dimanche, 01 novembre 2009
Etre en avance sur son temps
Il est un rien plaisant de lire dans Lyon Citoyen ( le magazine gratuit d’information et de propagande de la politique culturelle de la ville de Lyon) que la même équipe municipale qui s’apprête à céder l’Hôtel Dieu à un repreneur privé «affirme son attachement à la pensée humaniste » à l’occasion d’une exposition consacrée à Etienne Dolet pour le 500° anniversaire de sa naissance (1)
Il est par ailleurs amusant de voir qu’au lieu d’essayer de comprendre en quoi Etienne Dolet fut vraiment un homme de son temps, ce qui est la seule question vraiment digne d’intérêt, la communication de la Ville de Lyon insiste sur le fait qu’il fut « tragiquement en avance sur son temps »…
Ce lieu commun, depuis si longtemps asséné à propos de tout et de n’importe quoi, dit bien le narcissisme idiot de notre temps, de notre monde, et de notre société qui se croit avec une imbécilité rarement égalée le centre ou le devenir de tout.
Au fond si Dolet est intéressant aux yeux du rédacteur de l’article, c’est parce qu’il « paya de sa vie sur le bûcher ses idées progressistes ».
Toute cette terminologie si pontifiante et si bête est usée. Et c’est parce qu’elle est devenue insignifiante qu’elle fonctionne comme fonctionnent ces panneaux signalétiques qu’on reconnait de loin : parking, urinoir, rampe pour handicapés…
Toute cette pensée anesthésiée, cette non-curiosité véritable de l’autre convient si bien à l’époque.
Comme au fond nous conviendront ces bâtiments historiques partout reconvertis, derrière lesquels les repreneurs feront leur business, et dont le citoyen lambda se contentera, pour au fond se croire cultivé, de photographier en quelques secondes la façade restaurée, juste avant de remonter dans le car.
Tout cela pue tellement la mort, la charogne.
Ah j’oubliais, pour affirmer son attachement à la pensée humaniste, la ville de Lyon a non seulement soutenu l’exposition organisée par la Bibliothèque Municipale, l’association laïque des amis d’Etienne Dolet et l'Université Lyon 2 (2) mais elle a aussi émis un timbre à son effigie et acquis une édition originale (on ne sait de laquelle de ses œuvres, et d’ailleurs demandez à n’importe qui de vous dire ce qu’il a écrit …)
Quid de l’Hôtel-Dieu ?
(1)Exposition sur ETIENNE DOLET du 12 novembre au 4 décembre, bibliothèque municipale de la Part-Dieu.
(2) Tout ce qui est dit là concerne bien entendu la communication municipale à propos de cette exposition et ne présume en rien de la qualité ou de la non qualité de ladite exposition.
10:06 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : etienne dolet, culture, lyon, hôtel-dieu |
Commentaires
Elle est extraordinaire cette statue (je vois sur wikipédia qu'elle n'existe plus) mais elle est extraordinaire aussi cette photo: le type en haut de forme qui -il me semble- regarde le type à la casquette...la femme qui regarde ailleurs,- bien sûr!- et Dolet dans une autre direction. Bon, mais j'ai lu le billet hein, et bien sûr je fais partie de ceux infoutus de dire ce que Dolet a écrit!Bon dimanche Solko!
Écrit par : Sophie | dimanche, 01 novembre 2009
@ Sophie : Et vous avez vu également que Breton en parle dans Nadja ? Mais j'ai eu la paresse d'en chercher davantage. Pourtant j'ai lu Nadja. Je l'ai même fait étudier à des élèves. Et puis j'ai dû oublier cette photo, parmi les autres. Il y a tant de photos dans Nadja
Écrit par : solko | dimanche, 01 novembre 2009
Dure époque oui Solko.
Merci de (nous) faire découvrir Etienne Dolet. Je voulais rechercher dans Nadja ; pas pu mettre la main dessus, j'ai L'amour fou, mais plus Nadja. Je n'aime pas Breton de toute façon mais j'irai regarder en librairie demain.
Écrit par : Michèle | dimanche, 01 novembre 2009
Oh Michèle, c'est très joli si vous avez l'amour fou!!!
Écrit par : Sophie | dimanche, 01 novembre 2009
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