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vendredi, 02 juillet 2010

Soleil, je te viens voir pour la dernière fois...

Quand j’aimais le soleil, c’était au temps des Aztèques, et ce Soleil était un Dieu. Et je l’ai aimé,  vraiment. Dans la campagne de midi, je tentais de le suivre le plus longtemps possible, yeux dans les yeux, et globe dans le globe, et nudité dans la nudité. J'aimais son transfert.

Combien de fois ai-je assisté à ce que les tristes hommes nomment son coucher ?  Alors qu’il n’est jamais, les gueux ! ce coucher, que le leur !

Quand j’aimais le soleil, j’avais vingt ans. Je dévorais le Popol-Vuh, et d’autres bouquins, qui ne parlaient de lui qu'avec emphase et naïveté.

soleil.jpg

Mais à présent je ne l’aime plus. Je le prétends et je l’affirme. Je sais, avec les Anciens, ce que c’est qu’une imposture. Et pourquoi, à une peau significativement basanée,  il faut préférer conserver sa peau blanche. Sa propre peau, pour ne pas dire sa peau propre. Ou même sa propre peau propre...
Cette subtilité de grand-mères, virevoltantes à l’heure de la sieste, et fermant leurs persiennes pour que le papier peint ne passe pas et que leur peau laiteuse surtout ne bronze pas, nous rappelle (dans une odeur d’herbes sèchées en bouquets tels des maximes dont nous nous souvenons le sens avec émotion, véritablement) que, dans une maison, l’essentiel est de ne faire, coûte que coûte et jamais, pénétrer l’uniforme, l'accablante et stupide chaleur. Car la chaleur est l’ennemie de la nuance. Et la nuance de l’intelligence. Et ainsi de suite. La chaleur est l'ennemie de la blancheur. Subtilité qui relève d’une métonymie : Pourquoi me faut-il aimer ma peau toute blanche ? Parce que c'est, tout simplement, la mienne. Métonymie de la plus antique,  et de la plus valide sagesse du monde.

Celle du temps où la liberté de l’homme était sa seule technique.

J’entends dire que le record de vente de ventilateurs (que cette allitération est lourde et laide, vente de ventilateurs), de climatiseurs et d'autres cochonneries a battu son plein. J'entends dire que des nègres veulent blanchir, et des blancs devenir nègres. Tout en restant, bien sûr, confortables.

Seigneur, pardonne leur : ils ne savent plus ce qu’ils font.

06:02 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : canicule, popol-vuh, aztèques | | |

Commentaires

"(Quand) la liberté de l'homme était sa seule technique" : essentielle, cette liberté. Inconfortable aussi qui vous (vous générique) place à contre-courant de presque tout. Il y faut un cœur aguerri.

Écrit par : Michèle | vendredi, 02 juillet 2010

Et si c'était, de toute manière, le seul choix véritablement possible ? Tout le reste n'étant que des options, soporifiques à souhait !

Écrit par : solko | samedi, 03 juillet 2010

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