mercredi, 17 juin 2015
Allez-vous bien ?
A quelqu’un qui me demandait tout à l’heure si j’allais bien, je répondais qu’il faut être fou pour me poser une telle question, car aller bien, dans une société pareille, cela tient de la prouesse. « Du miracle », surenchérit-il en souriant.
Le libéralisme qui s’est diffusé à tous les étages, dans tous les niveaux, toutes les Institutions de la société, y compris celles censées nous protéger de cette lèpre en garantissant un environnement propice, comme l’Eglise, a rendu les gens – tous les gens y compris moi-même – malades et fous.
C’est chez certains théologiens catholiques du XIXe siècle que je trouve la plus juste définition du libéralisme : « Le libéralisme est un subjectivisme qui prétend donner les mêmes droits au vrai et au faux, par amour déraisonné pour une liberté indépendante de toute loi ou autorité. » Cela m’a fait plaisir de découvrir cette définition, car j’en étais arrivé exactement à cette conclusion avec l’écriture de mon roman La Queue, qu’il constitue en effet la ruse la plus aboutie du diable pour nous perdre tous, soumettre nos cœurs à des gimmicks et notre intelligence à des logiques corrompues.
Mais ce n'est pas seulement la vraie religion et la culture séculaire que le libéralisme vise, c'est aussi, nous en sommes tous les témoins consternés ou pas, la nature. Quand on a commencé a nommer Environnement (ce qui m'entoure, moi, mon petit moi merdique et mortel) la Nature que les Grecs jugeaient éternelle et que les Chrétiens voient comme l'œuvre de Dieu, le libéralisme gagna une bataille. Quand, comme le dit splendidement Hannah Arendt, l'homme prit la Nature et la fit entrer dans sa mortalité à lui. Quand elle devint un objet d'étude semblable à un autre, autrement dit, quand elle devint la propriété exclusive des naturalistes, tous aussi intrinsèquement scrupuleux que libéraux, comme ne peut que l'être ou le devenir n'importe quel militant des droits de l'homme, c'est à dire de ce moi merdique et mortel...
Le libéralisme procède de la même façon sur le terrain économique (en justifiant par la loi du libre marché des écarts de salaires aussi fous que ceux des footballeurs ou des grands patrons d'une part, et ceux des infirmières ou des patrons de PME d'autre part) et sur le terrain sociétal (en affirmant qu’un couple composé d’un homme et d’une femme vaut un couple composé de deux femmes ou de deux hommes dans l’éducation d’un enfant). Sur les deux terrains, la même dérégulation, la même séparation d’avec la logique et la tradition, le même discours simplificateur, le même laxisme, la même réduction et la même absurdité.
Qu’est-ce donc, par ailleurs, que l’œcuménisme de Vatican II, qui prétend que toutes les religions se valent, sinon l’effet du même libéralisme que celui qui prétend que tous les élèves doivent pouvoir au mérite ( et non plus par la preuve d'un résultat) décrocher un diplôme. Et comme on peut transformer un Hôtel-Dieu en hôtel pour milliardaires, on peut transformer une église en mosquée ou en supermarché. Pour ces chiens, seule compte la Loi du nombre; c'est donc égal, et tout se vaut.
Une gauche putride gère le libéralisme de mœurs pendant qu’une droite délétère gère à l’étage au-dessus le libéralisme économique, les deux ayant en commun de détester l’Eglise comme la Nation, de se satisfaire du communautarisme imposé, d’utiliser les mêmes canaux de propagande que sont les médias institutionnels, de revendiquer le même révisionnisme historique, et de se partager sans scrupules les parts du gâteau.
Voilà pourquoi c’est, pour tout esprit attaché à la raison, pour tout cœur sensible à l’oraison, et pour toute personne attachée à cette France qu’on jette au sol, une prouesse que de rester sain au centre d’une telle entreprise de démolition, sous le gouvernement de tels truands, dans une foule de tels somnambules.
Vierge à l'Enfant, Galerie Sabauda, Turin,
Une consolation tirée d'une Foi devant laquelle & grâce à laquelle je m'incline.
(et pas seulement, comme le disent les Docteurs infatués d'Esthétique moderne, devant la splendeur du bleu ou l'éclat du doré...)
20:53 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fra angelico, sabauda, libéralisme, france, la queue, littérature |