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lundi, 31 octobre 2011

L'argent des écrivains

"Il y a peu, j’ai reçu un exemplaire du livre fort intéressant et utile de sir Stanley Unwin, La Vérité sur l’édition, qui a été publié à plusieurs reprises depuis 1926 et a récemment été étoffé et remis à jour. Je l’apprécie tout particulièrement parce qu’il rassemble certains chiffres qu’on aurait du mal à trouver ailleurs. Il y a un an ou deux, dans un article pour Tribune concernant le coût de l’imprimé, j’ai essayé de deviner le coût moyen annuel des livres dans ce pays et je l’ai estimé à une livre par personne. Il semblerait que j’avais visé trop haut. Voici les chiffres des dépenses nationales pour 1945 :

 

Boissons alcooliques : £ 685 millions

Tabac                            : £ 548 millions

Livres                            : £ 23 millions

 

Autrement dit, le citoyen britannique dépense en moyenne environ 2 pence par semaines en livres, alors qu’il dépense presque 10 shillings en boisson et en tabac. Je suppose que ce très noble chiffre de 2 pence doit inclure l’argent dépensé pour les manuels scolaires et pour d’autres livres achetés, pour ainsi dire, par obligation. Comment s’étonner alors que, en réponse à un questionnaire envoyé il y a quelque temps par le magazine Horizon qui demandait à vingt et un poètes et romanciers le meilleur moyen de gagner sa vie pour un écrivain, aucun d’entre eux n’a dit simplement qu’il pourrait la gagner en écrivant des livres ?"

 

George Orwell

« Combien dépense-t-on pour les livres ? » - 13 décembre 1946 –

A ma Guise, Agone 2008


 

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Orwell 

vendredi, 17 octobre 2008

A ma guise

Agone vient de publier les quatre-vingts chroniques écrites par George Orwell de décembre 1943 à février 1945, puis de novembre 1946 à avril 1947, pour le journal Tribune. La traduction est de Frédéric Cotton et de Bernard Hoepffner, l'édition est enrichie d'une préface de Jean Jacques Rosat, d'une postface de Paul Anderson, d'un glossaire et d'un index afin de se repérer dans le contexte de ces années-là. Le livre s'appelle A ma guise, titre de la chronique.

Orwell y discute des sujets les plus variés, en associant généralement par trois un thème de société, un thème littéraire, un thème politique  : un couplet de God save the King, le maquillage féminin, le déclin de la nouvelle, les métaphores mortes et les injures mal traduites, la littérature sur commande, le nationalisme écossais, les vertus et les limites de la nationalisation, qu'est-ce que le fascisme ?...   En parcourant ces chroniques, on se trouve projeté dans les coulisses de 1984, couv_1311.jpgdans la conscience d'un homme qu'inquiètent l'avènement de la bureaucratie, le pouvoir grandissant de la radio, la dissolution de l'esprit critique dans les démocraties.

« Lorsqu'on examine ce qui s'est passé depuis 1930, il n'est pas facile de croire à la survie de la civilisation »  (La une des quotidien et l'irrationalité du monde")

« Ce que révèlent les annonces matrimoniales, c'est la terrible solitude des habitants des grandes villes » ("Les annonces matrimoniales")

« Quand on voit ce qu'il est advenu des arts dans les pays totalitaires, et quand on voit la même chose arriver ici, de manière un peu plus voilée, par l'intermédiaire du ministère de l'Information, de la BBC, des studios de cinéma - des organismes qui non seulement achètent de jeunes auteurs prometteurs, les châtrent et les mettent au travail comme des mules, mais réussissent en outre à enlever tout caractère individuel à la création littéraire en la transformant en un processus de travail à la chaine, la perspective n'est pas encourageante. »

(L'Artiste dans la société bureaucratique moderne")

J'ai pioché au hasard, et en feuilletant rapidement ce petit livre qu'on vient de m'offrir, ces quelques citations.

 

17:56 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : george orwell, a ma guise | | |