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mercredi, 26 novembre 2008

Hésitations

 J'hésite sur le titre à donner à ce billet ...

1. Interdit aux moins de 18 ans

2. L'angoisse de l'écran blanc ...

3. Petit matin givré

Kasimir-MALEVITCH-Ca.jpg

4. Yasmina Reza

5. PS : Une nouvelle direction

6. Coup d'état en Alaska

7. Ceci n'est pas un cube de glace

8. L'équilibre de Saturne

9. Mozart : La tête au carré

10 : Crise économique : le monde a perdu la boule

05:54 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : yasmina réza, peinture, crise, politique, ps, art | | |

mardi, 25 novembre 2008

Alceste

J'ai le bon sens qu'habite pas loin de chez moi. La nuit, quand tout repose dans l'arrondissement, je vas lui demander quelques conseils. Il répugne jamais à m'en livrer quelques uns : le bon sens est un bon bougre que ne trouble pas sa popularité grandissante dans le pays. Les parchemins qu'il déroule ne sont-ils pas emplis de lieux communs qui ont aidé un sacré paquet de dépressifs à vivre en bonne sociabilité avec leur prochaine et son prochain ? Que si !  Il en délivre dans toutes les langues, pour tous les goûts et selon toutes les opinions. Il faudrait le décorer, bon sens, de la médaille du mérite citoyen. Je préfère aller l'entendre la nuit parce que, depuis qu'il a fait un mailing d'enfer en glissant des petits papiers roses avec son numéro de téléphone dans toutes les boites aux lettres, y'a une queue pas possible devant chez lui, du soir au matin. Avec ce qu'ils lisent dans la presse et ce qu'ils voyent à la télé, les gens du quartier, qu'est-ce qu'ils feraient sans ses conseils avisés ?

VOUS SAVEZ PLUS QUOI PENSER ?

VOUS SAVEZ QUOI DIRE ?
ALLEZ DANS LE BON SENS …

En allant chez lui, longtemps, je longe le grand boulevard qui ferme par le Nord le petit lot d'immeubles gris où je loge. A un endroit, y'a un misanthrope qui loge dans les grands arbres presque centenaires qu'on parle de couper à cause de leurs puces qui tombent sur les enfants quand ils jouent dessous. Il est le seul à jamais tendre l'oreille au bon sens. Une vieille avec une poussette m'a dit que la première fois où il l'a vue diriger ses pas par chez lui, il lui a jeté des cailloux dessus pour l'en détourner.  Vous vous rendez compte ? "On aurait dit un forcené". Une autre fois, il s'en est pris à un couple d'amoureux. Alceste a sa réputation qui tourne de plus en plus mauvaise. Le bon sens raconte à tout le monde qu'il faut plus l'écouter. D'ailleurs, quand novembre commence à répandre sur nous tous son air de banquise, et que les beaux platanes un à un ont perdu tout leur plumage, est-ce bien censé de continuer à crêcher là-haut, dans les arbres ?  Le bon sens dit : hein, voyez ? Est-ce bien censé ? A ce train là, plus personne ne lui adressera bientôt plus la parole. Bon sens dit que c'est ce qu'il cherche. La doctrine de bon sens, c'est qu'il faut pas faire de vagues, que tout se vaut dans ce bas monde, et qu'il faut laisser les originaux décoiffer les altitudes des plus hautes branches et passer son chemin : ils finiront par se lasser, rentreront tout penauds chez eux quand plus personne fera attention à eux. Avec bon sens, on se demande où va le monde, qui des deux roses emportera le parterre dans quelques heures et si on ferait pas mieux de tous s'aimer. Alceste, lui, il rêve devant les feuilles mortes et jette des cailloux sur la tête des passants. On sait plus trop ce qu'il faut en penser ...

08:11 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : littérature, politique, misanthrope, lyon, feuilles mortes, novembre | | |

lundi, 17 novembre 2008

Tisser la révolte (novembre 1831)

Que reste-t-il des événements de 1831 qui, après avoir enthousiasmé le peuple de Lyon durant ses Trois Glorieuses (21, 22, 23 novembre 1831) laissèrent la ville dans une angoissante désolation, et posèrent à toute la bourgeoisie d'Europe une question essentielle : celle de la légitimité de son pouvoir. Pour la première fois dans l'Histoire, en effet, on voyait une frange de la population, celle qui ne disposait "que de la force de son travail" (et qu'on appellerait bientôt le prolétariat) se révolter de façon cohérente et déterminée contre cette autre frange du peuple qu'on appelait la bourgeoisie, depuis peu culturellement, politiquement et historiquement dominante.

L'an dernier, sur ce blogue, nous avions revisité jour par jour les péripéties de ce que j'avais appelé "le feuilleton de novembre" :  Tous ceux qu'intéresse la compréhension de ce mouvement très complexe, fondateur à la fois du mutuellisme et de la conscience de classes au dix-neuvième siècle, peuvent retrouver ou découvrir ces billets regroupés en quatre épisode dans  « le novembre des canuts », ci-contre, à gauche. Ils peuvent trouver dans la rubrique "sites à visiter"" celui de l'ENS qui publie en ligne la très précieuse collection des numéros de "L'Echo de la fabrique" (le journal des tisseurs) ou revisiter l'extraordinaire exposition "C'est nous les canuts" que l'historien Fernand Rude consacra à la mémoire des tisseurs lyonnais.

Novembre 2008 : Sommes-nous si loin de ce qui pouvait préoccuper ces humbles tisseurs de soie lyonnais à l'époque ? Oui, suis-je tenté de dire. Oui, évidemment. La société du spectacle, la société de consommation, "le village global", autant d'expressions, parfois ridicules, pour souligner  notre éloignement. Pourtant l'Histoire et l'économie réelles étant ce qu'elles sont, il se peut bien que nous reviennent dans la figure un certain nombre de questions posées à l'époque de Casimir Perrier par ces gens de bon sens : répartition des richesses, pouvoir d'achat, conditions de travail, syndicalisme ... mais  la crise qui touchait à l'époque la manufacture ou la fabrique touche aujourd'hui le monde. Et les médias qui gouvernent l'opinion ont tous montré leur soutien à l'ordre mondial régnant, celui des tout-puissants propriétaires des biens et des richesses. La question qui demeure pendante est donc bien celle de l'Histoire, toujours surprenante : si un bouleversement doit advenir, tout semblant en effet sous contrôle, par où et comment se produira-t-il ?

 

insurrectiondelyon.jpg

07:22 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : novembre 1831, histoire, politique, lyoncanuts | | |

mercredi, 05 novembre 2008

Ces lieux communs venus d'Amérique

Nous vivons dans un système qui se nourrit d'images simples et de lieux communs. Nos cervelles en sont imprégnées. Nos neurones imbibés. Ceux qui veulent prendre la mesure des lieux communs venus d'Amérique peuvent circuler sur la blogosphère en ce moment : ils en recueilleront en quelques clics un beau panier !  Cela dit, la France et l'Europe ne sont pas en reste. Ces images prémâchées et ces lieux communs rabâchés sont finalement fort commodes : agglomérés les uns aux autres, ils donnent le sentiment que le monde humain possède une cohérence, là où il n'y a que vide et réelle absurdité. Ils donnent l'impression qu'une réflexion est en cours, là où tout est tragiquement incomplet. Ils offrent l'illusion d'une histoire réelle, là où ne se trouve qu'une histoire racontée. Ils procurent aux gens le sentiment qu'ils sont une collectivité, là où il ne résident, au fond, que solitudes économique et morale. Car la force du lieu commun découle de là : asséner une vérité abrupte et sans complément aucun. Exemple : Le monde bouge : Où ? Comment ? Pourquoi ? On s'en fout. L'essentiel est que ça bouge. On en frétille de bonheur ! Le point commun le plus visible entre Sarkozy le Français et Obama l'Américain, c'est qu'ils doivent l'un et l'autre leur victoire à un véritable torrent de lieux communs déversés à coups de milliards.

Pour valider son existence, le lieu commun a certes besoin de ces foules avides et fanatisées qui, littéralement, le tètent, comme bébé au sein de l'image souriante qui rassure. Et pour fanatiser les foules, il lui faut ce système binaire qui est en train de mettre la planète entière au pas en reprenant un à un tous les symboles les plus beaux de son Histoire. En France, nous avons le PS (parti refondé à Epinay il y a déjà longtemps pour porter un président à l'Elysée) et l'UMP (parti conçu plus récemment pour en porter un autre). Là-bas, démocrates / républicains, fonctionnent pareillement. En terme de carrières politiques, de pragmatisme idéologique, pas de salut hors de ces deux systèmes commerciaux qui font travailler des milliers d'experts et vendent des marques : Sarko pouvoir d'achat,  Obama lave plus blanc, etc.. Ce système a sa fonction : gérer les masses (leur vie, leurs économies, leurs espérances, leurs déplacements, leurs loisirs... ) et quoiqu'en montrent ses manifestes et ses campagnes humanitaires, il n'a aucun scrupule et aucune autre morale, sinon la loi du plus fort : le plus fort étant un point dans l'infini du fantasme de chacun, point qui oscille entre le plus riche et le plus nombreux, ou le plus beau, c'est selon. Comment s'étonner que, soumis à ce système binaire, la société vive dans un état de crise permanent : on lui annonce sans cesse du nouveau, de l'historique, du changement, et la crise ne fait évidemment que s'amplifier, le nivellement des cultures du monde ne cessant non plus de s'opérer, sous le rouleau compresseur de ce schéma que médiatisent câbles, satellites et réseaux, de l'igloo de l'esquimau jusqu'à la grotte du yogi en passant par la hutte du nomade, le duplex de centre ville, l'immeuble de banlieue, le taudis des favelas.  La question au fond la plus angoissante posée par la réussite de ce système, à l'œuvre depuis déjà plusieurs décennies, au vu de ce qui se passe sur Terre est finalement la suivante : méritons-nous mieux que cela ? 

En tant que personnes humaines, toute la civilisation dont nous nous prévalons les héritiers postule que oui. En tant que population, masse, peuple, je ne sais trop quel mot utiliser, le doute finit par être permis...

 

20:08 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : obama, usa, actualité, politique, élections américaines, société | | |

vendredi, 31 octobre 2008

Vaudou best-seller

La justice française vient de débouter Nicolas Sarkozy, qui réclamait l'interdiction de la vente de la poupée vaudou à son effigie. Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette poupée accompagnée de 12 aiguilles et d’un « livre de 56 pages, commercialisée depuis le 9 octobre dans les librairies et sur le net, trouve des acheteurs. Son pendant, celle de Ségolène Royal, aussi !  Cette dernière s’est empressée d’annoncer au monde entier, au nom du « sens de l’humour » (pas des affaires) qu’elle prétend avoir qu’elle n’avait pas porté plainte dans un souci de défendre le droit à la caricature, faisant sans doute implicitement référence aux débats déjà anciens sur celles de Mahomet. Là-dessus, elle se fait traitée par Dominique Paillé (UMP) de « caricature ambulante »

Tapis au fond du bois, les dirigeants de la  société Tear Prod, qui a commercialisé ces deux poupées aussi laides et dérisoires l’une que l’autre, se frottent évidemment les mains. Les deux laideurs et les aiguilles qui les accompagnent se vendent comme des petits pains.  Le manuel s’arrache également et se retrouve propulsé en tête des ventes de livres, par ces heureux jours de rentrée littéraire.

A part ça, la douzaine de bombes qui a explosé dans l’Assam a transformé en film d’épouvante plusieurs marchés populaires, même scénario la veille en Somalie. Le pessimisme gagne, nous dit-on, « l’économie réelle » qui serait (apprécions ici l’emploi du modalisateur) durablement touchée. La liste des pays que menacent, au Nord la récession, au Sud la famine, ne cesse de s’allonger.

Pendant ce temps, aux Etats-Unis, on est « fan » d’Obama ou « fan » de Mac Cain, et l’on s’excite dans les derniers préparatifs d’un show comme ce pays ultra dément a le don de s’en offrir, aux frais de la planète, tous les quatre ans. Au regard de cette boulimie de mégalo-débats hystériques, les déboires de nos deux poupées françaises s'en retrouvent singulièrement relativisés. L'intérêt qu'on peut accorder à leur existence n'est plus que le signe d’un amateurisme dans le mauvais goût carrément ridicule. Tout ceci ne m'inspire qu'une réflexion : qu'est-ce qui nous attend en 2012 ?

12:22 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : politique, société, vaudou, sarkozy, obama, mac cain, élections américaines | | |

vendredi, 24 octobre 2008

Béraud, toujours en enfer ?

Connaissez-vous le Photon ?

Ce blog, régulièrement, célèbre les dates anniversaires d'événements historiques, de naissances ou de décès d'hommes célèbres. Je m'y promène régulièrement avec plaisir. Or voici qu'hier soir, j'y découvre un billet consacré à la mort d'Henri Béraud, il y a tout juste cinquante ans. Mort qu'au passage, la ville de Lyon (dont Béraud est le natif et sans doute le plus grand écrivain qu'elle ait "produit") la ville de Lyon, donc, s'est bien gardée, une fois de plus, de célébrer. Henri Béraud, pour tous ceux qui ont lu La Gerbe d'Or, Qu'as-tu fais de ta jeunesse, Les derniers Beaux Jours (œuvre autobiographique), Le bois du templier pendu, Les lurons de Sabolas, Ciel de Suie  (Œuvres romanesques), Le Flaneur salarié, Rendez-vous européens ( œuvre journalistique), L'école lyonnaise de peinture, Jacques Martin, François Vernay ( œuvre de critique d'art) Béraud, disais-je, est un auteur de la dimension de Giono, de celle de Guilloux. Ceux qui souhaitent le découvrir davantage trouveront juste à gauche, dans la rubrique "La bibliothèque est en feu" de quoi satisfaire leur première curiosité. Bien après la mort de Béraud, un journaliste a demandé à De Gaulle pourquoi il lui avait accordé sa grâce. Le Général laissa tomber ces mots, en pleine conférence de presse : « Béraud, ce n'était pas rien. Mais il était contre moi ».

Victime de ce que Jean Paulhan nomma un jour  La Terreur dans les Lettres dans son fameux essai les Fleurs de Tarbes, l'œuvre de Béraud n'est jamais sortie de l'enfer dans laquelle de bons confrères l'a poussée. C'est à présent un auteur pour happy few. Je laisse ici quelques lignes de lui, in memoriam. Il s'agit d'un extrait de la préface de son autobiographie, Qu'as tu fait de ta jeunesse :

« Fallait-il écrire ces choses en ce moment ? Eût-il fallu les écrire demain ? Laissant courir ma plume, je me demande si ce livre paraîtra jamais. Est-il sage, est-il bon de chercher dans hier un peu d'espoir pour demain ? Beaucoup, parmi ceux de mon temps n'osent pas le croire. Ce n'est pas pour eux que j'écris.

Vais-je prétendre, après tant d'autres, que je m'adresse à nos fils ? Qu'aurais-je à leur dire ? Rien. Ceux de mon âge n'ont rien à dire à la jeunesse, et la jeunesse n'a rien à leur dire. On ne peut qu'échanger des conseils contre des confidences. Indigne, horrible marché, tout à l'avantage des vieux qui, recevant l'or de la vie, ne vendent que les devises crasseuses et démonétisées de leur expérience. Les dieux me préservent de finir ainsi. Ma vie, heureusement, ne me permet pas de me citer en exemple, et mon ignorance aurait plutôt besoin de leçons. Tout ce que je puis, c'est imiter nos anciens qui chauffant leurs vieilles jambes sur le seuil de leur chaumière, essayaient de se survivre en disant à voix cassée ce qu'ils croyaient avoir vécu.  Comment userions-nous les jours de notre déclin, sinon en offrant à ceux qui viendront le simple récit de ce que nous vécûmes, une image fanée de ce qu'a détruit la folie du monde, un pâle film animant sur l'écran les dernières lueurs d'une époque oubliée ?

Ceux-là ne se tromperont point qui trouveront dans ces pages l'écho d'un chant de regret. Un chant mêlé de rires et de larmes. Ainsi va la vie. Ainsi parlent aux hommes les vrais livres, pétris de faiblesse humaine et d'espoir perdus.

J'écris pour ceux qui ne verront pas ce que j'ai vu. Si plus tard, quelque adolescent au cœur simple ouvre mon livre, il saura que je l'ai fait pour lui. C'est à lui que je penserai durant ces nuits où je vais chercher à tâtons mes fantômes. Et quand à mon tour je ne serai qu'une ombre au pays des ombres, il me connaîtra mieux que mes compagnons de route, bien mieux que ces vivants aux trois quarts ensevelis qui sont mes contemporains.

 

 

 

 

08:20 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : littérature, lyon, béraud, culture, politique | | |

jeudi, 09 octobre 2008

I live in a Very Important City

 I live in a very important city. C'est moi qui suis fier. Pas peu fier ! Thank you to Gérard who made it possible, avec ses feuilles de route. Thank you Vincent Rocken , le journaliste du Progrès, sans qui on ne serait pas informé de l'importance qu'on a dans le monde. Thank you also to Jean Michel. Non, non, Jean Michel, ne t'en vas pas : tu as, tu as, toujours de beaux yeux... Thank you Juni, thank you Cris, Govou and Benzema.  Thank you, thank you, thank you  !!!! Il parait qu'une grève de footballeurs s'annonce. Les gars, déconnez pas. Cette putain de Coupe européenne, il nous la faut cette année, sur le bureau de l'Hôtel de Ville, nom de Dieu. Et les Marseillais, les Stéphanois, les Girondins, et tout et tout, faut les niquer. C'est nous, les champions. J'ai placé tout mon portefeuilles d'actions sur vous, si l'OL aussi suit le chemin des banques américaines, qu'allons-nous devenir ? On ne peut plus compter sur la parole de Nicolas Chauvin, bordel ? C'est un peu grâce à vous qu'on était passé, en 2007, au dix-septième rang européen, faut voir à le conserver, son rang !

Pauvre Nicolas ! Dix-sept blessures, trois doigts amputés ! Au joli temps de l'Empire, le chauvinisme était sans doute un sentiment encore assez simple : il n'y avait qu'une forme de chauvinisme, un chauvinisme un peu brut et paysan, franc du collier, made in mon clocher, le contraire du modèle citadin, bien plus tordu, lui, bien plus alambiqué. Ce chauvinisme rural avait peut-être encore un certain sens, remarquez bien. De la signification. En tous cas, il n'était pas un marché et personne n'aurait eu l'idée de le coter en bourse. Moi, tout ce qui a du sens, j'essaie de comprendre, je suis preneur. Le sens, c'est de l'histoire. Et l'histoire, c'est des hommes. Des siècles d'hommes. Le chauvinisme d'à présent, c'est plus compliqué. Un chauvinisme fabriqué en séries, un chauvinisme manufacturé à coup de hit-parades et de statistiques... Chacun a le sien : son club, sa marque, son genre, son label, sa cité. Du chauvinisme libéral. Toujours aussi identitaire, et donc toujours aussi bête. I live in a very important city. Du mauvais chauvinisme. Il fait mine de ne pas détruire le sentiment d'appartenir à un monde universel commun, rien qu'en surface. En profondeur, il brise les communautés, dissout les solidarités, place les particules en compétition, transforme chacun d'entre nous en une petite entreprise. 

Quand, dans l'esprit des hommes, la Cité n'est plus qu'un label, comment s'étonner de la mort du politique ? Quand, dans le cœur des hommes, le sentiment de l'Universel vacille, qu'est-ce qui est le mieux, le pire : le trou, le bled, ou bien la marque, le style ?  Sonia Rykiel, Calvin Klein ou Ploumschtroumpf les Bains, Montcalm les Jonquilles ?

 

 

08:24 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : europe, lyon, actualité, société, politique, chauvinisme | | |

jeudi, 25 septembre 2008

La fable des abeilles

Parasites ? Pesticides ? Portables ? Les abeilles, comme les humains, perdent le nord et souffrent de troubles comportementaux. Frappées par de multiples pathologies, elles seraient menacées de disparition imminente. On s'interroge, ça et là, sur leur sort; des titres alarmants fleurissent. L'apocalypse des abeilles serait-elle le prélude à celle du genre humain ?

Bernard Mandeville, en 1714, avait déjà lié le destin de ces bourdonnants insectes à celui du roseau soi-disant pensant. On sait le rôle que joua par la suite sa fable des abeilles dans la critique du capitalisme et de ses fondements immoraux. Dans son texte, la ruche devenait une métaphore du royaume : « Ces insectes imitaient tout ce qui se fait à la ville, à l'armée et au barreau, vivaient parfaitement comme des hommes, et exécutaient, quoiqu'en petit, toutes leurs actions. »

Dans un autre contexte, la ruche a souvent servi d'allégorie à la conception de la Cité idéale. Son organisation a fasciné autant de théoriciens politiques que de moralistes. Et voilà qu'à l'ère technologique, la petite abeille, dans la dérégulation générale du monde économique, continue d'accompagner l'homme jusqu'en ses pires craintes, et ses plus noirs pressentiments.

08:09 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, actualité, société, capitalisme, abeilles, mandeville | | |

vendredi, 19 septembre 2008

Video surveillance et lieux communs (3)

"Nous sommes tellement dans les ténèbres que le seul pressentiment d'un mystère est, pour nous, de la lumière."

(Léon Bloy)

Cette citation s'applique bien à tous les "santons tristement décolorés sur des écrans policiers", dont il est question plus bas.

23:30 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, léon bloy, actualité, société, littérature, vidéosurveillance | | |