jeudi, 15 novembre 2007
Le novembre des canuts : Les Trois Glorieuses
Arrêtons-nous quelques instants sur ce préfet en uniforme qui gravit la Grande Côte ce matin de novembre 1831 à la tête d’une colonne de la garde nationale, s’en allant à la rencontre du peuple. Louis Bouvier du Molart (1780-1855) n’est pas même cité dans le Dictionnaire des Lyonnaiseries de Louis Maynard, sinon dans l’article consacré à son successeur, Adrien Gasparin. Il faut dire qu’au contraire de ce dernier, Louis Bouvier du Molart ne possède pas de rue à son nom. La Petite histoire populaire de Lyon d’Auguste Bleton ne le mentionne pas davantage.
Le 11 mai 1831, il succède à un autre infortuné jeté aux poubelles de l’histoire, Paulze d’Ivoy, révoqué pour mollesse par Casimir Périer tout juste nommé président du Conseil. Ancien préfet sous l’Empire et les Cent jours, Bouvier du Molart mise sur la popularité dont l’Empereur jouit encore à Lyon (au point que certains le croient réfugié à Philadelphie et préparant un retour) pour imposer d’entrée de jeu l’autorité paternaliste qui sera sa marque de fabrique durant tous les événements. Sa proclamation aux Lyonnais du 17 mai débute par ces mots :
« Lyonnais, vous entendrez une voix qui ne doit pas vous être suspecte. Je n’ai ni servi ni trahi la Restauration. Le seul pouvoir qui jusqu’à notre glorieuse évolution ( il parle de 1830) avait reçu mers serments est celui qui a relevé votre grande ville de ses ruines, et je lui suis resté fidèle jusqu’à la proscription _inclusivement. La cocarde qui est à mon chapeau n’a jamais changé de couleur ». Et sa lettre à Casimir Périer du 19 mai est un modèle : « Je pense que votre Excellence peut maintenant être en parfaite sécurité sur le point important qui m’est confié (Il parle de la sécurité publique). Je me sens fort et je le suis en effet, puisqu’on croit généralement ici que je le suis. Je satisfais les gens du mouvement, parce que mon nom se trouve sur la liste de proscription des 38 (après les Cent jours) ; les patriotes sages voient en moi un des leurs ; les bonapartistes me tiennent compte d’une fidélité que j’ai gardée aussi longtemps qu’elle a été un devoir. Enfin la population générale d’une cité industrielle qui a essentiellement besoin d’ordre et de sécurité sait que je suis un homme de pouvoir et que j’ai appris à une grande école à le faire respecter. »
Reçue à coups de cailloux, de tuiles et de fusil, la colonne recule un instant, puis reprend sa marche, car Bouvier du Molart souhaite entrer en pourparlers avec les révoltés. Croit-il encore que sa fidélité de jadis à Napoléon lui servira de bouclier ?
De fait, il ne se trompe qu’à moitié. A près avoir obtenu une trêve, accompagné de son secrétaire et du général Ordonneau, il rejoint la mairie de la Croix-Rousse du balcon de laquelle il commence à haranguer la foule. Mais les ouvriers ne répondent à ses exhortations que par les cris : « De l’ouvrage ou la mort ! Nous aimons mieux une balle que la faim ! » Cependant, tous respectent la trêve et, grâce aux dispositions conciliantes du préfet, un accord est sur le point d’être trouvé lorsqu’une fusillade éclate et le grondement du canon se fait entendre au loin. Roguet y est-il pour quelque chose ? Se croyant trahis, les ouvriers indignés empoignent en tout cas les trois représentants de l’autorité. Si Bouvier Du Molart lui-même échappe à une exécution sommaire, c’est à un des chefs de section des ouvriers en soie nommé Carrier qu’il le doit, ce dernier l’entraînant à l’Hôtel du Petit-Louvre, juste à côté, où il est gardé à vue. La tension est vive. Des ouvriers déposent quatre cadavres devant la façade de l’hôtel, en exigeant un cinquième pour les venger.
La capture du préfet constitue évidemment l’événement le plus important de cette matinée-là, puisqu’elle paralyse l’action des troupes. Dans la relation qu’il fera lui-même de tous ces événements en 1832 (et qui sera vendu 2 francs - 2 jours de travail d’un compagnon !), il confiera qu’on lui aurait alors demandé de signer des ordres pour récupérer 40 000 cartouches et 500 gargousses à boulet de six, ce qu’il aurait refusé. « Dans les 8 heures de captivité que j’ai passées au milieu des ouvriers de la Croix-Rousse, écrit-il, j’ai pu pour ainsi dire les compter. Ils n’étaient certainement pas plus de mille à douze cents. Ils n’avaient pas cent fusils.»
Les chefs d’atelier appartenant aux Volontaires du Rhône, et parmi eux Guillot et Lacombe, calment autant qu’ils le peuvent l’effervescence des compagnons, car ils redoutent une issue tragique pour tous. « Dans la nuit du lundi 21 novembre, écrit Guillot, vers 7 heures du soir, je pénétrai après bien des efforts vers l’hôtel qui servait de prison à M. le Préfet détenu par les ouvriers. Au moment où je l’abordai, notre courageux fonctionnaire haranguait le peuple et lui disait, ma foi, de bien belles choses, dont je n’ai pu retenir que les suivantes : « Braves ouvriers, je suis votre père, rendez-moi à la liberté et si le comte Roguet ne fait pas cesser le carnage, je marcherai à votre tête ». Entre 9 et 19 heures du soir, sur sa promesse d’obtenir du comte général Roguet la cessation des hostilités et des fabricants l’exécution du tarif, le préfet est reconduit en ville sous la protection des baïonnettes des « cadres d’officiers » des Volontaires du Rhône. Le général Ordonneau, lui, demeurera prisonnier jusqu’au lendemain, où il sera restitué en échange de la libération d’un ouvrier en soie emprisonné.
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vendredi, 09 novembre 2007
Le novembre des canuts : Premiers coups de feu
Le 16 novembre, le représentant des chefs d'atelier Charnier écrit au préfet Bouvier Dumolard, afin de lui signaler quelques fautes d'impression sur les affiches du Tarif, toutes effectuées d'ailleurs au détriment des fabricants, et qui étaient sources de contestation entre ceux-ci et les chefs d'atelier.
Charnier croit-il encore au pouvoir ou à la parole du préfet ? Difficile à évaluer. Depuis l'hiver 1825, Pierre Charnier réfléchit aux "abus" dont souffre la Fabrique, et tout particulièrement ceux dont les chefs d'atelier en premier lieu, les compagnons en second, sont victimes. C'est lui qui est à l'origine de la première Association de Surveillance et Indication Mutuelle entre les membres de la corporation, ancêtre du Devoir Mutuel :
« Dans l'association, nous pourrons puiser toutes les connaissances de mécaniques et de droit industriel, toutes les consolations à nos maux. Nous apprendrons que l'homme pauvre n'est pas un pauvre homme, que cette dernière dénomination n'appartient qu'à l'homme dépourvu de probité. Axiome puissant pour nous procurer à résignation nécessaire à notre sort. Quand nous serons tous pénétrés de notre dignité d'hommes, les autres habitants de la cité dont, sans nous en douter, nous faisons depuis longtemps la gloire et la richesse, cesseront d'employer la mot canut dans un sens railleur ou injurieux. » Ainsi parlait Charnier.
Le préfet lui répond le 18 novembre que « les erreurs qui peuvent exister doivent être rectifiées d'un commun accord entre fabricants et ouvriers. On doit en agir à cet égard comme on l'a fait pour le tarif et l'autorité ne peut intervenir que pour interposer sa médiation, si elle est nécessaire. » Le 19 novembre, écrit Bouvier du Mollard dans ses Mémoires, « les 104 fabricants signataires du Mémoire adressé au ministère, encouragés par la connaissance qui leur fut imprudemment donnée de l'improbation du Tarif par le gouvernement de Casimir Périer, s'entendirent pour refuser tout travail aux ouvriers. »
Les ouvriers, quant à eux, quelles que soient par ailleurs leurs sympathies ou tendances politiques, refusent de travailler à un prix plus bas. La situation est inextricablement bloquée. Le même jour, à une séance du Conseil des Prudhommes, on lit une lettre de Bouvier Dumolard qui déclare que le tarif est seulement un engagement d'honneur et qu'il n'est nullement légalement obligatoire. Manière prudente de répercuter la position de l'autorité parisienne sans désavouer la sienne propre.
Dès lors, le Conseil cesse de condamner la non-observation des conventions du tarif. Les délégués des chefs d'atelier au Conseil des Prudhommes ne purent évidemment considérer cela que comme un évident "déni de justice" Selon Charnier, « cela a beaucoup contribué aux malheurs dont notre cité a été le théâtre ». De part et d'autre, l'irritation devient extrême face au camp opposé. Les représentants des compagnons reprennent leurs visites de chaque atelier, afin de vérifier qu'aucun métier ne fonctionne et que la solidarité s'organise. On dit même qu'ils ont commencé, depuis quelques jours, à collecter des fusils auprès des maîtres, et que parmi ces derniers, très peu leur en refusent.
Le lendemain, 17 novembre 1831, on affiche dans la rue Tolozan, à la Grande Côte et à la Croix-Rousse des placards manuscrits donnant rendez-vous à tous les ouvriers « pour dimanche et lundi prochain », c'est à dire pour les 20 et 21 novembre. Les avis du commissaire central Prat sont, à ce sujet, très alarmants :
« Tous les rapports que j'ai reçus aujourd'hui, soit de mes amis, soit de mes agents, soit de messieurs les commissaires de police, m'annoncent que lundi (21 novembre) les ouvriers en soie veulent se faire justice des fabricants qui ne veulent pas leur donner de l'ouvrage ou qui refusent de payer le tarif. Les uns disent qu'ils doivent se réunir au Grand Camp, les autres qu'ils descendront de leurs quartiers pour se porter en masse aux Capucins. »
De fait, ceux qu'on appelle les canuts avaient eu le temps de bien s’organiser. Quelques centaines de chefs d'atelier étaient déjà goupés dans le Mutuellisme, et presque tous dans le Mutuellisme élargi. Et leur exemple avait été suivi par les compagnons. Outre ces organisations économiques, une partie était regroupé en une association plus politique : Les Volontaires du Rhône. Beaucoup de chefs d'atelier faisaient aussi partie de la Garde Nationale. Un certain nombre possédaient des fusils. Pris en masse, ils n'avaient certes pas un sentiment d'agression; ils voulaient tout simplement cesser de travailler jusqu'à ce que les fabricants, fatigués de voir leurs commissions en retard, auraient enfin consenti à les rétribuer au prix du tarif. Mais la morgue de ces fabricants, l'inconséquence de l'autorité politique avaient heurté les esprits et froissé les sensibilités. C'était suffisant pour regrouper tous ceux qui, autour du métier à tisser et sur les mêmes paliers, dans les mêmes immeubles, les mêmes rues, le même quartier, avaient le sentiment de partager le même sort injuste.
08:10 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : politique, croix-rousse, canuts, société, culture, lyon, révolte |
lundi, 05 novembre 2007
Le novembre des canuts : Premières dérobades
Depuis le début de l’automne 1831, la somme des impôts exigée à la classe ouvrière de Lyon s’étant trouvée triplée, voire pour certains cas quintuplée, les maires de Lyon et des communes environnantes avaient signalé au préfet en place, Bouvier du Molart le risque imminent de troubles à la tranquillité publique. A titre d'information, les salaires, pour les compagnons tisseurs, n’excédaient pas un franc par jour, quand le kilo de pain valait en moyenne 0,40 franc. Et de fait, dès le 8 octobre 1831, fut convoquée une première assemblée générale de chefs d’ateliers ; on y divisa en 40 circonscriptions la ville de Lyon et ses faubourgs, ce qui permit de répartir les 8000 chefs d’ateliers d’alors en sections de 200 chefs d’atelier. Leur revendication principale était de contraindre les fabricants à augmenter le prix de la façon.
Le 10 octobre une nouvelle assemblée exigea que fût créée une commission permanente de négociants et de chefs d’atelier. Deux jours plus tard, avec l’aide de l’adjoint au maire de Lyon Boisset, qui jugeait utile l’établissement d’un tarif au minimum pour le prix des façons, vingt deux commissaires furent désignés pour siéger dans la Commission du Tarif et établir ce tarif dans l’intérêt commun des deux parties, chefs d’atelier et négociants. Le 16 octobre, le préfet recevait une adresse de la part de cette Commission, laquelle était lue dans les assemblées générales de chefs d’atelier. Le 18 octobre, la Commission Centrale était reçue par Bouvier du Molart à la préfecture de Lyon, située encore place des Jacobins (voir gravure), tandis qu’un cortège de 150 compagnons défilait en chantant la Marseillaise dans les rues du plateau de la Croix-Rousse. Le 21 octobre, sous la présidence du préfet, en présence des maires de Lyon et faubourgs, se tint une première réunion qui promit de fixer le tarif avant le 1er novembre. Quatre jours plus tard, le 25 octobre 1831, tandis que la Commission rencontrait à nouveau le préfet pour signer le tarif qui venait d’être voté, un cortège de 6000 compagnons et apprentis s’avançait en silence vers la place des Jacobins, « sans armes ni bâtons ». Selon le journal le Précurseur : « c’était à la fois l’ordre et le désordre et, dans le désordre même, il y avait le calme et la régularité d’une organisation qu’on eût difficilement supposée dans une manifestation d’ouvriers. »
En cette journée du 25 octobre 1831 le préfet Bouvier Dumolard pouvait écrire au Président du Conseil : « J’ai joué dans cette grave circonstance le rôle de médiateur et de conciliateur. Ma voix a été entendue. Une augmentation considérable a été librement consentie. Je suis dix fois plus fort que je n’étais ce matin, et je vous réponds de la tranquillité publique ». La population de la Croix-Rousse,quant à elle, fit la fête dans les rues de la colline jusque tard dans la nuit. On pouvait penser que tout allait revenir en ordre, et que les jours à venir seraient des jours de bonheur.
Lorsque fut affiché le placard du Tarif, le 27 octobre, une grande effervescence gagna la population. On promettait son application pour le 2 novembre. Au même moment circulait un prospectus annonçant la création d’un journal par actions, « L’ écho de la fabrique, journal des chefs d’atelier ». Dans son premier numéro, daté du 30 octobre, L’Echo de la Fabrique livre un résumé des négociations en cours et annonce la création d’une « association générale et mutuelle de secours pour parer aux besoins de ceux qui manqueraient d’ouvrages par l’égoïste spéculation de certains chefs de fabrique, ou qui ne pourraient travailler en raison de maladies graves ou de malheurs imprévus ». Cependant, de la Croix Rousse aux Terreaux, des rassemblements d’ouvriers impatients de voir la tarif promulgué appliqué par les fabricants, se déroulaient, chaque jour plus nombreux.
Mais le tarif voté tardit à être appliqué, les fabricants ayant usé de toutes les arguties pour le repousser. Une réunion des Volontaires du Rhône eut lieu le 1er novembre, présidée par le chef d’atelier Lacombe. Suite aux nombreux refus, voire dans certains cas aux menaces que quelques fabricants avaient déjà concrètement opposés à plusieurs tisseurs, le 2 novembre, des rassemblements d’ouvriers se déroulèrent à nouveau à la Croix-Rousse. Depuis le 31 octobre, une cinquantaine de femmes, découpeuses de châles, s'étaient réunies place des Carmes dans l’intention, disent-elles, de briser une mécanique. Pendant ce temps-là, les négociants utilisaient leurs amis parisiens pour persuader le président du Conseil, Casimir Périer, de l’illégalité de ce nouveau tarif, dans lequel ils feignaient de ne rencontrer que leur future ruine. Le 3 novembre, la grogne monte encore d’un cran : compagnons et apprentis menacent désormais tous ceux qui travaillent en deçà des prix fixés par le tarif de déchirer les pièces sur leurs métiers. La tension est partout sensible.
Les délégués des chefs d’atelier commencent à perdre la direction du mouvement lorsque à leur tour, les compagnons décident de s’organiser en commissions. Le 4 novembre, Richan, maire de la Croix-Rousse, tente de raisonner les ouvriers. En vain. Le préfet Bouvier du Molart, de son côté, fait placarder un avis dans lequel il invite les « honnêtes gens à ne pas se mêler aux groupes afin de ne pas nuire à l’action répressive de la police » Au soir, un cortège se forme aux Terreaux. Des cris fusent : « A l’eau, la garde nationale ! Au Rhône, les artilleurs ! » Deux ouvriers en soie, un teinturier, un mousselinier (soit quatre ouvriers de la Fabrique ), deux pâtissiers, un boulanger, un tailleur, un voiturier et un ouvrier de la Manufacture des Tabacs, en tout dix personnes, sont arrêtées.
11:00 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lyon, société, politique, canuts, révoltes, histoire, culture |
vendredi, 02 novembre 2007
La fête des morts
.....................................JOUR DES MORTS :
"Enfin ! Nous voilà au cimetière ! Le Paradis Terrestre ! Quelle paix ! Quelle douceur ! Qui pourra dire le rafraîchissement procuré par la vue des tombes ? Ceux qui les habitent, grâces à Dieu ! n'en sortiront pas à leur gré pour tourmenter, une fois de plus, ceux qui ont encore à mourir! "
.....................................
Magnifique Léon Bloy, dont la formule trouvée dans Petits poèmes en prose ("Novembre") ramasse et restitue l'essentiel de ce qu'un promeneur peut ressentir dans les travées d'un cimetière. C'est aujourd'hui la fête des morts, et nous interrompons pour quelques jours le feuilleton des canuts. Cela ne nous empêche pas d'avoir une pensée pour toutes les victimes de 1831, 1834. "Hélas, fit écrire sur sa tombe la comtesse de Noailles, je n'étais pas faite pour être morte". Soit ! Et pourtant elle l'est, comme ils le furent et comme nous le serons, sommes nous tentés de dire. L'humanité compte, on le sait, plus de morts que de vivants. Belle consolation, n'est-ce pas ! Le piquant Brassens se vantait de posséder "des cimetières en abondance", qu'il pouvait visiter le Jour des Morts. Moi, je n'en ai pas tant que ça. Pour ceux qui, par malchance, n'en auraient aucun à visiter, et seraient donc obligés de passer la journée d'aujourd'hui en compagnie des vivants, plutôt que de vous fader les programmes TV, je conseille en tout premier lieu ce site sur le Père Lachaise à Paris, . Là, vous apprendrez l'histoire du plus beau cimetière de la capitale et vous pourrez vous exclamer devant votre écran "Paris à nous deux" sans avoir l'air trop ridicule. Autre promenade très bien orchestrée dans le cimetière de Montparnasse , lequel mérite lui aussi un détour, ne serait-ce que pour Proudhon (1809-1865), Littré (1801-1881),Baudelaire (1821-1867), Tzara (1896-1963), Laval (1893-1945), Sartre et Beauvoir (1905/1908-1980/1986).
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La province recèle, en matière de cimetières de véritables trésors. Voici celui d'Ouessant, celui de Vichy où vous attend Valéry Larbaud, celui de Toulouse, celui de "Mouille-Cul où Mitterand repose à Jarnac. Sur ce site, vous pourrez rendre de virtuelles visites à bon nombre de célébrités disséminées un peu partout sur le territoire.
A Lyon, le cimetière de la Loyasse, sur la colline de Fourvière, offre plusieurs curiosités : une vue sur le mont Thou, magnifique, de nombreux monuments (oubliez celui, stalinien en diable, d'Edouard Herriot), le "jardin des prêtres", une spécificité que je n'ai rencontrée nulle part ailleurs, et qui appartient à l'évéché... Enfin, à tout seigneur tout honneur, vous achèverez cette tournée des cimetières par celui de Sète qu'un de ses illustres habitants a rendu, à jamais, pour le pire comme pour le meilleur, éternellement marin.
07:20 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, écriture, actualité, religion, fête des morts, christianisme, culture |
mercredi, 24 octobre 2007
GASTON COUTE
Un nouveau site sur Gaston Couté présentant la totalité de son œuvre ! Que dire de plus, sinon inviter chacun d'entre vous à vous attarder un peu sur un texte ou un autre de ce poète beauceron anarchiste sur lequel tout et trop a été dit, mais vers lequel on prend toujours plaisir à revenir.
Il faut, à vrai dire, lire Couté à voix haute pour l'apprécier à sa juste mesure. Se le mettre en bouche, vraiment, comme du bon vin. Au sens propre : L'ARTICULER... Voici, pour s'entraîner, en guise d'apéro :
LE CHRIST EN BOIS
Bon guieu ! la sal'commune ! ... A c'souèr,
Parsounne a voulu m'ar'cevouér
Pou' que j'me gîte et que j'me cache
Dans la paille, à couté d'ses vaches,
Et, c'est poure ren qu' j'ai tiré
L'cordon d'sounnette à ton curé
Et qu'j'ai cougné cheu tes déviotes :
Les cell's qui berdouill'nt des pat'nôt'es
Pour aller dans ton Paradis...
S'ment pas un quignon d'pain rassis
A m'fourrer en travars d'la goule...
I's l'gard'nt pour jiter à leu's poules ;
Et, c'est pour çà qu'j'attends v'ni d'main
Au bas d'toué, su' l'rabôrd du ch'min,
En haut du talus, sous l'vent d'bise, .
Qu'ébranl' les grands bras d'ta crouéx grise...
Abrrrr ! ... qu'i' pinc' fort el' salaud !
E j'sens mon nez qui fond en ieau
Et tous mes memb'ers qui guerdillent,
Et mon cul g'lé sous mes penilles ;
Mais, tu t'en fous, toué, qu'i' fass' frouéd :
T'as l'cul, t'as l'coeur, t'as tout en boués !
Hé l' Christ ! T'entends-t-y mes boyaux
Chanter la chanson des moignieaux
Qui d'mand'nt à picoter queuqu'chose ?
Hé l' Christ ! T'entends-t-y que j'te cause
Et qu'j'te dis qu'j'ai-z-eun' faim d'voleux ?
Tell'ment qu'si, par devant nous deux,
I' passait queuqu'un su' la route,
Pour un méyion coumm' pour eun' croùte,
I' m' sembl' que j'f'rais un mauvais coup ! ...
Tout ça, c'est ben, mais c'est point tout ;
Après, ça s'rait en Cour d'assises
Que j'te r'trouv'rais ; et, quoué que j'dise
Les idée's qu'ça dounne et l'effet
Qu'ça produit d' pas avouer bouffé,
Les jug's i's vourin ren entend'e,
Car c'est des gâs qui sont pas tend'es
Pour les ceuss' qu'a pas d' position ;
l's n'me rat'rin pas, les cochons !
Et tu s'rais pus cochon qu'mes juges,
Toué qui m'v'oués vent' creux et sans r'fuge,
Tu f'rais pas eun' démarch' pour moué :
T'as l'vent', t'as l'coeur, t'as tout en bois !
L'aut'e, el'vrai Christ ! el'bon j'teux d'sôrts
Qu'était si bon qu'il en est mort,
M'trouvant guerdillant à c'tte place,
M'aurait dit : " Couch' su'ma paillasse ! ... "
Et, m'voyant coumm'ça querver d'faim,
l'm'aurait dit : " Coup'-toué du pain !
Gn'en a du tout frés dans ma huche,
Pendant que j'vas t'tirer eun'cruche
De vin nouvieau à mon poinson ;
T'as drouét coumm' tout l'monde au gueul'ton
Pisque l'souleil fait pour tout l'monde
V'ni du grain d'blé la mouésson blonde
Et la vendange des sâs tortus... "
Si, condamné, i' m'avait vu,
Il aurait dit aux jug's : " Mes fréres,
Qu'il y fout' don' la premier' pierre
C'ti d'vous qui n'a jamais fauté ! ... "
Mais, toué qu'les curés ont planté
Et qui trôn' cheu les gens d'justice,
T'es ren ! ..., qu'un mann' quin au sarvice
Des rich's qui t'mett'nt au coin d'leu's biens
Pour fair' peur aux moignieaux du ch'min
Que j'soumm's... Et, pour ça, qu'la bis' grande
T'foute à bas... Christ ed' contrebande,
Christ ed'l'Eglis ! Christ ed' la Loué,
Qu'as tout, d'partout, qu'as tout en boués ! ...
06:25 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poèmes, poésie, écriture, culture, gaston couté |
jeudi, 18 octobre 2007
Le jour où LIBERATION a définitivement perdu son âme.
Je sarkozisme, tu sarkozismes, nous sarkozismons, ils sarkozisment... Le 18 octobre 2007, grève des cheminots et divorce élizéen entrent en collusion dans l'événementiel du jour. En trois actes, Laurent Jaffrin et son équipe de bronzés à cols ouverts choisissent de faire la une sur le couple déchiré. A l'intérieur, Antoine Guiral s'en donne à cœur joie dans le cliché people et le lieu commun larmoyant. De l'apogée à la liberté en passant par la dégringolade. On dirait, nom de Dieu, du Yasmina Reza !
Première page atroce : Cecilia en desperate housewife. De dos, Nicolas peut jubiler. Il a définitivement gagné. Dans l'opposition, il ne rencontre plus d'opposition. Ou du moins, plus que cette opposition people et frelatée que pratique l'ex-journal de Sartre devenu journal de Rothschild depuis des mois déjà. Nicolas peut se réjouir : L'annonce de son divorce à venir, dont tout le monde se fout en réalité, est jugée plus essentielle qu'un traitement sérieux de la grève des cheminots. Comble de l'ironie, en attendant d'improbables bus, RER ou métro, le français moyen aura eu tout le loisir en ce triste jour de s'informer en long, large et travers sur tous les déboires de ce couple, au fond quelconque par les temps sordides que nous vivons : un opportuniste véreux et une courtisane de luxe.
Séparation des Sarkozy: «Il est temps de refermer la page de l’américanisation de la vie publique»
Il serait temps de refermer aussi l'américanisation de Libération, ainsi que la peopolisation de la presse dite de gauche en général, d'ailleurs. Libé était devenu depuis longtemps un torchon, c’est désormais une serpillère. Car sinon, le sarkozysme aura, de fait, gagné, et pour longtemps, son droit de cité : Je sarkozisme, tu sarkozismes, nous sarkozismons, ils sarkozisment... Quand l'opposition à Sarkozy n'a plus qu'une fonction, à la fois sociale et médiatique, celle de légitimer son sacre, elle devient la face cachée de ce dernier. Entre Libé et n'importe quel gratuit, il n'y a désormais plus qu'une différence : son prix. Qu'il ne s'étonne pas si son chiffre d'affaires continue de s'effondrer.
16:30 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : libé, libération |
lundi, 15 octobre 2007
Vous avez dit artistes ?
« A notre époque, des millions d’homme vivent et souffrent le déchirement, au fond d’eux mêmes, entre une culture qui se meurt et une culture qu’ils détestent et désirent tout à la fois parce qu’elle offre la voix de la puissance et de l’opulence », écrit Raymond Aron en 1982, dans l’épilogue de ses Mémoires. Une ou deux pages plus loin, il se demande s’il regrette de n’avoir pas été le Kissinger d’un Prince. Mitterrand, il est vrai, vient d’être élu président.
Et voici que, vingt-cinq ans plus tard, c’est à dire un quart de siècle, cette même phrase de Raymond Aron résonne sans doute dans beaucoup d’esprits. Vingt-cinq ans ! Un quart de siècle : ce déchirement, au fond, l’Occident a-t-il fait autre chose que l’amplifier, jusqu’à faire de lui à la fois une politique, un mode de vie, un marché, un spectacle ? Déchirés ! Le virtuel a si bien imposé la toute puissance de sa loi qu’on ne parle sans doute plus aujourd’hui d’une culture qui se meurt, mais d’une culture morte.
N’est-ce pas dans ces mêmes années 80 que Tadeusz Kantor concevait son spectacle Qu’ils crèvent, les artistes ? Ils sont crevés. C’est fait. Comble de disgrâce, le troupeau de ceux qui sont venus cracher sur leurs tombes est formidablement formaté. Artiste : le terme convient aussi bien à une actrice porno qu’à un joueur de rugby, à un lycéen inscrit dans un club-théâtre qu’à une retraitée membre d’une chorale, à un designer qu’à un couturier, un sculpteur, un photographe, un mannequin, un humoriste, un chroniqueur politique, voire même un politicien : Artistes, le serions-nous tous devenus par droit inaliénable, dans l’ère post-moderne ? Puisque d’après un tube détestable de la fin du siècle dernier, nous aurions tous voulu en être un, cette nouvelle culture qui offre l’opulence du virtuel à tous nos désirs, fait de nous, de festival en événement, ses concepteurs autoproclamés. Auto satisfaits. A une seule condition : que nous ignorions, que nous oubliions, que nous méprisions le foutu déchirement dont parlait Aron. Que nous l’effacions, le gommions pour devenir, sinon libres, lisses. Sinon créatifs, collabos. Sinon contemporains, cons. Sale époque, du subversif érigé partout en académisme, de l'art pour tous, de l'art de tous, de l'art par tous !
16:30 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raymond aron, artistes |
vendredi, 12 octobre 2007
La ville est à vous
On est frappé, en ouvrant un album de cartes postales anciennes, par l’espace qu’offraient aux seuls piétons les rues vides des villes, avant leur envahissement progressif par les automobiles. Des rues, des avenues, des boulevards pavés, sillonnées par les rails des tramways, demeurent alors presque exclusivement leur domaine. De-ci, de-là, une charrette, que tire un cheval lascif. Un passant chapeauté qui s’engage sur la chaussée peut, sans crainte d'être renversé, songer à ses affaires. Un enjant joue. Les monuments sont dégagés, bien visibles, comme les enseignes, les façades. Pas la moindre automobile dans la perspective !
Le mythe de la Belle Epoque et celui de sa douceur de vivre ne sont sans doute pas étranger à ce calme d’avant le tout-bagnoles, qu’on perçoit dans ces espaces reproduits sur ces cartes anciennes, à cette lenteur diffuse qui imprègne la ville et laisse aux hommes le temps de vivre : Voici, sur la question, quelques témoignages d’écrivains :
« J’ai dû voir les derniers omnibus à chevaux cahoter sur le pavé lyonnais. Et j’ai vu les premières automobiles, machines fumantes qui semblaient bourrées de mélinite tant elles secouaient l’air d’explosions violentes, avancer par bonds et saccades sur la voie publique, où elles semaient l’effroi parmi le badauds lents et obstinés, qui ne voulaient pas démordre que le milieu de la chaussée fût un endroit convenable pour lire le journal ou se congratuler entre amis. » (1)
Dans son journal intime, le président de la chambre du Commerce de 1899 à 1911, Auguste Isaac, dont le chauffeur a renversé et tué un enfant de huit ans, consigne les actes du procès du dénommé Philibert : Trois mois de prison ferme, qu’un recours en appel et quelque amicale sollicitation transformeront en trois mois avec sursis. Il remarque, à cette occasion :
« On me dit que le substitut a fait un réquisitoire virulent. Il a soutenu que la voie publique appartient aux piétons et que, s’il plait à deux amis, se rencontrant sur la chaussée, de ne pas se séparer, de rester immobile devant une voiture, celle-ci n’a qu’à attendre leur bon plaisir pour continuer sa route. »
Il fallut bien deux générations pour que s’opère une transformation radicale des mentalités : A Lyon, deux tunnels successifs ont transpercé le flanc des vieilles collines. Celui de la Croix Rousse, qui a défiguré à jamais le quai Saint-Clair ; celui de Fourvière, qui a rendu l'ancienne capitale des Gaules aussi tristement célèbre que les bouchons d'autoroute, et dont la construction eut pour corollaire le saccage de la vieille place Carnot.
Au fil du vingtième siècle, les fleuves corsetés dans leurs quais sont devenus de simples passants, furtifs et pollués, tandis que 400.000 voitures s’entassent dans nos rues, posant des problèmes de stationnement aussi innombrables qu’irrésolus. En défigurant littéralement et quotidiennement la ville, la bagnole des particuliers aura, au final, rendu légendaire cet autrefois, où tout n’était pas rose, mais où le calme, le silence et la civilité, le rêve et la réflexion étaient encore un droit commun disponible à chacun, au coin de nos rues.
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mercredi, 10 octobre 2007
Antiquaille à vendre
Au temps de Pierre Sala, la mode était de posséder dans le jardin de sa villa quelque débris de l’Antiquité, sarcophage, morceau de colonnade ou épitaphe, témoignage exhumé d’un passé romain dont on ne cernait alors que fort approximativement les contours : en sa prestigieuse maison de Lanticaille se pouvait ainsi déchiffrer cette épitaphe latine, conçue de son vivant par un certain Claudius Rufinus : « et, puisque que ces lettres confiées à la pierre conservent le son de ma voix, ma voix vivra par la tienne, inconnu qui t’arrêteras sur ces lignes… ».
L’épitaphe de Claudius Rufinus, d’une hauteur de 90 cm, est l’un des plus célèbres et des plus anciennement connus. Il séjourna dans la maison de Sala, devenu couvent des Religieuses de la Visitation , jusque vers 1809, date à laquelle on le transporta au musée de Lyon. On peut l’admirer actuellement au musée de la Civilisation gallo romaine.
En 1629 les sœurs Visitandines de Bellecour firent l’acquisition du domaine qu’elles transformèrent en couvent. Elles lui adjoignirent une chapelle, un cloître et plusieurs corps de logis. L’une d’entre elles fut convaincue, en y découvrant un cachot, que les martyrs lyonnais, au premier chef Saint Pothin, le premier évêque de Lyon, y avaient été incarcérés :
« Je me trouvais en dormant pénétrée d’une grande dévotion pour Saint Pothin.(…) Et je vis tout le devant du cachot de Saint Pothin revêtu de fin or, et au dessus du cachot un trône d’un éclat et d’une beauté admirables, et ce saint évêque assis dessus déclara : Ma fille, je suis en ce lieu d’une présence particulière pour assister de ma protection tous ceux qui m’invoqueront », écrit-elle dans un mémoire. C’est cette religieuse qui est à l’origine du culte de Saint-Pothin martyr.
En 1796, la vente des biens nationaux livra le bâtiment à divers propriétaires, avant que la ville ne le réunît à ses Hospices Civils pour y abriter ses aliénés de 1806 à 1876, date à laquelle on ouvrit l’hôpital psychiatrique de Vinatier. Une rotonde demi-circulaire de style toscan fut alors construite sur vingt-huit colonnes de pierre. En raison du type de malades qu’elle hébergeait, elle reçut une appellation spéciale jusqu’à sa démolition : la rotonde des folles.
On a souvent prétendu que dans l'Antiquité se dressait à l'emplacement de l'Antiquaille le palais impérial qui aurait pu servir de villégiature à Auguste, Caligula, Domitien, Sévère, Albin lorsque ces empereurs séjournaient à Lugdunum. Cette légende a nimbé le bâtiment d'une aura toute spéciale. On rajoutait que rois de Bourgogne puis ducs se Savoie l’auraient investi ensuite tour à tour. On a supposé que l’empereur Claude y était né, que ses bâtiments abritaient le caveau où l’évêque Pothin fut incarcéré juste avant son martyre. L'Antiquaille s'est retrouvé ainsi au centre de nombreuses légendes. La littérature a pris le relai. Dans l’un de ses romans les plus célèbres, Place des Angoisses, l’écrivain Jean Reverzy met en scène cet hôpital où médecine, archéologie et religiosité cohabitent, et dans lequel il effectua son externat en 1934, sous la férule du professeur Joberton de Belleville :
« Je ne m’étais pas douté que l’hôpital fut si vaste. Le cortège cheminait dans d’immenses bâtiments désaffectés, gravissait des escaliers, franchissait des passerelles au-dessus de jardins aux murs de pisé hérissés de tessons de bouteilles. Le train ne ralentissait pas, et je me demandai où finirait cette marche folle. Cependant, à la sortie d’un défilé enjambé par des voûtes, la troupe s’engouffra dans une salle où quatre rangées de lits tendus de rideaux blancs s’étiraient jusqu’à de hautes fenêtres ouvertes sur le ciel vide. Une centaine de femmes y étaient couchées, dont seules les têtes émergeaient des draps. Le cortège, à même vitesse, défila entre les rangées centrales, puis, après une hésitation en tête, ralentit sa marche, se resserra et enfin s’aggloméra autour d’un lit au montant duquel le Professeur s’appuya des deux mains pendant qu’une religieuse poussait derrière lui une chaise où il se laissa tomber. »
Il aura été dans la destinée de l’Antiquaille de passer par toutes les phases de la fortune : Résidence d'empereurs et cachot de martyrs sous l'Antiquité, palais de rois au Moyen Age, cabinet de curiosités antiques au XVIème, refuge d'aliénés au XIXème, hospice romanesque au XXème : chaque siècle aura donc eu son Antiquaille; une antiquaille à son image, dans le pire comme dans le meilleur des cas. Le notre, qui ne répugne pas à transformer ce lieu de mémoire, de légende et de soin en une résidence privée avec vue tranquille et privilégiée sur la ville, doublé d'un centre commercial et culturel ne déroge pas, on le voit, à la tradition. Pour le pire ou pour le meilleur ? Chacun reste juge.
08:25 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : lyon, écriture, actualité, société, politique, immobilier |