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vendredi, 26 décembre 2008

Le marchand-fabricant : un type littéraire lyonnais

« Ne lui demande rien ; il a mal à la main qui donne » « On ramasse pas des argents à regonfle sans les tirer de la poche de quelqu’un. » ; « Le fabricant mange quand il a faim, le canut quand il a pain. » :  La première caractéristique du marchand fabricant, dûment consignée par la plaisante sagesse lyonnaise, [1] c’est tout simplement l’avarice. Une avarice chronique Si par hasard le marchand fabricant fait preuve de bonté, il convient donc de le consigner aussitôt dans des registres. Marcel Grancher relate dans des souvenirs de jeunesse [2]  l’anecdote de ce patron qui, après avoir remis d’année en année l’augmentation de leur vieux fondé de pouvoir en alléguant  tantôt la baisse des cours en Chine, tantôt les krachs américains, finirent par lui proposer, en guise de faveur susceptible de le faire patienter une année de plus, la clé des W.C. patronaux, qu’il pourrait utiliser désormais à sa convenance, au même titre qu’eux [3].

 

Deuxième caractéristique constitutive du personnage, il est triste et casanier. En publiant chez Grasset sous le pseudonyme de Jean Farmer une satire codée des milieux industriels lyonnais, Jean Duplan ouvre en 1911, avec Messieurs les Fabriciens, une porte dans laquelle beaucoup s’engouffreront par la suite : 

« La gaieté est une attitude vulgaire qu’il faut laisser aux petites gens. Le pessimisme seul est comme il faut. Donnez à votre visage un aspect sévère et triste. C’est celui qui s’harmonise avec les murailles grises de nos maisons. »[4]

Le territoire du marchand-fabricant, demeure bien sûr Le quartier du Griffon où il vit depuis 1831 sous la terreur inavouée du pays des canuts qui le domine : La rue Terraille, où sont les entrepôts de M. Dax, « morne et terne », serrée « entre d’immenses maisons laides, gluantes d’humidité » ; la rue des Capucins où loge l’Adolphe Haudequin de Colette Yver[5] ; la place des Feuillants, siège de la redoutable maison Chambard-Giroud de Ciel de Suie :  Au début de ce roman, la description qu’Henri Béraud fait de la caste est un morceau indépassable :

« Sur les pavés toujours gras, qui semblent renvoyer au ciel plus de clarté qu’ils n’en reçoivent, le jour plombe comme une pluie de cendres. Sans relâche, un relent de latrines s’exhale des cours et des impasses, où les gens glissent en silence, comme des noyés. C’est le Griffon. C’est le quartier des millionnaires.

L’étranger, que l’aventure égare en ces lieux se demande s’il ne rêve point. Il se frotte les yeux, il se bouche le nez : « Quoi ! Les plus riches commerçants de la terre vivraient là, dans cette ombre et ces odeurs ?-  Ils y vivent. Et ils y meurent.

C’est au fond de ces taudis que, poursuivant de père en fils la tache séculaire, ils s’acharnent à la besogne. De génération en génération, l’usure des meubles leur a renvoyé le reflet de visages plus durs et plus tristes. Lyon leur appartient. Vingt mille immeubles leur suent des rentes ; leurs châteaux déserts règnent sur des lieues de vignes, de blés, d’étangs et de bois ; leurs coffres regorgent ; ils pourraient dominer le monde et vivre comme des princes, et ils sont là, chaque jour, souvent seuls, dès l’aube et tard dans la nuit, même le dimanche . Ils ignorent la joie. Ils se refusent le moindre plaisir. Une seule passion les dévore, la plus ardente et la plus opiniâtre, celle qui ferme dans l’effort d’une suprême convoitise les doigts crochus de leurs moribonds. »[6]

 

Troisième caractéristique, une discrétion toute matinée de patine provinciale : « Efforcez-vous d’être comme tout le monde, c’est une attitude lyonnaise », tel est le conseil de Calixte prodigué par Jean Dufourt dans son Introduction à la Vie Lyonnaise :  Avarice, tristesse, discrétion, pour ne pas dire hypocrisie, bêtise : le marchand fabricant de naguère a finalement très mauvaise presse. Pourtant, comme celle du canut, sa légende possède un double versant. On peut, comme le suggère Henri Pansu dans l’étude qu’il consacre à l’un d’entre eux,[7] tenter de comprendre le caractère et de cerner ses paradoxes à l’aune des circonstances historiques qui l’ont modelé. Dans un monde en crise dont il ne  maîtrise pas tous les enjeux, le marchand-fabricant est l’héritier contraint de la morale sévère de l’Ancien Régime. A la fois industriel et négociant, ce rude catholique s’est plus ou moins fait tout seul à force de patience et de ruse. Séduit par les libertés commerciales que lui présente la modernité, effrayé par les revendications sociales inévitables qu’elle occasionne, il fait au sens propre le grand écart entre l’église et la banque, tout en vivant le plus loin possible des modes parisiennes et des masses laborieuses, grâce à un emploi du temps bien rempli, qui constitue son meilleur refuge.

Du point de vue du marchand fabricant, l’avarice, qu’on ne s’y trompe pas, ne constitue pas tout à fait un vice, bien au contraire : elle est le symptôme de sa prévoyance, atteste la bonne tenue de son ménage, garantit la sage gestion de sa maison et relève de son éthique du travail, car « c’est l’argent qui fait l’argent », et « de rien il est difficile de faire quelque chose »[8] Son avarice est donc un signe de distinction, elle est le gage de sa moralité, de sa vertu, de sa religiosité : sans avarice au quotidien, en effet, pas d’affaires prospères et durables, pas non plus de charité possible. Or, bien qu’il pratique l’économie dans ses petits détails, il faut comprendre que le marchand fabricant, comme son épouse, est en réalité un être d'une extrême générosité :

« Tel d’entre nous dont les charités sont manifestes, publiques, éclatantes, ne donne à ses employés que des appointements de misère, et sa femme, quêteuse obstinée pour les pauvres, dispute avec ses domestiques sur une augmentation de gages de dix francs ».[9]

De même, son apparente mesquinerie masque de façon aussi singulière qu'oriçginale un idéal de beauté auquel, en pur esthète et en victime immolé, il sacrifie avec goût l’essentiel de son humanité :

« Tout sue la misère, et pourtant, c’est plein de soie là-dedans, -plein de soie, plein d’or ; -les balles, soigneusement emmaillotées de toile bise ou de paille, s’accumulent derrière ces fenêtres à grilles, s’empilent dans ces maisons lugubres, du plancher au plafond. On a logé la soie d’abord, les hommes ensuite ; les hommes n’ont pas besoin de beaucoup de place : ils n’ont guère à remuer, - rien qu’à travailler, immobiles, à travailler tout le jour, tous les jours. »[10]

Sa tristesse procède de la même logique : s’il a l’air si austère, c’est que sa joie ne saurait résider pas dans la poursuite des plaisirs, mais dans le fait, plutôt, de veiller sur une œuvre, d’être au monde, pleinement, par la seule énergie de son affaire : La seule passion à laquelle il reconnaît un intérêt, c’est donc de produire de la bonne et belle étoffe afin d’augmenter incessamment son obsédant chiffre d’affaires.

« Le grand-papa est l’homme de son pays qui a le plus travaillé et s’est donné le moins de récréation, c’est en partie pour cela qu’il est devenu riche, il nous faut le suivre sur le même chemin »[11]

 

Quant à sa discrétion, comment ne pas voir qu'elle atteste surtout de son goût pour l’indépendance ainsi que de sa grande prudence devant les soubresauts politiques et les mœurs du siècle ?  Le marchand fabricant est donc, en profondeur, un incompris. Il ne s’en plaint d’ailleurs que rarement, en homme avisé de l'humaine nature, et à quelques intimes seulement :

« Quoique je ne sois pas en mauvaise position, ma maison de commerce, non seulement absorbe tous les capitaux qu’elle a, mais encore nous sommes sans cesse à court d’argent, nous allons en quantité d’affaires, souvent plus loin que nos forces nous le permettent, nous sentons que nous devrions les réduire pour nous trouver moins gênés. Je le sens presque tous les jours. Bon nombre de nos connaissances ne s’en doutent pas parce que je ne me plains pas et que je fais tous mes efforts pour payer avec régularité ce que nous devons. Il faut être chef pour savoir toute la peine qu’il y a à prendre pour faire face partout à tant de dépenses qui surgissent de tant de côtés. »[12]

Le « M. Dax » de « Mademoiselle Dax », l’« Armand Giroud » de Ciel de Suie, le « Calixte Paterin » de L’introduction à la vie lyonnaise, le « Charles Morande » de Vous êtes mon Lyon, « le Foitrasson » de Brumerives, le « Louis Goneret » du Sang de la Nuit, sans être interchangeables, sont tous modèles d’un même « patron ». Entre le caractère molieresque, le type balzacien, porteur de sa condition comme de sa croix, le marchand-fabricant est un personnage astucieusement kaléidoscopiques : selon le point de vue singulier de l’auteur, le modèle romanesque attire la sympathie ou l'antipathie du lecteur, selon qu'il sert ou dénonce l’idéologie qu'il incarne explicitement ; capitalisme, catholicisme, patriarcat. Pourtant, ni Farrère, ni Béraud, ni Dufourt, ni Giuliani, ni Chevallier, ni Daudet ne parvinrent à imposer vraiment à la Fabrique lyonnaise sur le déclin ce César Birotteau dont elle pourrait aujourd’hui s’enorgueillir.

C’est que la Comédie Lyonnaise eut le malheur de venir après la Comédie Humaine dont elle ne semblait présenter, avec plus d’un demi-siècle de retard, qu’une variante locale, lorsque d’autres figures moins romanesques se bousculaient au portillon des réussites pour lui faire la peau :

« D’autres changements l’amusaient : l’homme vedette de la soie n’était plus le seul à pontifier. On entourait surtout celui de l’automobile. De même, ne témoignait-on plus qu’une déférence modérée aux chefs de la banque et de la dorure, qui faisaient figure d’âmes en peine. En revanche, l’homme du ciment paradait. Et l’homme des produits chimiques avait le verbe haut. »




[1] Catherin Bugnard, La plaisante sagesse lyonnaise, Lyon, Audin,

[2] Marcel E. Grancher, Reflets sur le Rhône, Lyon, Rabelais, 1945

[3] La même anecdote se retrouve dans le roman Brumerives de Gabriel Chevallier, publié en 1968 et réédité par Danièle Pampuzac (Gens de Lyon, op. cit.), dont l’action est contemporaine de cette faillite de la soierie. Ce roman relate la folle liaison d’un soyeux nommé Foitrrasson avec une courtisane du nom de Loulou Biche, sur fond de crise mondiale et de faillites.

[4] Jean Farmer, Messieurs les Fabriciens, Paris, Grasset, 1911

[5] Colette Yver, Haudequin de Lyon, Paris Calmann Lévy, 1927

[6] Henri Béraud, Ciel de Suie, Paris, Ed. de France, 1933

[7] Henri Pansu, Claude-Joseph Bonnet, Lyon et Jujurieux 2003, op. cit.

[8] Henri Pansu, Claude-Joseph Bonnet, lettres de Bonnet p 93

[9] Jean Dufourt, Calixte, Introduction à la vie lyonnaise, Paris, Plon, 1926

[10] Claude Farrère, Mademoiselle Dax jeune fille, Paris, Flammarion, 1908

[11] Henri Pansu, Claude-Joseph Bonnet, lettres de Victor Bonnet p 278

[12] Henri Pansu, Claude-Joseph Bonnet, lettre de C-J. Bonnet, p 286

[13] Joseph Jolinon, L’Arbre sec, Paris, Rieder, 1933

01:52 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, lyon, marchand-fabricant, société, romans | | |

mardi, 16 décembre 2008

Espèce de pensée du soir

Signe des temps ? Dans la rame de métro, ce soir, j'ai vu plus de gens dont les oreilles sont obstruées par des fils électriques que de gens à l'oreille, si j'ose dire, découverte. Comme les baladeurs sont portés dans une poche ou sous l'écharpe, ces fils disgrâcieux et qui pendouillent donnent aux visages de qui les portent un air, il faut bien le reconnaître,  particulièrement stupide. Ils ont l'air de s'en foutre. Curieux, cet effort pour exhiber une tenue vestimentaire au moins originale, faute d'être élegante, et ce laisser-aller, cet abandon soumis à la laideur technologique. Voici donc venu le temps des prothèses, qui leur échappent des oreilles, comme d'une poche qui débourre. Bon.  Si le plus grand nombre de bipèdes reliés par ces cordons ombilicaux à la matrice musicale universelle se trouve encore, proportionnellement, chez ce qu'on appelle aujourd'hui des "jeunes" (terme ô combien niais, inventé par des vieux), pas mal de jeunes adultes (???) voire d'adultes plus consommés, et même frippés,  se laissent contaminer. Etonnez-vous donc que le monde devienne de plus en plus ce que des sociologues qui n'ont jamais su écrire appellent en tirant sur leurs pipes "un non-lieu". Alors moi, sans jouer au Cassandre, mes deux yeux et mes deux oreilles pour tout fardeau, je regarde le sol du métro, puis leurs visages aussi inertes qu'absents et pour tout dire assez inhumains : je ne peux m'empêcher de songer que cela ne peut qu'être le prélude de très mauvaises choses.

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20:17 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (34) | Tags : société, baladeur, musique, métro | | |

samedi, 13 décembre 2008

Chronique des gens ordinaires qui vont regarder le foot au comptoir

Il y a un plaisir indiscutable à regarder les matchs de foot à la télé dans les cafés. Indiscutable. La première raison à cela, c’est que le foot est un sport qui se joue en équipe. On ne peut donc concevoir qu’il se regarde autrement qu’en équipe. Cela, les habitués de comptoirs l’ont bien compris, tout comme d’ailleurs les patrons qui souvent imposent une deuxième mi-temps à leurs consommateurs et pratiquent volontiers une prolongation de leurs tarifs les soirs de diffusion.

On peut toujours croire que les gens qui se rendent dans les cafés pour regarder les matches sont des pauvres qui ne peuvent pas se payer un abonnement aux chaînes cryptées. Calculette à la main, l’argument tient mal. C’est au fond comme si on disait que les gens qui vont boire du café dans les cafés  (ou du vin, ou du gin-tonic, ou n’importe quoi d’autre) n’avaient pas de quoi se payer tout ça chez eux. Une statistique infaillible a prouvé que le prix de la boisson est toujours moins élevé chez soi que chez le bistrotier du coin, et ce qui est vrai du picrate l’est tout autant de la chaîne cryptée.

On peut en dernier lieu soutenir, comme certaines mères de famille le font, que le foot n’est qu’un prétexte pour se pochtronner entre mecs chaque week-end. C’est aussi discutable. De la passion du foot ou de la passion de l’alcool, laquelle vint la première chez le bipède urbanisé ? Cela doit dépendre des cas, me direz-vous. Pour la plupart de ces messieurs qu’on voit, l’œil fixé à l’écran, empreint de gravité, il est possible que les deux soient intimement mêlées : mais de fait, ils boivent le même coup, qu’il y ait un match ou que l’écran soit éteint, parce que c’est encore Bernard Henri Lévy qui pérore dans un talk show.

La seule vraie raison des ces rassemblements rituels dans les bistrots touche à la grégarité de l’espèce : Cicéron n’affirme-t-il pas que, la res publica est la chose du peuple, étant précisé que par peuple il faut entendre, un groupe nombreux d’humains associés les uns aux autres par leur adhésion à une même loi et par une certaine communauté d’intérêts. Rien de plus républicain, donc - c'est un penseur antique qui l'affirme -, que de regarder le match chaque week-end au café du coin. Qu’on se le dise !  Depuis quelques années, d’ailleurs, n’y rencontre-t-on pas quelques dames, et même quelques enfants que leurs géniteurs initient tant bien que mal au civisme de l'agora ? Car la dégustation d’une victoire comme la consolation d’une défaite ne se savourent, au contraire de tout le reste, qu’entre voisins d’un même quartier.

Si vous ne m’en croyez pas, et à titre d’exercice pratique, je vous propose de profiter de cette 18è journée de Ligue 1 pour aller étudier de plus près la question. En voici le programme : Aujourd’hui, 19 heures : Le Mans – Bordeaux ; Auxerre- PSG ; Toulouse-Saint-Etienne ; Valenciennes-Monaco ; Sochaux-Caen ; Nancy-Grenoble ; Rennes-Nantes ; demain, 17 heures : Nice – Lille ; Le Havre-Lorient, et demain 21 heures : OL-OM.  Il y a bien, non loin de chez vous, un petit boui-boui aux vitrines embuées, et d’où s’échappent de loin en loin d’incompréhensibles clameurs qui, pour ne pas monter jusqu’au ciel, grimpent au moins jusqu’à votre fenêtre. Poussez donc la porte de cet antre dont vous ne comprenez pas la langue. Faute de saisir du premier coup  toute la subtilité de la technique ou de la non-technique de chacun des joueurs multi millionnaires évoluant sur le gazon, vous goûterez la saveur de la réflexion de Schopenhauer. C’est bien lui, n’est-ce pas, qui affirmait que les porcs-épics sont de vrais sages ? En effet, pour ne pas souffrir du froid, ils se serrent les uns contre les autres, mais à bonne distance, afin de ne pas s’enfoncer de piquants dans la chair. Le foot au comptoir, c’est au fond la situation intermédiaire acceptable, entre la solitude glacée du salon et la proximité mordante du stade.  Vive, donc, la sagesse immuable de ces téléspectateurs de comptoirs, lecteurs infatigables de journaux provinciaux. Car c'est pour eux, au fond, qu’Alexandre est grand.

 

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jeudi, 11 décembre 2008

Chronique de la grammaire, de la vieille dame indigne et du général de Gaulle

« Il faut toujours garder un vice pour ses vieux jours. » : L’idée de garder un vice pour ses vieux jours, tout d’abord : je la trouve excellemment formulée. L’idée qu’un vice puisse se garder au  frais, comme une bouteille pour la Noël, ou des boites de sucre sous le lit, ou le livret A sous une pile de drap. Un vice. Pour ses vieux jours : Je pense à La vieille dame indigne, le film de Robert Allio, avec Sylvie. A la chanson de Jean Ferrat (Faut-il pleurer, faut-il en rire … ?) Eh oui, il y en a eu, des jeunes, des moins jeunes, il y en aura une poignée, de jours, qu’on appellera les vieux. Les vieux jours. Cela me rappelle la Winnie de Beckett, qui articule (splendide, irremplacée Madeleine Renaud : « Quel beau jour ça a été! ») Encore une vieille dame indigne.  Se garder un vice pour eux,  en prévision, donc. On ne dira jamais les vertus de la prévoyance. Se le garder comme la fourmi qui thésaurise.  Bon. Connaissez-vous  la suite ? « la grammaire est l’un des meilleurs ». Et dans le même texte, un peu plus loin : « Je serais d’avis que l’orthographe est toujours trop simple, il y aurait intérêt à compliquer ses règles. Les amoureux de billard, de cheval ou de régates trouvent toujours à compliquer le jeu. Je crois que Jean Paulhan était du même avis. Probablement aussi Perret. Quand on est amoureux de la langue, on l’aime dans ses difficultés. On l’aime telle quelle, comme une grand-mère. Avec ses rides et ses verrues. »

Le 3 mai 1971, Alexandre Vialatte est mort.

A l’époque, personne n’a dérangé la classe pour venir nous le dire au lycée. Il est mort à l’hôpital Necker, des suites d’une opération de l’aorte. Il avait 70 ans. Le 9 novembre de la même année (scolaire, je parle en année scolaire) le lundi 9 novembre 1970, donc, le proviseur était entré en classe, exactement comme dans Madame Bovary. Nous n’étions pas à l’étude mais, je m’en souviens très bien, en cours de mathématiques, quand il entra. Il nous annonça que le Général de Gaulle était mort, et qu’il y aurait un jour de deuil national. Je trouve qu’on nous fait vivre depuis quelque temps dans une sorte de nostalgie, une nostalgie très débile, très commerciale, très factice, de ces années soixante et soixante-dix parfaitement ridicule, dont je garde pour ma part un très mauvais souvenir. Ce que  les ados de l’époque pouvaient être idiots avec leurs boums dans les garages, leur salut les copains, leur idoles des jeunes ! A peu près autant que ceux d’aujourd’hui, ce qui n'est pas peu dire. Je soupçonne d’ailleurs les ados débiles des années soixante, devenus des presque retraités, d’entretenir cette nostalgie chez les ados d'à présent par une sorte de narcissisme complaisant et maladif, ainsi que par peur des vieux jours qui les rattrapent ; les vieux jours : nous y revoilà. Moi, si j’ai la nostalgie de ces années soixante-dix, ce n'est certes pas des années yéyés de tous ces jeunes cons devenus des vieux cons  (Johny Ah que je t’aime, sa greluche Sylvie et autres Dutronc, Mitchell, Mick Jagger et Sheila), mais c’est la nostalgie des vieux d’alors, de ces septuagénaires des années soixante qui avaient su mettre de côté un peu de grammaire pour leurs vieux jours. Ah ! Les vieux de ces années-là ! Pas un seul ne demeure pour tirer l'oreille de leurs coquins d'enfants. Ce sont ces vieux-là, pourtant, qui avaient été les vrais artisans du bonheur de vivre des sixties, dont on nous rebat les oreilles à présent. Bref, je ne saurais vous dire à quel point j’ai non pas la nostalgie du temps de la jeunesse de Johny et de Sylvie, mais celle du temps de la vieillesse de Charles de Gaulle et d'Alexandre Vialatte. Alors, pour finir ce billet qui n’a ni queue ni tête - mais à qui cela importe -t-il d'avoir une queue et une tête ?-, voici un extrait de la chronique de Vialatte du 15 novembre 1970, alors que toute la France ne parlait encore que de « ça » et qui, peut-être, éclairera mon propos ; un chef-d’œuvre d’humour, de légèreté, de reconnaissance également :

«L’humanité n’est composée que de survivants. C’est une vérité d’évidence, mais à laquelle on pense rarement parce que, vus sous un autre jour, ces survivants sont aussi des ancêtres (ou tout au moins de futurs ancêtres). L’humanité ne se compose que d’ancêtres. Et qui disparaissent à leur tour. Cette année, Marc Orlan, Mauriac, Giono, Jeanson (2) et j’en oublie »

Et c'est ainsi qu'Alexandre est grand.

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(2) Et dernière heure, le général de Gaulle qui était aussi un écrivain. 

 

 

 

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vendredi, 28 novembre 2008

Vue

Ce qu’à Lyon, on appelle une vue n’est accessible que de quelques endroits : des sommets de Fourvière ou de ceux de la colline des canuts. Ces derniers sommets s’édifièrent dans un conglomérat de rues tel que cette vue qu’on déflore, au fur et à mesure qu’on s’élève dans les étages d'un immeuble, ne se peut imaginer lorsqu'on est sur le trottoir, en tous cas si vaste , si claire, si somptueuse. On la découvre soudain, à partir du quatrième ou cinquième étage de l’immeuble. D’un côté, les Alpes, naturelles, blanches et éloignées ; de l’autre, la roche sombre, abrupte de Fourvière, pierre scize plongeant dans la Saône. En quelques points privilégiés des hauts immeubles des pentes, on peut saisir les deux dans la même pièce. On vit alors, encore, dans la ville, certes. Au confluent même de ses pensées les plus profondes : Dans le creuset véritable de son nom. Les aubes et les crépuscules, qui, du lux latin, devinrent dans l'imaginaire le Lug celte, viennent frapper aux carreaux de vos fenêtres. Les premières sont alpines et attendent encore le doux Turner qui les fixerait sur une toile ; les seconds, de derrière Fourvière, semblent soulever la basilique, quand la fureur rouge de leurs rayons la fige contre le cul dodu des nuages. Puis, soudain, toutes pierres fécondées, l’aveuglant jet du couchant s’éclipse, comme auréolé par des lointaines fondations : de la ville dont, un instant, chaque soir, il dispute le privilège à Marie, Lug, irrité et vivant, se retire. De son emprise, immense et affairée, se dégage la cité classée au patrimoine historique, obstinément amnésique. Dans les reflets que l’illumination technologique de ses nuits accorde aux cours d’eau qui la traversent, elle est sotte et glacée comme une image, cette ville, au soir tombé.

         Celui qui bénéficie d’un tel point de vue peut, pareillement, saisir l’extrême qualité de l’orage, après que le site, chaque tuile, chaque pavé, chaque clocheton, en a subi l’attente, souvent lourde et caniculaire. Ça claque, on ne sait d’où, ça vrombit brusquement : L’eau ne vient pas. La noirceur du ciel, même en plein jour, atteint des degrés sinistres. Puis le gris danse et roucoule. En un éclair, c’est le mariage des éléments, subit et colossal. L’acte fondateur et vivant redevient contemporain : Tout, qui ruisselle. Et le souffle alpin, tournoyant à présent alentours, balayant, après la foudre, la pierre italienne et renaissante de fraîches bourrasques, la nettoie minutieusement de la présence des hommes.

14:15 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : lyon, littérature, société, poésie, poèmes, écriture | | |

vendredi, 07 novembre 2008

Cinq cents francs pour deux

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Au premier plan, Maria Sklodowska, née un 7 novembre 1867. A l'arrière Pierre Curie, né au 15 mai 1859. 

C'est le seul couple d'humains que la Banque de France a "encarté" : Ce n'est ni Tristan et Iseult, ni Romeo et Juliette, ni Tite et Bérénice : Ils se marient à Sceaux le 26 juillet 1895. La même année, Pierre est devenu docteur ès-sciences physiques (thèse sur les propriétés magnétiques des corps à diverses températures, pressions et intensités de champ magnétique). L'année suivante, elle est reçue première à l'agrégation de physique le 6 mars, 1896. Chez les Curie, ça ne plaisante pas : ça bosse. Le 18 juillet, Pierre et Marie annoncent la découverte d'un nouvel élément radioactif, le polonium. Le 26 décembre, en collaboration avec Gustave Bémont, ils annoncent la découverte du radium. Le 10 décembre, Pierre et Marie Curie, associés à Henri Becquerel, obtiennent le prix Nobel de physique, pour la découverte de la radioactivité naturelle. On connait la suite. En avril 1906, Pierre Curie est renversé par un cheval. Le 4 juillet, 1934, Marie Curie meurt des suites d'une leucémie au sanatorium de Sancellemoz (Haute-Savoie). Les cendres de Pierre et Marie Curie sont transférées au Panthéon, le 20 avril 1995. Depuis un an, les Français d'alors ont dans leurs poches ce billet verdâtre, dernier de la série des 500 francs, qui n'est pas le plus beau, mais qui reste célèbre parce qu'il est le premier où figure une femme.

Une femme, une vraie personne, cette fois-ci, pas une allégorie mythologique comme CérèsPerséphone. La seule femme admise au Panthéon de la Banque de France fut donc une scientifique : après le scientifique inconnu en blouse blanche, après François Debat, Le Verrier, Pasteur, Marie Curie. Et ce fut une femme mariée. Pour accueillir le sexe on peut remarquer que l'Institution avait placé la barre très haut. Pourquoi pas une femme de Lettres, et pourquoi pas une célibataire ?   (Allez, au hasard, pourquoi pas George Sand )? J'aurais bien vu, sur fond de mare au Diable d'un côté, de loge aux Italiens de l'autre, les cartouches de George... Mais non! George n'aura donc pas eu son billet en francs. Alfred non plus, me direz-vous, et pas davantage Alphonse, Honoré ou Henri (y) ? On ne va pas dresser la liste des absents, mais tout de même, vous ne trouvez pas qu'il auraient mieux représenter la passion à la française, Sand et Musset, couple romantique, tumultueux, à la fois fugace et, d'une certaine façon, éternel, que ce duo un peu livide et très besogneux de Pierre et Marie ? Cela aurait pu aussi être un solo de Louise Michel : Imaginons ensemble, cinq minutes, la Banque de France concevant un billet à l'effigie de Louise Michel, militante anarchiste, elle aussi femme de lettres (on l'oublie trop souvent) morte d'une pneumonie en 1905 à Marseille au service de la cause ( pas scientifique, révolutionnaire) . Ou bien un billet à Olympe de Gouges...  

Mais non, La Banque de France, comme elle l'a fait avec Hugo ou Bonaparte, préfère consacrer l'icone Marie Curie : épouse et mère de famille, deux fois nobélisée (en physique et en chimie) et martyr irradiée de sa propre découverte : « La maladie qui l'a emportée est une anémie pernicieuse aplasique à marche rapide, fébrile. La moelle osseuse n'a pas réagi, probablement parce qu'elle était altérée par une longue accumulation de rayonnements » a écrit le Dr Tobé, responsable du sanatorium de Sancellemoz, en Haute-Savoie, où elle avait été transportée, quelques jours auparavant. C'est ainsi que la scénographie du billet représente sur une face Marie en compagnie de son mari, sur l'autre, une salle de l'Institut du radium vide, comme après leur mort à tous deux. Je ne sais si les Français, à l'époque où déjà la monnaie numérique était bien implantée dans le pays, et l'usage de la carte bleue systématisée pour les fortes sommes, eurent le temps de se familiariser autant avec ce billet qu'avec les coupures de moindre importance. La "grosse coupure" de la dernière série des francs rendait l'âme sans fracas lors du passage à l'euro, comme les autres. Laissant, sur les billets qui sont les nôtres aujourd'hui, un espace absolument vide d'hommes et de femmes, comme après la déflagration, l'explosion ...

 

17:18 Publié dans Les Anciens Francs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : anciens francs, pierre et marie curie, société, uranium | | |

In Girum imus nocte

En 1978, peu de temps avant sa mort, Guy Debord proposait ce long métrage qui débute ainsi  "Je ne ferai dans ce film aucune concession au public..."  La voix de Guy Debord lisant son texte (on le trouve dans l'In quarto de Gallimard) s'égrène alors, tandis qu'en plan fixe se justaposent des images en noir et blanc.  "Guy Debord a inventé le film sans fin" écrira Maltin Peltier dans le Quotidien de Paris. C'est que le spectacle du monde et le monde du spectacle apparissent sans fin, en effet, pour qui cherche là dedans un commencement, une histoire, son histoire. A l'occasion du billet d'hier sur la fabrication du héros électoral et de l'allusion de Bertrand Redonnet à Guy Debord, l'amie Frasby m'a laissé en lien cet extrait que sa sagacité est allée dénicher sur Daily Motions. Merci à elle, et merci à tous les commentateurs qui passent sur ce blog. Pour mémoire, Guy Debord s'est suicidé le 30 novembre 1994 dans sa maison à Champot.

http://www.dailymotion.com/video/xfnaq_guy-debord-in-giru...

Nous tournons en rond dans la nuit,et sommes dévorés par le feu
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16:30 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : debord, société du spectacle, in girum imus nocte, société, cinéma | | |

mercredi, 05 novembre 2008

Ces lieux communs venus d'Amérique

Nous vivons dans un système qui se nourrit d'images simples et de lieux communs. Nos cervelles en sont imprégnées. Nos neurones imbibés. Ceux qui veulent prendre la mesure des lieux communs venus d'Amérique peuvent circuler sur la blogosphère en ce moment : ils en recueilleront en quelques clics un beau panier !  Cela dit, la France et l'Europe ne sont pas en reste. Ces images prémâchées et ces lieux communs rabâchés sont finalement fort commodes : agglomérés les uns aux autres, ils donnent le sentiment que le monde humain possède une cohérence, là où il n'y a que vide et réelle absurdité. Ils donnent l'impression qu'une réflexion est en cours, là où tout est tragiquement incomplet. Ils offrent l'illusion d'une histoire réelle, là où ne se trouve qu'une histoire racontée. Ils procurent aux gens le sentiment qu'ils sont une collectivité, là où il ne résident, au fond, que solitudes économique et morale. Car la force du lieu commun découle de là : asséner une vérité abrupte et sans complément aucun. Exemple : Le monde bouge : Où ? Comment ? Pourquoi ? On s'en fout. L'essentiel est que ça bouge. On en frétille de bonheur ! Le point commun le plus visible entre Sarkozy le Français et Obama l'Américain, c'est qu'ils doivent l'un et l'autre leur victoire à un véritable torrent de lieux communs déversés à coups de milliards.

Pour valider son existence, le lieu commun a certes besoin de ces foules avides et fanatisées qui, littéralement, le tètent, comme bébé au sein de l'image souriante qui rassure. Et pour fanatiser les foules, il lui faut ce système binaire qui est en train de mettre la planète entière au pas en reprenant un à un tous les symboles les plus beaux de son Histoire. En France, nous avons le PS (parti refondé à Epinay il y a déjà longtemps pour porter un président à l'Elysée) et l'UMP (parti conçu plus récemment pour en porter un autre). Là-bas, démocrates / républicains, fonctionnent pareillement. En terme de carrières politiques, de pragmatisme idéologique, pas de salut hors de ces deux systèmes commerciaux qui font travailler des milliers d'experts et vendent des marques : Sarko pouvoir d'achat,  Obama lave plus blanc, etc.. Ce système a sa fonction : gérer les masses (leur vie, leurs économies, leurs espérances, leurs déplacements, leurs loisirs... ) et quoiqu'en montrent ses manifestes et ses campagnes humanitaires, il n'a aucun scrupule et aucune autre morale, sinon la loi du plus fort : le plus fort étant un point dans l'infini du fantasme de chacun, point qui oscille entre le plus riche et le plus nombreux, ou le plus beau, c'est selon. Comment s'étonner que, soumis à ce système binaire, la société vive dans un état de crise permanent : on lui annonce sans cesse du nouveau, de l'historique, du changement, et la crise ne fait évidemment que s'amplifier, le nivellement des cultures du monde ne cessant non plus de s'opérer, sous le rouleau compresseur de ce schéma que médiatisent câbles, satellites et réseaux, de l'igloo de l'esquimau jusqu'à la grotte du yogi en passant par la hutte du nomade, le duplex de centre ville, l'immeuble de banlieue, le taudis des favelas.  La question au fond la plus angoissante posée par la réussite de ce système, à l'œuvre depuis déjà plusieurs décennies, au vu de ce qui se passe sur Terre est finalement la suivante : méritons-nous mieux que cela ? 

En tant que personnes humaines, toute la civilisation dont nous nous prévalons les héritiers postule que oui. En tant que population, masse, peuple, je ne sais trop quel mot utiliser, le doute finit par être permis...

 

20:08 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : obama, usa, actualité, politique, élections américaines, société | | |

vendredi, 31 octobre 2008

Vaudou best-seller

La justice française vient de débouter Nicolas Sarkozy, qui réclamait l'interdiction de la vente de la poupée vaudou à son effigie. Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette poupée accompagnée de 12 aiguilles et d’un « livre de 56 pages, commercialisée depuis le 9 octobre dans les librairies et sur le net, trouve des acheteurs. Son pendant, celle de Ségolène Royal, aussi !  Cette dernière s’est empressée d’annoncer au monde entier, au nom du « sens de l’humour » (pas des affaires) qu’elle prétend avoir qu’elle n’avait pas porté plainte dans un souci de défendre le droit à la caricature, faisant sans doute implicitement référence aux débats déjà anciens sur celles de Mahomet. Là-dessus, elle se fait traitée par Dominique Paillé (UMP) de « caricature ambulante »

Tapis au fond du bois, les dirigeants de la  société Tear Prod, qui a commercialisé ces deux poupées aussi laides et dérisoires l’une que l’autre, se frottent évidemment les mains. Les deux laideurs et les aiguilles qui les accompagnent se vendent comme des petits pains.  Le manuel s’arrache également et se retrouve propulsé en tête des ventes de livres, par ces heureux jours de rentrée littéraire.

A part ça, la douzaine de bombes qui a explosé dans l’Assam a transformé en film d’épouvante plusieurs marchés populaires, même scénario la veille en Somalie. Le pessimisme gagne, nous dit-on, « l’économie réelle » qui serait (apprécions ici l’emploi du modalisateur) durablement touchée. La liste des pays que menacent, au Nord la récession, au Sud la famine, ne cesse de s’allonger.

Pendant ce temps, aux Etats-Unis, on est « fan » d’Obama ou « fan » de Mac Cain, et l’on s’excite dans les derniers préparatifs d’un show comme ce pays ultra dément a le don de s’en offrir, aux frais de la planète, tous les quatre ans. Au regard de cette boulimie de mégalo-débats hystériques, les déboires de nos deux poupées françaises s'en retrouvent singulièrement relativisés. L'intérêt qu'on peut accorder à leur existence n'est plus que le signe d’un amateurisme dans le mauvais goût carrément ridicule. Tout ceci ne m'inspire qu'une réflexion : qu'est-ce qui nous attend en 2012 ?

12:22 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : politique, société, vaudou, sarkozy, obama, mac cain, élections américaines | | |