mardi, 11 novembre 2008
La guerre a pour elle l'antiquité
La guerre a pour elle l'Antiquité ...
Citation de La Bruyère ( Les Caractères) qu'on trouve dans le chapitre "Du souverain ou de la république": J'ai toujours beaucoup aimé cette citation lapidaire, car je n'ai jamais vraiment compris ce qu'elle signifiait, en réalité : Est-ce une reconnaissance admirative de l'autorité de l'Art militaire sur tous les autres, comme on dirait : « Socrate a pour lui l'Antiquité... » Est-ce un constat désolé ? Une sorte de maxime ironique et critique, comme le roué moraliste en a produit tant et tant... Ou bien les deux à la fois, dans un effet de polysémie fort efficace ? Difficile à dire. Nous sommes si éloignés de la rigueur souveraine des classiques et de leur morale, celle du Grand Siècle. J'ai toujours pensé qu'il était fort facile pour les générations contemporaines de la dissuasion nucléaire d'être contre la guerre ou anti-guerre, mais que celles d'avant, à fortiori celles de l'Ancien Régime, que rien de technique ni de technologique ne protégeait des caprices ni des foudres de Mars, ne pouvaient adopter une telle posture sans être carrément irresponsable ou puérile. Il y a dans la morale raisonnée et toujours distanciée de La Bruyère une façon de soulever ce type de questions, de mettre en tension l'éthique et le pragmatique, de solliciter l'intelligence tout en la mettant en échec, qui me séduit vraiment.
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samedi, 08 novembre 2008
Le Top 20 des messes médiatiques
Il me semble - mais je me trompe peut-être- que ça a commencé avec la Chute du Mur de Berlin. Et que l'exécution du couple Ceausescu, en direct quasiment sur tous les écrans, fut l'une des premières superproduction parfaitement achevée de la série. Quelque chose comme l'Autant en emporte le vent de la télé mondialisée. Depuis, ça n'a plus arrêté. L'histoire au rythme de l'info, l'info au rythme de l'histoire : voici un top 20 des grandes messes médiatiques que les fidèles sympathiques que nous sommes devenus avons subies depuis vingt ans. Libre à vous d'en évoquer d'autres, que j'aurais oubliées.
1 : Novembre 1989 : On casse les murs à Berlin. On chante que “we are the world…. » Francis Fukuyama déclare que, ça y est, c'est la fin de l'Histoire.
2 : Decembre 89 : Scènes de guerre civile en Roumanie en direct, chars d'assaut et police secrète, découverte annoncée puis démentie puis annoncée puis dément... de charniers à Timisoara (ville martyre), un dictateur et sa femme sont exécutés devant la dinde aux marrons et les Français s'initient à la solidarité internationale en envoyant tous leurs encombrants pour ces malheureux roumains délivrés enfin du joug de Dracula.: premier épisode, Ceausescu, Bucarest
3 : Février 91 : Feux d'artifices à Bagdad, première partie « Tempête sur le désert » (Bush père). Au pays de l'or noir, Tintin n'en croit plus ses yeux : Les puits de pétrole illuminent le désert, le Koweït est en flammes.
4 : Mai 93 : Mort de Pierre Bérégovoy, l'un des derniers socialistes à n'avoir qu'un CAP en poches, et l'œil un peu luisant de sincérité derrière de grosses lunettes. Suicidé en bordure d'un canal brumeux, comme dans un roman de Simenon. Assassiné, peut-être... Les heures glauques à l'Elysée, début d'un long feuilleton.
5 : Janvier 1996 : « Je reste avec vous en esprit » (François ou Comment s'en débarrasser, dernier acte) Le coup de Jarnac et de Mazarine. Illusionnés depuis deux septennats, des millions de Français découvrent que Tonton n'était pas Dieu.
6 : Juillet 1998 : La France vide la Coupe du monde de foot d'un seul trait, Zidane bouffon de la Nouvelle République : we are the world aussi en France, le football, même Pivot s'en étonne, devient un art à part entière et les footballeurs des héros nationaux.
7 : Août 99 : Eclipse totale de soleil en France. Tous les Gogols qui n'achèteront pas ces lunettes à la con auront les yeux cramés et feront la prospérité des marchands de cannes « pour non-voyants », qu'on dit comme cela maintenant en novlangue.
8 : Décembre 2000 : Les ratés du grand bug, passage dément au nouveau millénaire, les nouvelles technologies, si, si ! vont changer la face du monde, vous verrez... Début de l'implantation des prothèses sécuritaires à la foule avec l'apparition progressive d'une génération portable.
9 : Septembre 2001 : Deux tours percutées par deux avions, série américaine achetée par toutes les chaines du monde. Ouf ! Francis Fukuyama s'était foutu le doigt dans l'œil... Le plan Vigipirate devient la nouvelle Bible dans toutes les préfectures. Comme le dit un certain Colombani, nous sommes tous américains.
10 : Novembre 2001 : Ben Laden introuvable. Tintin, au secours !
11 : 21 avril 2002 : Jospin à l'île de Ré, Le Pen au 2ème tour, Chirac à l'Elysée pour 5 ans de plus : En France, on est tous des gens exemplaires, des gens comme il faut. Le dernier à avoir fair un score pareil pour loger à l'Elysée, c'est Louis Napoléon ... Depuis peu, Ingrid Bétancourt est otage des FARC. Début d'une série à rebondissements qui ne cessera qu'en juillet 2008
12 : Mars 2003 : Feux d'artifices à Bagdad, deuxième partie « Opération libération de l'Irak » (Bush fils) Les plus vieux font des réserves d'eau minérale dans les supermarchés, les plus jeunes s'en foutent et ne quittent plus la téle. Nous sommes tous irakiens.
13 : 26 décembre 2004 : Tsu... Tsu... Tsunami... La rue tourne. Nous sommes tous indonésiens.
14 : Mai 2005 : La France dit non au projet constitutionnel européen. C'est le grand retour du politique, paraît-il. Nous redevenons tous français.
15 : Juin 2005 : On est tous heureux pour elle... - Libération de Florence Aubenas. Serge July est content, ça fait un peu remonter les ventes de son canard qui n'arrête pas de se casser la gueule depuis que les jeunes qui se torchent le cul chaque jour avec l'œuvre de Jean Sol Partre Jean Paul Sartre ne lisent plus que la presse gratuite. Libé, c'était quand même chouette, putain !
16. 30 décembre 2006 : Un dictateur exécuté devant la dinde aux marrons : deuxième épisode, Saddam Hussein est pendu à Bucarest. Les ados montrent des extraits de l'exécution à leurs parents sur leurs portables. Il parait qu'au moyen âge aussi, ça se faisait bien d'aller regarder les condamnés qu'on pendait;
17 Janvier 2006 : La grippe aviaire arrive, ça sera pire que la grippe espagnole de 1918, on va tous y passer... En plus la banquise fond à un rythme plus soutenu que prédit, le réchauffement de la planète est en cours : Tintin, que fais-tu ?
18 : Mai 2007 : Par inadvertance, un joggeur est entré à l'Elysée. Il n'en sortira pas facilement. Entre temps, Ségolène Royal s'est prise pour Jeanne d'Arc et la Madone. A la fin, la grenouille a fini par exploser. Tout va bien. Mon grand père Jean Marie et ma grand mère Arlette partent à la retraite. Ils vont me manquer. Marine et Olivier savent pas faire la tambouille aussi bien.
19 : Octobre 2008 : De faillite en faillite, le bruit court sur la planète que la fin du capitalisme serait imminente. Vous y croyez, vous ? J'achète tous les journaux et je sais plus quoi penser. Alors, elle est morte ou pas l'Histoire ? Il parait que Fukuyama, le salaud libéral et japonais, a quitté Bush et soutient Obama. Quel bordel !
20 : Novembre 2008 : Tintin euh Zorro Obama est arrivé : Un Noir est élu à la Maison Blanche. C'est vachement sympa, non ? Du coup, la fin du capitalisme ainsi que celle du monde est reportée à une date ultérieure. Il parait que la Banquise a cessé de fondre. Because Yes. We can !
10:53 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : chute du mur, élection d'obama, yes we can |
jeudi, 06 novembre 2008
La fabrique du héros électoral
Ségolène en madone des déshérités, Sarko en justicier des banlieues, Betancourt en miraculée de Lourdes, Obama en sauveur des minorités : sous la poussée du grand vent de la démesure, les médias n'en peuvent plus de fabriquer des héros. L'élection, censée favoriser dans une démocratie mure le temps du débat, est devenue le moment où se manufacture une nouvelle autorité médiatique. Le processus, purement rhétorique, n'est pas nouveau : Rabelais et ses Géants l'a initié, à l'aube des Temps Modernes, avec de simples mots, figures de style et lieux communs. Sauf que Gargantua et Pantagruel, clairement définis comme personnages fabuleux, évoluent dans l'univers exubérant de la fiction clairement définie, revendiquée par leur auteur. Ces héros électoraux, confectionnés par les medias à partir d'images tirées du monde réel, ressemblent de plus en plus, eux, à ces héros que le cinéma nous propose en parallèle, eux aussi tirés de la réalité de façon schématique et rapide : W en névrosé, une classe de quatrième en emblème des quartiers difficiles, les médecins d'Urgences... L'écran (et non plus le livre) est la demeure symbolique dans laquelle ces figures hâtives rencontrent notre imaginaire, le sourire et le signe de la main, fugitifs, leur seul alphabet autorisé, le seul signe de complicité admis entre nous : ce qui est stupéfiant, c'est que cela fonctionne. Le candidat élu et sa satisfaction ressemblent de plus en plus au footballeur qui a passé un tour : l'un regagne son vestiaire, l'autre son bureau, jusqu'à la prochaine compétition. Fasciné par l'exploit, le public va se coucher. No comment. Si, tout de même :
Le point commun entre tous ces héros n'est pas seulement d'être dotés de qualificatifs, tous plus fabuleux les uns que les autres - voir comment, de la Madone au Messie, tout le lexique du religieux y passe - devant des adeptes transcendés par la contemplation de leurs idoles-; ils doivent aussi être dotés, non plus d'une naissance merveilleuse (on se souvient que Gargantua était sorti de façon dérisoire de l'oreille de sa mère), mais de la naissance et de l'origine les plus communes possibles. Il faut, pour que le résidu de mythe démocratique (ou du rêve américain) fonctionne -appelez ça comme vous voulez- que la matrice du peuple l'ait enfanté. Car le peuple, aliéné dans la pratique par ce système, est aussi souverain en théorie dans ce système : ne l'oublions pas. En une clameur monstrueuse qui fait de lui un simple public, ses applaudissements bien réglés et ses yeux brillants enfantent sur un plateau télé tout autant une Ségolène qu'un Nicolas, un John qu'un Barack. Aussitôt ces braves gens, complaisants avec leur notoriété comme n'importe quelle star, deviennent vite des prénoms, qu'on consomme à grands coups de slogans ou de produits dérivés, sur des badges ou des écharpes. La main qui zappe est donc aussi la main qui vote : terrible loi qu'on intériorise en famille, dès la prime adolescence, en regardant la Star'Ac ou en répondant à des sondages d'opinion bidons.
Effrayant ? Même pas. Stupéfiant, plutôt. Cela porte un nom : le divertissement. « Un roi sans divertissement disait Giono (reprenant Pascal) est un homme plein de misères ». Emplis de misères, le sommes-nous ? Pas trop, depuis que nous sommes emplis de divertissements. Méfions-nous cependant : la réalité est là, à la porte de nos écrans, si j'ose dire. Rabelais affirmait, à propos d'une affaire de mariage : « Si les signes vous fâchent, combien vous fâcheront les choses signifiées ». Tous ces héros électoraux qui sortent de l'enthousiasme des urnes et se reproduisent sur des écrans ne me disent vraiment rien qui vaille. Car si les signes nous trompent, combien nous tromperont les choses signifiées ?
08:40 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (34) | Tags : élection d'obama, star-système |
mercredi, 05 novembre 2008
Ces lieux communs venus d'Amérique
Nous vivons dans un système qui se nourrit d'images simples et de lieux communs. Nos cervelles en sont imprégnées. Nos neurones imbibés. Ceux qui veulent prendre la mesure des lieux communs venus d'Amérique peuvent circuler sur la blogosphère en ce moment : ils en recueilleront en quelques clics un beau panier ! Cela dit, la France et l'Europe ne sont pas en reste. Ces images prémâchées et ces lieux communs rabâchés sont finalement fort commodes : agglomérés les uns aux autres, ils donnent le sentiment que le monde humain possède une cohérence, là où il n'y a que vide et réelle absurdité. Ils donnent l'impression qu'une réflexion est en cours, là où tout est tragiquement incomplet. Ils offrent l'illusion d'une histoire réelle, là où ne se trouve qu'une histoire racontée. Ils procurent aux gens le sentiment qu'ils sont une collectivité, là où il ne résident, au fond, que solitudes économique et morale. Car la force du lieu commun découle de là : asséner une vérité abrupte et sans complément aucun. Exemple : Le monde bouge : Où ? Comment ? Pourquoi ? On s'en fout. L'essentiel est que ça bouge. On en frétille de bonheur ! Le point commun le plus visible entre Sarkozy le Français et Obama l'Américain, c'est qu'ils doivent l'un et l'autre leur victoire à un véritable torrent de lieux communs déversés à coups de milliards.
Pour valider son existence, le lieu commun a certes besoin de ces foules avides et fanatisées qui, littéralement, le tètent, comme bébé au sein de l'image souriante qui rassure. Et pour fanatiser les foules, il lui faut ce système binaire qui est en train de mettre la planète entière au pas en reprenant un à un tous les symboles les plus beaux de son Histoire. En France, nous avons le PS (parti refondé à Epinay il y a déjà longtemps pour porter un président à l'Elysée) et l'UMP (parti conçu plus récemment pour en porter un autre). Là-bas, démocrates / républicains, fonctionnent pareillement. En terme de carrières politiques, de pragmatisme idéologique, pas de salut hors de ces deux systèmes commerciaux qui font travailler des milliers d'experts et vendent des marques : Sarko pouvoir d'achat, Obama lave plus blanc, etc.. Ce système a sa fonction : gérer les masses (leur vie, leurs économies, leurs espérances, leurs déplacements, leurs loisirs... ) et quoiqu'en montrent ses manifestes et ses campagnes humanitaires, il n'a aucun scrupule et aucune autre morale, sinon la loi du plus fort : le plus fort étant un point dans l'infini du fantasme de chacun, point qui oscille entre le plus riche et le plus nombreux, ou le plus beau, c'est selon. Comment s'étonner que, soumis à ce système binaire, la société vive dans un état de crise permanent : on lui annonce sans cesse du nouveau, de l'historique, du changement, et la crise ne fait évidemment que s'amplifier, le nivellement des cultures du monde ne cessant non plus de s'opérer, sous le rouleau compresseur de ce schéma que médiatisent câbles, satellites et réseaux, de l'igloo de l'esquimau jusqu'à la grotte du yogi en passant par la hutte du nomade, le duplex de centre ville, l'immeuble de banlieue, le taudis des favelas. La question au fond la plus angoissante posée par la réussite de ce système, à l'œuvre depuis déjà plusieurs décennies, au vu de ce qui se passe sur Terre est finalement la suivante : méritons-nous mieux que cela ?
En tant que personnes humaines, toute la civilisation dont nous nous prévalons les héritiers postule que oui. En tant que population, masse, peuple, je ne sais trop quel mot utiliser, le doute finit par être permis...
20:08 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : obama, usa, actualité, politique, élections américaines, société |
Une élection américaine comme une autre
Le dernier sondage donnait le score du challenger de plus en plus rapproché de celui du favori, si bien que, si la tendance s'était accentuée, il aurait fort bien pu le battre. Dès l'aube du jour de l'élection, le sondage Reper donnait 55,3 % à l'un, 44,8% à l'autre, soit une approximation de 1/2% de ce que devait être le résultat réel lorsqu'il fut finalement proclamé. Le soir de l'élection, après un souper pris debout au cottage de Mme Roosevelt, nous nous rendîmes en auto, à travers les bois de Hyde Park jusqu'à la demeure principale que le Président aimait tant, où nous voulions écouter les résultats du scrutin. Dans une petite pièce à gauche du grand hall se tenait la mère du Président en compagnie de quelques vieilles dames de ses amies qui cousaient, tricotaient ou bavardaient. La radio marchait en sourdine, et elles ne semblaient d'ailleurs y prêter que peu d'attention. Dans le grand salon, où fonctionnait un autre poste, se pressait une foule curieusement bigarrée. Roosevelt, lui, était dans la salle à manger sans veston entre ses fils, son oncle Fred Delano et quelques collaborateurs. Des graphiques géants encombraient la table et dans l'office cliquetaient des téléscripteurs. Mme Eléanor Roosevelt allait d'une pièce à l'autre, attentive aux besoins
de ses invités et ne paraissant jamais s'arrêter pour écouter les résultats. Si on lui demandait son avis, elle répondait d'un air détaché : « Il paraît que Wilkie (1) est en excellente posture dans le Michigan. » C'était dit exactement sur le ton dont elle aurait usé pour remarquer : « Le jardinier m'a prévenue que les soucis fleuriront un peu en retard, cette année. » En compagnie de ma femme et de George Backer, j'allai rejoindre Hopkins (2) dans sa chambre. Il avait un petit poste de radio à 15 dollars, semblable à celui qu'il devait offrir plus tard à Churchill. Avec quelques résultats, il avait commencé un graphique, mais son papier était presque entièrement couvert de dessins. A cette heure, la position de Willkie paraissait beaucoup plus forte qu'on aurait pu s'y attendre. On m'a raconté qu'au début de la soirée, Roosevelt lui-même doutait de l'issue de la consultation. A partir de 10 heures, sa victoire apparut cependant si certaine qu'il fallut renoncer à marquer les points avec exactitude. Un peu plus tard, le Président et tous les invités sortirent sous la véranda pour assister au défilé des gens de Hyde Park , dont l'un portait une pancarte sur laquelle on avait hâtivement écrit : Bon pour le troisième. Et Roosevelt était tout particulièrement heureux d'avoir triomphé dans sa circonscription natale, fief républicain, par 376 voix contre 302 : ce fut son plus grand succès électoral à Hyde Park.
Photo : Anna Eleanor Roosevelt (1884 - 1962) Texte : Robert E. Sherwood - Le Mémorial de Roosevelt, d'après les papiers de Harry Hopkins, "la campagne pour le troisième mandat", Paris, Librairie Plon, 1950
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(1) Wendell Willkie, candidat républicain face au Président Roosevelt lors de sa ré-élection pour son troisième mandat, en novembre 1940
(2) Harry Hopkins, bras droit de Roosevelt, conseiller auprès de lui lors de l'élaboration du New Deal, patron de sa diplomatie durant la Seconde Guerre Mondiale. C'est d'après les nombreux documents qu'il laissa à sa mort en 1946 que l'un de ses adjoints, R.E. Sherwood, composa Le Mémorial Roosevelt.
09:04 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : élection d'obama, eléanor roosevelt |
vendredi, 31 octobre 2008
Vaudou best-seller
La justice française vient de débouter Nicolas Sarkozy, qui réclamait l'interdiction de la vente de la poupée vaudou à son effigie. Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette poupée accompagnée de 12 aiguilles et d’un « livre de 56 pages, commercialisée depuis le 9 octobre dans les librairies et sur le net, trouve des acheteurs. Son pendant, celle de Ségolène Royal, aussi ! Cette dernière s’est empressée d’annoncer au monde entier, au nom du « sens de l’humour » (pas des affaires) qu’elle prétend avoir qu’elle n’avait pas porté plainte dans un souci de défendre le droit à la caricature, faisant sans doute implicitement référence aux débats déjà anciens sur celles de Mahomet. Là-dessus, elle se fait traitée par Dominique Paillé (UMP) de « caricature ambulante »
Tapis au fond du bois, les dirigeants de la société Tear Prod, qui a commercialisé ces deux poupées aussi laides et dérisoires l’une que l’autre, se frottent évidemment les mains. Les deux laideurs et les aiguilles qui les accompagnent se vendent comme des petits pains. Le manuel s’arrache également et se retrouve propulsé en tête des ventes de livres, par ces heureux jours de rentrée littéraire.
A part ça, la douzaine de bombes qui a explosé dans l’Assam a transformé en film d’épouvante plusieurs marchés populaires, même scénario la veille en Somalie. Le pessimisme gagne, nous dit-on, « l’économie réelle » qui serait (apprécions ici l’emploi du modalisateur) durablement touchée. La liste des pays que menacent, au Nord la récession, au Sud la famine, ne cesse de s’allonger.
Pendant ce temps, aux Etats-Unis, on est « fan » d’Obama ou « fan » de Mac Cain, et l’on s’excite dans les derniers préparatifs d’un show comme ce pays ultra dément a le don de s’en offrir, aux frais de la planète, tous les quatre ans. Au regard de cette boulimie de mégalo-débats hystériques, les déboires de nos deux poupées françaises s'en retrouvent singulièrement relativisés. L'intérêt qu'on peut accorder à leur existence n'est plus que le signe d’un amateurisme dans le mauvais goût carrément ridicule. Tout ceci ne m'inspire qu'une réflexion : qu'est-ce qui nous attend en 2012 ?
12:22 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : politique, société, vaudou, sarkozy, obama, mac cain, élections américaines |
samedi, 25 octobre 2008
Abolir les distances
Je trouve dans A ma guise de George Orwell une réflexion intéressante sur un lieu commun aux reins solides encore dans le siècle où nous sommes : Abolir les distances. Ce joli monstre, qui daterait d'avant 1900 et de la belle invention de la locomotive à vapeur, était alors le lieu commun claironné par tous les progressistes forcenés, à « l'optimisme assez naïf ». Or ce lieu commun suggère qu'en étant parvenu à abolir les distances, les inventions modernes auraient facilité en parallèle la « disparition des frontières ». En 1944 Orwell qui constate qu'avec « l'avion et la radio », le lieu commun a passé sans encombre la guerre de 1914-1918 et le renforcement des nationalismes, jusqu'à survivre au déclenchement d'une seconde guerre mondiale, n'a pas de mal à démonter qu'au contraire, « les inventions modernes ont eu une conséquence inverse ». Bien loin d'abolir les distances, elles les ont réduites, enfermant au contraire chacun chez soi, et hypothéquant toute facilité de voyages sur la planète.
Cette réflexion de l'auteur de 1984 devrait intéresser au plus haut point ceux qui, au moment du « passage au nouveau millénaire », s'enflammèrent inconsidérément pour le « village global » et autres métaphores éculées, et s'inquiètent à présent de la montée des nationalismes. J'ai rencontré à l'époque des adultes très sérieux, répétant comme des perroquets les slogans publicitaires pour la Toile qui se mettait en place, et disant, avec cet air un peu niais, un peu naïf - on ne sait jamais quel adjectif utilisé dans leur cas : « Avec Internet, les distances sont abolies, on peut converser avec le monde entier. » Abolir les distances a même donné naissance à cette époque aussi démente que ridicule à un autre lieu commun, inepte et récurrent dans toutes les bouches et sur toutes les pages publicitaires de propagande : »
Ont-ils, depuis, rencontré « le monde entier », tous ces braves affamés de rencontres aux quatre coins de l'univers ? Tandis qu'en effet, toute distance virtuelle était abolie dans l'esprit un peu simple de milliards d'individus persuadés de vivre dans un seul monde ( in one world) , le terrorisme devenait sur Terre, avec les images du 11 septembre diffusées dans le monde entier, une sorte de fait de société, rendant de plus en plus justifiable le contrôle des déplacements réels des personnes et des biens, à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières. Et il a y a fort à parier que la crise du capitalisme, elle aussi générée par ce merveilleux développement des technologies modernes, débouche sur un renforcement plus strict encore des divers nationalismes, en Occident comme en Orient. Si au moins le développement et la circulation des idées en avaient été facilitées, on pourrait encore, sur la balance delaruesque ou bégaudesque du pour et du contre, peser en faveur du pour. Mais c'est justement à cette époque-là qu'on a vu fleurir ce qu'on a vite appelé « la pensée commune », sorte de vox populi faussement intellectualisée par des journalistes et des prétendus intellectuels, entretenue par des sondages conçus à la va-vite, le tout pour qualifier dorénavant l'opinion publique au XXIème siècle, siècle charmant où nous sommes : dans cette opération de passe-passe aussi dangereuse que tristounette, les distances ont été si bien abolies que la pensée universelle s'est muée en pensée planétaire, l'humanisme en humanitaire, le citoyen en consommateur, la réflexion en exhibition d'opinions, la culture en divertissement, la santé en capital, l'art en produit, l'école en loft, j'en passe (et des meilleures) : 1984, quand tu nous tiens par la barbichette ...
13:23 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : george orwell, internet |
vendredi, 17 octobre 2008
La France se cultive à l'école
Dans de nombreux établis semant scolaires de France, la France et les petits français se cultivent. Et donc, des sorties citoyennes sont organisées par des preux fesseurs d'instruction citoyenne et civique qui, fèzant passer la jeunesse d'un huis-clos entre des murs à un autre, vont faire zyeuter la dernière Palme d'Or de Cancanne, et que mêmeu y'a des zéducateurs syndiqués et zélés qui n'hésitent pas à organiser des soirées spéciales avec z'élus municipaux et peutits fours afin d'y débattre et causer ensemble de la belle culture qu'on y fait tous ensemble tous ensemble dans la res publica bien sympa qu'on est devenu entre nous tous ensemble tous ensemble et entre les murs et qu'il y a plein de morpions qui vont désormais apprendre la belle littérature en lisant les conneries du professeur bégue au dos... Je propose donc à tous les visiteurs de Solko un petit tour par Théatrum Mundi où Pascal Adam, le vaillant, héberge un entretien exclusif entre Alain Potent et François Bigoudi...
22:27 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : theatrum mundi, bégaudeau |
vendredi, 19 septembre 2008
Video surveillance et lieux communs (3)
"Nous sommes tellement dans les ténèbres que le seul pressentiment d'un mystère est, pour nous, de la lumière."
(Léon Bloy)
Cette citation s'applique bien à tous les "santons tristement décolorés sur des écrans policiers", dont il est question plus bas.
23:30 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, léon bloy, actualité, société, littérature, vidéosurveillance |