dimanche, 28 novembre 2010
Drucker, peut-être ?
Les débats sur la mort, l’autre vie ou la survie de la littérature m’emmerdent, c’est vrai. Car rien n’en sortira de vivifiant, jamais. Rien de charnel, de consistant.
Ce que je dis, c’est qu’un véritable grand texte demeure, pour de vrai, intraduisible. Un grand texte contraint ses lecteurs à le lire dans sa langue.
Fut un temps, on apprenait l’italien pour Dante. L’anglais pour Shakespeare. Le français pour Chateaubriand. Le russe pour Dostoïevski.
Proust et Céline furent sans doute les derniers écrivains français pour qui vaille le coup d’apprendre le français. L’effort. La peine.
A l’esprit de qui cela viendrait-il d’apprendre le français pour lire Nothomb, Beigbeder ou Houellebecq ?
On les traduit, c’est plus commode.
Et c’est là que le bât blesse…
La littérature traduisible a tué la Littérature. Traduire Mathias Enard, n'importe quel lycéen devrait encore en être capable. Sans doute est-ce la raison pour laquelle il a décroché leur Goncourt.
Celle idéologie douce, cette idéologie de lycéens, qui veut que nous soyons un monde pareil, une seule humanité, une société mondialisée, a brave new wold, n’a plus besoin d’écrivains.
Tout juste d’images et de sportifs. De sportifs aux dents propres.
Cette idéologie douce, si consensuelle, qu’il n’y a RIEN à en dire, et rien à en écrire
Drucker, peut-être ?
17:11 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française, Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : michel drucker, littérature, mondialisation, politique |
vendredi, 19 novembre 2010
L'indifférence culturelle
Le peu d’intérêt que manifeste dans les commentaires des « observateurs » le maintien de Frédéric Mitterrand à son poste de « ministre de la culture » à l’occasion du récent « remaniement » présidentiel me semble parfaitement révélateur du peu d’intérêt que le président, « l’élite » dans son ensemble et le pays tout entier accordent à la culture en général.
Nous sont présentés comme « culturels » dorénavant, tous les produits, événements, personnalités, relevant de ce que dans un essai récent, Frédéric Martel appelle le Mainstream : cette culture qui, comme il le dit très bien, a pour caractéristique essentielle « de plaire à tout le monde », c’est à dire de ne laisser aucune trace dans l’esprit de personne, et que, dans l’entourage d’Obama on appelle le « soft power », par opposition au « hard power » (c'est-à-dire à la force militaire).
D’une certaine manière, Frédéric Mitterrand plait à tout le monde. Comme Michel Drucker qui aurait pu lui succéder, s’il n’était occupé à promouvoir le second tome de ses jérémiades un peu partout en France. Ou Lambert Wilson qui, pour avoir joué successivement le père Christian de Chergé dans Des dieux et des hommes, puis François de Chabannes dans la Princesse de Montpensier de Tavernier (on ne dit plus Mme de La Fayette, c’est suranné), sera l’ambassadeur le plus en vue pour défendre la (in)différence culturelle française au coeur même du Mainstream, à la prochaine cérémonie des Oscars...
Flammarion : L' inversion significative
20:31 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : michel drucker, frédéric mitterrand, culture, société, lambert wilson, mainstream, princesse de montpensier |