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mardi, 16 décembre 2008

Espèce de pensée du soir

Signe des temps ? Dans la rame de métro, ce soir, j'ai vu plus de gens dont les oreilles sont obstruées par des fils électriques que de gens à l'oreille, si j'ose dire, découverte. Comme les baladeurs sont portés dans une poche ou sous l'écharpe, ces fils disgrâcieux et qui pendouillent donnent aux visages de qui les portent un air, il faut bien le reconnaître,  particulièrement stupide. Ils ont l'air de s'en foutre. Curieux, cet effort pour exhiber une tenue vestimentaire au moins originale, faute d'être élegante, et ce laisser-aller, cet abandon soumis à la laideur technologique. Voici donc venu le temps des prothèses, qui leur échappent des oreilles, comme d'une poche qui débourre. Bon.  Si le plus grand nombre de bipèdes reliés par ces cordons ombilicaux à la matrice musicale universelle se trouve encore, proportionnellement, chez ce qu'on appelle aujourd'hui des "jeunes" (terme ô combien niais, inventé par des vieux), pas mal de jeunes adultes (???) voire d'adultes plus consommés, et même frippés,  se laissent contaminer. Etonnez-vous donc que le monde devienne de plus en plus ce que des sociologues qui n'ont jamais su écrire appellent en tirant sur leurs pipes "un non-lieu". Alors moi, sans jouer au Cassandre, mes deux yeux et mes deux oreilles pour tout fardeau, je regarde le sol du métro, puis leurs visages aussi inertes qu'absents et pour tout dire assez inhumains : je ne peux m'empêcher de songer que cela ne peut qu'être le prélude de très mauvaises choses.

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20:17 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (34) | Tags : société, baladeur, musique, métro | | |

Commentaires

D'autant que chaque appareil portable a écrasé le son sous le compresseur MP3 - infirmité à laquelle nos oreilles se soumettent peu à peu ... Encore une manifestation du nivellement par la base !

Écrit par : simone | mardi, 16 décembre 2008

Et moi Solko, vous savez ce que j'ai vu aujourd'hui dans le métro? une princesse de Clèves qui tricotait une écharpe et sentait le coq au vin. Oui tout ça est fort inquiétant. Où va-ton, mais où va-ton?

Écrit par : Sophie L.L | mardi, 16 décembre 2008

@ Sophie : Mettez là sous cloche. Non, sérieusement. Mettez la sous cloche.

Écrit par : solko | mardi, 16 décembre 2008

Les sociologues (j'en connais) fument moins la bouffarde que le tarpé (comme la roche, oui, oui) et quand ils conceptent (sic) un non-lieu c'est certainement pour acquitter la pratique en question. Les adolescents, étant entendu que l'adolescence, quand elle finit, finit vers quarante ans, sont donc autorisés par des sociologues aux ordres à se boucher les oreilles avec de la merde. Avec les rites à la con que nous usinons à flux tendu - de ce côté-là, c'est pas la crise, merci - les anthropologues ne devraient pas chômer (et pourtant, ils chôment, comme disait de Dieu Galilée).

Écrit par : Marcel P. | mardi, 16 décembre 2008

Rrhôo, le bouzin informatique a signé Marcel P. ! Damned, Sophie avait raison. On fait des blagues, et puis on se les trimbale... Désolé.

Écrit par : Pascal Adam | mardi, 16 décembre 2008

C'est moi qui suis désolée Pascal! -même si je pouffe !

Écrit par : Sophie L.L | mardi, 16 décembre 2008

Dans la bouche de Marcel, le propos n'en a que plus de saveur, franchement.

Écrit par : solko | mardi, 16 décembre 2008

Certes Solko. J'ai pouffé parce que je suis confarfe et que ça m'arrive super souvent de signer pas du bon nom quand j'oublie de changer le truc et parce que je sais pas pourquoi mais j'étais sûre que Pascal allait oublier! Mais les tarpés des sociologues j'ai adoré dans la bouche de Proust, si je puis dire! mais dans la bouche de Pascal c'était bien aussi! Bon je vais surveiller mon héron sur le feu pour demain soir, ça vaudra mieux! Bonne nuit!

Écrit par : Sophie L.L | mardi, 16 décembre 2008

Il y a eu le temps des cerises maintenant c'est le temps des prothèses.

Les temps changent! Dommage!

Je préfère encore et toujours les cerises.

Il y a 3 ans j'ai beaucoup utilisé le RER -D à Paris et j'ai trouvé les gens tristes.Et pourtant ils communiquaient à travers leurs portables mais pas avec leurs voisins.J e vous rejoins dans votre observation: ce ne sont pas des humains.........
Des zombis peut-être?

Écrit par : La Zélie | mercredi, 17 décembre 2008

Mais si ce sont des humains! Autant que nous en tous cas qui conversons sur internet! On est pas des zombis nous aussi en notre genre?!

Écrit par : Sophie L.L | mercredi, 17 décembre 2008

Sophie L.L.: Des humains qui ne font pas attention aux humains qui les entourent: ce sont des gens qui se déshumanisent petit à petit.

Écrit par : La Zélie | mercredi, 17 décembre 2008

@ Sophie : Je ne suis pas dans un lieu public en ce moment. Et puis je m'adresse à quelqu'un (vous, en l'occurrence). Sur ce coup-là, je vous crois de mauvaise foi, Sophie. Pour finir le terme "zombi", dans la bouche de Zabou, était métaphorique.

Écrit par : solko | mercredi, 17 décembre 2008

On attaque les sociologues, aux portes, aux portes!

Sociologieeeeeeeeeeeeeeee

Sociologieeeeeeeeeeeeeeee

Socios Logos
Logos Socios
Socie ô logie
Logie ô Socie

C'est presque du Aragon (si vous avez lu ses poèmes sur l'URSS).

Ces gens avec des balladeurs, estimez vous heureux, Solko, qu'il ne rende pas leur musique audible, ce qui est souvent le cas dans les bus car, alors, je ne peux plus lire les Poètes du Chat Noir.

Cela ne présage rien de bon, mais bon, mieux vaut écouter de la zik que matter (téma pour les intimes) lci.

Écrit par : Léopold | mercredi, 17 décembre 2008

@ Léopold : Un monde fait de "mieux vaut que" est un monde qui se prépare au pire.

Écrit par : solko | mercredi, 17 décembre 2008

"terme ô combien niais, inventé par des vieux"

non, solko, inventé par des seniors ^^, ça n'existe plus les vieux maintenant; il n'y a plus que des seniors avec une forte envie d'aller s'éclater au taf jusqu'à au moins 80 balais, l'épanouissement professionnel, il parait.

Écrit par : gmc | mercredi, 17 décembre 2008

Oui Solko, oui La Zélie, vous avez raison dans l'absolu. Mais pour qui par exemple prend le métro parisien presque tous les jours comme moi, je vous assure que la notion de s'intéresser aux êtres humains quand on est dans une bousculade insensée,avec maintenant des "pousseurs" sur les quais, transportés vraiment comme du bétail, s'intéresser aux autres c'est difficile. Et dans ce cas je peux comprendre ceux qui écoutent de la musique. Même si ça m'énerve, car on entend surtout les sons graves, une sorte de coeur qui bat, et ça ajoute à l'angoisse et à l'inconfort. Mais surtout mon ressentiment ne va pas à ceux dans la même "galère" que moi mais à ceux qui permettent cela. j'essaie que mon "ressentiment" n'aille pas vers mes "prochains" justement. C'est pour ça que ce que vous appelez "mauvaise foi" n'en est pas, quoique ça m'arrive aussi. En fait c'est une réaction épidermique: chaque fois que je trouve les autres pas malins, je me dis: peut-être que je ne le suis pas plus.
Et donc je soulignais juste comme ça que converser sur internet c'est étrange aussi.
Bien sûr vous vous adressez à moi Solko, mais "tout le monde" (!) écoute ce que nous nous disons, c'est quand même une pratique qui pourrait paraitre curieuse.
Et "zombi" bien sûr c'est métaphorique!
Bref j'ai une tendresse indéfectible pour comment les humains (nous tous) essaient de s'en tirer dans la mélasse dans laquelle ils sont et une rage folle envers ceux qui roulent en bagnole conduits par des chauffeurs

Écrit par : Sophie L.L | mercredi, 17 décembre 2008

Il ne faut jamais dire le moindre mal des sociologues, avec chichon ou sans...
Car ils vous retourneront ça dans un joli concept et vous vous apercevrez bientôt que vous faites partie de ça ou de ceci ou de je ne sais quoi.

Bref, comme disait l'autre "faut jamais parler aux cons, ça les instruit."

Écrit par : B.redonnet | mercredi, 17 décembre 2008

PS : je crois que c'est La Zélie qui a dit "zombi" et pas Zabou
( phrase compte triple au scrabble, ces trois "z" !)

Écrit par : Sophie L.L | mercredi, 17 décembre 2008

Excellent billet pour préparer le suivant sur Molière.
Les transports en commun sont la meilleure scène pour observer la Comédie (au sens noble) actuelle. Quand je ne m'y enfouis pas dans un livre (trajet trop court) ce spectacle me passionne.
Au fait je n'ai pas vu les yeux bleus de Molière, finalement Alceste se dévoile.
Un seul regret une certaine aversion des femmes.

Écrit par : Rosa | mercredi, 17 décembre 2008

@ Rosa : Qui ça, Molière? Une aversion pour les femmes? Je trouve plutôt qu'il moque tout ce qu'il y a à moquer, quel que soit le sexe. Et Dieu sait s'il y a à moquer...

Écrit par : Pascal Adam | mercredi, 17 décembre 2008

Certes, certains font un usage abusif de la musique baladeuse.
J'ai quant à moi passé des milliers et des milliers d'heures dans les transports en commun et ce n'est pas fini.
Souvent je lis un livre, ou plutôt j'essaie car le bruit, les gens qui parlent si fort, les hurlements des enfants, me dérangent beaucoup. Un livre, voilà qui coupe déjà beaucoup d'autrui…
Parfois aussi j'utilise mon iPod et j'aime à le faire.
Par rapport à la pénibilité du quotidien, le vacarme de la circulation, la foule et la bousculade, le froid, la nuit, la fatigue, l'angoisse de l'agression en soirée, alors oui, la musique me donne des forces, diminue ma vulnérabilité, m'aide à surmonter cela.
Il ne faut pas se tromper de combat, ce n'est pas l'écoute solitaire de la musique baladeuse qui est à pourfendre, mais le quotidien qui est à améliorer partout où cela est possible. S'attaquer aux causes plutôt qu'aux effets !

Quant à l'opposition entre jeunes et "vieux" (adultes consommés ?) qui se laisseraient contaminer… est-elle si pertinente ? On peut très bien avoir acheté son premier walkman il y a près de 25 ans, pratiquer l'ordinateur depuis 20 ans et… évoluer en restant fidèle à soi-même !

Écrit par : kl loth | mercredi, 17 décembre 2008

@ Kl.Loth : je n'en fais un combat. C'est l'image de groupe qui est saisissante. Une pratique individuelle, vue de façon individuelle, se défend très bien. Mais on assiste là a une généralisation. A une pratique collective. C'est très curieux, ces gens qui ne s'adressent plus ni un regard, ni un mot. Qui sont plongés dans leur univers alors qu'ils voyagent ensemble. Vision d'une humanité assez déprimée. Et du coup déprimante..

@ Sophie : D'accord avec vous. Mais c'est encore un point de vue individuel que vous dites là : comment échapper à l'effet de masse, s'évader, ne pas le subir ? Moi, plus qu'aux mecs qui roulent avec bagnoles à chauffeurs, j'en veux aux mecs qui font fortune en vendant toutes ces saloperies aux gens. Je n'ai eu qu'un walkmann ( à l'époque ça s'appelait comme ça) dans ma vie. M'en suis vite débarassé. Franchement, écouter de la musique réellement, c'est une activité à part entièree. Après la musique d'ascenceur, la musique de baladeur ( et vous pouvez bien vous fourguer du Bach dans les oreilles, ça change rien.)

Écrit par : solko | mercredi, 17 décembre 2008

@ Rosa : Pascal a raison. Dieu sait qu'il y a à moquer dans les deux sexes ! Et Dieu sait que Molière ne se moque pas de toutes les femmes ( ni de tous les hommes )

Écrit par : Solko | mercredi, 17 décembre 2008

Attendez, je ne comprends plus : C'est vous, Solko, qui signez Rosa? Ou est-ce Rosa qui se parle à elle-même?
(Ca me rappelle le coup du Marcel P. comme le sparadrap du capitaine Haddock!)

Écrit par : Pascal Adam | mercredi, 17 décembre 2008

Mais non…
Souvenez-vous, dans les années 70, avant l'apparition du baladeur… les gens ne s'adressaient pas davantage de regards ni de paroles !

Comment supporter ces longues heures de "temps mort" et de solitude au cœur des "masses" ?

Ce qui a changé peut être, les vêtements, alors moins sombres et mieux ajustés, aujourd'hui noirauds et flapis, avachis…

Écrit par : kl loth | mercredi, 17 décembre 2008

Une anecdote Solko. Autrefois avant d'être devenu vaguement parisien je venais ici quelques jours aux vacances. J'y retrouvais un proche au tempérament disons très "méditerranéen", avec un peu de gouaille parisienne sans être très cultivé, un dragueur invétéré qui enchantait le métro. Chaque fois que je vois une femme avec des oreillettes dans les transports je pense à lui avec un serrement de coeur (oh il est enchaîné par d'autres cables certes): je me dis qu'aujourd'hui il ne pourrait quasiment plus car les portes sont fermées aux compliments de bagatelle, à tout ce petit commerce pas aussi intéressé qu'on n'aurait pu le croire et qui vraiment m'enchantait...

Écrit par : Tang | mercredi, 17 décembre 2008

@ Pascal : il y a un petit côté cantatrice chauve dans cette affaire. Par mégarde, comme je parlais à Rosa, j'ai effectivement signé Rosa. Je corrige.

Écrit par : solko | mercredi, 17 décembre 2008

@ Kl Loth : C'est une image, une impression. Faites-y vous même attention et regardez : le phénomène se généralise et vraiment, ces êtres humains avec des fils qui pendent de soreilles , tous cote à cote, c'est curieux. Quelque chose du vieux Rhinocéros de papa Ionesco. Je préfèrais voir les gens perdus dans leurs pensées, sans doute, que dans cette "musique".

Écrit par : solko | mercredi, 17 décembre 2008

@ Zélie : dont j'ai confondu le nom avec celui de Zabou, mille excuses ( et vice-versa d'ailleurs )

Écrit par : solko | mercredi, 17 décembre 2008

@ Bertand : Je ne sais pas si Brassens a écrit quelque chose sur les sociologues ( la sociologie n'était pas encore assez puissante ). C'est sans doute regrettable, ça aurait sans doute été décapant !

Écrit par : solko | mercredi, 17 décembre 2008

@ GMC : " l'épanouissement professionnel, il parait." : Professionnel ou personnel ? Remarquez, j'aime bien professionnel. ""Senior" devient une profession dans le brave new world qui se profile ....

Écrit par : solko | mercredi, 17 décembre 2008

J'apporte mon zeste de Zabou pour vous dire que z'avez rien compris : ils échangent !!!

Et divers genres de musique qu'eux-mêmes n'entendent pas malgré leur bonne volonté : c'est à qui aura les oreilles disponibles pour accueillir la cacophonie de l'échange.

'Faut être open.

Écrit par : Zabou | mercredi, 17 décembre 2008

Brassens n'a pas écrit sur la socio, mais visionnaire quand même, il aurait pu leur chanter ça :


Les hommes sont faits, nous dit-on, pour vivre en bande comme les moutons
Moi je vis seul et c'est pas demain, que je suivrai leur droit chemin.

Je suis de la mauvaise herbe, braves gens, braves gens
C'est pas moi qu'on rumine et c'est pas moi qu'on met en gerbe.
Je suis de la mauvaise herbe, braves gens, braves gens, je pousse en liberté,
Dans les jardins mal fréquentés !
La la la la la la la la la la la la la la la la
Et je me demande pourquoi, bon dieu, ça vous dérange que je vive un peu
Et je me demande pourquoi, bon dieu, ça vous dérange que je vive un peu !

Écrit par : B.redonnet | jeudi, 18 décembre 2008

@ Bertrand : Ah, merci bien !

Écrit par : solko | jeudi, 18 décembre 2008

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