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mercredi, 29 juillet 2009

Léon Boitel et la décentralisation littéraire

S'il m'arrive souvent d'être critique à l'égard des institutions culturelles lyonnaises, je sais aussi mettre parfois de l'eau dans mon vin. A preuve, ce chapeau bien bas que je tire devant le travail effectué par la Bibliothèque Municipale de la Part Dieu qui a mis en ligne un petit bijou, vraiment, pour tout amateur d'archéologie littéraire lyonnaise. Ce petit joyau n'était jusqu'alors consultable qu'en salles, voici que je découvre qu'il est en ligne : il s'agit de la Revue du Lyonnais, parue de 1835 à 1924, avec quelques interruptions et un changement de nom à la clé. Je republie donc cet article consacré à son fondateur, un écrivain imprimeur fort injustement oublié du nom de Léon Boitel, en insérant les liens permettant de regagner les collections en ligne.

« C’est en flattant les hommes et les peuples qu’on les perd ». Somptueuse formule, que je trouve sous la plume d’un romantique aujourd’hui parfaitement oublié : En 1830, Léon Boitel, qui confesse l’âge de George Sand, de Nerval ou de Musset, entreprend non sans quelque mal à Paris des études que son père, un pharmacien de Rive-de-Gier, aurait volontiers aimé voir aboutir. C’est alors qu’éclatent tout d’abord les sifflets de la Révolution d’Hernani, puis les coups de canons  de celle de Juillet. En 1826, à peine âgé de vingt ans, Boitel n’a-t-il pas déjà fait jouer aux Célestins un vaudeville dans le goût de l’époque, Le Mari à deux femmes ? Mais les Célestins ne sont pas la Comédie Française, et les émeutes de canuts pas des révoltes nationales. Il n’empêche. A la banquette et à la thériaque de l’apothicaire, le jeune homme préfère l’appel mélodieux de la muse. Adepte de la « décentralisation littéraire », en laquelle il voit l’avenir de la littérature nationale et républicaine, il regagne donc sa province natale pour se porter acquéreur, dès 1831, d’une imprimerie sise au 36 quai Saint-Antoine à Lyon.

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lundi, 27 juillet 2009

Jean Reverzy, Lyon & la "chose littéraire"

Le 9 juillet 1959, (il y a de cela cinquante ans), Jean Reverzy mourait soudainement, à l’âge de quarante-cinq ans. Nous allons quitter le mois de juillet 2009 dans quelques jours, et, à ma connaissance, la ville de Lyon et ses prétendues instances culturelles seront passées à côté de cet anniversaire. En ligne, je ne trouve qu’un mince article du Progrès. A moins qu’une lecture confidentielle n’ait été organisée à la sauvette par quelques obscurs bénévoles dans un bistrot associatif ?  Tandis qu’à Saint-Brieuc, par exemple, il y a un lycée Louis Guilloux, un boulevard Louis Guilloux, un prix Louis Guilloux – & je suis le premier à reconnaître que l’œuvre de cet écrivain mérite cette reconnaissance, alors qu’à Manosque, il y a un centre Jean Giono, un collège Jean Giono, ici, à Lyon, il n’y a rien, rien, rien…  Jean Reverzy, Louis Calaferte, Henri Béraud, voyez-vous, mesdames messieurs, ça n’a jamais existé.  Ce qui existe, ici, c’est Aulas et Bocuse. Et puis les Nuits Sonores, Tout le Monde dehors, et autre vacarme intempestif… Je retrouve ici trois citations de trois autres auteurs, passés eux aussi à la trappe, et je m’attriste de voir à quel point elles pourraient être d’actualité :

 

« La Chose littéraire a toujours semblé ici une sorte de maladie honteuse et le fait de bohêmes entachés de sadisme ! »

Tancrède de Visan, Sous le Signe du Lion, 1935

 

« Chez nous, on n’a pas l’enthousiasme très bruyant, surtout lorsqu’il s’agit de littérature. »

Marcel Grancher, Vingt ans chez Calixte, 1940

 

« Ces deux mots, gloire et talent, bannis de la langue lyonnaise, étaient considérés comme des vocables anarchiques, qui menaçaient la discipline des boutiques et des maisons de commerce, la suprématie des coffres-forts. »

Gabriel Chevallier, Chemins de solitude, 1946

 

 

Pour Béraud, même s’il n’est pas recevable (le fut-il pour Céline ?), on vous sort l’argument de la collaboration.  Renault, Berliet, les Lumière, Guitry, Bousquet, tant d’autres, n’est-ce pas, on ferme les yeux.  Mais Béraud,  cinquante ans après, ah ! crime de lèse majesté. Il paraît donc normal que les articles de Gringoire éclipsent la Gerbe d’Or, Les Lurons de Sabolas, Ciel de Suie, Qu’as-tu fait de ta jeunesse, livres auxquels un adolescent de dix-sept ans a fort peu de chance d’avoir accès. Quant à la boulangerie natale, elle n’est même pas honorée d’une plaque.

Mais Reverzy, a-t-il collaboré ? Quel mal ont fait Le Passage, Place des Angoisses, Le Mal du Soir ? Pas de rue non plus à ma connaissance, un petit square dans le troisième, m’a-t-on dit… Ce n’est pas que je sois un fada des commémorations, expositions, plaques de rues et tutti quanti. Mais je constate que c’est, dans ce peuple d’amnésiques incultes et mickaël-jacksonnisés que nous sommes devenus, une façon efficace d’entretenir la mémoire, de solliciter des rééditions, des travaux universitaires, des intérêts particuliers, de la curiosité, de la vie, quoi !  Et je dis que je préférerais vivre dans une ville qui conduirait son touriste de Perrache aux Jacobins en le promenant de la rue Jean Reverzy à la rue Henri Béraud, plutôt que de le balader en terrains connus, de la rue Victor Hugo à la rue Emile Zola. Mais non : la municipalité et les édiles lyonnaises vont ainsi : pépères et consacrées, sans risques ni remous, de loges en buffets et d’alcôves en salons, accessoirement de droite à gauche, en vérité, bien au centre, n'est-ce pas : c’est triste, tout sauf littéraire, à vrai dire.

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12:33 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature, lyon, jean reverzy, reverzy, calaferte, béraud, culture, livres | | |

dimanche, 26 juillet 2009

Nevermore

Je crois en l'originalité de ma mélancolie

 

Jean Reverzy  (Introduction à la sincérité et à la subtilité de mon Nevermore - 1931)

 

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Photo de Théodore Blanc et d'Antoine Demilly

14:07 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : jean reverzy, nervermore, poe, melancolie, littérature, photographie, blanc demilly, lyon | | |

mercredi, 22 juillet 2009

Café Corneille

Jean Jacques Nuel a de l’humour. Il se déclare incapable d’écrire autre chose que des nouvelles absurdes. Dans l’une de ses nouvelles, justement, titrée La Donne, il s’amuse à convertir en euros le titre du roman de Roger Vailland, 325 000 francs. Ce qui donne, apprend-t-on, 545 euros et 93 centimes. En voilà, du titre européen ! En bon collectionneur des anciens francs, je ne peux qu’être séduit.

D'une nouvelle à l'autre, les corbeaux et les corneilles l’inspirent tout autant : « Toute sa vie, écrit-il, on ne fait que développer quelques phrases conçues à l’adolescence, on leur cherche une suite, on les poursuit, on court jusqu’à la fin après son œuvre. » (L'Année des corbeaux)

Nuel aime James Joyce. Cela nous fait un sérieux point commun. Il aime aussi Béraud. Cela nous en fait un sérieux autre. Et puis enfin, il a écrit un ouvrage fort intéressant sur Joséphin Soulary, un parnassien lyonnais qui travaillait à la préfecture le jour, composait des poèmes la nuit, et habitait un fort jolie maison avec vue sur le Rhône, sur les contreforts de la Croix-Rousse.

Si je vous parle de lui aujourd’hui, c’est que six de ses textes sont consultables gratuitement sur Feedbooks. Il suffit pour cela de suivre le lien et de se rendre sur son blog, L'Annexe  Outre un nouvelliste talentueux, vous rencontrerez un chroniqueur attentif, l’Annexe étant la bible des lecteurs et amateurs de revues depuis déjà pas mal de temps.

1931-original.pngSa nouvelle, Café Corneille, évoque avec beaucoup de justesse le charme désaffecté d’un quartier lyonnais, celui qui entoure la Préfecture.  Il y est aussi question de l’étrange saisie du réel que constitue tout travail d’écriture. Ecriture qui, avec Nuel, rime avec Préfecture (Soulary oblige ?) : Dans un café-Corneille où ne se trouvent point les oeuvres de Corneille, l’auteur s’y croque lui-même, en étant narrateur, en étant personnage, le tout dans une curieuse mise en abyme qui tourne au huis-clos fascinant sous l'objectif final de ...  De qui au juste ? Allez donc voir vous-même.  

 

Jean-Jacques Nuel  a publié un roman, Le nom (éditions A contrario, 2005) ainsi que deux recueils de nouvelles et de textes courts : La gare (éditions Orage-Lagune-Express, 2000) et Portraits d’écrivains (éditions Editinter,2002).

 

 

13:29 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : jean-jacques nuel, préfecture, littérature, café corneille, nouvelles, l'annexe | | |

mardi, 14 juillet 2009

Le Montchat de Louis Calaferte

Louis Calaferte est né un 14 juillet. Le quatorze juillet 1928. Il est mort le 2 mai 1994, laissant derrière lui une œuvre littéraire trop souvent résumée au seul Septentrion ou à la seule Mécanique des Femmes. Comme c’est en passe de devenir une habitude, il me plait de me souvenir de son anniversaire de naissance, tandis que claquent un peu partout des pétards  qui n’ont plus, convenons-en, grand-chose de révolutionnaire. Cette année, je publie un texte inconnu et touchant de lui, qu’il écrivit en 1957 pour une revue lyonnaise, et dans lequel il évoque l’un de ses retours dans la maison d’enfance de Montchat, quartier du 3ème arrondissement de Lyon, où Guite, sa mère, l’attend. Il écrit ce texte a vingt-neuf ans.

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"J’étais assis dans le 24, Cordeliers-Vinatier.  Je revenais à mon point de départ : Place Henri, Lyon, 3ème arrondissement. On ne me reconnaissait pas. Pourtant, et pour la première fois depuis longtemps,  je me sentais enfin chez moi, en sécurité, à l’abri, au bien-être. Les soirs de trop gros cafard, j’avais fait, les yeux fermés, mille et mille fois ce petit trajet entre la place Henri et la rue Roux-Soignat où ma chère Guite  m’attendait toujours. Oh, ce n’est rien, ni luxueux ni vaste. C’est un quartier de petits commerçants et de petits retraités. Les choses qu’on aime ne sont jamais bien grandes pour les autres. Il faut le miracle de l’amour pour tout magnifier. C’est un coin du monde où les gens sortent des chaises sur le pas de leurs portes en été, bavardent de fenêtre en fenêtre, savent tout les uns des autres, astiquent leurs voitures d’occasion chaque samedi pour l’unique sortie du dimanche… C’est un coin du monde comme partout au monde d’où il n’est jamais sorti ni célébrités ni idées révolutionnaires  et probablement personne n’en parlera après moi ; il n’y a ni curiosités  ni monuments, ça n’attire pas et à partir de neuf heures du soir, c’est vide sous les lumières froides, un peu désolé, assoupi et tranquille. Il y a même un terrain vague, quelque part, pas loin. Le dernier sans doute. L’ultime. Comme un ilot de poésie ancienne, surannée…

Un millier de braves gens, de petites gens, habitent là depuis trente, quarante, cinquante ans. Au moins d’août, le soir, ils vont en famille respirer l’odeur d’un tilleul, assis sur les bancs de la place d’Arsonval, à l’autre bout de la rue, c’est dire …

Voilà Lyon, pour moi. Quand je suis depuis trop longtemps à l’étranger, c’est à ce minuscule point de la terre que je pense, tout seul, avec des kilos de mélancolie bien aigre dans le cœur.

Ma plaie secrète."

Louis Calaferte, « Lyon 3ème arrondissement » Lyon a 2000 ans, 1957

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lundi, 06 juillet 2009

Rotrou, Guilloux, même combat

Deux jours encore d’interrogations. Plus que deux jours. Me disais, vendredi soir, l’esprit essoré à force de revivre la même-même scène (« votre convocation s’il vous plait, votre papier d’identité, vous prendrez ce texte de votre liste…  vous avez une demi-heure… ») et d’entendre en gros, les mêmes-mêmes choses dans la bouche de gens qui se ressemblent (des parents qui se ressemblent tous plus ou moins ne pouvant faire, au fond, que des enfants qui se ressemblent tous moins ou plus, eh oui, c'est ainsi)  – ronron rassérénant autant que révoltant - , me disais, plus la peine de s’illusionner, qu’il n’y a plus aucune issue dans cette société de masse…  Et que le bachot - comme le permis de conduire et le droit de vote – n’est plus qu’un ticket tristounet pour entrer dans le cinéma du monde libre (Et quel cinéma ! Finie la petite salle de quartier, vaste complexe, partout, même film de Tokyo à Dubaï, nom de Dieu ! - et pour mardi, c'est déjà prévu, même enterrement pour tous !). Me disais que je n’avais été au mieux, durant ces trois derniers jours d’interrogations, qu’un moniteur d’auto-littéraire, ou un assesseur de bureau de bac. Comme on voudra. Remplisseur de formulaires, parfaitement lisse.

Là-dessus, j’ai passé le week-end à relire Le Sang Noir de Louis Guilloux, œuvre que j’étudierai l’an prochain en classe avec des élèves, quels que soient ceux qu’on m’attribuera, après tout. Comme l’Education nationale est faite : une année s’achève tout juste, qu’il faut programmer la prochaine : les autoroutes de l’éducation, et comment faire autrement, là-aussi ? Dans tous les établissements scolaires, ça turbine à l’heure actuelle autour des répartitions de classes et des emplois du temps des uns et des autres. Et drôlement, ça turbine. Jonglage avec des blocs horaires, des salles et des étages, et des options de ceci, de cela. On ferme le quatorze juillet, réouverture au premier septembre. C’est tout pareil, partout : service public. Tout n’est affaire, dans cette société, que de gestion des masses : de la crèche au crématorium, nous ne serons bientôt plus que du personnel de surveillance ou de divertissement.

Pour tenir le coup, voilà donc, Le Sang Noir. Et pour faire bon poids bonne mesure, en œuvre théâtrale, je ferai lire aux élèves et j’étudierai  avec eux Le Véritable Saint-Genest de Rotrou. Si j’étais directeur de salle, je la monterais bien, cette pièce. Mais je suis un metteur en scène sans salle. L’une des plus justes, des plus troublantes qui  fut écrite. L’essence du romanesque comme l’essence du théâtre, le roman labyrinthe & la pièce miroir : Guilloux, Rotrou, même combat ?  de quoi perdre pied de brefs instants, ou leur  en donner l’illusion, malgré le système technologique qui les mène, eux, moi, vous et le monde ;  Cripure, Genest, même œuvre et même chant :  

« J’ai vu, Ciel, tu le sais, par le nombre des âmes

   Que j’osai t’envoyer par des chemins de flammes

   Dessus les grils ardents et dedans les taureaux

   Chanter les condamnés et trembler les bourreaux… »

Le véritable Saint Genest, Rotrou – (II,4)

Ci-dessous, Louis Guilloux, par Cabu

 

 

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19:46 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : théâtre, littérature, éducation, bachot, rotrou, louis guilloux, saint-genest, cripure, alléluia | | |

mardi, 16 juin 2009

Ulysse a 105 ans

Très honoré d'apprendre, grâce au toujours attentif et précieux  Monsieur Photon qu'aujourd'hui 16 juin 2009, c'est l'anniversaire de Léopold Bloom !  Pour peu, j'enragerais d'être né d'hier, tiens !  Vous vous rendez compte un peu ? Naître un 16 juin ? Naître le jour qu'Ulysse déambula fictivement dans Dublin ? Y'a de quoi plus savoir où on habite, non ? Car c'est bien le 16 juin 1904, il y a tout juste cent-cinq ans, que Léopold Bloom, à la page 81 de mon édition (c'est en folio) se lève et commence sa journée. Alors pour fêter ça, on devrait tous marcher dans la ville où on habite, un exemplaire à la main, et se la refaire à nouveau, cette journée de mille pages : 1000 pages !  vraiment, quel "moderne" ou "post-moderne", quel "avant-gardiste" ou quel "nouveau romancier" des années cinquante fit mieux que James Joyce ? De pâles brouillons, à côté de cette radicale remise en cause de la narration. De ce système d’échos, de phrase en phrase, toujours juste, et tellement significatif : Ulysse, c’est un univers.

Pour preuve, deux débuts de chapitres, deux débuts d'une même journée : celle de Dedalus (première partie), celle de Bloom (deuxième partie): le fils, le père, Ulysse, Télémaque…

« - Majestueux et dodu, Buck Mulligan parut en haut des marches, porteur d'un bol mousseux sur lequel reposaient en croix rasoir et glace à main. » (Dédalus le considère avec froideur)

« - M Léopold Bloom se nourrissait avec délectation des organes des mammifères et des oiseaux

Mettez les deux en relation, la croix qu'on contemple (ici faite d'ustensiles prosaïques) et les entrailles dont on se nourrit (rognons, gésier, tranches de foie...), et ce système d'échos ensorcelant, dont aucun lecteur n'est à ma connaissance sorti  indemne, commence, et vous obtenez déjà un début de retrouvailles, c'est à dire de sens, entre les deux.

J’ai lu Ulysse durant plusieurs nuits, des nuits interminablement denses, il y a longtemps, alors que je travaillais à l’hôpital. Lyon, Dublin, où habitais-je alors ? Lug est celte, d'ailleurs, Lug d'où jaillit la capitale des Gaules. Je me souviens qu'alors je voulais être écrivain, que cela seul comptait, que partout où je passais, l’usine, le bureau, l’hôpital, l’atelier,  il me semblait que j’étais, et si insouciamment, en repérage. Et voilà que tout à coup, quelqu’un était soudain devant moi, dressé. Un maître. Pas un petit maître. A jamais devant moi, je lisais ce roman de ce type qui était déjà mort, de cet ainé irrémédiable, et je verrai ce dos qui marcherait devant moi, et j’aimais ce type, ce maître, et je le détestais de m’avoir, comme ça, coupé l’herbe sous l’pied. C’était James Joyce. Genre de rencontre dont on se remet mal, fort mal, je vous assure. On a beau faire son malin ...

 

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lundi, 04 mai 2009

Victor Serge & les procès de Moscou

Entre Victor Serge (1890-1946) et Jean Galtier-Boissière (1891-1966), je n’aurais à priori jamais cru qu’il y eut le moindre lien. Or en feuilletant les Mémoires d’un Parisien (tome II, chapitre 44), je découvre que Galtier-Boissière rapporte assez longuement la relation épistolaire qu’il a nourrie avec Victor Serge, alors réfugié à Ixelles en Belgique, durant l’année1936, lorsqu’il confia à ce dernier la rédaction d’un numéro du Crapouillot, « De Lénine à Staline », qui parut en janvier 1937.

« Jamais, écrit Galtier-Boissière, je n’ai eu affaire à un collaborateur aussi ponctuel et aussi maître de sa plume. Il tint exactement ses engagements et le numéro parut à l’heure dite ». En raison de cet article qui dénonçait la dictature stalinienne, les purges et les exécutions arbitraires de 36 (Zinoviev, Kamenev, Smirnov…), le projet totalitaire de Staline (déjà dénoncé tel un fou, un dictateur et un sanguinaire), l’Humanité de l’époque mena contre Victor Serge une de ces campagnes dont ce journal, au même titre que d’autres, eut le triste secret lorsque ses intérêts idéologiques étaient en jeu.

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Victor Serge

 

 

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mercredi, 22 avril 2009

On parle de Béraud...

Conférence LA FORCE DU TEMPS, par Roland Thevenet : On parle de Béraud, vendredi prochain (à partir de 18 heures) aux XANTHINES, 33 rue de Condé, dans le deuxième arrondissement : Henri Béraud (1885-1958) est l'un des auteurs les plus importants de la génération des "enfants humiliés" (l'expression est de Georges Bernanos, son conscrit). C'est l'occasion, dans une lecture contemporaine et dépassionnée, de découvrir (ou de rédécouvrir) une œuvre foisonnante et méconnue : des poèmes, plusieurs reportages européens, de nombreux romans historiques, et des récits de souvenirs, où se trouvent les pages parmi les plus belles de celles qui furent écrites sur Lyon.

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