samedi, 21 mai 2011
Jean Lacornerie à la Croix-Rousse
Jean Lacornerie, le nouveau directeur du théâtre de la Croix-Rousse, présentera lundi 30 mai et mardi 31 mai prochains, à 20 heures, la prochaine saison. L'entrée est libre. A cette occasion, je publie ce bref entretien que j’avais eu avec lui pour le journal l’Esprit Canut, au mois de février.
Jean Lacornerie a fait ses classes au TNS de Strasbourg auprès de Jacques Lassalle, dont il fut l’assistant de 1987 à 1990, et qu’il suivit ensuite à la Comédie Française. C’était le temps où on revisitait les classiques (Marivaux, Ibsen, Racine). Il a vécu la réouverture du théâtre du Vieux Colombier, à Paris, tout en fondant à Lyon la Cie Escuado. Depuis 2002, il a fait du théâtre de la Renaissance à Oullins un passage obligé pour tout amoureux du théâtre musical. Successeur de Philippe Faure, il s’installe à présent en ces terres croix-roussiennes qu’il connait bien pour avoir travaillé à la Villa Gillet.
Quel bilan faites-vous de vos années passées à Oullins ?
Un travail passionnant, qui s’est inscrit dans le long terme grâce aux liens tissés avec les spectateurs ! Ces liens étaient essentiels pour faire progresser le projet musical. Il y faut du temps. Peu à peu, le public est devenu curieux. Nous avons mélangé la discipline et le plaisir de l’invention. Neuf ans, c’est un vrai cycle qui s’achève.
Un autre débute. Quels sont vos projets pour la Croix-Rousse et ses 10 000 abonnés ?
Continuer le théâtre musical, bien sûr. Se tenir à la croisée de l’opéra, de l’opérette, de la comédie musicale américaine, du music-hall, du théâtre. Et maintenir l’identité puissante de création et de diffusion qu’y a laissée Philippe Faure. La saison prochaine, on accueillera par exemple Les Misérables d’après Hugo.
Qu’est-ce qui vous donné le goût de ce théâtre musical ?
J’ai toujours été attiré par l’opéra. J’ai été stagiaire à celui de Bruxelles, un des premiers qui s’ouvrait à la mise en scène. C’est un monde où les règles de travail sont très strictes. Et je trouve que le va-et-vient entre théâtre et musique est un champ à explorer, où il y a beaucoup à faire. On y mélange des savoir-faire, ce qui apporte émotion et énergie, et relève vraiment au fond de la tradition populaire.
Philippe Faure avait tenu à rebaptiser Maison du peuple le théâtre de la Croix-Rousse. Ça tombe bien. L’enjeu est grand, tant la place occupée par cette scène dans la ville est vive et originale. On souhaite à Jean Lacornerie, dont la prochaine saison porte la signature, beaucoup de réussite et de succès auprès de son nouveau public.
09:48 Publié dans Des pièces de théâtre | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : lyon, littérature, théâtre, jean lacornerie, théâtre de la croix-rousse |
jeudi, 19 mai 2011
La valeur de DSK
Un million de dollars ! Cinq millions : voilà, tout est dit. Combien de vrais marlous et de véritables grisettes capables de verser de telles cautions ?
Eclatant. Comme le pouvoir des réseaux. Un million de dollars de caution, cinq millions de dépôt de garantie, sortis rubis sur l’ongle par la bonne Anne aux yeux clairs de 7 sur 7, pour libérer le mentor à qui la gauche française songeait à confier son pitoyable destin, et qu’elle continue de protéger tant elle a cru au storry-telling strauss-kahnien. Sans se rendre compte que plus elle le protège, et plus il l’entrainera dans son naufrage ubuesque, au yeux d’un électorat cette fois-ci sur les dents.
Strauss-Kahn, ou la morgue de ceux qui savent qu’avec l’argent, les réseaux, on peut jouer avec la vie des autres impunément, jouer des rôles, endosser des personnages, et se remplir les poches à satiété, entraînera-t-il dans son naufrage ubuesque et ridicule le parti mitterrandien d’Epinay dont on se demande comment il avait survécu jusqu’à aujourd’hui ?
Non, décidément, cette gauche vendue qui ne fonctionne plus que sur l’empathie des images et la communication osera-t-elle nous faire accroire qu’elle tient là son martyre ? La prude Martine et le normal François ont du pain sur la planche…
L'été dernier, Bettencourt et Woerth, cette année Strauss-Kahn et le PS : quand la planche de la balançoire est pourrie, elle l'est sur sa droite comme sur sa gauche. Sur quoi l'elécteur peut-il encore poser son cul ?
23:10 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (33) | Tags : politique, ps, dsk, socialisme |
mercredi, 18 mai 2011
De loin
Un peu loin de tout ça, vraiment. Des images du monde et de son chaos. Cela fait paradoxalement du bien. Ce recul, tout en finesse. Sentiment affirmé qu’une violence inouïe, injustifiée, dérègle de plus en plus les relations entre les individus.
A l’hôpital on prend soin. Un mode de vie, un emploi du temps, une attention à l’essentiel qui aura traversé les siècles, les âges et les modes, quand j’y pense, qui n’aura, malgré les incroyables progrès technologiques, guère changé, lorsqu’il s’agit de rendre le corps à son repos naturel, l’esprit à la plénitude de son vide, de restaurer le temps.
J’ai retrouvé ce lieu au sein duquel j’avais longtemps travaillé autrefois, comme s’il m’était demeure familière. Ce qui m’a beaucoup surpris. Et beaucoup aidé, sans doute.
Cet univers m’est familier. Son silence. Son attention à l’essentiel, on ne le dira jamais assez. Ses odeurs. Et même ses bruits. Ses paroles.
En le quittant, on m’a dit « au revoir monsieur », et moi j’ai dit «au revoir madame », « au revoir monsieur » à des gens qui, parmi toute une succession d’autres -une chaine humaine, une communauté de soins -, avaient contribué à me sauver la vie.
Rien moins que ça. J’ai l’impression qu’il y aura un avant et un après.
En retrouvant le monde extérieur, il m’a semblé rentrer par deux orifices, qui seraient mes yeux, dans une sorte de boite creuse et close, lointaine.
20:12 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature, hôpital |
Lyon, la rose, la soie,
Ce soir, Pierrick Eberhard (journaliste, historien), Christophe Ferry (du jardin botanique de Lyon) et Pierre Bonetto (designer textile) donnent une conférence, Lyon, la rose, la soie, au cinéma Saint-Denis, 77 grande rue de la Croix-Rousse à Lyon. Cette conférence est présentée par l’Esprit Canut. Prix d’entrée 5 euros.
16:49 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : lyon, esprit canut, cinéma saint-denis |
mardi, 17 mai 2011
Solko, le retour
Je n’aimerais pas être cette humble femme de ménage qui va se retrouver avec quatre avocats sur le dos, prêts à fouiller dans tous les aspects de sa vie pour aligner des raisons sordides de prouver à une cour de justice qu’elle est nymphomane ou menteuse. Tout ça pour sauver ce gros con de DSK, un bringueur complètement déconnecté du Réel. Cela étant dit, rideau : les déboires du patron du FMI ne m’intéressent pas plus que ça.
Je viens d’essuyer un revers de santé qui m’a inopinément fait redécouvrir l’univers de l’hôpital, un univers où des gens modestes et mal payés - et autrement plus riches que tous ces idiots – bossent encore avec une sorte de ferveur, pour tirer d'affaires des gens eux aussi la plupart du temps modestes et mal payés. Et ça, c'est un aspect de la réalité autrement plus tonique, vivifiant, heureux.
Content cependant d’en être sorti aujourd’hui et de retrouver, entre autres, les lecteurs et les commentateurs de Solko.
16:20 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : solko, retour, actualité |
lundi, 09 mai 2011
Quelque chose de Mitterrand
Ah, le socialisme à la Tonton ! Impossible de ne pas jeter un regard ironique sur les festivités naphtalinées qui vont encombrer la télé cette semaine à l’occasion des Trente ans du 10 mai 81 ! S’agit-il, avec ce « Quelque chose de Mitterrand », de tenter de susciter des désirs d’alternance et de mythifier la non-histoire du PS français à l’heure où DSK qui débarque en Porsche voudrait que les clés du pouvoir fussent dans la boite à gants ? Le PS, comme l’UMP, n’a jamais été autre chose qu’une machine électorale, un raconteur d’histoires assez simpliste. Changer la vie, disait-il sublime, forcément sublime…
Depuis l’été, la stratégie d’Aubry se borne à expliquer aux Français que leur seul problème, c’est Sarkozy. De marteler que ce qui clocherait chez ce président, c’est sa personne. Une certaine partie de la droite, celle où l’anti-sarkozisme est le plus véhément, lui a prêté main-forte. L’idée est ainsi passée via les medias dans de nombreux esprits. La suite logique de cette première idée, c’est qu’il suffirait de changer la personne pour continuer à sa place la même politique. CQFD.
C’est alors que DSK pointe le bout de son nez avec son expérience de gouvernance économique mondiale incontestable, patron du FMI, pensez-donc ! Les Moscovici et autres Cambabélis apparaissent, au simple nom de Dominique, comme des chats en rut.
On croit les voir déjà à cet instant où, l’Elysée en poche, ils useront de l’expérience de Dominique au FMI comme d’un argument d’autorité pour affirmer, la main sur le cœur, que, tout socialistes qu’ils soient, la seule politique réaliste pour le peuple français sera une politique de rigueur. Parlez-en voire aux Grecs !
Par rapport à ce futur qu’ils espèrent proches, ce lointain passé de mai 81 qu’on célèbre sur toutes les chaînes comme si c’était un événement fondateur se voudrait un âge d’or.
Mitterrand lui au moins était cultivé, entend-on ça et là.
A ce point, il faut reconsidérer l’argument de la non-culture du président actuel, que le récent livre de Franz Olivier Gisbert, M. le Président et le film La Conquête, qui va sortir bientôt, replace à nouveau sur la table, et qu’on a l’air d’opposer à la prétendue culture de François Mitterrand.
Denis Podalydès, interprète de Mitterrand dans Changer la vie
00:17 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : mai 81, mitterrand, politique, denis podalydès |
samedi, 07 mai 2011
Français, vieux et moyen
Dans le bœuf, le morceau qu’il préférait était le manteau, le nom qu’on donnait dans son quartier à la hampe. Comme le morceau n’est pas si gros, il se rendait chez le boucher dès l’ouverture, pour assurer sa part du jour avant que les mères de familles nombreuses ne fassent la razzia.
Il ne ratait jamais le tirage de l’Euromillions. Parmi les dates des grandes victoires napoléoniennes, il avait choisi plusieurs numéros pour figurer les chiffres et les étoiles à cocher sur les grilles. Comme il ne jouait jamais, il guettait toujours sur l’écran la chute des boules, avec au ventre la peur que sa martingale sortît. A la fin, il poussait toujours un ouf de soulagement en constatant que sa combinaison n’était pas tombée. Ne l’ayant pas jouée, il s’estimait remboursé. Et le lendemain, buvait un verre de Viognier à la santé de cette putain de Française des Jeux, heureux, au PMU du coin.
Sitôt quitté le collège, il n’avait plus lu aucun roman. Durant son existence, il n’avait d’ailleurs terminé que peu de livres : quelques essais de libres penseurs l’avaient intéressé dans les années soixante, mais à présent qu’il s’approchait de la vieillesse, il songeait qu’il était inutile de se brûler les yeux pour si peu.
Sa vie professionnelle avait filé sans brio, lui assurant juste la possibilité de traverser les temps de crise sans trop manquer, comme disaient jadis les braves gens qui l’avaient élevé et qui tous étaient morts. Mais sans non plus lui permettre de se mettre à l’abri. Le soir, avant de s’endormir, il entendait les quelques piétinements de Milou parmi la paille, dans le vieux fourneau qui lui servait de table de nuit et se murmurait en lui-même qu’au fond, ça n’avait pas été si mal d’être un rond de cuir, que ça aurait pu être pire.
Lorsque durant ses promenades, il croisait une bande de jeunes, il s’étonnait formidablement du fossé vaste qui désormais le séparait d’eux. Les vieux de sa jeunesse ressentaient-ils cet écart aussi vivement ? Ce qu’il avait pris jadis pour de la morgue ou du dédain, il comprenait à présent à quel point ça tenait de quelque chose d'imperceptiblement métaphysique : n'était-ce pas lié à cette chose que sans se l’avouer, depuis la disparition de sa vieille cousine (dernière de la famille à l’avoir ainsi quitté) il attendait à son tour ?
Les milliards de petits pas qu’il avait effectués sur l’asphalte chaque jour de sa vie compteraient-ils beaucoup plus que ceux de Milou sur la paille ? Savoir ! Au fond, l’existence de cet homme avait quelque chose de romanesque qui lui appartenait en propre mais que ni lui, ni aucun de ses semblables n’écrirait jamais. Ce romanesque tenait certes du désenchantement qui s’était saisi de toute sa génération vers la fin du siècle dernier, devant la fadeur décrétée du Réel. Mais aussi, sans doute, d’une capacité inébranlable à maintenir vivant en lui une sorte d’illusion de grandeur, qui le rendait au soir de sa vie aussi imbécile qu’heureux.
00:45 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : littérature, france, société, politique |
vendredi, 06 mai 2011
Les quotas de la FFF
Laurent Blanc se repose dans un palace à Merano. Ça fait dix ans, paraît-il, qu’il est un habitué des lieux. Il s’est senti blessé, meurtri (dixit la ministre des sports Jouanno) parce qu’on a sous-entendu publiquement qu'il était peut-être raciste. Pauvre petit chou, trop sensible, l'entraîneur ! C’est comme ça, les enfants de la télé. C’est ben vrai qu’être raciste, c’est très vilain ! Bouh le méchant entraîneur de l’équipe de France. Pas un exemple dans les banlieues incultes.
Depuis qu’il porte des lunettes, la boule à zéro, et ne tape plus dans un ballon, le sot Thuram se prend pour un penseur, un justicier (qui songe peut-être à une recon version politique), et il condamne : « Je ne peux accepter la discrimination des enfants de 12 ans ! » Accepter ! Dame ! Je ne peux ! Dans quelques années il sera bon pour la béatification. C’est bien. Lui n’est pas raciste ; c’est un gentil. Comme Noah. Qu’on se le dise.
L'intransigeant Edwy Plennel, lui aussi un bienfaiteur des droits de l'homme, devrait l’embaucher pour écrire dans son torchon de Médiapart. Il n’aurait sans doute pas les moyens de le payer, remarquez bien. Car Thuram, c’est la même espèce que Blanc, sans jeux de mots : ça pionce dans les palaces.
Me demande combien coûte une pige de Thuram, si creuse soit-elle de tout atome pensant. Il paraît qu’Eugène Saccomano, qui est quand même une vieille gloire du foot, prenait, lui, 3000 euros les 30 lignes durant la dernière coupe du monde. Le Thuram, ça doit être quinze fois plus, non. Eh, c’est que c'est de la viande de champion, comme Laurent ou Christophe. Nous f'rait un bon p'tit ministre des sports sous DSK ça, non ?
Christophe Dugarry de son côté proteste évidemment. C’est comme aux échecs, dorénavant l'équipe de 98 : les Blancs contre les Noirs. N’en déplaise au président de SOS racisme qui va bientôt pouvoir intenter un nouveau procès médiatique. Les avocats s'en frottent les mains. Le Zidane, lui, après avoir empoché son chèque du Qatar et s’être refait on ne se sait combien de fois recycler de sang dans des cliniques suisses, il y a encore des cons dans ce pays, comme Emmanuel Petit qui « l’implore » pour attendre ce qu’il a à dire. Pauvre France ! Rien à dire, le Zizou. Tout à empocher. On le sait depuis longtemps.
La seule chose sensée que j’ai entendue sur cette affaire sans intérêt, c’est Hervé Gatteigno, le rédacteur en chef du Point qui l’a dite : « Mais quand Zidane a gâché la finale en 2006 avec son coup de tête, est-ce qu'il représentait les Français ? Quand Deschamps, en 1998, a dédié la victoire des Bleus à Bernard Tapie, est-ce qu'il l'a fait en notre nom à tous ? Non. À vrai dire, l'équipe de France n'est pas plus la vitrine de la France que le groupe Renault, empêtré dans sa minable affaire d'espionnage bidon, ou que le film Bienvenue chez les Ch'tis, une farce assez navrante. » L’interview complet ici. Ci-dessous, Moustache, dans le rôle du probe reporter.
14:14 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : laurent blanc, quotas, fff, mediapart, hervé gattegno, football, politique, équipe de france |
Le socialisme dada
Alors que Sarkozy est au plus bas dans les sondages, les candidats socialistes s’étripent et se montrent incapables de saisir leur chance en dégageant en leur rang un chef légitime capable d’incarner le pays. Chacun pense à sa pomme, révèle son intérêt propre, son incapacité à rassembler, et tous perdent une occasion précieuse devant l’opinion de montrer l'unité du parti derrière un candidat. Qu’en serait-il dans une circonstance moins favorable ? On se le demande ! Cela s’appelle laisser passer sa chance, quel fiasco ! Un tel spectacle n'a rien d'étonnant, cela dit, pour ceux qui se souviennent du deuxième septennat de Mitterand durant lequel ces gaillard(e)s firent leurs classes, et de la décomposition générale qui s'en suivit.
A moins qu’un candidat type Mélenchon ou Chevènement effectue une percée crédible, ce qui est peu probable au-delà d’un succès d’estime au premier tour, je crois pouvoir dire que mai 2012, c’est plié.
10:07 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : politique, socialisme |