Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 13 avril 2011

J'ai raté ma vie

De l’extrême bord de l’échiquier politique à l’autre, les agences de communication turbinent en ce moment  à plein régime pour déterminer quels seront les grands thèmes porteurs de la prochaine campagne présidentielle.

Patrick Buisson, avec le pari électoraliste dans lequel il entraîne Sarkozy, tient le haut de l’affiche. Buisson se verrait bien en anti-Jacques Pilhan, l’ancien situationniste qui mit sur pied le plan marketing de Mitterrand, alors au plus bas dans les sondages, en inventant la petite main jaune de SOS racisme et tout ce qui fit la génération Mitterrand. Mais c’est loin d’être joué.

En face, les rengaines du PS sur la France qui souffre et le changement sentent  un peu le replâtrage. On espère un vent d’outre Atlantique pour remplumer tout ça. Rama Yade et son positionnement bien senti sur la jeunesse n’a pas de mal à faire mouche. Sauf qu’entre Borloo et Hervé Morin, elle demeure un peu seulette sur cette thématique chez les centenaires valoisiens.

Il y a cependant fort à parier que l’actualité récente, tant africaine que japonaise, nécessite une reconfiguration de ces diverses stratégies déjà éculées. Aussi risque-t-on, d’ici l’automne, de voir surgir avec le Beaujolais Nouveau de nouveaux beaux jaseurs : sans doute la future légitimité  du candidat  Hulot se jouera-t-elle de ce côté-là  de la partition.

Il est cependant on ne peut plus vrai que tendre l’oreille à tout ça risque d’être un peu vain. Je ne sais pas à combien se facture un plan de communication politique. Si j’en avais un à proposer pour séduire les électeurs de mai 2012, je le fourguerais volontiers à un des ces messieurs dames, avant de partir pour de bon en vacances en un coin de la planète pas trop déglingué. Mais je n’ai jamais été assez bon, c'est-à-dire assez cynique, pour tenter ce genre d’aventure.

A mon poignet ne pend donc ni menottes, ni Rolex.

J’ai raté ma vie. 

politique,ps,ump,france,europe,actualité

Jacques Pilhan et François Mitterrand, au temps de la petite main jaune

00:00 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : politique, ps, ump, nicolas hulot, france, europe, actualité | | |

lundi, 04 avril 2011

Bégaiements socialistes

Je ne sais pas vous, mais je trouve  qu’il y a quelque chose de déprimant à entendre à nouveau Martine Aubry au 20 heures parler d’emplois-jeunes, de France qui souffre, de justice sociale et de reconstruire le pays : on croit voir revenir le pire des années 80, sur un air de disque rayé.

Si encore le retour de cette gauche était accompagné d’un renouveau, d’un souffle et d’une vraie jeunesse, comme lorsqu’en 81, derrière Mitterrand, elle accéda pour le meilleur et pour le pire, on s’en souvient, aux affaires. Mais non.

Ce sont tous ces barons socialistes qui – parce qu’ils étaient dans l’opposition - tiennent déjà les régions, la majorité des départements, et qui ont entièrement verrouillé le parti -, qui viennent ré-endormir les gens pour ramasser le reste du pouvoir sur l’air de l'anti-racisme et la vertu outragée.

Il y a une intelligence instinctive du peuple, une mémoire aussi, et je parie que les Français se souviendront d’à quel point il est dangereux de confier la totalité du pouvoir au même parti, surtout quand c’est le parti socialiste.

Au même moment, un sondage montre que Marine le Pen est très populaire chez les 18/24 ans. Tous les quinquas et sexas qui confondent leur jeunesse avec la jeunesse s’en étonnent. Ils devraient réfléchir à deux fois à l’héritage qu’ils laissent derrière eux.  C’est d’ailleurs, au passage, un sacré pied de nez que leur fait le FN, de présenter une femme, et une femme jeune.

Ils  devraient en effet se rappeler que le  passage à l’euro n’a fait que maintenir dans une minorité économique encore plus et plus de trentenaires. Et que se faire le chantre de cette monnaie qui a jeté dans la faillite et la Grèce socialiste, et l’Espagne socialiste, n’est peut-être pas la meilleure façon en effet de séduire et la jeunesse, et les classes populaires soucieuses du pouvoir d’achat. En terme de glissements de lignes, comme disent les sociologues, la campagne qui s’ouvre n’a pas fini de réserver des surprises. Si j'avais un conseil à donner aux socialistes, c'est de se souvenir qu'en tout cas, l'Histoire ne bégaie jamais, et qu'ils feraient bien de ne pas trop le faire eux-mêmes.

23:08 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : politique, ps, martine aubry, marine le pen, 2012 | | |

samedi, 02 avril 2011

La pizzeria électorale

Me souviens qu’il y avait jadis à Lyon deux cafés se faisant vis-à-vis sur le cours Lafayette : l’un, bien  nommé Au tout va bien ; l’autre, Au tout va mieux. N’ai jamais su comment leur douce cohabitation de part et d’autre de la même rue se déroulait au jour le jour : procès interminables au verdict incessamment différé ? Les deux proprios buvaient-ils le coup ensemble discrètement la nuit tombé ? Comme des vaches ? A moins, ce qui n’est pas non plus impossible, qu’ils fussent le même ?

Depuis que l’électeur moyen n’a plus guère de choix, mais sur sa gauche comme sur sa droite quelques options, la vie politicienne s’est mise à ressembler au cours Lafayette. Une pizzeria sarkoziste d’un côté, une pizzeria socialiste de l’autre. Les deux sont en train de garnir leurs cartes. A la porte les consommateurs trépignent ou s’en foutent, c’est selon leur degré d’implication dans le merdier.

La pizzeria socialiste, qui tente de redorer son chiffre d’affaires, propose depuis peu une carte assez fournie. Un président venu d’ailleurs, entendez (pour ne pas faire de fâcheux contresens) du FMI, des hôtels cinq étoiles et des réunions où on cause sérieux de l’état du monde capitaliste : bref, celui qui s’y connaît, a la main longue, tape sur l’épaule de tous les chefs d’Etat, une sorte de pro avec qui roupiller tranquille cinq bonnes années, même si d’autres en Grèce la trouvent mauvaise. Comme ça et là des remarques sur cette stratégie de com grosse comme une maison ont fusé, c'est vrai qu'il faisait loin du terroir vu d'ici le DSK, la maison vient de sortir une pizza contraire : made in Corrèze, cette dernière, du bien de cheu nous, même si ça vous a un parfum de Hollande. Adoubé par la femme d’un ancien président en plein cœur de ses terres, la pizza François, qui porte le nom d’un plus ancien président encore, est un peu maigrichonne depuis qu’elle a fait un régime d’enfer, et se serre arrosée de Douce France. Bref : le citoyen mondialiste comme celui attaché à ses racines trouvera aussi chez le pizzaïolo Le Gall chaussure à son pied. D’autant que cuisinée par Jean-Marc Germain, la pizza Aubry, sérieuse et militante, reste aussi sur la carte. On ne sait à quel prix. Quelques semaines de cuisson, et vous la trouverez bien croustillante. Plus les plus jeunes, la carte PS propose aussi la pizza Montebourg, la pizza Valls, des plats plus simples, moins cher et à emporter. Et pour ceux qui aiment le réchauffé, reste un classique de la boutique, la pizza Royal.

Si avec ça l’électeur moyen trouve pas assiette à sa portée.

 

En face, on commence à s’inquiéter devant la richesse de l’offre. Mince alors, une boutique qu’on croyait quasi en dépôt de bilan ! La pizzeria sarkoziste, du nom de son repreneur, propriétaire, cuisinier en chef, plongeur et serveur en toutes circonstances depuis quatre ans, bruit de rumeurs : des querelles de cuisine font que la tambouille est moins convaincante depuis peu. Des clients râlent et se plaignent. Ils menacent d’aller en face. Voire de se barrer aux extrêmes, au bistrot de Marine ou au pub Mélenchon. Bref, comme si la Lybie et le Japon, l’Irlande et le Portugal ne suffisaient pas, c’est la crise aussi au conseil d’administration. Du coup, tous les stratèges en com de la maison renouvellent la carte et multiplient les options à leur tour. 

La pizza du chef, la Sarkozy, demeure en l’état : pimentée de petites phrases fumigènes à la mode Louvrier, un débat par ci, un débat par là, causer serait agir, en attendant, on gère, on gère, on gère. Sauf que l’actionnaire principal a beau s’activer aux quatre coins de la planète,  ça rouspète sec chez certains clients. La pizza Borloo serait bientôt sur la carte. Moins de piment, plus de sucre. De la douceur, de l’enrobé. Du sucré-salé servi flambé avec son pinard. La pizza Villepin pointe aussi le bout de sa mèche. Il paraît qu’il y aurait de l’anguille dedans.

La pizza Copé mitonnée par Millot fait dans le ni-ni, au contraire  de la pizza Fillon, qui donne dans le front de la vertu. Les deux inconciliables. Histoire, comme dans la boutique d’en face, de ratisser large. Chacune à leur façon, de la pizza de notables aguerris, de toute façon, rétive aux dents cariées des prolos. Sacré problème, comment sortir les prolos de leur bistrot et de leur pub ?

L’année qui vient risque d’être cruelle ; mon conseil à chacun : bien regarder  de chaque côté de la route avant de traverser, dans un sens comme dans un autre, si le besoin s’en fait sentir. Un front national ou un front de gauche est si vite arrivé !  C’est du camion balourd, à chaque extrême, et ça ne fait pas dans la dentelle. De la semi-remorque bien montée. Au moins, ça roule dans la merde et le cambouis, disent les chauffeurs. Au moins c’est du réel. Les patrons de pizzas, Au tout va mal, et Au tout va moins mal n’ont pas fini de réviser leurs menus et leurs tarifs. Ils se rappelleront que tout exercice électoral, comme d'ailleurs tout exercice polémique, n'est qu'un jeu de saveur bien orchestré entre de purs lieux communs.

pizza-2.jpg


13:16 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique | | |

jeudi, 31 mars 2011

Le faux débat

Est-ce le débat sur la laïcité qui est un faux débat, ou le débat sur l'opportunité d'organiser le débat ? A Tokyo, on vit à quelques kilomètres d'une centrale à ciel ouvert; les peuples du Proche Orient sont au bord de la guerre civile et nous,  nous débattons pour savoir s'il est juste ou non de débattre. Est-ce que cela ne séparerait pas les Français? Comme si les Français étaient unis : la peur du débat en dit assez long sur la question ! Bref.

Ce sont ceux qui font profession de débattre qui tout à coup ont peur du débat : Les journaleux, les politiqueux  et les éditorialeux de tous crins. C'est vrai qu'il vaut mieux débattre du retour de Ribéry en équipe de France, qui est un vrai enjeu, plutôt que de la laïcité, qui n'en serait pas un. Circulez, y'a rien à voir et rien à dire. Quelle fumisterie !

Les médias adorent brûler ce qu'ils ont adoré : l'heure est donc à brûler le président. Comme je n'ai jamais adoré Sarkozy, je n'ai pas de mal à ne pas le brûler aujourd'hui. Et de même, comme je n'adore pas ceux qui dans les coulisses, côté cour,  se frottent les mains en se demandant dans quel ordre ils vont entrer sur scène et sur quel siège ils vont se mettre à table, je n'aurai pas non plus grand mal à ne pas les brûler à leur tour dans six ans. En attendant, leurs costumes froissés pendent au-dessus de la baignoire et leurs masques de pitres grimacent dans les lucarnes. Pitoyable.

Nous ne débattrons donc plus, dans ce pays, d'aucun sujet fâcheux qui ne soit sous contrôle des faiseurs d'opinions. Le débat sur l'Europe, qui a enflammé les Français lors du dernier référendum, ne sera jamais rouvert, puisque qu'une majorité d'entre eux verraient leur sauveur en temps de crise dans le patron du FMI. Et celui sur la laïcité non plus : le mélange des genres étant le meilleur garant de la paix civile, quoi de plus frenchie que de manger de la dinde hallal à Noël, tout en faisant discrètement un signe de croix sous son voile, un petit Indignez-vous dans la poche revolver, et la dernière de Johny ou de Lady Gaga dans le baladeur, hein, je vous le demande ?

07:44 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, laïcité, france, débat | | |

samedi, 12 mars 2011

Bourgeois, chômeurs et mendiants

« Est bourgeois ce qui vit de persuader. Le commerçant en sa boutique, le professeur, le prêtre, l’avocat, le ministre, ne font pas autre chose. Vous ne les voyez pas changer la face de la terre ni transporter des objets. »

C’est Alain qui dans Les Dieux (1934, ch. 6) propose cette définition du bourgeois exclusivement fondée sur la maîtrise du verbe.  Il déduit de là l’importance de la politesse pour le bourgeois. Si le prolétaire, écrit Alain, « méprise la politesse », c’est qu’il n’exerce pas « le métier de demander » c’est qu’il « n’obtient par la politesse, rien de la terre, rien du fer, rien du plomb ».

Autrement si le bourgeois se distingue aussi clairement du prolétaire, c’est par sa capacité à maîtriser le signe.

Ce qui étonne ou pêche  dans ce raisonnement, c’est cette idée de signe, qui paraît se contenter du mot, alors qu’on ne peut ignorer en 1947 que tout est signe, le nombre comme la lettre, et la leçon ou le sermon comme le billet de banque ou le carnet de chèques. Au regard d’Alain pourtant, le signe monétaire semble occuper une place bien moindre que le signe linguistique : « On comprend que le mendiant soit en quelque sorte le pur bourgeois, car il n’obtient que par un art de demander par des signes émouvants ; les haillons parlent. Et le chômeur par les mêmes causes, est aussitôt déporté en bourgeoisie ».

Tout cela tient du sophisme ou de la métaphore : assimiler le bourgeois au mendiant ravale certes sa superbe face à l’artisan ou au paysan qu’il ignore ou méprise ; il n’empêche que ça reste un sophisme de philosophe ou une métaphore de poète. Car si l’on considère que la finance est un discours, on voit bien qu’il y a bien une langue que ni le chômeur ni le mendiant ne savent parler et qui font irrémédiablement d’eux des non-bourgeois, condamnés à recevoir de lui la pièce, dans un jeu de persuasion-séduction dont jamais ils (mendiants et chômeurs) ne maîtriseronnt toutes les règles. 

L'exemple de Martine et des mendiants (suivre ce lien) en constitue le vivant apologue.

 

13:48 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : politique, société, bourgeoisie, alain, littérature | | |

vendredi, 11 mars 2011

Anne, Dominique, Gérard, Nicolas et les autres

 Dans le premier chapitre (assez cocasse ) de son livre, le sénateur-maire de Lyon met en scène une opposition à Sarkozy assez inattendue. Sarkozy ne serait pas trop à droite, non, mais il serait trop jacobin, trop étatiste, et Collomb l’accuse « d’incompréhension d’un système mondialisé où le pouvoir s’organise en réseaux et qui ne dépendent évidemment pas tous de l’Etat-nation français.» Ce qui revient à dire que le PS, lui, comprendrait bien mieux la mondialisation libérale. Collomb tente ainsi de doubler Sarkozy par sa droite, essayant -même si la ficelle est grosse- de le coincer entre DSK (le système mondialisé) et lui (un parmi les barons locaux du PS, hommes et femmes de terrain - ah la jolie raffarinade !). « Nous qui connaissons un peu nos électeurs, nous savons que certains nous choisissent alors qu’ils ne votent nullement dans une élection nationale pour le PS tel qu’il est ».  Au fond, son analyse est de dire que le PS archaïque et Sarkozy lui-même sont un peu pareils et font la même erreur : ils ignorent la culture de l’individu moderne, ancré dans une région et tournée vers le monde…

Je ne sais comment il pense faire avaler aux gens du Front de Gauche son apologie du travail, qui demeure exactement telle que la droite la plus libérale l’a pensée, et que défend Barroso (Conjuguer flexibilité des entreprises et sécurité des salariés) – c’est page 89. 

« Permettre aux entreprises de muter passe nécessairement par une plus grande flexibilité de l’emploi. », écrit Collomb. Il adopte sans le dire cette fameuse « fléxicurité », exportée du Danemark, une idée inventée par la droite pour faire accepter aux salariés les fameux « emplois jetables ».  Le plus drôle est que Collomb rend dans l'exemple qu'il retient pour servir son argumentation un vibrant hommage à Christophe Mérieux, mort en 1996, dont il faut rappeler tout de même qu’il fut un grand ami de Jacques Chirac (qui avait favorisé le versement de la rançon réclamé lors de son enlèvement lorsqu’il était petit garçon). Sa mère, Chantal Mérieux, la fille de Paul Berliet, s’était illustrée dans l’arène politique locale derrière Michel Noir puis Charles Million.  

Le question n’est pas la flexicurité ou Christophe Mérieux;  elle est de savoir en quoi ce projet se distingue de ceux du patronat et du MEDEF, que soutiennent aussi Sarkozy. Nous revoilà dans l'esprit du beau temps des cohabitations successives, dans lesquelles cette génération de politiques, les Sarko, Royal, Aubry, Collomb  ou DSK ont fait leurs classes. On en voit les résultats. 

A propos de Le Pen/Sarkozy, un adage court en ce temps, qu’il vaut mieux l’original que la copie. Comprenez : à force de courir sur les plates-bandes de Le Pen, Sarkozy vulgariserait ses idées.

N’est-ce pas ce qu’aura fait - et continue de faire - cette droite socialiste, imiter la droite sarkosite, courir sur ses plate-bandes et vulgariser (– faire admettre une à une) ses idées ?  Jusque dans leurs entreprises de de com et de séduction (ça commence dimanche midi sur Canal +, en clair s'il vous plait, - Anne et Dominique se faisant cuire quelques délicieux morceaux de viande dans leur cuisine Monsieur Tout-le-Monde (1) à New York), la droite socialiste continue donc d’imiter la droite sarkoziste.

Il va falloir encore et encore de grandes louches d’anti-sarkozisme pour convaincre l’électeur de préférer cette copie à l’original. Ce, peut-être, à quoi servira Marine et les sondages. Ça promet. 

(1) Dixit les commentateurs. 

 

00:03 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gérard collomb, dsk, canal+, ps, politique, sarkozy | | |

mercredi, 09 mars 2011

Ça me rassure

 

politique,communication,san antonioA en croire certains stratèges de la communication l’ère du bling-bling serait close et la prochaine campagne va se jouer sur un retour aux valeurs simples, pas tape à l’œil, proches des gens. Dans le genre de la récente campagne Monoprix, vous voyez ? Un look à la limite du cheap, quoi. En papier recyclé.

Tout ça parce que les Français, empêtrés dans la crise, souffrent et sont las des débordements exhibitionnistes auxquels Royal et Sarkozy se sont livrés en 2007. Dixit les stratèges.

Exit donc les palaces, les yachts, le glamour. Au programme : pudeur et retenue. Des valeurs plus efficaces pour séduire des Français désireux désormais de ressentir une nouvelle proximité de vie avec leurs dirigeants. Voilà qui rappelle un vieux titre de San Antonio, Les clés du pouvoir sont dans la boite à gants. Le roman était sorti juste après 1981. Sur la couverture, on voyait le buste de Marianne pendu et l’intrigue, pour peu qu’il m’en souvienne, mettait en scène des personnages souvent populaires et d’une grande rapacité entre eux.  Je me souviens l’avoir lu d’un trait, à l’époque. Efficacité du Dard. Du vrai storrytelling pour le coup.

Pour en revenir aux stratèges, certains vont même jusqu’à parler de la nécessité d’une communication rassurante. Quid de la chose ? Un papa, une maman, un câlin ? Je me demande s’ils n’auraient quand même pas un train de retard. Je l’espère du moins.

Et si ce que les Français souhaitaient, au-delà de cette proximité fantasmée, de ce prétendu besoin d’être rassurés (infantilisés encore plus – est-ce possible ?), c’était pour une fois de l’efficacité ? Pas simple de communiquer là-dessus. Enfin du moins de communiquer efficacement.


 

00:51 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, communication, san antonio | | |

jeudi, 30 décembre 2010

Veille de 31

Drôle de moment, drôle de jour que ce 30 décembre, qui n’est déjà presque plus 2010 mais qui n’est pas encore le 31. Demain,  31, il est déjà écrit que tout le monde va être festif, le champagne devra couler à flots et les klaxons et les pétards résonner partout. Tous les grands shows télé sont déjà préenregistrés. Il faudra en les regardant être quand même sur son 31, même si le proverbe n’a rien à voir avec le réveillon lui-même. A minuit, le record de SMS devra être battu. Etc. Etc…

Mais ce 30 décembre, par contraste, est le dernier jour ordinaire de l’année. Tout le monde sait que le 31, c’est la Saint-Sylvestre ; mais qui sait que le 30, c’est la saint Roger et la saint Timon ?

Un jour sans autre connotation que lui-même et les vingt quatre heures qu’il égrène au même rythme que tous les autres. Un simple jour, comme tous les autres, avant le suivant... 

sirop.jpg

14:33 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : actualité, société, réveillon, fin d'année | | |

dimanche, 28 novembre 2010

Drucker, peut-être ?

Les débats sur la mort, l’autre vie ou la survie de la littérature m’emmerdent, c’est vrai. Car rien n’en sortira de vivifiant, jamais. Rien de charnel, de consistant.

Ce que je dis, c’est qu’un véritable grand texte demeure, pour de vrai, intraduisible. Un grand texte contraint ses lecteurs à le lire dans sa langue.

Fut un temps, on apprenait l’italien pour Dante. L’anglais pour Shakespeare. Le français pour Chateaubriand. Le russe pour Dostoïevski.  

Proust et Céline furent sans doute les derniers écrivains français  pour qui vaille le coup d’apprendre le français. L’effort. La peine.

A l’esprit de qui cela viendrait-il  d’apprendre le français pour lire Nothomb, Beigbeder ou Houellebecq ?

On les traduit, c’est plus commode.

Et c’est là que le bât blesse…

La littérature traduisible a tué la Littérature. Traduire Mathias Enard, n'importe quel lycéen devrait encore en être capable. Sans doute est-ce la raison pour laquelle il a décroché leur Goncourt.

Celle idéologie douce, cette idéologie de lycéens, qui veut que nous soyons un monde pareil, une seule humanité, une société mondialisée, a brave new wold, n’a plus besoin d’écrivains.

Tout juste d’images et de sportifs. De sportifs aux dents propres.

Cette idéologie douce, si consensuelle, qu’il n’y a RIEN à en dire, et rien à en écrire

 Drucker, peut-être ?

colgate.jpg