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lundi, 31 août 2015

Zonards, terroristes & migrants...

Fallait voir la ruse – pas la générosité,  la ruse – de l’expert économique sur le plateau : « les migrants sont une véritable chance pour l’économie des pays accueillants ». Car, expliquait-il, mi docte, mi empathique, « c’est une migration des classes moyennes africaines auxquelles on assiste ». Et de citer l’exemple de ce professeur d’université asiatique arrivé jadis en boat people, ravi de pouvoir vendre des hamburgers dans un fast-food occidental. « Car vendre des hamburgers dans ce cas-là, c’est le prix à payer pour la liberté… ».

La liberté ?  Tiens, tiens… C’est précisément ce qu’au nom d’autres parias des temps modernes, les terroristes, les dirigeants décomplexés européens, de gauche comme de droite, mais surtout de gauche, se permettent de museler. Les terroristes incarnent l’autre face  [la face noire ] du discours moral du nouveau capitalisme  mondial. Ils sont le mal, quand accueillir les migrants, c’est le bien. Un manichéisme caricatural qui fait oublier que terroristes comme migrants sont les symptômes de la même politique désastreuse conduite par ce nouveau capitalisme depuis quarante ans.

Bernanos, en son temps, s’insurgeait contre cet Etat qui le forçait, comme s’il était un malfrat et pour le protéger des malfrats, à tremper l’index dans l’encre pour établir sur les fichiers de la sureté ses empreintes digitales. Au nom de la lutte contre le terrorisme, et au nom de l'égalité de traitement et de la non discrimination, vous accepterez d’être filmés, fouillés, fichés. La liberté n’est même plus un fantôme, un squelette, un zombie. La liberté en France, c’est du vent, dorénavant. La critique et la révolte pareillement. Si vous n’acceptez pas ce système et ses incohérences, par milliers, par millions, des migrants seront ravis de prendre votre place. Et des politiciens humanistes et droits de l'hommistes, vêtus de costumes tristes et sombres, et leurs femmes à cheveux courts vous donneront des leçons de générosité, avec la morale à deux balles de leur meilleur des mondes ultra-fascisant. Eux s'en fichent. Sont du bon côté de la rampe. Et si vous prétendez lutter contre cela, on vous dira que vous êtes un monstre, un fasciste, photos emplies d’émotion et marches silencieuses contre la haine à l’appui. Une gigantesque entreprise de culpabilisation des opinions occidentales est en cours depuis déjà des années. Et les dirigeants européens se frottent les mains. Car ça marche. En pure théologie, pourtant, celui qui culpabilise, c'est toujours Satan, jamais l'Esprit Saint. Mais la théologie, de nos tristes jours...

Ainsi, le système se nourrit des crises qu’il engendre.  Quand la liberté, la critique et la révolte sont à ce point  anéanties jusque dans leur raison d’être, le citoyen est définitivement maté, dans sa sensibilité, sa spiritualité, sa raison. La citoyenneté européenne est crépusculaire. Le citoyen européen une larve, qui, renonçant à sa culture et sa religion, n’est plus qu’un zonard déraciné quand il fut un homme libre. Un zonard. Ce que le système qui produit des terroristes et des migrants fabrique peut-être de pire, parce qu’au contraire des deux autres, le zonard est consentant. Là où les deux autres font mine encore de vouloir rester vivant, le zonard a capitulé. 

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07:31 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, migration, france, zone euro, démocratie, merkel, satan, esprit saint | | |

mercredi, 26 août 2015

La fin chez Poutine ?

Paraît que Renaud est en train d’enregistrer un album contenant une chanson sur les événements de janvier, comme on dit dans l’hexagone. Je vous laisse deviner si le vieil alcoolisé de la variété franchouillarde est ou non Charlie. Je vous laisse deviner les paroles et la rengaine. Salut Cabu, ça f’rait un bon titre, mnémotechnique à souhait et viril à la mode pote, bien comme il faut. L’album doit sortir juste avant Noël et le premier anniversaire. Un hasard, dites-vous  ? On entend déjà la promo chez www.Ruquié&Drucker.servicepublic.com

Le frère de Ayoub El Khazzani explique dans son coin que son frère n’est pas un terroriste. Juste un bon p’tit gars bien comme il faut, qui n’a rien d’un jihadiste et serait devenu fou dans le train, comme ça, brusquement. La maman ne dort plus depuis quatre jours, elle doit prendre des médicaments et se sent mal. Très mal. Toujours selon le frère, le gars ne serait jamais allé en Turquie. Il le jure devant Dieu. Gare au troisième commandement…

Spielberg serait déjà sur le coup. Le film s’appellerait Je suis Thalys. A un journaliste qui lui a demandé s’il ne pensait pas que ça sentait un peu le réchauffé, le grand homme a répliqué : On ne s’en lasse pas…

Dans la Somme, tout le monde est effondré, choqué. Le ministre de l’Intérieur a encore exprimé toute sa solidarité, toute sa compassion. Il a dénoncé la violence abjecte. Le ministre de l’Intérieur n’en peut plus d’être ainsi un puits sans fond de compassion pour toutes les victimes des crimes commis en France ; il est plus compassé qu’un cardinal de l’Ancienne France. Mais je préférais les cardinaux de l’Ancienne France, leurs robes et leurs dentelles, plutôt que ce cardinal tout de noir vêtu.

 

Je disais à un ami que je songeais de plus en plus à quitter ce pays de fous dans lequel je me sens de moins en moins chez moi. Pour aller où ? me disait-il. Je lui parlais des pays slaves ou baltes. Nous regardions les passagers du bus… Pas très engageants, ces braves gens de tous horizons... Ou bien alors, me dit-il, dans la bonne vieille Russie orthodoxe. Ce qui reste de la vieille Europe… Oui, pourquoi pas, après tout ? Gégé, grand précurseur... On finira tous chez Poutine…

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samedi, 22 août 2015

Fiche S

Cela tient désormais de la routine. Dans son costume sombre de croque-mort, le ministre de l’intérieur français égrenant d’un ton morne le récit du drame « évité de justesse » [ou pas, c’est selon], puis celui des aveux de « l’individu », de la garde à vue en cours… et faisant allusion à un moment donné, pour justifier le travail de ses services, à cette mystérieuse fiche S [comme sureté, paraît-il]. Au début, je pensais naïvement qu’il s’agissait d’une fiche Salafiste. Car c’est un secret de Polichinelle, on retombe toujours sur ces mêmes réseaux à la fin du balbutiant discours.

Alors on se demande : quand cette gauche si prompte à pourchasser les nostalgiques du Reich, si efficace pour dissoudre certains groupuscules d’extrême droite, se décidera donc à pourchasser les nostalgiques de l’Islam des premiers temps et à déclarer illégale sur le sol français toute propagande salafiste, comme est illégale toute propagande nazie ? On s’interroge, tandis que, dos vouté, le ministre quitte le champ des caméras, Jusqu’au prochain rendez-vous, au prochain point presse. Basse besogne.

Au lieu de cela [ce serait nous explique-t-on, sur le plan des droits de l’homme et de l’arsenal judiciaire français infaisable…], on organise des systèmes de surveillance généralisée à tous, on reçoit les héros à Élysée pour se faire un coup de pub et détourner l'information sur le courage des passagers, on brasse du vent et on fait du spectacle. On assure enfin que tout ce qui pouvait être entrepris [la fameuse fiche S] l’a été. Avale ta soupe et tais-toi.

Comme si coffrer tout individu s’adonnant au salafisme, dissoudre les réseaux, extrader les leaders et les imams, était impossible. Cette idéologie extrême n’a-t-elle pas suffisamment prouvé sa nocivité, entraîné de gens dans des errances sans retour, et fait des victimes collatérales [qui, comme l’expliquait tout à l’heure Jean-Yves Anglade « se trouvaient au mauvais moment au mauvais endroit »] ? Ah, me dira-t-on, mais elle est liée à l’Islam ! Et alors ? La face cachée [ou la face obscure] de l’Islam a-t-elle droit à des égards dont la face cachée [ou la face obscure] du nationalisme serait privé ? Les gens de gauche se retrouvent placés là devant – une fois n’est pas coutume – leurs incohérences, leurs paradoxes, leurs lâchetés.

Il est vrai qu’il est plus facile de s’en prendre aux extrémismes d’hier qu’à ceux d’aujourd’hui ! Et quand on  nous explique qu’on craint de faire des amalgames dans nos proches banlieues, on se demande plutôt quelle susceptibilité on craint de heurter dans de lointaines péninsules.

Le (p)résident de la République a eu de la chance : un carnage évité dans une église, un autre dans un train. Il n’empêche… L’été 2015 restera sous son mandat comme celui où, pour la première fois depuis des siècles, un homme aura été décapité sur le sol français à cause d’un fanatisme religieux complaisamment entretenu. Il est vrai qu’à force de donner les mêmes droits au vrai et au faux, au laid et au beau, au bon et au mauvais, au juste et à l’injuste, dans une sorte de relativisme érigé en religion d’Etat, l’opinion publique semble prête à tout entendre, tout admettre, tout supporter, pourvu qu’on lui laisse l’illusion de vivre dans un état de droit. Mais enfin, dès lors que je ne peux plus prendre un train, un avion, me promener dans un supermarché ou m’asseoir dans une salle de cinéma sans être moi-même surveillé comme si j’étais un terroriste islamiste, sous prétexte que les dirigeants n’osent plus nommer un chat un chat, c’est vraiment une illusion de se croire dans un pays libre, comme de se prétendre une démocratie.  

 

A l’autre bout de l’Europe, d’ailleurs, on voit le rêve démocratique européen ouvertement étranglé dans les oripeaux de ce pitoyable Tsipras hollandisé ou merkelisé, c’est du pareil au même. Disons Junckerisé…  Cette fois-ci nous y sommes, le XXIe siècle à commencé.  Bienvenue dans ses terribles dysfonctionnements.

 

 

samedi, 15 août 2015

De la supériorité de l'Islam sur la religion catholique

Si j'avais à soutenir le droit que nous avons de considérer que l’Islam est nettement supérieur au Christianisme, voici ce que je dirais : 

Une preuve que les Chrétiens n'ont pas le sens commun, c'est qu'ils croient que Dieu a engendré leur Christ, quand la sourate du parfait dogme explique que Dieu le suprême refuge n’a jamais engendré.

On ne peut d’ailleurs se mettre dans l’esprit que l’ange Gabriel, qui dicta cette 112eme sourate au Prophète, ait  aussi annoncé sept siècles plus tôt la maternité divine de Marie. Il mentit nécessairement la première fois.

Il est impossible que Dieu, qui est un être très sage, ait lui-même voulu que son Fils unique prît forme parmi une race de pécheurs, à moins d’imaginer que Dieu fût fou !

Comment Dieu l’Unique pourrait-il être Père, Fils et Saint-Esprit tout en demeurant Un ? Cette distorsion curieuse, qui présuppose que Dieu est avant tout Amour, lui est en réalité parfaitement étrangère

L’ère des Prophètes s’étant, aux dires des Chrétiens, achevée au profit de celle des Saints depuis la venue de leur Christ, il est tout naturel que le Prophète ne soit pas lui-même un saint.

La vocation au martyre serait réservée à une élite d'Élus trop restreinte, si elle dépendait vraiment de la Grâce de Dieu. Mieux vaut s’y entraîner soi-même par les armes en décidant soi-même d’en devenir un à la force du poignet.

Il est naturel de penser que mourir d’une  fièvre douloureuse à Médine à 63 ans équivaut à mourir sur la croix à 33, puisque Dieu est Dieu et que mourir équivaut toujours à mourir.

Il est impossible que nous supposions que ces Chrétiens-là soient de vrais croyants ; parce que, si nous les supposions tels, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes de vrais Musulmans. 

 

De petits esprits exagèrent trop l'injustice que l'on fait aux Chrétiens d’Orient. Car, si elle était telle qu'ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des puissances occidentales, qui font entre elles tant de conventions démocratiques, d'écouter le Pape et d'en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ?

 

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Fra Angelico  - Annonciation de Cortone

 

jeudi, 06 août 2015

Roland, la Bête, le spectacle et Riga

C’est désormais partout les mêmes publicités, les mêmes événements, les mêmes débats, les mêmes résultats sportifs. Il suffit pour s’en rendre pleinement compte, armé de sa télécommande, de zapper sur un bouquet d’une chaîne du monde à une autre, d’Ouest en Est, de Sud en Nord, pour retrouver les mêmes couleurs, les mêmes génériques, les mêmes vêtements, les mêmes cadrages. Langues et visages varient, certes, mais ce sont bien les mêmes sourires figés, les mêmes regards vides, les mêmes expressions, les mêmes préoccupations, les mêmes infos et les mêmes produits. Glaçant.

Partout, également, ce même rapport marchand au passé, ce rapport distancié et « qui s’est éloigné dans une représentation » (1). En Europe, chaque capitale de région ne propose pas moins de dix ou quinze musées, et les cars de touristes vont de l’un à l’autre, selon la loi du Tour. Ainsi, quelle ne fut pas ma surprise, tout récemment, de découvrir au bord de la mer Baltique, en plein centre de Riga la statue du chevalier Roland, neveu de Charlemagne, dont j’appris par cœur jadis la première strophe de sa magnifique chanson de geste:

CARLES li reis, nostre emperere magnes,
Set anz tuz pleins ad estet en Espaigne :
Tresqu’en la mer cunquist la tere altaigne.
N’i ad castel ki devant lui remaigne ;
5Mur ne citet n’i est remés a fraindre,
Fors Sarraguce, ki est en une muntaigne.
Li reis Marsilie la tient, ki Deu nen aimet.
Mahumet sert e Apollin recleimet :
Nes poet guarder que mals ne l’i ateignet
(2)

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Statue du chevalier Roland, Riga

Riga en soi est une ville charmante qui, comme chaque capitale, possède son réseau de rues piétonnes, de parcs ombragés et de tramways rapides, ses rues pavées et ses places historiques, ses restaurants typiques, ses bâtiments post modernes et ses églises médiévales, ses bars de nuit et sa dégustation de produits locaux qu’elle vend selon les mêmes protocoles, son « plus grand marché d’Europe » et ses façades Art Nouveau réalisées par le père d’Eisenstein. Je ne dis pas que cela ne vaut pas le détour, d’autant plus que Riga se trouve à quelque 180 euros et 3 heures de vol de Paris, une broutille. Les amateurs de beauté balte y apprécieront le port limité du pantalon, la ligne encore svelte et les cheveux longs de la plupart des femmes de là-bas, qui semblent ne pas avoir subi le dressage idéologique de celles de la pauvre Dulce France de Roland. Il n’empêche.

« Toutes les nations, écrivit jadis saint Jean, ont été égarées par ses enchantements » (2)  Il parle des enchantements de la Bête dont la fureur s’est abattue sur le monde pour faire la guerre à l’Agneau. De là à conclure que la Bête de l’Apocalypse évoquée par l’Apôtre Jean, c’est le spectacle lui-même comme organisation capitaliste de l’économie mondialisée, asservissant les êtres à la standardisation la plus satanique, c’est évidemment rapide,  mais cela peut se révéler une juste intuition. En tout cas, rester vivant, à Riga comme ailleurs, c’est se tenir sauf des effets du spectacle comme de ceux de la Bête et, plus largement, des faux prophètes que son règne intransigeant voit partout proliférer pour la plus grande joie des marchands.

1. Parole célèbre de Guy Debord

2. Charles, le roi, notre empereur le Grand, sept ans tout pleins est resté en Espagne : jusqu’à la mer il a conquis la terre hautaine. Plus un château qui devant lui résiste, plus une muraille à forcer, plus une cité, hormis Saragosse, qui est dans une montagne. Le roi Marsile la tient, qui n’aime pas Dieu. C’est Mahomet qu’il sert, c’est Apollin qu’il prie. Il ne peut pas s’en empêcher : le malheur l’atteindra.

3. Apocalypse, XVIII,23

00:06 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : riga, saint-jean, apocalypse, la bête, patmos, communication, capitalisme, propagande | | |

dimanche, 19 juillet 2015

Un gouvernement pour la zone ?

C’est le propre des minus habens de vouloir être grand. Dans le domaine politique, cela se traduit par une volonté névrotique de laisser son nom dans l’histoire. Il y a deux sortes de minus habens. Le minus habens péremptoire, qui avance à découvert, et celui, plus fourbe, qui joue le modeste et avance masqué. Hollande est de cette seconde espèce, la plus détestable, la plus veule.

« La France, dit-il, est prête. » A quoi ? A renoncer un peu plus encore à sa souveraineté pour initier ce fameux gouvernement de la zone euro auquel les bureaucrates à la Delors, dans une détestation profonde du pays, de son histoire et de son peuple, rêvent, valets despotiques d’une oligarchie mondialisée qui protégera leur fin de vie quelles que soient leurs exactions, et mieux encore s’ils auront complètement maté le pays. Du haut de son quinquennat désastreux et de sondages permanents qui font de lui le président le plus honni (moins populaire encore que Sarkozy, il fallait le faire), le minus habens socialiste à la parole désincarnée, serviteur zélé des la haute finance, a décidé que la France était prête à plus d’Europe encore, et le clame partout, de son ton si nauséeux, si mortifère. Et comment accepter plus longtemps qu’un type pareil s’exprime et décide en notre nom ? Il se prend pour la France ! C’est irrespirable ! 

Vous êtes prêts, vous ? A payer plus d’impôts encore pour  ajouter, à un parlement, un autre parlement, et d’autres fonctionnaires à ceux qui sont déjà en en place, pour doter l’Eurogroupe d’un pseudo gouvernement qui sera nommé par la bande à Draghi, Juncker, Schulz, et autres imposteurs, et feront en sorte que le peu de liberté civique et politique qui demeure se réduise à rien ? Hollande se prend pour la France, alors qu’avec son éloquence de cabinet de notaire, son actrice de série B qui prend la place de sa journaliste de Paris Match congédiée comme une bonniche, son inélégance d’épicier et son parcours sinueux de manœuvrier, cette anguille la représente si mal. Si mal. A croire qu’elle est déjà morte derrière lui, qu’il n’en brandit que le cadavre quand il ânonne on doit et il faut…  Mon Dieu, faudra-t-il boire ce calice jusqu’à la lie ?

Jacques Delors lui-même, l’un des exécrables géniteurs de la zone euro, a déclaré qu' « elle n’était pas gouvernable. » Ce joueur de Monopoly sans charisme se réveille un peu tard. Et on aimerait pouvoir jeter face à face à la figure de ces éminences grises cauchemardesques qu’elles auraient pu y penser plus tôt, que d’autres voix plus éclairées qu'elles s'élevaient dans le pays, voix qui ont toutes été muselées par la propagande ou la caricature. Et qu’on doute fortement que ceux-là même qui ont jeté les peuples dans la crise politique et culturelle majeure que suscite en permanence l’instabilité de cette monnaie historiquement et politiquement fictive soient les mieux placés pour décider plus longtemps de leur sort. Le poisson pourrit toujours, hélas, par la tête. Et quand cette tête est spécialement pourrie, il est possible qu'il n'en réchappe jamais...

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 Le mal français

18:30 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eurogroupe, euro | | |

lundi, 06 juillet 2015

Oxi

Le retour d’un sentiment souverainiste, la réaffirmation d’une culture démocratique propre, certes, quelle bonne nouvelle ! Mais penser que les peuples ne sont capables de retrouver dans un même vote une dignité commune, le sens de leur histoire et de leur culture, qu’en se retrouvant acculés face à un adversaire déterminé (en l’occurrence des créanciers) demeure en même temps assez désolant. Il n’empêche. Si les Grecs avaient voté Oui, ils auraient été politiquement vassalisés pour au moins 50 ans… Et ce que Hollande appelle « un saut dans l’inconnu » incarne, dans la soupe technocratique dont ce bonhomme constitue l’un des morceaux les plus indigestes, un heureux sursaut, un sain réveil, un retour du politique fort réjouissant. De ce point de vue, le rassemblement et les cortèges de la place Syntagma d’hier soir feront date.

Yanis Varoufakis y a parlé de guérir des blessures européennes, tout en affirmant vouloir rester dans l’Europe, tandis que son homologue allemand, Sigmar Gabriel, jouait déjà la carte du contribuable bavarois contre l’électeur grec en n’excluant pas le Grexit. Quand un peuple croit, il surmonte ses difficultés, rajouta dans la foulée Alexis Tsipras, tandis que Martin Schultz lui rappelait que s’il croit être en meilleure position pour négocier, il se trompe car le quotidien des Grecs va empirer de jours en jours…

Il ne faut pas se leurrer. Une soirée électorale n’est qu’une soirée spectaculaire dans un monde où « le vrai n’est qu’un moment du faux » disait jadis Debord. Car derrière ces quelques dirigeants faisant mine de se réjouir de « ce qu’a dit le peuple », se terre le même cruel principe de réalité, celui du crédit, du protocole et de l’usure qui, lui, se fout bien des peuples et ruine les sociétés. Les dirigeants des puissances européennes soumis aux banques savent bien que les peuples ne possèdent pas – sitôt achevés leurs rondes festives et spontanées de sirtaki – d’autres dirigeants qu’eux. De négociations en négociations, ils sont devenus experts en double discours.

Voilà pourquoi cette belle victoire d’OXI me rappelle hélas les résultats de cette soirée du dimanche 29 mai 2005 en France, cet autre Non que deux présidents faisant mine de s’opposer, ont allègrement piétinés, ridiculisant l’un et l’autre le principe même sur lequel repose cependant leur autorité.

Une femme grecque, hier soir, rappelait sur BFM que cet OXI n’était ni une victoire de la gauche ni une victoire de la droite, mais une « victoire des classes moyennes »,  et que le Parthénon, berceau de l’Europe, « était un temple, pas une banque ». Soit. Mais de tout ceci, que pense un Irlandais ? Un Letton ? On dirait que les différents peuples européens vivent dans des moments de la construction européenne différents ; le moment durant lequel ils sont rentrés dans ce fourre-tout économique, à vrai dire. L’Europe vue du Nord ou de l’Est n’a pas la même configuration ni les mêmes mœurs que l’Europe vue de l’Ouest ou du Sud.

Voilà pourquoi la zone euro demeure de moins en moins crédible. Plutôt que de vouloir abolir les diverses sensibilités nationales, il eût donc été plus judicieux de les laisser souveraines, tout en faisant en sorte qu’elles subsistent en paix. De les traiter autrement que comme de grands principes ou des courbes statistiques. Ce dont les pères fondateurs, du rêveur Monnet au pragmatique Delors étaient évidemment incapables...

 

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mardi, 30 juin 2015

Des pensées humaines...

Canicule annoncée, terrorisme et crise grecque : cette fin de mois de juin fait vivre les populations dans un climat d’accablement et d’impuissance exacerbés, qui rend tout simplement absurde la simple idée de partir en vacances. Comme si où que chacun allât, nous étions tous enfermés dans un même lieu, une sorte de fournaise collective dont rien ni personne n’émerge, une nuée de laideurs communément partagées, une  confusion des valeurs et une inversion des aspirations les plus nobles, bref, dans ce mal informel et avare d’originalité auquel le divertissement sociétal nous livre ; ce mal qui attriste et salit le monde, ce magma de « pensées humaines », dont nous ne demanderons jamais assez d’être à jamais affranchis, « sed libera nos a malo »…

Saint Thomas d’Aquin, dans son commentaire de l’oraison dominicale, explique nettement combien cette dernière demande du Pater Noster, «libère-nous du mal », ne peut être une fin en soi. Mais un simple moyen pour que la première demande, « Que ton Nom soit sanctifié »  (« sanctificetur nomen tuum » qui est, elle, la seule finalité de la prière) arrive.

Que les hommes soient délivrés du Mal pour demeurer entre eux dans leurs vaines pensées, à quoi bon en effet, si le Nom de Dieu n'est pas sanctifié par tous ?

Mais cela, comment nos bons humanistes [qui ne voient plus que l’homme partout, l’homme et ses valeurs, l’homme et sa démocratie, l’homme et sa science, l’homme et sa survie, l’homme, ses Droits, ses œuvres et ses pensées] pourraient-ils encore l’entendre, le souhaiter et le murmurer, agenouillés devant un autel ?

Eux qui, dès qu’ils se trouvent confrontés au Mal dans sa version extrême, poussent des cris d’orfraie et engagent des dissertations aussi inutiles que ridicules sur ce que doit être ou non une civilisation ? Ah, la ronde Aubry et sa « brillante civilisation arabo-musulmane », Valls, Bush père et fils et tutti quanti, quelle rigolade !

Comment ces bons humanistes qui ont oublié une bonne fois pour toutes le visage du Dieu venu racheter, sur l’arbre de la Croix, le Mal qu’ils sont eux en essence, comment  seraient-il capables de le prier ? Tout ira de mal en pis, c’est certain, car ils ne veulent être délivrés du Mal que pour eux-mêmes, et sont déjà perdus.

 

Hier et aujourd’hui, pendant ce temps-là, l’Eglise fête ses deux apôtres, Pierre et Paul.

En mémoire vive de ses deux colonnes principales, l’Eglise doit plus que jamais ne pas être confondue –même s’ils sont admirables – avec les bâtiments qui partout la composent. Même si, à peine béni pour avoir reçu cette révélation « non de la chair et du sang, mais du Père qui est dans les Cieux » (Mathieu XVI – 17), Saint Pierre se retrouve, par le Christ lui-même, traité de Satan [« car tu n’as pas d’intelligence des choses de Dieu, tu n’as que des pensées humaines » (Mathieu, XVI, 23…)], son  corps mystique demeure une assemblée de pécheurs repentis autour de l’hostie, participant d’un combat commun contre le même ennemi. C’est la raison pour laquelle le Christ a dit que « portae inferi non praevalebunt adversus eam » (les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle). Et dans la fournaise humaine dont il était question plus haut, cela reste in saecula saeculorum d’une cuisante actualité pour nous tous…

 

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Giotto, Saint François d'Assise chassant les démons

 

mercredi, 17 juin 2015

Allez-vous bien ?

A quelqu’un qui me demandait tout à l’heure si j’allais bien, je répondais qu’il faut être fou pour me poser une telle question, car aller bien, dans une société pareille, cela tient de la prouesse. « Du miracle », surenchérit-il en souriant.

Le libéralisme qui s’est diffusé à tous les étages, dans tous les niveaux, toutes les Institutions de la société, y compris celles censées nous protéger de cette lèpre en garantissant un environnement propice, comme l’Eglise, a rendu les gens – tous les gens y compris moi-même – malades et fous.

C’est chez certains théologiens catholiques du XIXe siècle que je trouve la plus juste définition du libéralisme : « Le libéralisme est un subjectivisme qui prétend donner les mêmes droits au vrai et au faux, par amour déraisonné pour une liberté indépendante de toute loi ou autorité. »  Cela m’a fait plaisir de découvrir cette définition, car j’en étais arrivé exactement à cette conclusion avec l’écriture de mon roman La Queue, qu’il constitue en effet la ruse la plus aboutie du diable pour nous perdre tous, soumettre nos cœurs à des gimmicks et notre intelligence à des logiques corrompues.

Mais ce n'est pas seulement la vraie religion et la culture séculaire que le libéralisme vise, c'est aussi, nous en sommes tous les témoins consternés ou pas, la nature. Quand on a commencé a nommer Environnement  (ce qui m'entoure, moi, mon petit moi merdique et mortel) la Nature que les Grecs jugeaient éternelle et que les Chrétiens voient comme l'œuvre de Dieu, le libéralisme gagna une bataille. Quand, comme le dit splendidement Hannah Arendt, l'homme prit la Nature et la fit entrer dans sa mortalité à lui. Quand elle devint un objet d'étude semblable à un autre, autrement dit, quand elle devint la propriété exclusive des naturalistes, tous aussi intrinsèquement scrupuleux que libéraux, comme ne peut que l'être ou le devenir n'importe quel militant des droits de l'homme, c'est à dire de ce moi merdique et mortel...

Le libéralisme procède de la même façon sur le terrain économique (en justifiant par la loi du libre marché des écarts de salaires aussi fous que ceux des footballeurs ou des grands patrons d'une part, et ceux des infirmières ou des patrons de PME d'autre part) et sur le terrain sociétal (en affirmant qu’un couple composé d’un homme et d’une femme vaut un couple composé de deux femmes ou de deux hommes dans l’éducation d’un enfant). Sur les deux terrains, la même dérégulation, la même séparation d’avec la logique et la tradition, le même discours simplificateur, le même laxisme, la même réduction et la même absurdité.

Qu’est-ce donc, par ailleurs, que l’œcuménisme de Vatican II, qui prétend que toutes les religions se valent, sinon l’effet du même libéralisme que celui qui prétend que tous les élèves doivent pouvoir au mérite ( et non plus par la preuve d'un résultat) décrocher un diplôme. Et comme on peut transformer un Hôtel-Dieu en hôtel pour milliardaires, on peut transformer une église en mosquée ou en supermarché. Pour ces chiens, seule compte la Loi du nombre; c'est donc égal, et tout se vaut. 

Une gauche putride gère le libéralisme de mœurs pendant qu’une droite délétère gère à l’étage au-dessus le libéralisme économique, les deux ayant en commun de détester l’Eglise comme la Nation, de se satisfaire du communautarisme imposé, d’utiliser les mêmes canaux de propagande que sont les médias institutionnels, de revendiquer le même révisionnisme historique, et de se partager sans scrupules les parts du gâteau.

 

Voilà pourquoi c’est, pour tout esprit attaché à la raison, pour tout cœur sensible à l’oraison, et pour toute personne attachée à cette France qu’on jette au sol, une prouesse que de rester sain au centre d’une telle entreprise de démolition, sous le gouvernement de tels truands, dans une foule de tels somnambules.

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Vierge à l'Enfant, Galerie Sabauda, Turin,

Une consolation tirée d'une Foi devant laquelle & grâce à laquelle je m'incline. 

(et pas seulement, comme le disent les Docteurs infatués d'Esthétique moderne, devant la splendeur du bleu ou l'éclat du doré...)

20:53 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fra angelico, sabauda, libéralisme, france, la queue, littérature | | |