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samedi, 22 août 2015

Fiche S

Cela tient désormais de la routine. Dans son costume sombre de croque-mort, le ministre de l’intérieur français égrenant d’un ton morne le récit du drame « évité de justesse » [ou pas, c’est selon], puis celui des aveux de « l’individu », de la garde à vue en cours… et faisant allusion à un moment donné, pour justifier le travail de ses services, à cette mystérieuse fiche S [comme sureté, paraît-il]. Au début, je pensais naïvement qu’il s’agissait d’une fiche Salafiste. Car c’est un secret de Polichinelle, on retombe toujours sur ces mêmes réseaux à la fin du balbutiant discours.

Alors on se demande : quand cette gauche si prompte à pourchasser les nostalgiques du Reich, si efficace pour dissoudre certains groupuscules d’extrême droite, se décidera donc à pourchasser les nostalgiques de l’Islam des premiers temps et à déclarer illégale sur le sol français toute propagande salafiste, comme est illégale toute propagande nazie ? On s’interroge, tandis que, dos vouté, le ministre quitte le champ des caméras, Jusqu’au prochain rendez-vous, au prochain point presse. Basse besogne.

Au lieu de cela [ce serait nous explique-t-on, sur le plan des droits de l’homme et de l’arsenal judiciaire français infaisable…], on organise des systèmes de surveillance généralisée à tous, on reçoit les héros à Élysée pour se faire un coup de pub et détourner l'information sur le courage des passagers, on brasse du vent et on fait du spectacle. On assure enfin que tout ce qui pouvait être entrepris [la fameuse fiche S] l’a été. Avale ta soupe et tais-toi.

Comme si coffrer tout individu s’adonnant au salafisme, dissoudre les réseaux, extrader les leaders et les imams, était impossible. Cette idéologie extrême n’a-t-elle pas suffisamment prouvé sa nocivité, entraîné de gens dans des errances sans retour, et fait des victimes collatérales [qui, comme l’expliquait tout à l’heure Jean-Yves Anglade « se trouvaient au mauvais moment au mauvais endroit »] ? Ah, me dira-t-on, mais elle est liée à l’Islam ! Et alors ? La face cachée [ou la face obscure] de l’Islam a-t-elle droit à des égards dont la face cachée [ou la face obscure] du nationalisme serait privé ? Les gens de gauche se retrouvent placés là devant – une fois n’est pas coutume – leurs incohérences, leurs paradoxes, leurs lâchetés.

Il est vrai qu’il est plus facile de s’en prendre aux extrémismes d’hier qu’à ceux d’aujourd’hui ! Et quand on  nous explique qu’on craint de faire des amalgames dans nos proches banlieues, on se demande plutôt quelle susceptibilité on craint de heurter dans de lointaines péninsules.

Le (p)résident de la République a eu de la chance : un carnage évité dans une église, un autre dans un train. Il n’empêche… L’été 2015 restera sous son mandat comme celui où, pour la première fois depuis des siècles, un homme aura été décapité sur le sol français à cause d’un fanatisme religieux complaisamment entretenu. Il est vrai qu’à force de donner les mêmes droits au vrai et au faux, au laid et au beau, au bon et au mauvais, au juste et à l’injuste, dans une sorte de relativisme érigé en religion d’Etat, l’opinion publique semble prête à tout entendre, tout admettre, tout supporter, pourvu qu’on lui laisse l’illusion de vivre dans un état de droit. Mais enfin, dès lors que je ne peux plus prendre un train, un avion, me promener dans un supermarché ou m’asseoir dans une salle de cinéma sans être moi-même surveillé comme si j’étais un terroriste islamiste, sous prétexte que les dirigeants n’osent plus nommer un chat un chat, c’est vraiment une illusion de se croire dans un pays libre, comme de se prétendre une démocratie.  

 

A l’autre bout de l’Europe, d’ailleurs, on voit le rêve démocratique européen ouvertement étranglé dans les oripeaux de ce pitoyable Tsipras hollandisé ou merkelisé, c’est du pareil au même. Disons Junckerisé…  Cette fois-ci nous y sommes, le XXIe siècle à commencé.  Bienvenue dans ses terribles dysfonctionnements.