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lundi, 05 novembre 2007

Le novembre des canuts : Premières dérobades

Depuis le début de l’automne 1831, la somme des impôts exigée à la classe ouvrière de Lyon s’étant trouvée triplée, voire pour certains cas quintuplée, les maires de Lyon et des communes environnantes avaient signalé au préfet en place, Bouvier du Molart le risque imminent de troubles à la tranquillité publique. A titre d'information, les salaires, pour les compagnons tisseurs, n’excédaient pas un franc par jour, quand le kilo de pain valait en moyenne 0,40 franc. Et de fait, dès le 8 octobre 1831, fut convoquée une première assemblée générale de chefs d’ateliers ; on y divisa en 40 circonscriptions la ville de Lyon et ses faubourgs, ce qui permit de répartir les 8000 chefs d’ateliers d’alors en sections de 200 chefs d’atelier. Leur revendication principale était de contraindre les fabricants à augmenter le prix de la façon.

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 Le 10 octobre une nouvelle assemblée  exigea que fût créée une commission permanente de négociants et de chefs d’atelier. Deux jours plus tard, avec l’aide de l’adjoint au maire de Lyon Boisset, qui jugeait utile l’établissement d’un tarif au minimum pour le prix des façons, vingt deux commissaires furent désignés pour siéger dans la Commission du Tarif et établir ce tarif dans l’intérêt commun des deux parties, chefs d’atelier et négociants. Le 16 octobre, le préfet recevait une adresse de la part de cette Commission, laquelle était lue dans les assemblées générales de chefs d’atelier. Le 18 octobre, la Commission Centrale était reçue par Bouvier du Molart à la préfecture de Lyon, située encore placeCoste_598_000.jpg  des Jacobins (voir gravure), tandis qu’un cortège de 150 compagnons défilait en chantant la Marseillaise dans les rues du plateau de la Croix-Rousse. Le 21 octobre, sous la présidence du préfet, en présence des maires de Lyon et faubourgs, se tint une première réunion qui promit de fixer le tarif avant le 1er novembre. Quatre jours plus tard, le 25 octobre 1831, tandis que la Commission rencontrait à nouveau le préfet pour signer le tarif qui venait d’être voté, un cortège de 6000 compagnons et apprentis s’avançait en silence vers la place des Jacobins, « sans armes ni bâtons ». Selon le journal le Précurseur : « c’était à la fois l’ordre et le désordre et, dans le désordre même, il y avait le calme et la régularité d’une organisation qu’on eût difficilement supposée dans une manifestation d’ouvriers. »

 

En cette journée du 25 octobre 1831 le préfet Bouvier Dumolard pouvait écrire au Président du Conseil  : « J’ai joué dans cette grave circonstance le rôle de médiateur et de conciliateur. Ma voix a été entendue. Une augmentation considérable a été librement consentie. Je suis dix fois plus fort que je n’étais ce matin, et je vous réponds de la tranquillité publique ». La population de la Croix-Rousse,quant à elle, fit la fête dans les rues de la colline jusque tard dans la nuit. On pouvait penser que tout allait revenir en ordre, et que les jours à venir seraient des jours de bonheur.

Lorsque fut affiché le placard du Tarif, le 27 octobre, une grande effervescence gagna la population.  On promettait son application pour le 2 novembre. Au même moment circulait un prospectus annonçant la création d’un journal par actions, « L’ écho de la fabrique, journal des chefs d’atelier ». Dans son premier numéro, daté du 30 octobre, L’Echo de la Fabrique livre un résumé des négociations en cours et annonce la création d’une « association générale et mutuelle de secours pour parer aux besoins de ceux qui manqueraient d’ouvrages par l’égoïste spéculation de certains chefs de fabrique, ou qui ne pourraient travailler en raison de maladies graves ou de malheurs imprévus ».  Cependant, de la Croix Rousse aux Terreaux, des rassemblements d’ouvriers impatients de voir la tarif promulgué appliqué par les fabricants, se déroulaient, chaque jour plus  nombreux. 

Mais le tarif voté tardit à être appliqué, les fabricants ayant usé de toutes les arguties pour le repousser. Une réunion des Volontaires du Rhône eut lieu le 1er novembre, présidée par le chef d’atelier Lacombe. Suite aux nombreux refus, voire dans certains cas aux menaces que quelques fabricants avaient déjà concrètement opposés à plusieurs tisseurs, le 2 novembre, des rassemblements d’ouvriers se déroulèrent à nouveau à la Croix-Rousse. Depuis le 31 octobre, une cinquantaine de femmes, découpeuses de châles, s'étaient réunies place des Carmes dans l’intention, disent-elles, de briser une mécanique. Pendant ce temps-là, les négociants utilisaient leurs amis parisiens pour persuader le président du Conseil, Casimir Périer, de l’illégalité de ce nouveau tarif, dans lequel ils feignaient de ne rencontrer que leur future ruine. Le 3 novembre, la grogne monte encore d’un cran : compagnons et apprentis menacent désormais tous ceux qui travaillent en deçà des prix fixés par le tarif de déchirer les pièces sur leurs métiers. La tension est partout sensible.

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Les délégués des chefs d’atelier commencent à perdre la direction du mouvement lorsque à leur tour, les compagnons décident de s’organiser en commissions. Le 4 novembre, Richan, maire de la Croix-Rousse, tente de raisonner les ouvriers. En vain. Le préfet Bouvier du Molart, de son côté, fait placarder un avis dans lequel il invite les « honnêtes gens à ne pas se mêler aux groupes afin de ne pas nuire à l’action répressive de la police » Au soir, un cortège se forme aux Terreaux. Des cris fusent : « A l’eau, la garde nationale ! Au Rhône, les artilleurs ! » Deux ouvriers en soie, un teinturier, un mousselinier (soit quatre ouvriers de la Fabrique ), deux pâtissiers, un boulanger, un tailleur, un voiturier et un ouvrier de la Manufacture des Tabacs, en tout dix personnes, sont arrêtées.


Le matin du 5 novembre, on pouvait lire un placard manuscrit sur les murs de la Croix-Rousse ainsi libellé :  

Avis aux ouvriers. Camarades et braves amis ! Il est temps que le régime du sabre bourgeois soit abattu, et rien n’est plus facile. Osons nous montrer ce que nous sommes et cette poignée de faquins qui nous opprime aura cessé d’exister. Qu’avons-nous à perdre ? Et eux, qu’ont-ils à gagner avec nous ? Ils ne peuvent que prendre notre place, et nous la leur. Ca les corrigera, les égoïstes ! Pendant que nous regorgeons, toi, peuple, meure de faim, voilà leur maxime !  

livraison-pieces.jpgCarnets du commissaire de police Bardoz : « A dater du 5 novembre, les ouvriers, excités par des meneurs, se réunissent à  nouveau. Leurs commissaires parcourent journellement les ateliers, prennent des notes sur le nombre d’apprentis et de compagnons, les qualités des étoffes fabriqués, les prix des façons pratiqués. Ils interdisent le travail  et menacent de vengeance ceux qui passent outre l’interdiction et continuent de travailler. On assure qu’ils ont porté l’audace jusqu’à couper des pièces d’étoffes des ouvriers qui travaillaient au-dessous des prix fixés par le tarif. Entre les commissaires syndics des ouvriers, le nommé LACOMBE se fait particulièrement remarquer par son activité infatigable à parcourir les ateliers. »

Le 7 novembre, le commissaire de police Rognon est informé « d’une manière positive que les ouvriers chapeliers, à l’exemple de ceux en soie, doivent se réunir à Perrache dans l’intention de faire augmenter leur façon. » On signale que « depuis le 1er novembre, il y a des réunions place Confort, n°5 et 16, où sont reçus des gens ouvriers ou de basse condition ». Or au numéro 16 habite Théodore Pitrat, rédacteur du journal carliste Le cri du peuple, et au numéro 5 un certain Glasson, républicain. Certainement," on cherche les moyens d’exciter encore plus les ouvriers à se révolter, à renverser les autorités pour tâcher de s’emparer du mouvement." 

Voici la manière dont le journal La Glaneuse (1) résume les événements du 25 octobre 1831 dans son numéro du 27: "Au soir, les ouvriers en soie ont obtenu de la préfecture un tarif, objet de leurs pressantes sollicitations. On dit que cette mesure de l'autorité suscite les plus grandes et les plus vives réclamations de la part des fabricants de notre ville. Espérons que notre industrie n'aura pas longtemps à souffrit de cet état de malaise, et que les deux  parties finiront par s'entendre." Et le journaliste de rajouter dans l'un de ses "glanes"  (brèves de l'époque) "que les ouvriers lyonnais qui meurent de faim se rassurent. MM. Jars et Prunelle  ( député et maire de Lyon) dînent à Paris avec des ministres!" 

Après les troubles du 2 et du 4 novembre, La Glaneuse consacre plusieurs articles à la situation qu'elle juge tendue et préoccupante. Non sans certains accents tragiques, elle ouvre même une souscription pour les ouvriers en soie de la Croix-Rousse, en appelant les Lyonnais à se montrer tout aussi généreux pour leurs compatriotes qu'ils l'ont été pour les Grecs et pour les Polonais :

"Si l'émeute fermente au sein de nos villes, lit-on dans le numéro du 6 novembre, si une classe utile et nombreuse souffre depuis longtemps, ce ne sont ni les fabricants ni les ouvriers qu'il faut accuser. Le mal vient de plus haut et date de plus loin. Il a malheureusement jeté de nombreuses racines , et ce n'est ni par des menaces ni par la force des baïonnettes que l'on parviendra à le calmer. La violence pourrait peut-être pousser le malheur à de funestes égarements. LYONNAIS ! Nous  qui nous sommes émus à des infortunes lointaines, nous qui avons tendu une main secourable à la Grèce et à l'héroïque Pologne, resterons-nous froids à l'aspect des souffrances de nos concitoyens, de nos frères ? Nous qui voulons aussi l'ordre public, mais qui sommes avant tout profondément affectés de l'affreuse position de la classe ouvrière, nous en appelons à tout ce qui porte un coeur généreux".

L'Echo de la Fabrique, pour sa part, qui en est à son deuxième numéro, écrit ceci : "Nous avons appris que le jour de la distribution de nos prospectus, quelques négocians les avaient déchirés sur la porte du Café du Commerce. Cette donquichotade ne nous a point surpris ; ces messieurs ont cru voir la verge d'Aaron prête à les frapper, et ils ne se sont point trompés. Nous ne pardonnerons point à ceux qui enfreindraient un tarif établi, ou qui, par des manœuvres frauduleuses, chercheraient à l'éluder."

On se souvient qu'un premier placard manuscrit avait été apposé dans les rues de la Croix-Rousse le 5 novembre, appelant les ouvriers, "camarades et bons amis" à abattre le régime bourgeois. Un nouveau placard, d'une écriture sensiblement identique, sera découvert le lendemain, apposé à plusieurs endroits, et ainsi libellé :

 

AUX OUVRIERS :

Il faut punir les traitres qui sans cesse usent de leurs armes pour opprimer l'inoffensif ouvrier qui n'en a pas. Que le feu soit mis à la maison ou au magasin du premier officiert qui conduira le petit nombre d'insensés gardes nationaux contre le peuple. Que lui-même soit ajusté comme point d emire et qu'il tombe ! Voilà les moyens à employer pour corriger une force brutale et sans raison qui veut (vivre ?) pendant que le peuple meurt de faim".

 

D'après le procureur général Duplan, les deux placards auraient pour auteur un seul et même individu, le sieur Mollard-Lefèvre. Cet ancien officier de l'armée impériale, devenu négociant en toiles, s'est déjà ilustré dix ans auparavant en créant en 1822 le Bataillon Sacré, une société qui s'était alors donné pour mission de renverser les Bourbons en prenant appui sur la ferveur napoléonnienne de la plupart des chefs d'atelier de la Fabrique lyonnaise. Depuis cette époque, Mollard Lefèvre est identifié par la police comme une sorte de professionnel de la conspiration, membre de différentes sociétés aussi secrètes qu'éphémères. En 1830, on le retrouve capitaine de la Garde Nationale à la Croix-Rousse, en train de constituer des bataillons mobiles en recrutant à nouveau parmi les chefs d'atelier. Contraint et forcé par le maire Prunelle et le préfet de police du Rhône, il dut renoncer à son projet publiquement et se désavouer par voie de presse sur le Journal du Commerce  (numéro du 29 octobre) Ce matin du 6 novembre 1831, donc, le commissaire-central écrit au préfet Bouvier Dumollard pour lui annoncer qu'il tient l'auteur des deux pamphlets affichés à la Croix-Rousse. Pendant ce temps, le maire de la Croix-Rousse charge un expert en écriture d'examiner attentivement les deux écritures afin de déterminer si elles sont de la même main. A titre d'élément de comparaison, il fournit à l'expert une lettre écrite par Mollard-Lefèvre au maire de Lyon, datée du 22 janvier 1831. Le seul problème, c'est que le dénommé Mollard-Lefèvre a quitté Lyon depuis le 9 octobre et qu'il habite Paris depuis le 14, à l'hôtel d'Orleans, passage des Messageries...

S'il faut en croire Mollard-Lefèvre, il était parti de Lyon le 9 octobre et habitait depuis le 14 dans cet hôtel parisien, passage des Messageries à Paris. Des témoins, cependant, avaient affirmé au commissaire central l'avoir vu à Lyon le jeudi qui précédait le jour où les placards avaient été affichés. Une perquisition fut ordonné à son domicile, afin de "découvrir tous objets hostiles au gouvernement et de les saisir." On ne trouva que des règlements d'associations patriotiques, des brouillons de lettres à la branche déchue du trône, et celui d'une autre adressée à Louis Philippe, prouvant que l'individu "ne répugne devant aucun rôle".

C'est ainsi que Mollard sollicite un emploi auprès du roi-citoyen et ajoute : « Si je suis abandonné, le besoin me fera tout entreprendre pour chercher à sortir de la position où je me trouve. » Une lettre de sa femme l'ayant de la perquisition à son domicile et qu'il se trouvait sous le coup d'un mandat d'amener, il se mit à écrire lettres sur lettres ; le 11 novembre au Roi et au Président du Conseil, le 13 au Procureur du Roi à Lyon, le 14 au garde des Sceaux, le 15 et le 17 au duc d'Orléans... « On a exercé à mon domicile la plus atroce des infamies, écrit-il à Casimir Périer. Je demande justice. »

Cependant à Lyon, l'instruction se poursuivait. Les experts en écriture chargés de reconnaitre si une même et seule main était bien à l'origine des deux pamphlets se montraient soudainement beaucoup moins affirmatifs,  évoquant une ressemblance frappante entre certaines lettres, mais des preuves par ailleurs insuffisantes pour incriminer Mollard-Léfèvre. Dans son journal, le procureur Duplan écrit : « Mollard-Lefèvre, ruiné, perdu de réputation, est depuis longtemps considéré à Lyon comme un de ces intriguants qui voulant sortir de la misère à tout prix,, ne reculent pas devant le choix des moyens, offrent leurs services à tous les gouvernements, et sollicicitent les missions les plus avilissantes. » Cette opinion négative rejoint celle du commissaire central qui note dans son rapport : « Ne connait-on pas l'auteur et l'écrivain des deux placards affichés à la Croix-Rousse ? N'est-il pas de ces hommes qui, n'ayant rien, veulent à quelque prix que ce soit devenir quelque chose, au milieu d'un bouleversement ? »

Pendant ces quelques jours, du 6 au 15 novembre, la concentration des forces de l'ordre sur un simple individu occulta de nombreux autres faits, de multiples autres agissements. Mollard-Lefèvre joua au fond, et à son insu, le rôle du bouc-émissaire. Il est certain que le ton des pamphlets s'accorde mal avec la juste-mesure des chefs d'ateliers, ni même avec celle des compagnons. Les placards étaient donc probablement le fait d'un individu isolé ou d'un original dans le genre de Mollard-Lefèvre. Il n'empêche : Pendant que ce dernier faisait diversion, le feu couvait bel et bien.  Et dans les ateliers et dans les cages de magasins, on ne parlait plus que d'une chose : les fabricants, oui ou non, appliqueraient-ils bientôt le tarif ?

A la fin du mois d'octobre 1831, le préfet Bouvier Dumolard peut se vanter, d'avoir en partie réglé l'épineux problème du tarif des façons. Sans doute même s'apprête-t-il à en tirer le profit politique le plus large; il devra bien vite déchanter devant l'attitude des marchands qui se fait de plus en plus provocante à l'égard de l'autorité politique dès le 1er novembre. Certains d'entre eux envoient les ouvriers rechercher de l'ouvrage à la préfecture; d'autres n'hésitent pas à pointer sur eux sur eux les pistolets. Le plus grand nombre refuse publiquement d'appliquer le tarif minimum que leur a imposé le préfet, soutenu en cela par la Président du Conseil Casimir Perier, qui leur fait savoir qu'à ses yeux, l'autorité politique n'avait pas à se mêler de la négociation.

 Chez les canuts, les compagnons, à la suite des chefs d'atelier, se mettent à élire des commissaires à leur tour. On voit bien que, contrairement à la légende, ils ne sont pas affamés, réduits aux extrêmes, aux abois. Et lorsqu’un certain nombre de fabricants ferment boutique, en refusant de les faire travailler (même au-dessous du tarif), les délégués des chefs d'atelier et ceux des compagnons commencent bel et bien à prendre la direction d'un mouvement politique et raisonné. C'est tout le système de la fabrique lyonnaise, lequel reposait jusqu'alors sur une collaboration entre les deux c0b9851738ef4e1c187d282cd6e79692e.jpglasses, qui se grippe, parce que ces deux classes découvrent qu'à l'aune de la réalité industrielle contemporaine, leurs intérêts communs (l'existence d'une fabrique prospère à Lyon) ont donné naissance à des intérêts (des fortunes) divergents. Chaque parti rejetant sur l'autre la responsabilité de la faillite du système, le politique se déclarant incompétent pour traiter l'affaire, les choses ne peuvent aller qu'empirant.  Aux yeux des canuts, les marchands-fabricants, gens avaricieux, arrogants et exploiteurs passent pour "des spéculateurs de la faim". Aux yeux des marchands, les ouvriers, gens nécessiteux, incultes et jaloux, ont l'air de dangereux "bons à rien". Entre le quartier du Griffon, la place Tolozan, le quartier où résident les millionnaires, et le haut des Pentes ou le plateau de la Croix-Rousse, où survivent vaille que vaille les gueux, le divorce est consommé dès les premiers jours du mois de novembre 1831, pour peu qu'il y ait jamais eu alliance véritable. Tel un marais, le sol se dérobe sous les pas du préfet. Lui qui s'était proclamé "l'ami des marchands" et le "père du peuple des canuts" voit en quelques jours totalement ruiné le crédit politique qu'il avait cru acquérir, au nom de l'autorité de Louis-Philippe, chez les uns comme chez les autres. Quant au maire de Lyon, Prunelle, il n'est toujours pas rentré de Paris et semble ne pas mesurer quelle importance cette affaire va prendre dans les semaines à venir.

(1)  La Glaneuse a paru à Lyon du milieu de l’année 1831 jusqu'à avril 1834. Le journal se voulait avant tout culturel, et peu attaché aux questions économiques, sociales ou politiques. Pourtant, l'insurrection de 1831 l'aura soudainement vu comme le plus virulent des journaux républicains. Il brocarde sans la retenue de beaucoup de ses confères le mercantilisme du juste-milieu orléaniste.

Sources : Fernand Rude, Le mouvement ouvrier à Lyon, Paris, 1944, Domat-Montchrétien et A. Kleinclausz, Histoire de Lyon, tome III, Lyon, 1952, Pierre Masson. Voir en lien le site consacré à Fernand Rude, ainsi que le catalogue de l'exposition « C'est nous les canuts ».

 

 

 

11:00 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lyon, société, politique, canuts, révoltes, histoire, culture | | |

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