mercredi, 22 juillet 2009
Café Corneille
Jean Jacques Nuel a de l’humour. Il se déclare incapable d’écrire autre chose que des nouvelles absurdes. Dans l’une de ses nouvelles, justement, titrée La Donne, il s’amuse à convertir en euros le titre du roman de Roger Vailland, 325 000 francs. Ce qui donne, apprend-t-on, 545 euros et 93 centimes. En voilà, du titre européen ! En bon collectionneur des anciens francs, je ne peux qu’être séduit.
D'une nouvelle à l'autre, les corbeaux et les corneilles l’inspirent tout autant : « Toute sa vie, écrit-il, on ne fait que développer quelques phrases conçues à l’adolescence, on leur cherche une suite, on les poursuit, on court jusqu’à la fin après son œuvre. » (L'Année des corbeaux)
Nuel aime James Joyce. Cela nous fait un sérieux point commun. Il aime aussi Béraud. Cela nous en fait un sérieux autre. Et puis enfin, il a écrit un ouvrage fort intéressant sur Joséphin Soulary, un parnassien lyonnais qui travaillait à la préfecture le jour, composait des poèmes la nuit, et habitait un fort jolie maison avec vue sur le Rhône, sur les contreforts de la Croix-Rousse.
Si je vous parle de lui aujourd’hui, c’est que six de ses textes sont consultables gratuitement sur Feedbooks. Il suffit pour cela de suivre le lien et de se rendre sur son blog, L'Annexe Outre un nouvelliste talentueux, vous rencontrerez un chroniqueur attentif, l’Annexe étant la bible des lecteurs et amateurs de revues depuis déjà pas mal de temps.
Sa nouvelle, Café Corneille, évoque avec beaucoup de justesse le charme désaffecté d’un quartier lyonnais, celui qui entoure la Préfecture. Il y est aussi question de l’étrange saisie du réel que constitue tout travail d’écriture. Ecriture qui, avec Nuel, rime avec Préfecture (Soulary oblige ?) : Dans un café-Corneille où ne se trouvent point les oeuvres de Corneille, l’auteur s’y croque lui-même, en étant narrateur, en étant personnage, le tout dans une curieuse mise en abyme qui tourne au huis-clos fascinant sous l'objectif final de ... De qui au juste ? Allez donc voir vous-même.
Jean-Jacques Nuel a publié un roman, Le nom (éditions A contrario, 2005) ainsi que deux recueils de nouvelles et de textes courts : La gare (éditions Orage-Lagune-Express, 2000) et Portraits d’écrivains (éditions Editinter,2002).
13:29 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : jean-jacques nuel, préfecture, littérature, café corneille, nouvelles, l'annexe |
Commentaires
Écrit par : Nénette | mercredi, 22 juillet 2009
Écrit par : solko | mercredi, 22 juillet 2009
Écrit par : Nénette | mercredi, 22 juillet 2009
On est pris ; dans cette sorte d'arrêt sur image, cette démultiplication du réel que suscite la littérature, quand la vie passe sous nos yeux et que nous ne la voyons pas.
Voilà un lieu de plus à visiter avec vous chère Frasby ; car lieux réels, lieux imaginaires, nous n'en sommes plus à cela près, n'est-il pas ?
Écrit par : Michèle Pambrun | jeudi, 23 juillet 2009
@ Michèle : D'autant plus que ce lieu-là, moi en tous cas, je ne sais plus s'il existe ou non.
Écrit par : solko | jeudi, 23 juillet 2009
@Solko : Cet article se vasoure à petites lougées comme une goure fillette, merci de nous pousser à "l'annexe", c'est un très bel oirdent bloudé de thecotues voudécretes.
Écrit par : Frasby | samedi, 25 juillet 2009
Je ne suis pas allé au Café Corneille depuis de nombreuses années, mais le lieu a existé et existe encore (mais a changé de propriétaire, je crois). Quant à Paul Pavillon, c'est bien sûr Paul Gravillon, ancien journaliste littéraire au Progrès...
Écrit par : Nuel | dimanche, 26 juillet 2009
Écrit par : Nénette | mardi, 28 juillet 2009
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