vendredi, 16 septembre 2011
Je déteste les français.
« Je déteste les Français », vient de déclarer Jacky Kennedy dans une confession posthume qui est rendue publique avant de donner matière à ... un livre. « Ils ne sont pas très gentils, ils ne pensent qu’à eux ». Dont acte. Surtout De Gaulle, qu’elle trouve « méchant ». L’ancienne première dame n’est pas tendre non plus avec Indira Gandhi jugée « amère, arriviste, affreuse », ou Luther King qu’elle trouve « bidon ».
Me demande ce qu'elle dirait à présent, de Sarkozy, Hollande, DSK et les autres clowns. Ou d'Obama, Merkel, Cameron. Tendre l'oreille : Un autre air du temps à humer, un autre parfum à saisir. Pas sûr que ce soit moins malodorant. Ci-dessus Jackie Kennedy (Lee Bouvier de naissance) icone, s'il en fut, des années soixante, avec son célèbre tailleur, ses lunettes et son fichu.
12:20 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : jackie kennedy, confidences, années soixante |
lundi, 12 septembre 2011
Le théâtre de Redonnet
Comme nous l'apprend l'incipit de la première nouvelle, laquelle sert de prologue à tout le recueil, ce théâtre des choses est avant tout un programme narratif : rendre aux lieux, aux climats et aux paysages leur existence littéraire, dont on sent bien que d'après l'auteur de Géographiques, trop de récits contemporains font l'économie. La neige de l'hiver polonais et l'océan du printemps rhétais forment ainsi les deux côtés, cour et jardin, du théâtre où se déroulent, de plaines en forêts, les dix nouvelles, sans qu'on sache parfois, comme dans ce passage de Resurgences, où vraiment l'on se trouve :
"L'illusion était d'ailleurs parfaite, avec un ciel turquoise que j'apercevais par les trouées entre les cimes des pins, les petits crépitements de l'écorce sous l'effet de la chaleur, les gros amas d'aiguilles des fourmillières, le bruissement nerveux d'un peuple invisible d'insectes et, à une dizaine de mètres seulement, l'eau bleue des méandres du Bug (...) Oui, on eût pu s'imaginer, dans cette attitude, être sur une plate-bande maritime, n'eût été ce silence continental, sans jamais le moindre roulement de vagues."
Mais si le narrateur revendique explicitement sa dette auprès de Maupassant, et à une forme de nouvelles trop souvent dites réalistes, l'économie poétique du recueil feint seulement de songer à y revenir : Ah sans doute était-ce le bon temps, ce temps des rivières à l'eau claire, où raconter une petite histoire, une historiette, quelque chose en effet comme une nouvelle ou une chanson, c'était interesser un peu la grande histoire, celle avec un terrible H majuscule ! Tous les lecteurs n'acceptaient-ils pas d'être encore complices de cette belle illusion, laquelle nourrissait encore son écrivain ? Ni la Grande Guerre ni la Shoah n'étaient passés par là, et l'on pouvait encore, comme on met la sardine en boite, mettre en récit le loup ou l'assassin.
Car l'auteur se livre dans son recueil à un drôle de jeu ; on se souvient de la question posée par Adorno : comment écrire un poème après Auschwitz ? Au moment de clore son recueil, Redonnet a l'air soudain de la reprendre à son compte : comment écrire une nouvelle après Lomazy et, pour aller jusqu'au bout de la logique sous-tendue par la chronologie du recueil : comment se plier sans malice à la tradition littéraire du dix-neuvième après le désastre du vingtième ? Devant le raffut des temps présents et l'inénarrable dont ils procèdent eux aussi, mener l'enquête, fignoler la fiction, soigner le style, bref, faire du Maupassant, tout ça n'est-il pas non plus, par delà le fameux mensonge romanesque, qu'une sale idée ? Ainsi, lorsque le narrateur du recueil feint de se plaindre non plus du vertige de la page blanche, mais de celui de l'écran vide, est-on tenté de relire à l'aune de cet étrange dénouement tout ce qui précède d'un autre oeil : dans ce qui pouvait apparaître comme des exercices de style ou de brillants pastiches, on retrouve alors un cheminement qui pas à pas dit le mal dont souffre l'auteur, celui de ne pouvoir écrire en effet comme Maupassant, non qu'il n'en ait le talent, mais qu'il vit tout simplement un autre temps, en un autre théâtre des choses. C'est bien là, me semble-t-il, ce qui justifie l'existence de ce petit livre à l'arôme de cognac Fine Champagne dans cette rentrée littéraire : être en fin de compte, et quoi qu'on en pense, terriblement de son temps.
B. Redonnet : Le théâtre des Choses, 10 nouvelles de France et de Pologne, chez Antidata, 9 euros.
07:18 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : littérature, redonnet, antidata, le théâtre des choses |
dimanche, 11 septembre 2011
Larmes
Une certaine tradition a fait de la souffrance une manière réputée sublime de se frotter aux autres et presque privilégiée d'être au monde.
De l'expérience que j'ai pu faire de la souffrance, à quelque niveau que ce fut, j'ai pu constater qu'elle n'est en réalité que le ressort puissant au désir d'y mettre fin, et que la sublimation de la souffrance ne manifeste jamais qu'une posture morale, intellectuelle ou esthétique, quand la véritable plongée en ses eaux troubles ne constitue en réalité que le commencement du triste et inévitable acte de mourir.
Man Ray, Larmes, 1929
09:50 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : man ray, larmes, littérature |
samedi, 10 septembre 2011
Become a cop
De quoi inspirer nos politiciens de tous poils qui ne songent qu'à recruter du fonctionnaire : la campagne à lieu en Nouvelle Zélande. "Toi aussi, dit l'affiche, tu peux faire un truc extraordinaire : deviens un flic". C'est-y pas beau tout ça ?
15:28 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : new zeland, politique, police |
lundi, 05 septembre 2011
Jusqu'à Verlaine même
O bruit doux de la pluie,
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
ô le chant de la pluie...
A chaque fois qu'il pleut (j'entends de cette pluie fine, longue, régulière), ces vers me reviennent en mémoire - et le temps des récitations qui vont avec, celui des saisons, de la permanence, ce lien indéfectible de la parole... J'ai la sensation que dans cet ennui de la pluie il y a tout, tout comme dans la clé qu'on palpe rassuré en sa poche, une simple clé, s'apprécient déjà la porte qui s'ouvre, le corridor et ses parfums, le salon et ses moulures, les bocaux de confiture, etc, etc... Car la bruine de cette strophe et des sons qu'elle fait choir mélodieusement appelle vraiment un mouvement de la pluie qui, certes, séchera mais pour l'instant crépite mezza voce par la fenêtre entrebaillée en direction de ce soi qu'on sait, certes, condamné, mais qui dure et se prolonge pourtant, vers l'intérieur, vers l'immuable de ce son auquel ne se compare vraiment que celui de la vague quand on est allongé au rivage, son qui se fout des hommes et du temps si bien que jusqu'à Verlaine-même la pluie de ce soir peut entraîner mon esprit ( bien au-delà de cette année - celle de mes douze ans je crois où l'on m'a contraint d'apprendre ce poème), et par le biais de Verlaine vers la permanence d'un sweet home véritable fabriqué de sensations multiples et bien nommées, qu'importent les toits successifs et les adresses de passage, vrai soi, ennui, ô le bruit de la pluie...
cha
08:18 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : littérature, verlaine, poésie |
dimanche, 04 septembre 2011
Place des Vosges
La place des Vosges a frémi ce matin au vu d’un événement historique : un sexagénaire aux cheveux blancs, escorté de son épouse aux cheveux teints, une milliardaire en jeans qui ne le lâche plus où qu’il se rende, est sorti d’une voiture pour rentrer chez lui. Depuis plusieurs mois, le moindre de ses pas, à en croire les agences de presse, est un fait d’actualité majeur : Que boit-il ? Que mange-t-il ? Va-t-il bien, comme on disait jadis en parlant du petit coin au fond du jardin ? Louis le Bien-Aimé, sur sa monture, en est encore tout esbaudi.
Qu’il se trouve à New York, Washington ou désormais Paris, l’essentiel des activités sociales de cet homme, comme jadis les ducs de leur chaise à porteurs, consiste à s’extirper d’une voiture aux vitres fumées afin de pénétrer furtivement derrière une porte hâtivement refermée. Le peuple regarde. C’est une chose étrange que la banalité sanctifiée par toutes les agences de presse d’un tel acte, et personne ne sait à vrai dire à quoi ni à qui sert la représentation d'une telle pantomime, ni combien coûte une seule journée de ce triste sire, en train d’incarner à lui seul le vide à la fois dérisoire et sidérant de la société du spectacle.
10:50 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : dsk, politique, place des vosges, société du spectacle |
Se coucher...
Quand, sur le plateau de Ruquier, une pétasse explique que « Shakespeare parle de cul et est hyper moderne » et un connard vante le théâtre des années 70 comme « une arborescence qui part dans tous les coins » en rajoutant que « Shakespeare était un mec amoureux de l’environnement », ou quand Martine Aubry se lance dans son antienne « La France va mal, la France ira mieux » sur l'air du moi je gère nous on change,on se dit que Naulleau manque pour interrompre « la promo » des uns et Zemmour la logorhée politicienne de l’autre, et que finalement on va aller se coucher bien vite... Pulvar et Polony semblent avoir clairement reçu pour carnet de route d'en finir avec la polémique frontale pour renouer avec le débat inoffensif. De nombreux artistes ainsi que de nombreux politiques vont avoir besoin d'une promo pépère cette année. Ruquier la leur offrira en bon Drucker, rubis sur l'ongle ; Ruquier, morne plaine : si le tout arrive à décoller, pas sûr que la formule light parvienne cependant à voler loin dans la saison.
09:53 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ruquier, pulvar, polony, onpc, télévision |
vendredi, 02 septembre 2011
Au prix de l'effroi
Habiter dans un vivant mensonge.
07:34 Publié dans Des pièces de théâtre, Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature |
jeudi, 01 septembre 2011
Faire des vagues
07:57 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : politique, guérini, prevost désprez, société |