à tous qu'il conviendra, dans la plus totale impuissance, de juger. Car un seul possède une ampleur historique réelle, et aura une incidence effective et durable sur nos pauvres existences.

 

Un seul. Vous verrez que c’est celui qui finira par passer le plus inaperçu.

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mardi, 15 septembre 2009

De l'écriture en tant que choix

Ecrire, c’est avant tout cela : faire un choix.

Entre tel et tel adjectif, tel et tel temps ou mode, telle et telle figure de style, tel et tel registre de langue…

Tel et tel lieu commun, également, tant la langue est une mère prostituée.

 

Ecrire c’est suivre aussi le fil de sa pensée sans perdre l’énergie.

C’est encore entretenir avec quelques livres et quelques auteurs une conversation vivante

Dans la mesure du possible,

Je veux dire dans la mesure où le monde actuel et ses contingences

Le permet.

 

Ecrire c’est enfin adhérer à sa propre solitude, la plus profonde et la plus juste :

Ne pas la fuir, ne pas la nier, ne pas tenter de la combattre ou de la falsifiier.

 

Lui donner la parole, ce qui demeure une haute exigence et une vraie délicatesse à l’égard de soi-même,

Dans un propos adressé à autrui

13:58 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : ecriture, littérature, roman | | |