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dimanche, 28 novembre 2010

Drucker, peut-être ?

Les débats sur la mort, l’autre vie ou la survie de la littérature m’emmerdent, c’est vrai. Car rien n’en sortira de vivifiant, jamais. Rien de charnel, de consistant.

Ce que je dis, c’est qu’un véritable grand texte demeure, pour de vrai, intraduisible. Un grand texte contraint ses lecteurs à le lire dans sa langue.

Fut un temps, on apprenait l’italien pour Dante. L’anglais pour Shakespeare. Le français pour Chateaubriand. Le russe pour Dostoïevski.  

Proust et Céline furent sans doute les derniers écrivains français  pour qui vaille le coup d’apprendre le français. L’effort. La peine.

A l’esprit de qui cela viendrait-il  d’apprendre le français pour lire Nothomb, Beigbeder ou Houellebecq ?

On les traduit, c’est plus commode.

Et c’est là que le bât blesse…

La littérature traduisible a tué la Littérature. Traduire Mathias Enard, n'importe quel lycéen devrait encore en être capable. Sans doute est-ce la raison pour laquelle il a décroché leur Goncourt.

Celle idéologie douce, cette idéologie de lycéens, qui veut que nous soyons un monde pareil, une seule humanité, une société mondialisée, a brave new wold, n’a plus besoin d’écrivains.

Tout juste d’images et de sportifs. De sportifs aux dents propres.

Cette idéologie douce, si consensuelle, qu’il n’y a RIEN à en dire, et rien à en écrire

 Drucker, peut-être ?

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Commentaires

Oh oui, entre autres, la langue de Shakespeare mérite d'être lue en anglais, la traduction française l'a alourdie, a sabré le rythme de ses vers, l'a amputée au point que ce pays n'a jamais pu découvrir la richesse absolue de cet écrivain. Je n'ai que cet exemple, n'ayant hélas pas appris le Russe et d'autres langues...
Sinon, je suis omplètement d'accord... (Et ça devient éprouvant, tant de "facilités" prédigérées, là où nos cerveaux ont tellement besoin d'émerveillements réels.

Écrit par : Sophie K. | samedi, 27 novembre 2010

@ Sophie : "D'émerveillements réels", oui. Le mot est juste. Il est même parfaitement juste !

Écrit par : solko | dimanche, 28 novembre 2010

"Celle idéologie douce, cette idéologie de lycéens, qui veut que nous soyons un monde pareil, une seule humanité, une société mondialisée, a brave new wold, n’a plus besoin d’écrivains."

Tu te doutes bien que cette phrase me parle. Seul point où je suis plus réservé, c'est quand tu parles "d'idéologie de lycéens". Tu connais sans doute mieux que moi ces zozios là, mais j'ai aussi l'impression que, s'ils gobent sans se plaindre l'idéologie prédigérée qu'on leur propose, ils peuvent encore être réceptif à des idéologies plus décalées. Il suffit "juste" de le faire...

Écrit par : stephane | dimanche, 28 novembre 2010

@ Stéphane :
Certains sont capables, en effet, d'être réceptifs à des idéologies "décalées". Ils ne sont que quelques-uns, les meilleurs qui, parfois, fréquentent ce blog (je les salue au passage). Le problème étant que les idéologies "décalées" de ce que Debord appelle le spectacle se font de plus en plus inaccessibles pour eux.
Et donc, pour les autres, c'est plus délicat ... (euphémisme). Pour une raison simple : on (l'ère socialiste) a fait de l'école un lieu avant tout de socialisation. Y suivre les modes et les airs du temps y est donc devenu plus important que d'y acquérir de la culture. S'intégrer y devint la priorité. On (l'ère libérale) est passé derrière pour - sur l'argument imparable de la crise - transformer l'école en lieu où s'acquièrent des compétences. Au motif de l'intégration s'est ainsi rajouté celui de l'insertion professionnelle. Voilà où nous en sommes dans l'école de l'OCDE planifiée par les péhéssistes et les uhèmepétistes en ce début de troisième millénaire.
Des individus surnagent, bien sûr. C'est pour tenter quelque chose que j'ai d'ailleurs ressorti "le sang noir". Mais la plupart sont déjà "l'idéologie douce". Le système peut compter sur eux, crois-moi.

Écrit par : solko | dimanche, 28 novembre 2010

EPLUCHER LE SABLE

Il n'existe pas de grands textes
Mais il existe de grands lecteurs
Un texte parle
Ou ne parle pas
Une enseigne parle
Ou ne parle pas
Idem pour une enluminure populaire
Un vieil opéra
Ou un refrain niais
Tout dépend de l'oreille
Et de sa propension
A capter l'essence jouissive
De quelques signes sur le papier
Le silicium ou la charogne

Écrit par : gmc | dimanche, 28 novembre 2010

Il n'y a que la beauté et elle n'a qu'une expression parfaite

Écrit par : voyageuse | dimanche, 28 novembre 2010

Pas peut être ! Très certainement !
Merci, monsieur Solko de me rendre un si bel hommage et je suis en tous points d'accord avec vous, il vaut mieux lire Rika Zaraï et Shakespeare dans la langue. Pour l'"Emerveillement réel", je suis là pour ça, à ce propos, nous sommes en train de préparer pour la soirée réveillon 2010-2011 une comédie musicale de qualité d'après "la société du spectacle", tirée du roman de Guy Debord, avec Florent Pagny dans le rôle de Guy Debord, j'espère que vous ne manquerez pas de l'annoncer sur votre blog.

Écrit par : Michel Drucker | lundi, 29 novembre 2010

@ Michel Drucker :
C'est justement l'anniversaire (de la mort) de Guy. Occasion de faire la promo de votre comédie. C'est une bonne idée d'avoir choisi Gnypa pour jouer Debord, car c'est un VIP qui a gardé toute sa liberté de senper.

Écrit par : solko | mardi, 30 novembre 2010

Il est mort, mais plus que jamais vivant dans nos coeurs et je suis sûr que de là haut, il nous regarde. A noter que notre comédie musicale "Special Guy Debord" s'appellera "Pagnygirique", si vous pouviez avoir l'amabilité de l'annoncer sur votre blog,
vous seriez beni mongni.

Écrit par : Michel Drucker | mardi, 30 novembre 2010

"Beni mongni" ? Et vous laissez Drucker vous parler comme ça, monsieur Kloso ? Eh ben, sed tuc ojil :)

Écrit par : Michèle | mardi, 30 novembre 2010

@ Michèle : Entre nous, je crois qu'il n'a plus tous ses neurones...

Écrit par : solkoo | mercredi, 01 décembre 2010

Les commentaires sont fermés.