vendredi, 17 octobre 2008
A ma guise
Agone vient de publier les quatre-vingts chroniques écrites par George Orwell de décembre 1943 à février 1945, puis de novembre 1946 à avril 1947, pour le journal Tribune. La traduction est de Frédéric Cotton et de Bernard Hoepffner, l'édition est enrichie d'une préface de Jean Jacques Rosat, d'une postface de Paul Anderson, d'un glossaire et d'un index afin de se repérer dans le contexte de ces années-là. Le livre s'appelle A ma guise, titre de la chronique.
Orwell y discute des sujets les plus variés, en associant généralement par trois un thème de société, un thème littéraire, un thème politique : un couplet de God save the King, le maquillage féminin, le déclin de la nouvelle, les métaphores mortes et les injures mal traduites, la littérature sur commande, le nationalisme écossais, les vertus et les limites de la nationalisation, qu'est-ce que le fascisme ?... En parcourant ces chroniques, on se trouve projeté dans les coulisses de 1984, dans la conscience d'un homme qu'inquiètent l'avènement de la bureaucratie, le pouvoir grandissant de la radio, la dissolution de l'esprit critique dans les démocraties.
« Lorsqu'on examine ce qui s'est passé depuis 1930, il n'est pas facile de croire à la survie de la civilisation » (La une des quotidien et l'irrationalité du monde")
« Ce que révèlent les annonces matrimoniales, c'est la terrible solitude des habitants des grandes villes » ("Les annonces matrimoniales")
« Quand on voit ce qu'il est advenu des arts dans les pays totalitaires, et quand on voit la même chose arriver ici, de manière un peu plus voilée, par l'intermédiaire du ministère de l'Information, de la BBC, des studios de cinéma - des organismes qui non seulement achètent de jeunes auteurs prometteurs, les châtrent et les mettent au travail comme des mules, mais réussissent en outre à enlever tout caractère individuel à la création littéraire en la transformant en un processus de travail à la chaine, la perspective n'est pas encourageante. »
(L'Artiste dans la société bureaucratique moderne")
J'ai pioché au hasard, et en feuilletant rapidement ce petit livre qu'on vient de m'offrir, ces quelques citations.
17:56 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : george orwell, a ma guise |
Commentaires
Merci ça a l'air très intéressant, comme souvent avec Orwell.
Écrit par : Léopold | vendredi, 17 octobre 2008
@ Léopold : Ces chroniques d'Orwell, outre l'intérêt de leur contenu, donnent aussi une idée de la faiblesse de la presse écrite, aujourd'hui. Orwell dans Tribune, Albert Londres & le Béraud d'avant Gringoire, Kessel, Galtier Boissière, Mauriac, jusqu'à Alexandre Vialatte dans la Montagne...
J'imagine mal les éditoriaux de Laurent Joffrin en réédition dans cinquante ou cent ans, mais je suis mauvaise langue...
Écrit par : solko | samedi, 18 octobre 2008
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