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mardi, 04 février 2020

ALORS FAIS LE DONC

Tous les catholiques connaissent l’entretien surnaturel entre le Christ et Satan que Dieu permit au pape Léon XIII de surprendre à côté du tabernacle, le 13 octobre 1884. On le vit ce jour-là demeurer pétrifié et extatique durant environ dix minutes, puis s’enfuir dans son bureau où il rédigea un exorcisme contre Satan et les anges révoltés, ainsi que la prière à saint Michel, avec instructions pour qu’elle soit récitée partout dans le monde, après chaque messe basse. Lorsqu’on lui demanda ce qui s’était passé, le Pape rapporta qu’il avait entendu deux voix, une douce et bonne, l’autre gutturale et dure et rapporta la conversation suivante :

« La voix gutturale de Satan dans son orgueil, cria au Seigneur : « Je peux détruire ton Église ».
La voix douce du Seigneur : « Tu peux ? Alors, fais-le donc ».
Satan : « Pour cela, j’ai besoin de plus de temps et de pouvoir ».
Notre Seigneur : « Combien de temps ? Combien de pouvoir ? »
Satan : « 75 à 100 ans et un plus grand pouvoir sur ceux qui se mettent à mon service ».
Notre Seigneur : « Tu as le temps, tu auras le pouvoir. Fais avec cela ce que tu veux » ».

Que signifie ce consentement du Christ à l’action du démon ? Cela signifie que tout est entre nos mains, ou plutôt « entre nos cœurs ». En répondant : « Alors, fais-le donc », le Christ Rédempteur met à l’épreuve aussi bien Satan et ses forces mortifères que chacun d’entre nous. Quelque chose peut conditionner son pouvoir, l’ébranler, voire l’arrêter : En cette chose, le Christ a placé sa foi sur la Croix et cette « chose », c’est nous ! C’est nous, c’est la prière des chrétiens dans l’unité du sacrifice de l’Agneau, dans celle de la sainte famille dans le corps de l’Église. C’est la paternité chaste de Joseph et la maternité immaculée de Marie, reconnues, admirées, honorées, glorifiées en toute intelligence et toute sagesse au sein de l’oraison en chacun d’entre nous.
Le démon, de fait, se déchaine : libération (aliénation) sexuelle, génocide muet de milliards d’enfants empêchés de naître par avortement ou stérilet, gouvernements libéraux participant de plus en plus à une exploitation de l’homme par l’homme de plus en plus occulte, recherche militaire financée dans l’ombre et réalisée dans le secret, massacres d’animaux et recherches sur l’embryon humain, dévastation de milieux naturels, rupture ontologique de la mémoire des peuples, apologie des paganismes antiques, des philosophies orientales approximatives en vue de réduire à néant le chiffre des baptisés, martyres des Chrétiens en Orient, propagation d’idéologies encourageant la dévastation spirituelle … Satan, le diviseur et le corrupteur se lâche, se déchaîne véritablement, parce qu’il a la permission du Ciel depuis qu’en dépit des avertissements maternels et réitérés de Notre Dame, le sacrifice de l’Agneau n’est plus honoré à sa juste mesure par ceux qui sont chargés de le faire chaque dimanche, c’est-à-dire tous les baptisés.
Il faut appréhender le Surnaturel autrement qu’en matérialiste borné ou en habitant béat du monde astral, pour raisonner correctement le lien qui existe véritablement entre, d’une part, le Saint Sacrifice du Fils accepté par le Père sur l’autel et reconnu de tous, et d’autre part, la victoire effective sur les forces que Satan déchaîne parce que l’humanité demeure collectivement impénitente et sourde à la volonté du Sacré-Cœur. À chaque fois qu’un homme ou une femme laisse le Christ atteindre en lui la source du péché et y crucifier véritablement la mort par le don des larmes et de la douleur sanctifiante, il participe à la rédemption du monde, bien plus qu’en criant son mécontentement dans la rue ou, pire encore, en y proclamant son droit à l’orgueil, à la luxure ou à l’envie.
Qu’a signifié le Christ à Satan en lui accordant le droit au combat et la possibilité d’une victoire ? Que nous sommes libres de choisir entre la force éternelle du Père, du Fils et du Saint-Esprit entièrement remises dans l’Agneau, et celles, infinies, des trois bêtes de l’Apocalypse, Laquelle, au fond, t’impressionne le plus, lecteur ?

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12:50 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : satan, bioéthique, sacré-cœur, christianisme | | |

samedi, 08 septembre 2018

A un écologiste athée

Un écologiste qui ne mange que les produits issus de la Biocoop ou La Vie claire, qui s’astreint systématiquement au tri sélectif, qui se considère citoyen du monde ou enfant de la terre, qui pense que la liberté n'a pas de prix et que la démocratie est l'aboutissement de la civilisation tout en méprisant souverainement les électeurs de Trump, Poutine, Le Pen, Orban ou Salvani, qui cultive cet entre soi satisfait si propre aux habitants des centre-ville, qui est persuadé de finir plus que centenaire en comptant les pas qu’il fait chaque jour sur une application, en surveillant ses carences en oligo-éléments sur une autre, la qualité de son sommeil sur une troisième et en gérant son IMG comme un portefeuille d’actions, qui trouve enfin chez Matthieu Carrière le sommet de sa vie spirituelle, chez Nicolas Hulot celui de son intelligence, et dans l’individualisme libéral le modèle de toute politique, et qui par ailleurs jamais ne rend grâce au Père, jamais ne porte attention au sacrifice du Fils, jamais ne se tourne vers la beauté de la Vierge, mais considère l'existence de Satan tel un conte pour enfants et se plait à penser qu’il est lui et ses congénères la merveille la plus aboutie de ce pauvre monde; un tel homme se révèle incapable de comprendre qu’il constitue la part la plus subtile, la plus complexe et surtout la plus perverse de l’orgueil qu’il dénonce, et de la raison pour laquelle la planète qu’il veut tant sauver court à sa perte...

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12:22 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, orgueil, satan | | |

samedi, 02 septembre 2017

Un 2 septembre en 5 infinitifs

Rentrer : Le verbe, déjà, sonne bizarrement. Son préfixe le place sous l’égide de la répétition, de la reproduction. On réemprunte des sentiers battus, qui qu’on soit, de l’école à l’entreprise, on porte des habits éculés. La rentrée signe notre adhésion enthousiaste ou contrainte au système : une forme de soumission. C’est un « moment » de ce calendrier fixé par d‘autres sur nos vies, avec ses stéréotypes et ses clichés incontournables. La « vacance » n’était qu’une illusion. Et c’est ainsi qu’Allah est grand. 

Lapider : « Et c’est ainsi qu’Allah est grand » : la clausule de Vialatte est particulièrement ironique de nos jours. Je me demande ce que le Chroniqueur de La Montagne dirait de ce pèlerinage des musulmans qui confesse tout de ce qu’est leur foi, au fond. Lapider Satan… véritablement ? Quelle folle théologie le conseillerait ? Cela revient à lancer un gamin de trois ans contre une brigade de CRS… Il s’agit, plus prosaïquement, de lapider symboliquement ce qu’ils appellent Satan, c’est à dire nous, nous les Chrétiens, ainsi que et les Juifs. Symboliquement, en attendant…

Inculper :  A propos d‘Israël, parait que Sara Netanyahou vient d‘être inculpée pour corruption par le procureur général Avichaï Mandelbli. Une affaire de détournement, rien de très différent sous le soleil de Césarée. La famille Netanyahou allègue la même ligne de défense que celle de la famille Fillon : la persécution. Rien, décidément, qui ne se répète, ici ou là, encore. Et n’empire. C’est comme une spirale d‘incessants retours, ce monde, sur la même question jamais résolue.  Un Satan qui se mord incessamment la queue et par lequel, bien que semblant vivants, nous sommes morts.

Prier : La plupart des Français ont cessé de prier quand ils ont eu le droit de vote, les congés payés et la sécurité sociale. Que leur restait-il à demander à Dieu ? Les pauvres ! Dans une prison dorée, dont les murs s’effritent peu à peu devant leurs cerveaux ahuris, ils sont alors tombés.  Hier, nous n’étions qu’une vingtaine au grand maximum entre vingt heures et minuit à l’exposition du Saint Sacrement : pourtant, quand il s’agit de #prayfor, les messages se multiplient comme la chtouille. Les Français aiment « prier pour », mais sans complément. C’est pourtant dangereux, ils devraient l’avoir compris d‘attentat en d’attentat, de ne pas savoir qui on prie… Devant le Saint Sacrement, au moins sait-on qui on doit prier…

Écrire : on a tort de critiquer Moix ou Angot : ils ont compris à la perfection ce que doit être un écrivain aujourd’hui : un individu métissé, autant dans sa pensée que dans ses pratiques culturelles. Aussi se font-ils « chroniqueurs », comme les hommes politiques ou les anciens footballeurs, chacun dans sa bulle médiatique. Ce qui leur permet – car leurs bouquins ne sont pas aussi lus qu’on le croit –, d‘arrondir largement leurs fins de mois et de faire une rentrée, eux aussi, quelque part, eux aussi. Pas de quoi se déchainer en masse sur twitter…

lundi, 14 novembre 2016

Commémorations

Sottise de ces dirigeants qui croient en l’Islam de France. Et pourquoi pas l’Islam de Norvège ? L’Islam de Californie ?  Du Lichtenstein ? L’islam n’est pas seulement ponctuellement satanique lorsqu’il tue des gens, mais il l’est universellement, en son essence même, parce qu’il nie et la Trinité sans quoi le pardon absolu est impossible, et qu’il foule du pied la Divinité du Christ sans le sacrifice duquel il n’est pas de liberté possible ni de charité véritable. La petite force de l’Islam, c’est qu’il avance masqué derrière une théologie de contrefaçon. Sa grande force, c’est que les « humanistes européens » ces aveugles qui nous guident, professent de ne plus croire en Satan, alors qu’ils en sont volontairement ou non les plus zélés serviteurs, et qu’ils lui ouvrent ainsi tout grand les portes en se donnant l’illusion de prêcher la tolérance.

Inutile, donc, de se leurrer : le combat politique contre l’Islam n’étant que de façade, ça ne s’arrangera pas. Qui peut croire, comme ils feignent de le croire, que la laïcité, cette auberge espagnole ouverte à tous les vents, vaincra la folie rétrograde intrinsèque à l’Islam ? Qui peut croire que le credo libéral-libertaire, qui donne de fait à tous le même droit de cité, saura hiérarchiser les priorités et dissiper les illusions ?   L’espoir de vivre en paix est une ruse de Satan quand il n’est fondé que sur des vœux pieux, et ce sont des vœux pieux que de croire à la bonté de l’homme au nom de spéculations philosophico-politiciennes. Il ne sert donc à rien d‘allumer des bougies sur les trottoirs et de se taire quelques minutes, abusés par de faux rites de fraternité, et perdus dans les méandres des symboles et les vanités des incantations comme dans les rues et sur les places de la République. A rien.  Si nous ne sacrifions pas à la seule paix qui soit, celle du Père, cet espoir naïf nous conduira collectivement au désastre.

L’intelligence est le lieu du péché, Satan le sait mieux que quiconque.  Lui qu’aucune chair n’encombre, il a tout loisir, jour et nuit, d‘être en esprit plus rapide que le plus malin de nous tous. J’ai beau être très bête, néanmoins, fort stupide face à lui, d‘une idiotie que je n’imagine même pas du fond de ma soumission au péché [car ce dernier demeure, à l’image de l’Islam, une soumission], je sais par le Christ notre Seigneur, et je le vis par ma prière, qu’il est un lieu où Satan ne peut se rendre et où je le puis moi, à sa grande fureur. Un lieu où j’ai tout loisir d‘être plus intelligent que lui. Je tiens là mon salut, rien de moins, du fait que le Christ aime avec plus de force que Satan ne hait. Non, cela ne sert à rien de s’assembler en cortèges émus par les rues et les places de la République, où brillent tant de ses artifices et résonnent tant de ses appels. Mais c’est , au pied de la Croix, c’est à dire dans la conscience sacrée que j’ai de la douleur du Christ, qu’il faut prier pour ces morts du Bataclan, pour tous les morts et pour tous les pécheurs. Là, le silence est épais, la paix dense, la consolation certaine et l’intelligence féconde. Ce lieu au-delà de la nuée bleue, que le Christ a racheté, le Prince de la contrefaçon s’en est interdit stupidement l’accès. Sa toute-puissance sur notre espèce et sur notre infirmité individuelle a beau être grande, elle s’estompe et part en fumée dès que nous prions à partir de cet endroit. Ce n’est donc pas dans la conscience que nous avons de leur mort ou de notre mort à venir, et de toutes nos chères douleurs, que nous devons nous adresser à Dieu, mais dans la conscience que nous avons de Sa  Douleur à Lui.  Tout l’enseignement du Christ réside là, et c’est par là qu’il est Fils, quand  tous les autres ne sont que lointains adorateurs. 

 

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 Christ, Santa Prassede, ROME

07:38 Publié dans La table de Claude | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bataclan, paris, attentats, islam, politique, christianisme, christ, satan, croix, religion, france | | |

lundi, 31 août 2015

Zonards, terroristes & migrants...

Fallait voir la ruse – pas la générosité,  la ruse – de l’expert économique sur le plateau : « les migrants sont une véritable chance pour l’économie des pays accueillants ». Car, expliquait-il, mi docte, mi empathique, « c’est une migration des classes moyennes africaines auxquelles on assiste ». Et de citer l’exemple de ce professeur d’université asiatique arrivé jadis en boat people, ravi de pouvoir vendre des hamburgers dans un fast-food occidental. « Car vendre des hamburgers dans ce cas-là, c’est le prix à payer pour la liberté… ».

La liberté ?  Tiens, tiens… C’est précisément ce qu’au nom d’autres parias des temps modernes, les terroristes, les dirigeants décomplexés européens, de gauche comme de droite, mais surtout de gauche, se permettent de museler. Les terroristes incarnent l’autre face  [la face noire ] du discours moral du nouveau capitalisme  mondial. Ils sont le mal, quand accueillir les migrants, c’est le bien. Un manichéisme caricatural qui fait oublier que terroristes comme migrants sont les symptômes de la même politique désastreuse conduite par ce nouveau capitalisme depuis quarante ans.

Bernanos, en son temps, s’insurgeait contre cet Etat qui le forçait, comme s’il était un malfrat et pour le protéger des malfrats, à tremper l’index dans l’encre pour établir sur les fichiers de la sureté ses empreintes digitales. Au nom de la lutte contre le terrorisme, et au nom de l'égalité de traitement et de la non discrimination, vous accepterez d’être filmés, fouillés, fichés. La liberté n’est même plus un fantôme, un squelette, un zombie. La liberté en France, c’est du vent, dorénavant. La critique et la révolte pareillement. Si vous n’acceptez pas ce système et ses incohérences, par milliers, par millions, des migrants seront ravis de prendre votre place. Et des politiciens humanistes et droits de l'hommistes, vêtus de costumes tristes et sombres, et leurs femmes à cheveux courts vous donneront des leçons de générosité, avec la morale à deux balles de leur meilleur des mondes ultra-fascisant. Eux s'en fichent. Sont du bon côté de la rampe. Et si vous prétendez lutter contre cela, on vous dira que vous êtes un monstre, un fasciste, photos emplies d’émotion et marches silencieuses contre la haine à l’appui. Une gigantesque entreprise de culpabilisation des opinions occidentales est en cours depuis déjà des années. Et les dirigeants européens se frottent les mains. Car ça marche. En pure théologie, pourtant, celui qui culpabilise, c'est toujours Satan, jamais l'Esprit Saint. Mais la théologie, de nos tristes jours...

Ainsi, le système se nourrit des crises qu’il engendre.  Quand la liberté, la critique et la révolte sont à ce point  anéanties jusque dans leur raison d’être, le citoyen est définitivement maté, dans sa sensibilité, sa spiritualité, sa raison. La citoyenneté européenne est crépusculaire. Le citoyen européen une larve, qui, renonçant à sa culture et sa religion, n’est plus qu’un zonard déraciné quand il fut un homme libre. Un zonard. Ce que le système qui produit des terroristes et des migrants fabrique peut-être de pire, parce qu’au contraire des deux autres, le zonard est consentant. Là où les deux autres font mine encore de vouloir rester vivant, le zonard a capitulé. 

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07:31 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, migration, france, zone euro, démocratie, merkel, satan, esprit saint | | |

dimanche, 21 juin 2015

Dans les griffes de Satan

On ne croit plus guère à Satan. On a tort. Car les trois tentations qu’il a adressées au Christ dans le désert dit depuis de la Quarantaine, au Nord de Jéricho, (Mathieu – IV, 1-11) sont d’une actualité effrayante.

La première, qui est de changer les pierres en pains, semble ne rien contenir de démoniaque, au contraire. Jésus ayant jeûné quarante jours, ce propos fait mine de s’adresser à sa propre faim, mais de manière plus large, il représente aussi une tentation humaniste et généreuse qui passe même de nos jours pour être hautement morale : se proposer de nourrir tous les hommes, puisqu’on prétend en avoir le pouvoir. Or Jésus la rejette d’un coup, alléguant l’Ecriture : « L’Homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». S’il avait prêté l’oreille à cette tentation, il aurait en effet subordonné sa puissance divine aux besoins matériels humains, sa puissance éternelle aux besoins immédiats des vivants, sa puissance spirituelle à des nécessités économiques, car nourrir les corps est censé n’être que le boulot du politique. On voit ici comme Satan tente de pervertir la mission même du Christ, en lui proposant de définir son action au sein du champ borné de ce qu’on appelle aujourd’hui l’humanisme, voire l’humanitaire, lequel occupe pourtant beaucoup de belles âmes

Mais le Christ lui rappelle que la source de toute nourriture authentique demeure, selon l’Ecriture, la Parole, qui incarne face aux propositions du diable le seul réconfort, le seul véritable pain spirituel ; lequel préfigure d’une certaine façon l’hostie. Par ce refus très net, Satan, qui tentait d’arracher le pain spirituel des générations futures à Celui venu le leur apporter, est une première fois vaincu, et le Sauveur pose la première pierre de son magistère divin.

La deuxième tentation vise à fixer des limites politiques et religieuses à ce magistère : « Jetez-vous en bas [du pinacle du temple de Jérusalem], car il est écrit : Il donnera pour vous des ordres à ses anges, et ils vous prendront sur leurs mains, de peur que votre pied ne heurte contre une pierre. »  Par un aussi éclatant prodige, le Christ aurait été immédiatement reconnu par les Juifs comme le Messie qu’ils attendaient (attendent encore ?). Ceint de l’épée ce dernier devrait abattre toute puissance rivale et faire régner sur la terre de Juda une abondance matérielle et charnelle sans égale, instaurant ainsi la Jérusalem terrestre. En repoussant un tel projet (on dirait aujourd’hui un tel story-telling présent dans tous les programmes électoraux), le Christ heurte tous les préjugés des Juifs, qu’ils soient Pharisiens ou Sadducéens, et soulèvera toute leur haine. Il ne sera pas tel jadis David ou tel plus tard Mahomet un prince conquérant, car le propre fils de Dieu ne tente pas en vain son Père. Le miracle chrétien est celui de l’Incarnation, pas celui de la conquête ; il tient dans la raison, et pas dans le spectaculaire.

Avec sa troisième tentation, Satan se découvre totalement. Puisque le Christ refuse de tenter Dieu, le diable se propose de lui offrir lui-même le règne sur le monde terrestre : « Je vous donnerai tout cela si, tombant à mes pieds, vous vous prosternez devant moi ». C’est la proposition adressée jadis à Eve puis, par son intermédiaire, à Adam : « Vous serez comme des dieux ». On peut dire sans rire que c’était bien tenté, puisque d’Adam à Faust, tous les hommes marqués par le péché originel ne peuvent – à moins de sainteté - que céder à cela. Or Jésus n’est-il pas un homme ? La stratégie de Satan se découvre ainsi d’une nature, il est vrai, guère originale. Mais le démon se découvre surtout d’une nature qu'on dira soit ignorante (du fait que ce fils de l’homme auquel il s'adresse cette fois est aussi le propre Fils de Dieu, venu précisément contrer ses projets sur les hommes), soit naïve (car comment penser que le Fils de Dieu accepterait de lui ce qu’il vient de refuser de son Père ?).

Et c’est à ce moment-là que le Christ-Roi se découvre, le tutoyant et, pour la première fois, lui donnant un ordre : « Retire-toi », ce qu’il ne peut que faire aussitôt. D’un point de vue théologique, les trois tentations étaient inutiles devant le Fils de Dieu et elles n’auront servi qu’à démasquer en le ridiculisant l’Ange déchu, pour l’édification morale et spirituelle des hommes. A la fin du récit de Mathieu, on voit ces mêmes anges, qui avaient fermé sur lui les portes du Ciel, les rouvrir aussitôt, devant Celui qui vient de le vaincre.

Mais, et c’est alors que commence la Passion du Christ, les hommes, eux, n’ont pas vaincu Satan, loin de là. Et le Christ devra endurer – prendre sur Lui – leurs péchés, traverser leur mort et contredire son action maléfique jusque dans les conséquences du péché Originel. Mourir sur la Croix. Là se découvrent les preuves de sa Royauté divine sur le simple chef humain qu’il serait devenu s’il avait suivi les projets diaboliques proposés par le cornu : céder au pragmatisme de l’humanisme, céder à l’intimidation du spectaculaire, et au programme du faux messianisme religieux. Jésus ne sera pas, comme Krisna ou Mahomet, un simple chef de guerre ni un simple chef religieux, ni comme Bouddha, Socrate ou Lao Tseu, un simple éveillé ou un simple philosophe. Une Royauté divine qui, depuis 2000 ans, aura agacé et continue d'énerver beaucoup de gens, athées mais le plus souvent croyants.

Car ce qu'on apprend en lisant saint Mathieu, c'est que la contemporanéité véritable de Satan avec le XXIe siècle ne réside pas dans les rituels de gothiques originaux qui auraient vu trop de films gore dans leur enfance, ni dans les faits divers épouvantables dont la presse aime nous abreuver, crimes de masse et attentats sanglants. Elle réside au cœur des projets même que Satan proposa au Christ et que la Divinité de ce dernier rejeta sans ambages : le pragmatisme humanitaire, le story-telling politique, le faux messianisme religieux. Notre monde qui fête en ce premier jour de l’Eté 2015 sa musique en toute ingénuité est bel et bien pris dans les griffes de Satan. Et la juste compréhension par le plus grand nombre de la Divinité Incarnée du Christ se révèle, plus qu'en aucun autre temps d'obscurantisme, d’actualité. Sans doute est-ce pour la contrer que les ennemis du Christ n'ont jamais été si divers et si nombreux. 

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Duccio di Buoninsegna. Maestà.

Tentation du Christ sur la montagne. c. 1308-1311. Frick Collection, New York, USA.