Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 30 juin 2015

Des pensées humaines...

Canicule annoncée, terrorisme et crise grecque : cette fin de mois de juin fait vivre les populations dans un climat d’accablement et d’impuissance exacerbés, qui rend tout simplement absurde la simple idée de partir en vacances. Comme si où que chacun allât, nous étions tous enfermés dans un même lieu, une sorte de fournaise collective dont rien ni personne n’émerge, une nuée de laideurs communément partagées, une  confusion des valeurs et une inversion des aspirations les plus nobles, bref, dans ce mal informel et avare d’originalité auquel le divertissement sociétal nous livre ; ce mal qui attriste et salit le monde, ce magma de « pensées humaines », dont nous ne demanderons jamais assez d’être à jamais affranchis, « sed libera nos a malo »…

Saint Thomas d’Aquin, dans son commentaire de l’oraison dominicale, explique nettement combien cette dernière demande du Pater Noster, «libère-nous du mal », ne peut être une fin en soi. Mais un simple moyen pour que la première demande, « Que ton Nom soit sanctifié »  (« sanctificetur nomen tuum » qui est, elle, la seule finalité de la prière) arrive.

Que les hommes soient délivrés du Mal pour demeurer entre eux dans leurs vaines pensées, à quoi bon en effet, si le Nom de Dieu n'est pas sanctifié par tous ?

Mais cela, comment nos bons humanistes [qui ne voient plus que l’homme partout, l’homme et ses valeurs, l’homme et sa démocratie, l’homme et sa science, l’homme et sa survie, l’homme, ses Droits, ses œuvres et ses pensées] pourraient-ils encore l’entendre, le souhaiter et le murmurer, agenouillés devant un autel ?

Eux qui, dès qu’ils se trouvent confrontés au Mal dans sa version extrême, poussent des cris d’orfraie et engagent des dissertations aussi inutiles que ridicules sur ce que doit être ou non une civilisation ? Ah, la ronde Aubry et sa « brillante civilisation arabo-musulmane », Valls, Bush père et fils et tutti quanti, quelle rigolade !

Comment ces bons humanistes qui ont oublié une bonne fois pour toutes le visage du Dieu venu racheter, sur l’arbre de la Croix, le Mal qu’ils sont eux en essence, comment  seraient-il capables de le prier ? Tout ira de mal en pis, c’est certain, car ils ne veulent être délivrés du Mal que pour eux-mêmes, et sont déjà perdus.

 

Hier et aujourd’hui, pendant ce temps-là, l’Eglise fête ses deux apôtres, Pierre et Paul.

En mémoire vive de ses deux colonnes principales, l’Eglise doit plus que jamais ne pas être confondue –même s’ils sont admirables – avec les bâtiments qui partout la composent. Même si, à peine béni pour avoir reçu cette révélation « non de la chair et du sang, mais du Père qui est dans les Cieux » (Mathieu XVI – 17), Saint Pierre se retrouve, par le Christ lui-même, traité de Satan [« car tu n’as pas d’intelligence des choses de Dieu, tu n’as que des pensées humaines » (Mathieu, XVI, 23…)], son  corps mystique demeure une assemblée de pécheurs repentis autour de l’hostie, participant d’un combat commun contre le même ennemi. C’est la raison pour laquelle le Christ a dit que « portae inferi non praevalebunt adversus eam » (les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle). Et dans la fournaise humaine dont il était question plus haut, cela reste in saecula saeculorum d’une cuisante actualité pour nous tous…

 

grèce,attentats,canicule,christ,religion,france,enfer,saint paul,saint pierre,actualité,littérature,christianisme

 

Giotto, Saint François d'Assise chassant les démons

 

lundi, 30 mai 2011

Vivement la pluie !

Ce n’est pas sans plaisir que je m’apprête à laisser derrière moi ce vilain mois de mai qui aura bien failli me laisser derrière lui. Contrairement à beaucoup d’autres, je fais la moue devant les bulletins météo qui annoncent de la chaleur et encore de la chaleur, cette putain de chaleur qui cogne. Me sens avide de fraîcheur automnale plutôt que d’été caniculaire. Je suis comme les champs : j’entends se craqueler l’argile sèche en mes poumons et mes nappes phréatiques n'aspirent qu'à se remplir. Dans mes artères coule une longue et magnifique incantation aux seuls dieux qui vaillent, ceux de la pluie. 

parapluies.jpg


07:08 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : météo, sécheresse, canicule | | |

vendredi, 02 juillet 2010

Soleil, je te viens voir pour la dernière fois...

Quand j’aimais le soleil, c’était au temps des Aztèques, et ce Soleil était un Dieu. Et je l’ai aimé,  vraiment. Dans la campagne de midi, je tentais de le suivre le plus longtemps possible, yeux dans les yeux, et globe dans le globe, et nudité dans la nudité. J'aimais son transfert.

Combien de fois ai-je assisté à ce que les tristes hommes nomment son coucher ?  Alors qu’il n’est jamais, les gueux ! ce coucher, que le leur !

Quand j’aimais le soleil, j’avais vingt ans. Je dévorais le Popol-Vuh, et d’autres bouquins, qui ne parlaient de lui qu'avec emphase et naïveté.

soleil.jpg

Mais à présent je ne l’aime plus. Je le prétends et je l’affirme. Je sais, avec les Anciens, ce que c’est qu’une imposture. Et pourquoi, à une peau significativement basanée,  il faut préférer conserver sa peau blanche. Sa propre peau, pour ne pas dire sa peau propre. Ou même sa propre peau propre...
Cette subtilité de grand-mères, virevoltantes à l’heure de la sieste, et fermant leurs persiennes pour que le papier peint ne passe pas et que leur peau laiteuse surtout ne bronze pas, nous rappelle (dans une odeur d’herbes sèchées en bouquets tels des maximes dont nous nous souvenons le sens avec émotion, véritablement) que, dans une maison, l’essentiel est de ne faire, coûte que coûte et jamais, pénétrer l’uniforme, l'accablante et stupide chaleur. Car la chaleur est l’ennemie de la nuance. Et la nuance de l’intelligence. Et ainsi de suite. La chaleur est l'ennemie de la blancheur. Subtilité qui relève d’une métonymie : Pourquoi me faut-il aimer ma peau toute blanche ? Parce que c'est, tout simplement, la mienne. Métonymie de la plus antique,  et de la plus valide sagesse du monde.

Celle du temps où la liberté de l’homme était sa seule technique.

J’entends dire que le record de vente de ventilateurs (que cette allitération est lourde et laide, vente de ventilateurs), de climatiseurs et d'autres cochonneries a battu son plein. J'entends dire que des nègres veulent blanchir, et des blancs devenir nègres. Tout en restant, bien sûr, confortables.

Seigneur, pardonne leur : ils ne savent plus ce qu’ils font.

06:02 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : canicule, popol-vuh, aztèques | | |

dimanche, 14 juin 2009

Caniculaire

On annonce 33°. Lyon reprend ses habits de chaleur et sera aujourd’hui à nouveau la ville la plus chaude de France avec Grenoble (34°). C’est alors que dans l’immense espace d’une cuvette sèche et polluée, l’air enflammé se réverbère sans complaisance, figeant semble-t-il le déroulement des heures dans une attente du soir. Les fleuves et leur fraicheur filent entre les quais, rances et sans profondeur, comme vaincus, comme absents. Dans le silence des rues, on a soudain l’impression que la pierre des immeubles se dresse contre le ciel afin de protéger la chair des hommes de la trop brûlante malédiction solaire. L’ombre et la verdure même paraissent capituler. Toute la ville prend un air d’acier et, comme suspendue entre le ciel et le trottoir, toute vie attend l’orage. Il se lèvera. Il se lève toujours.

 

 

C’est d’abord une fraicheur vive et soudaine, prélude au tintamarre des gouttes de pluie ; le souffle alpin, tournoyant dans les rues pentues, balayant la pierre italienne de bourrasques, comme pour la laver du mal d’être habitée. Et la luisance soudain révélée de l’asphalte : dans l’humidité translucide de sa pierre, la ville, l’instant de quelques éclairs, retentit alors d'une histoire dont elle se montre riche autant que jalouse. Dans la noirceur extrême de l’orage, les puissants jets de Lug éclairent le sanctuaire de Marie, tandis que le reste de la ville, sur un tapis obscur, suspend son souffle.

Sur chaque boulevard, dans chaque rue, des gouttes drues comme des colonnes dressent une muraille infranchissable et joyeuse : je reçois à pleine gorge la violente chute du salut. Jusqu’à ce que, toutes pierres et toute chair fécondées par le ciel, l’aveuglant jet du couchant s’éclipse avec la dernière foudre, comme avalé par l’effondrement lointain de sinistres fondations : elle redevient grise et hautaine comme la nuit électrifiée, cette cité dans la nuit, armée.

2819037808_d634286b1b.jpg

21:43 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : lyon, canicule, météorologie, actualité, orages | | |