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lundi, 15 février 2016

Je trouve ça pitoyable

Laurent Blanc a répondu aujourd'hui à Serge Aurier qui l’avait traité de « fiotte » sur le net (d’où ce néologisme que je n’avais  jusqu’alors jamais entendu, et qui a été repris partout, de « webinjure »). On peut l’écouter sur une video en suivant ce lien, et je retranscris les propos tels quels.

« Comment je l’ai pris ? Très mal. Très mal dans la mesure où bon je pense que voilà on peut avoir certains avis on peut avoir certaines opinions, on est en démocratie et c’est encore heureux d’être dans un pays comme ça où tu peux avoir des opinions. Mais je pense que ce garçon vraiment, y’ a deux ans je me suis vraiment engagé vis-à-vis de ma direction pour le faire venir à Paris et je pense que euh euh vu ce que j’ai vu hier le remerciement que j’en ai c’est ça et je trouve ça pitoyable. »

Première remarque : utiliser  trois fois le verbe « je pense » pour dire ça c’est … euh … je pense que voilà c’est juste plutôt… pitoyable.

Deuxième remarque : Qu’est-ce que la démocratie vient faire là-dedans ?  Je porte pour la démocratie un sentiment de moins en moins amical mais j'ignorais que c’était le droit de se traiter de fiotte – et voilà qui en dit long sur la culture démocratique foot. J’ignorais aussi que fiotte fût une opinion. Et que vivre dans un pays où on peut se traiter de fiotte en toute liberté, c'est un acquis. C'est vrai, quoi, on pourrait vivre dans une dictature... Totalement autocentré sur lui-même, par ailleurs, l'entraîneur du Qatar PSG : « le remerciement que j'en ai...». Tous ces gens-là ont le droit de vote ? Font la vie dans la cité ? 

Troisième remarque : Ce tu qui surgit tout à coup, « tu peux avoir des opinions », et qui prend la place du on juste avant, quel est-il ? Le citoyen lambda, sans doute, auquel Blanc s'adresse. Ou peut-être lui-même, après tout... Dans les deux cas, le citoyen qui vote, même s'il ne sait plus ni parler ni penser, même s'il a perdu l'esprit. Car le brouillage de l'énonciation était jadis la marque du radotage ou de la perte de l'esprit. Il est devenu aujourd'hui  courant, aujourd'hui que tout le monde a perdu l'esprit en perdant la langue, et c'est grave. Irrémédiable, sans doute. 

Quatrième remarque : Ce Laurent Blanc, champion du monde 98, entraineur du PSG grassement payé par le Qatar, apparaît au fond bien de son temps, droit dans ses bottes comme le vieux Juppé en couverture des Inrokuptibles. Il en constitue une sorte d'allégorie, heureux de vivre dans un pays comme ça, heureux jusque dans son phrasé, un phrasé qu'on pourrait après tout placer tel quel dans le prochain Goncourt. On passerait alors chez Ruquier, et Yann Moix saluerait l'audace politique de la chose, et Léa Salamé s'enthousiasmerait pour la petite musique...

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Conclusion : il ne reste plus qu’à regarder PSG Chelsea demain à 20h 45, en se disant que c’est beau la France, que c’est chouette la démocratie, la culture des droits de l’homme et tout ça et tout ça, heureux de cet égalitarisme qui décompose autant la culture que la religion, la vie intellectuelle que spirituelle, la langue que la pensée...

vendredi, 06 mai 2011

Les quotas de la FFF

Laurent  Blanc se repose dans un palace à Merano.  Ça fait dix ans, paraît-il, qu’il est un habitué des lieux. Il s’est senti blessé, meurtri (dixit la ministre des sports Jouanno) parce qu’on a sous-entendu publiquement qu'il était peut-être raciste. Pauvre petit chou, trop sensible, l'entraîneur ! C’est comme ça, les enfants de la télé. C’est ben vrai qu’être raciste, c’est très vilain ! Bouh le méchant entraîneur de l’équipe de France. Pas un exemple dans les banlieues incultes.

Depuis qu’il porte des lunettes, la boule à zéro, et ne tape plus dans un ballon, le sot Thuram se prend pour un penseur, un justicier (qui songe peut-être à une recon version politique), et il condamne :  « Je ne peux accepter la discrimination des enfants de 12 ans ! »  Accepter ! Dame ! Je ne peux ! Dans quelques années il sera bon pour la béatification. C’est bien.  Lui n’est pas raciste ; c’est un gentil. Comme Noah. Qu’on se le dise.

L'intransigeant Edwy Plennel, lui aussi un bienfaiteur des droits de l'homme,  devrait l’embaucher pour écrire dans son torchon de Médiapart. Il n’aurait sans doute pas les moyens de le payer, remarquez bien.  Car Thuram, c’est la même espèce que Blanc, sans jeux de mots : ça pionce dans les palaces.

Me demande combien coûte une pige de Thuram, si creuse soit-elle de tout atome pensant. Il paraît qu’Eugène Saccomano, qui est quand même une vieille gloire du foot, prenait, lui, 3000 euros les 30 lignes durant la dernière coupe du monde.  Le Thuram, ça doit être quinze fois plus, non. Eh, c’est que c'est de la viande de champion, comme Laurent ou Christophe. Nous f'rait un bon p'tit ministre des sports sous DSK ça, non ? 

Christophe Dugarry de son côté proteste évidemment.  C’est comme aux échecs, dorénavant l'équipe de 98 :  les Blancs contre les Noirs. N’en déplaise au président de SOS racisme qui va bientôt pouvoir intenter un nouveau procès médiatique. Les avocats s'en frottent les mains. Le Zidane, lui, après avoir empoché son chèque du Qatar et s’être refait on ne se sait combien de fois recycler de sang dans des  cliniques suisses, il y a encore des cons dans ce pays, comme Emmanuel Petit qui « l’implore » pour attendre ce qu’il a à dire. Pauvre France ! Rien à dire, le Zizou. Tout à empocher. On le sait depuis longtemps.

La seule chose sensée que j’ai entendue sur cette affaire sans intérêt, c’est Hervé Gatteigno, le rédacteur en chef du Point qui l’a dite : « Mais quand Zidane a gâché la finale en 2006 avec son coup de tête, est-ce qu'il représentait les Français ? Quand Deschamps, en 1998, a dédié la victoire des Bleus à Bernard Tapie, est-ce qu'il l'a fait en notre nom à tous ? Non. À vrai dire, l'équipe de France n'est pas plus la vitrine de la France que le groupe Renault, empêtré dans sa minable affaire d'espionnage bidon, ou que le film Bienvenue chez les Ch'tis, une farce assez navrante. »  L’interview complet ici.  Ci-dessous, Moustache, dans le rôle du probe reporter. 

 

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14:14 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : laurent blanc, quotas, fff, mediapart, hervé gattegno, football, politique, équipe de france | | |

vendredi, 16 avril 2010

L'ère du foot

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Sur cette photo, tout le foot actuel : Une cage vide, à prendre d’assaut. Derrière, une foule anonyme, des visages fondus, une simple muraille de spectateurs. Un entraineur en costume cravate, mains dans les poches, décontracté & speedé juste ce qu’il faut, l’homme moderne, quoi, comme on dit dans la pub. En pleine crise. Entre la  muraille de spectateurs et l'entraineur stressé, une muraille de pubs, justement. L’air du temps. Au sol, du gazon. Important, le gazon, dans le foot. Quand on s'emmerde, on compte les brins.


Sur cette vidéo, tout le foot également : le capitaine de l’Olympique de Marseille Mamadou Niang sortant de l’entrainement où l’attendent depuis deux heures des supporters. Il est multimillionnaire. Ils sont pauvres. Comme il passe d’un trait en feignant de les ignorer, l’un d’entre eux botte en touche sa bagnole. Son carrosse. L’idole descend, et, sans faire dans la dentelle, l’insulte, le gifle. Escarmouches. L’air du temps à nouveau. L'ère du foot

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Voilà qui rappelle une page de Musset dans la Confession d’un enfant du siècle. Les pauvres de Ménilmontant regardent passer les calèches des aristocrates à l’occasion d’un carnaval. La farine manquant (cruauté du jeux de mots), la boue vint à pleuvoir. Que dire ? Au moins les aristocrates de ce temps-là avaient-ils plus de tenue que ceux d’aujourd’hui. Et les pauvres étaient quand même moins abrutis.

Ci-dessous, le texte de Musset L’un de ses plus beaux. Dédié à l' Eventail. Et aussi à la mémoire de Jacques Seebacher , qui nous commentait si intelligemment cet extrait de Musset au premier étage d'une tour de Jussieu il y a fort longtemps - un siècle autre - mais les paroles demeurent.

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