Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 20 mars 2011

Europe : l'aube de l'Odyssée...

Harmattan, tel est le nom de la participation militaire française qui fut le prélude de « l’Aube d’une Odyssée » (Odysséy Dawn), l’opération dirigée par le Pentagone et enclenchée cette nuit contre Kadhafi. A présent, sur CNN, Al Jazeera, la BBC, on évoque la coalition en citant sans cesse « US, UK, France, Italy, Canada, » comme si l’Europe, une fois de plus, n’existait pas. 

L’un des effets de la crise libyenne aura donc été  de remettre les projecteurs sur les fissures du bâtiment commun de cette l’Union monétaire européenne tant vantée. Son «haut représentant », la baronne Catherine Ashton, qui avait brillé surtout par son indifférence pour les soulèvements des peuples arabes, est absente à nouveau du débat lui-même, tandis que Sarkozy, Cameron, Merkel demeurent les seuls leaders affichés de cette Europe face à Obama. Mais la chancelière allemande s’étant publiquement abstenue pour des raisons de politique intérieure, il n’était, là encore, guère possible d’étaler avec plus de brio les divisions du vieux continent.

Nous n’avons décidément en commun qu’une monnaie, laquelle n’apparait comme un facteur d’unité que sur les terrains économiques, financiers et fiscaux, à l’aune des crises successifs et des endettements : c’est peu, pour donner corps et cohérence à l’hydre à plusieurs têtes.

Dans le monde globalisé, cette Europe est un kaléidoscope tronqué dans lequel se reflètent les intérêts variés et variables de ses fragments mobiles. Et comme toujours, le « grand machin »  n’est guère convaincant…

 

00:04 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : lybie, kadhafi, odyssey dawn, politique, actualité | | |

samedi, 19 mars 2011

La catastrophe, c'est nous

Nous. Pas forcément les riches ou les pauvres, ceux d’ici ou ceux d’ailleurs, les ceci ou les cela, les mêmes qui seraient mieux que les autres, et les autres qui seraient meilleurs que les mêmes,  non, non, nous, nous, tous. Nous : Cet ensemble dément de 7 milliards de personnes, ce nombre obtenu par la grâce des excédents du capitalisme, et dépendant de lui, que ça leur plaise ou non, ces gens jaillis sur la planète, peuples devenus masse comme en terrain désormais dompté, assiégé, nous les prédateurs.

La catastrophe ce n’est pas l’eau, la terre, le feu, non, c’est bel et bien nous, ce nombre pour qui il fallut construire des autoroutes, des gratte-ciel, des cargos, des avions, des supermarchés et des centrales atomiques,  des couche-culotte aux cercueils par milliards, pour qui il fallut tout démultiplier partout, nombre fondu en cette désorganisation économique toute puissante, cette machine administrative sans borne, quittant, oui, ayant quitté « la maison natale », terre, la conscience de cette maison, nous, la catastrophe que nous sommes devenus, qui ne voulons plus mourir jamais à coup sûr mais consommer : « détruire, dit le Petit Robert, détruire par l’usage ». 

foule.jpg


08:36 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : société, politique, japon, actualité | | |

vendredi, 18 mars 2011

Vingt et unième siècle

Le dix-neuvième siècle a commencé en 1815 à Waterloo.  Le vingtième en 1914 à Sarajevo. 

Il se peut bien que le vingt et unième commence en ce moment sous nos yeux aussi horrifiés qu'impuissants, quelque part sur la côte du Japon.

1403_accident_nucleaire_japon_.jpg

© (Yuriko Nakao/Reuters)

 

 

12:06 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : japon, nucléaire, tokyo, catastrophe | | |

mercredi, 16 mars 2011

Liquidateurs

Le mot existe (dit le Robert) depuis 1791.  Il désigne la personne chargée de procéder à une liquidation, principalement judiciaire. Il a fallu la catastrophe de Tchernobyl pour que le mot se charge d’une connotation nouvelle, tragique.  Une page entière sur WIKIPEDIA.  Depuis 1986, on n’en parlait plus.

Liquidateurs. Drôle de terme. Drôle de situation.

De nouveau, ils entrent en fonction. Des purs produits, pour le coup, de nos sociétés. Liquider Tchernobyl, comme on liquide une société en faillite. Aujourd’hui Fukushima. Liquider l’imprévoyance, le péril. L’angoisse des autres, la peur du monde, la panique des Bourses.  Sauver le nucléaire civil et tout ce qui va avec, les 80% d’électricité française entre autre, protéger les vies humaines, certes, et puis les équilibres géopolitiques. Héros sacrifiés, martyrs anonymes, épiques comme Homère lui-même ne l’aurait jamais imaginé. Le nombre, autour d'eux, notre grand nombre, des milliards, et puis leur solitude, la solitude, au centre des regards du monde entier et dans l’ombre absolue. 

fukushima,liquidateurs,japon,catastrophe,nucléaire

Liquidateurs de Tchernobyl, 1986

 

 

00:03 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : fukushima, liquidateurs, japon, catastrophe, nucléaire | | |

dimanche, 13 mars 2011

La communication roublarde et ringarde de Strauss-Kahn

 

politique,strauss-kahn,dsk,socialiste,sarkozy

 

A l’opposé du petit sec nerveux et agité qui a fondé toute sa communication de conquête de l’Elysée en 2007 sur la volonté personnelle, l’ambition individuelle et l’image de l’homme providentiel façonné par l’intérieur et l’histoire du pays, Strauss-Kahn, le professeur d’économie patient et réfléchi, joue sur le registre plus maternant de ses rondeurs corporelles et de ses circonvolutions langagières : la France aurait été bousculée par la dureté machiste de Sarkozy, elle aurait donc besoin qu’on la rassure avec d'autres arguments, qu'il croit détenir.

Le gros chat du FMI pointe donc le bout de son nez et de ses griffes malgré tout bien acérées. Car malgré les 30  000 euros net mensuels de la fonction, il semble intéressé par les 19 331 de celle de locataire de l’Elysée. Un premier téléfilm de propagande diffusé aujourd’hui en clair sur Canal + en guise de carte de visite et premier tract de campagne :

 

Lire la suite

samedi, 12 mars 2011

Bourgeois, chômeurs et mendiants

« Est bourgeois ce qui vit de persuader. Le commerçant en sa boutique, le professeur, le prêtre, l’avocat, le ministre, ne font pas autre chose. Vous ne les voyez pas changer la face de la terre ni transporter des objets. »

C’est Alain qui dans Les Dieux (1934, ch. 6) propose cette définition du bourgeois exclusivement fondée sur la maîtrise du verbe.  Il déduit de là l’importance de la politesse pour le bourgeois. Si le prolétaire, écrit Alain, « méprise la politesse », c’est qu’il n’exerce pas « le métier de demander » c’est qu’il « n’obtient par la politesse, rien de la terre, rien du fer, rien du plomb ».

Autrement si le bourgeois se distingue aussi clairement du prolétaire, c’est par sa capacité à maîtriser le signe.

Ce qui étonne ou pêche  dans ce raisonnement, c’est cette idée de signe, qui paraît se contenter du mot, alors qu’on ne peut ignorer en 1947 que tout est signe, le nombre comme la lettre, et la leçon ou le sermon comme le billet de banque ou le carnet de chèques. Au regard d’Alain pourtant, le signe monétaire semble occuper une place bien moindre que le signe linguistique : « On comprend que le mendiant soit en quelque sorte le pur bourgeois, car il n’obtient que par un art de demander par des signes émouvants ; les haillons parlent. Et le chômeur par les mêmes causes, est aussitôt déporté en bourgeoisie ».

Tout cela tient du sophisme ou de la métaphore : assimiler le bourgeois au mendiant ravale certes sa superbe face à l’artisan ou au paysan qu’il ignore ou méprise ; il n’empêche que ça reste un sophisme de philosophe ou une métaphore de poète. Car si l’on considère que la finance est un discours, on voit bien qu’il y a bien une langue que ni le chômeur ni le mendiant ne savent parler et qui font irrémédiablement d’eux des non-bourgeois, condamnés à recevoir de lui la pièce, dans un jeu de persuasion-séduction dont jamais ils (mendiants et chômeurs) ne maîtriseronnt toutes les règles. 

L'exemple de Martine et des mendiants (suivre ce lien) en constitue le vivant apologue.

 

13:48 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : politique, société, bourgeoisie, alain, littérature | | |

vendredi, 11 mars 2011

D'un tsunami, l'autre

Aujourd’hui toutes les télés du monde ont emmené le chaland des grandes surfaces au Japon. Et c’était fort étrange à observer, cette vague géante multipliée  par  des murs d’écran plats empilés, dévastant en boucle voitures, avions et bâtiments, éventrant routes et ponts, parmi le confort douillet des rayons des grandes surfaces. On s’arrêtait, surpris, on regardait, sceptiques, ces intérieurs semblables aux nôtres dans lesquels ordinateurs, bureaux, dossiers s’effondraient. Et puis on traversait, indifférents ou occupés à d’autres choses.

Les vendeurs évoquaient le rendu de la couleur, sur tel ou tel autre. Emotions.

Une reconstitution du Réel qui, pourtant, ici, n’avalait rien du tout. Nos pas, feutrès sur la moquette. Des images qui n’intimidaient personne. La queue, aux caisses. Un Réel qui n’avait guère plus de poids qu’un film catastrophe, un dessin animé. Lointaine et domptée, la nature vue d’ici : un simple mur d'images.

Je quittais le magasin, songeant à ce qui resterait debout de nos vieux centre villes européens s’il prenait envie à ce Réel-là, d’une amplitude de 8,9, de nous rendre un jour visite. Je pensais à ces Japonais qui «se sont bien préparés », « ont fait bien des progrès depuis Kobé »,  imaginant tous ceux qui m’entouraient au milieu de grabats séculaires, la pierre, la poussière et le sang. 

A la droite socialiste comme à la droite sarkoziste, après le « tsunami Marine » (on sourit, n’est-ce pas), ce mur d’images qui se répand dans tous les foyers fait soudainement du bien. A tous les politiciens dont la cravate soudainement s'était mise à suer, c’est comme un grand vent frais venu du pays du soleil levant, qui permet de déplacer le regard courroucé de monsieur tout le monde loin des tactiques électorales. Le regard courroucé de monsieur Tout-le-Monde va redevenir compatissant. Peut-être même que monsieur Tout-le-Monde va verser son obole, une fois de plus.

Il sera toujours temps de retourner solliciter ses suffrages un peu plus tard. 

 

tsunami,séisme,japon,tremblement de terre,

 

 

 

 

18:14 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : tsunami, séisme, japon, tremblement de terre | | |

Anne, Dominique, Gérard, Nicolas et les autres

 Dans le premier chapitre (assez cocasse ) de son livre, le sénateur-maire de Lyon met en scène une opposition à Sarkozy assez inattendue. Sarkozy ne serait pas trop à droite, non, mais il serait trop jacobin, trop étatiste, et Collomb l’accuse « d’incompréhension d’un système mondialisé où le pouvoir s’organise en réseaux et qui ne dépendent évidemment pas tous de l’Etat-nation français.» Ce qui revient à dire que le PS, lui, comprendrait bien mieux la mondialisation libérale. Collomb tente ainsi de doubler Sarkozy par sa droite, essayant -même si la ficelle est grosse- de le coincer entre DSK (le système mondialisé) et lui (un parmi les barons locaux du PS, hommes et femmes de terrain - ah la jolie raffarinade !). « Nous qui connaissons un peu nos électeurs, nous savons que certains nous choisissent alors qu’ils ne votent nullement dans une élection nationale pour le PS tel qu’il est ».  Au fond, son analyse est de dire que le PS archaïque et Sarkozy lui-même sont un peu pareils et font la même erreur : ils ignorent la culture de l’individu moderne, ancré dans une région et tournée vers le monde…

Je ne sais comment il pense faire avaler aux gens du Front de Gauche son apologie du travail, qui demeure exactement telle que la droite la plus libérale l’a pensée, et que défend Barroso (Conjuguer flexibilité des entreprises et sécurité des salariés) – c’est page 89. 

« Permettre aux entreprises de muter passe nécessairement par une plus grande flexibilité de l’emploi. », écrit Collomb. Il adopte sans le dire cette fameuse « fléxicurité », exportée du Danemark, une idée inventée par la droite pour faire accepter aux salariés les fameux « emplois jetables ».  Le plus drôle est que Collomb rend dans l'exemple qu'il retient pour servir son argumentation un vibrant hommage à Christophe Mérieux, mort en 1996, dont il faut rappeler tout de même qu’il fut un grand ami de Jacques Chirac (qui avait favorisé le versement de la rançon réclamé lors de son enlèvement lorsqu’il était petit garçon). Sa mère, Chantal Mérieux, la fille de Paul Berliet, s’était illustrée dans l’arène politique locale derrière Michel Noir puis Charles Million.  

Le question n’est pas la flexicurité ou Christophe Mérieux;  elle est de savoir en quoi ce projet se distingue de ceux du patronat et du MEDEF, que soutiennent aussi Sarkozy. Nous revoilà dans l'esprit du beau temps des cohabitations successives, dans lesquelles cette génération de politiques, les Sarko, Royal, Aubry, Collomb  ou DSK ont fait leurs classes. On en voit les résultats. 

A propos de Le Pen/Sarkozy, un adage court en ce temps, qu’il vaut mieux l’original que la copie. Comprenez : à force de courir sur les plates-bandes de Le Pen, Sarkozy vulgariserait ses idées.

N’est-ce pas ce qu’aura fait - et continue de faire - cette droite socialiste, imiter la droite sarkosite, courir sur ses plate-bandes et vulgariser (– faire admettre une à une) ses idées ?  Jusque dans leurs entreprises de de com et de séduction (ça commence dimanche midi sur Canal +, en clair s'il vous plait, - Anne et Dominique se faisant cuire quelques délicieux morceaux de viande dans leur cuisine Monsieur Tout-le-Monde (1) à New York), la droite socialiste continue donc d’imiter la droite sarkoziste.

Il va falloir encore et encore de grandes louches d’anti-sarkozisme pour convaincre l’électeur de préférer cette copie à l’original. Ce, peut-être, à quoi servira Marine et les sondages. Ça promet. 

(1) Dixit les commentateurs. 

 

00:03 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gérard collomb, dsk, canal+, ps, politique, sarkozy | | |

jeudi, 10 mars 2011

Martine chez les canuts

Une centaine de personnes, journalistes et gardes du corps compris, entourent la première secrétaire du PS en visite à la Maison des canuts, rue d’Ivry à Lyon, hier après-midi. En l’absence de Gérard Collomb retenu à Cannes, et qui dans le livre qu’il vient de publier critique « le retour d’un certain leadership, celui de Martine Aubry » -Dominique Bolliet et Nathalie Perrin-Gilbert, maires des 4ème et 1er arrondissements, accueillent la patronne en ces terres jadis ouvrières. La journée a quelque chose de printanier, qui invite à la déambulation.

Stricte et décontractée, la dame est accompagnée de Pierre Alain Muet, député socialiste. Le temps d’entrevoir un métier à tisser, quelques foulards en soie, elle ne prononcera pas de discours officiel, mais recevra des chocolats ainsi que le livre de Ludovic Frobert sur L’Echo de la Fabrique, Naissance de la presse ouvrière à Lyon.

Temps des mondanités.

Puis le petit groupe remonte à pied la rue du Mail jusqu’à la place de la Croix-Rousse. Avec les perches des micros et les caméras qui dominent les têtes, on dirait le corps d’un insecte lent, qui sillonne la rue entre les hautes façades où battaient les métiers.

Un certain climat d’irréalité plane sur la scène, au milieu de l’activité quotidienne des commerçants. Quelques  passants demandent ce qui se passe. Quand on leur dit que « c’est Martine Aubry », certains font « pfff », lèvent les yeux au ciel  et se détournent en haussant les épaules. D’autres tentent de la prendre en photo. Les maires d’arrondissements sont tout sourires et encadrent leur hôte prestigieux.  Drôle de temps.

A l’angle de la rue Victor Fort, on s’arrête quelques secondes devant deux musiciens des rues assis sur des pliants. Accordéon, guitare, quelques notes : c’est la précarité sympa. Devant les caméras, Martine magnanime, puis Pierre Alain jettent la pièce dans la casquette. Les deux musiciens n’ont pas l’air surpris de la présence médiatique qui entoure les étranges promeneurs qui sont déjà passés, tandis qu’ils échangent quelques paroles dans une langue que je ne comprends pas. Dommage.

Aux fenêtres entrouvertes, quelques silhouettes, sur lesquelles les gardes du corps conservent un œil vigilant. Devant la Brasserie des Croix-Roussiens, quelques échanges rapides avec des militants. Puis la première secrétaire, qui était le matin à Saint-Etienne, s’engouffre dans sa voiture. Cela s’appelle battre la campagne. Et pour ce qui est de la Croix-Rousse, circulez : c'est déjà terminé.

 

02:46 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : politique, municipales, maison des canuts, martine aubry, ps | | |