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lundi, 17 novembre 2008

Tisser la révolte (novembre 1831)

Que reste-t-il des événements de 1831 qui, après avoir enthousiasmé le peuple de Lyon durant ses Trois Glorieuses (21, 22, 23 novembre 1831) laissèrent la ville dans une angoissante désolation, et posèrent à toute la bourgeoisie d'Europe une question essentielle : celle de la légitimité de son pouvoir. Pour la première fois dans l'Histoire, en effet, on voyait une frange de la population, celle qui ne disposait "que de la force de son travail" (et qu'on appellerait bientôt le prolétariat) se révolter de façon cohérente et déterminée contre cette autre frange du peuple qu'on appelait la bourgeoisie, depuis peu culturellement, politiquement et historiquement dominante.

L'an dernier, sur ce blogue, nous avions revisité jour par jour les péripéties de ce que j'avais appelé "le feuilleton de novembre" :  Tous ceux qu'intéresse la compréhension de ce mouvement très complexe, fondateur à la fois du mutuellisme et de la conscience de classes au dix-neuvième siècle, peuvent retrouver ou découvrir ces billets regroupés en quatre épisode dans  « le novembre des canuts », ci-contre, à gauche. Ils peuvent trouver dans la rubrique "sites à visiter"" celui de l'ENS qui publie en ligne la très précieuse collection des numéros de "L'Echo de la fabrique" (le journal des tisseurs) ou revisiter l'extraordinaire exposition "C'est nous les canuts" que l'historien Fernand Rude consacra à la mémoire des tisseurs lyonnais.

Novembre 2008 : Sommes-nous si loin de ce qui pouvait préoccuper ces humbles tisseurs de soie lyonnais à l'époque ? Oui, suis-je tenté de dire. Oui, évidemment. La société du spectacle, la société de consommation, "le village global", autant d'expressions, parfois ridicules, pour souligner  notre éloignement. Pourtant l'Histoire et l'économie réelles étant ce qu'elles sont, il se peut bien que nous reviennent dans la figure un certain nombre de questions posées à l'époque de Casimir Perrier par ces gens de bon sens : répartition des richesses, pouvoir d'achat, conditions de travail, syndicalisme ... mais  la crise qui touchait à l'époque la manufacture ou la fabrique touche aujourd'hui le monde. Et les médias qui gouvernent l'opinion ont tous montré leur soutien à l'ordre mondial régnant, celui des tout-puissants propriétaires des biens et des richesses. La question qui demeure pendante est donc bien celle de l'Histoire, toujours surprenante : si un bouleversement doit advenir, tout semblant en effet sous contrôle, par où et comment se produira-t-il ?

 

insurrectiondelyon.jpg

07:22 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : novembre 1831, histoire, politique, lyoncanuts | | |

Commentaires

Le bouleversement surviendra du "tiers-monde", non?

Écrit par : Sophie L.L | lundi, 17 novembre 2008

@ Sophie : Le tiers-monde ? Qu'en sait-on. J'ai cru cela du temps de l'URSS. Mais à présent .... A-t-il seulement cette "culture" de la révolte ? Il se peut bien qu'au contraire le tiers-monde soit le meilleur allié du capitalisme, ah, ce fameux tiers-monde !

Écrit par : solko | lundi, 17 novembre 2008

REVOLUTION EN SOL MINEUR

Que la température monte
Ou descende les barreaux
Sur l'échelle de Jacob
Est sans importance
Pour le spectacle
Et sa bande-son muette
Le seul bouleversement
Capable de renverser le monde
Est celui du support
Qui choisit ses contemplations
Donc les aromates
Constellant son langage

Écrit par : gmc | lundi, 17 novembre 2008

" culture de la révolte " voilà le hic ! cette notion est selon moi tombée en désuétude. Ce pétard mouillé que fut mai 68 y a contribué, hélas car il me semble que l'apathie généralisée lui est postérieure.

Écrit par : simone. | lundi, 17 novembre 2008

@ GMC : Aucune autre issue que le spectacle ? Au niveau planétaire ? Allons, allons ...

Écrit par : solko | lundi, 17 novembre 2008

@ Simone : On ne parle pas de 68, mais de ce qui s'est construit au dix-neuvième siècle, sur le souvenir de quoi, d'ailleurs, le pétard mouillé - on est bien d'accord sur ça - de 68 - a tenté de fonder sa fausse légitimité. Sur 68, Debord a très vite vu juste, d'ailleurs.

Écrit par : solko | lundi, 17 novembre 2008

SALIX ALBA

Il en est pour décrire
L'agitation des moulins
D'autres parlent de comédie
Certains évoquent un autre monde


Qui sont les chiens de Lautréamont

Le bien est-il une ignominie

Pourquoi le dépeupleur

Où sont les cartes d'Ithaque


Le traitement de la surface
N'affecte pas la nature
De la profondeur
Accro à la douceur

Écrit par : gmc | lundi, 17 novembre 2008

@ GMC
Le lion blessé des insurrections
Sur son socle, in-octavo,
Ne calmera pas si facilement
Son mugissement d'airain
Sous la douceur des saules :
Un monde que n'apaisent plus les mots
Et qui n'indique aucun geste
Est condamné à la question.

Écrit par : solko | lundi, 17 novembre 2008

GRANDIR

La roue de la question
Naît de la danse d'Arès
Et de sa famille
A la découverte d'Aphrodite
La contemplation s'oriente
Vers d'autres oeuvres
Que le miroitement abrasif
Des poussières d'oxygène
Un pas en arrière
Et le panorama s'élargit

Écrit par : gmc | lundi, 17 novembre 2008

http://fr.youtube.com/watch?v=SmYRAnLONR8#

Écrit par : gmc | lundi, 17 novembre 2008

Quand tu partiras pour Ithaque, souhaite que le chemin soit long, riche en péripéties et en expériences. Ne crains ni les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni la colère de Neptune. Tu ne verras rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes, si ton corps et ton âme ne se laissent effleurer que par des émotions sans bassesse. Tu ne rencontreras ni les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni le farouche Neptune, si tu ne les portes pas en toi-même, si ton cœur ne les dresse pas devant toi.
Souhaite que le chemin soit long, que nombreux soient les matins d'été, où (avec quelles délices!) tu pénétreras dans des ports vus pour la première fois. Fais escale à des comptoirs phéniciens, et acquiers de belles marchandises: nacre et corail, ambre et ébène, et mille sortes d'entêtants parfums. Acquiers le plus possible de ces entêtants parfums. Visite de nombreuses cités égyptiennes, et instruits-toi avidement auprès de leurs sages.
Garde sans cesse Ithaque présente à ton esprit. Ton but final est d'y parvenir, mais n'écourte pas ton voyage: mieux vaut qu'il dure de longues années et que tu abordes enfin dans ton île aux jours de ta vieillesse, riche qu'Ithaque t'enrichisse.
Ithaque t'a donné le beau voyage: sans elle, tu ne te serais pas mis en route. Elle n'a plus rien d'autre à te donner.
Si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t'a pas trompé. Sage comme tu l'es devenue à la suite de tant d'expériences, tu as enfin compris ce que signifient les Ithaques.


Constantin Cavafy (Costantino Kavafis)
Poèmes, présentation critique par Marguerite YOURCENAR,
traduction par Marguerite YOURCENAR et Constantin DIMARAS, Poésie/Gallimard

Écrit par : gmc | lundi, 17 novembre 2008

@ GMC : Le détour, oui. Ou bien soit. Mais alors ?

Écrit par : solko | lundi, 17 novembre 2008

alors? à vous de voir...

Écrit par : gmc | lundi, 17 novembre 2008

@ GMC : Disons que, ce soir, je ne vois pas.

Écrit par : solko | lundi, 17 novembre 2008

PANORAMIX

Voir c'est inventer
Et chacun voit en permanence
Une invention de son choix
Qu'il pose délicatement
Telle une guirlande fébrile
Sur un décor hypothétique
Dont l'ignorance est en fait
La seule et unique qualité
Voir c'est donc peindre
Ce qui n'a de réalité
Qu'imaginaire créé de toutes pièces
Un théâtre d'ombres chinoises

Écrit par : gmc | lundi, 17 novembre 2008

Ce n'est pas, tisser la révolte,
Jouer avec un théâtre d'ombres,
Fussent-elles chinoises,
Fussent-elles inventées.
C'est une affaire collective
En quoi s'inscrit le désir de chacun
Ou bien ce n'est rien du tout

Écrit par : solko | lundi, 17 novembre 2008

vous n'avez pas écouté la chanson de gabriella cilmi, solko:

"so
When your playing
With desire
Don't come running
To my place
When it burns
Like fire, boy"

qu'est-ce que le désir quand on sait qu'eros est un fils illégitime d'aphrodite?

"une affaire collective", pourquoi pas? combien sommes-nous?

Écrit par : gmc | lundi, 17 novembre 2008

Pas très nombreux ...

Écrit par : solko | lundi, 17 novembre 2008

Heureux article qui pose une question assez fondamentale. J'irai avec plaisir lire vos articles sur le novembre des canuts, période que je ne connais, à ma grande honte, qu'à travers les quelques mots qu'Amadéo Bordiga lui consacre. L'Histoire par ses penseurs s'est davantage intéressée à la Commune.

Le bouleversement ne semble pas venir du tiers-monde, pas de culture de la révolte. Les révoltes du 20è siècle ont montré diverses tendances. Une rebellion à tendance bourgeoise (marxiste, léniniste, trotskyste, bordagiste voire gramsciste) grossomodo une révolte au sein même de la bourgeoisie contre les valeurs bourgeoises avec l'aide du prolétariat comme effet de masse. Révolution qui ne sont que reterritorialisation du monde attaqué sous une autre dénomination (URSS par exemple). Aujourd'hui, on trouve cela dans des manifestations, 3 syndiqués se servent de 30 travailleurs en moyenne. Pas de bouleversement ici!

L'autre expérience, que les historiens tentent de faire passer pour sanguinaire, horrible (horrifique!) c'est celle de la Commune ou bien encore celle de Barcelone en 37. Pas de bourgeois : le peuple! L'autogestion (plus encore à Barcelone), l'égalité à tout prix, la justice en hymne nationale. Les participants à ces révolutions n'ont pas été mis en garde à vue, ils ont été fusillés sans concession... (d'ailleurs Trotsky qui fait assassiner les anarchistes ne s'y trompe pas, eux ne sont pas bourgeois).

La tendance anarchiste moderne se dessine autour de deux mouvements si je puis dire. Un mouvement de résignation, de recréation résignée plutôt articulée autour du livre TAZ d'Hakim Bey. Créer des zones autonomes temporaires...
L'autre tendance, celle dites "terroriste" par les médias qui se radicalisera à mesure que la politique libérale sévira. C'est un mouvement qui est tout sauf nouveau...

Écrit par : Léopold | mardi, 18 novembre 2008

En attendant, moi je vais samedi à la manif pour la poste, service public. (Léopold, pas d'accord sur tes "3 syndiqués qui se servent de 30 travailleurs", j'espère que j'ai mal compris!)Bonjour Solko.

Écrit par : Sophie L.L | mardi, 18 novembre 2008

@ Sophie : Je pense que Léopold veut dire ( ???) que dans tous les syndicats, dès qu'un individu prend des responsabilités, il a souvent tendance à devenir carriériste ( à l'image de ce qui se passe dans les partis politiques, d'ailleurs). Défaut bien français, peut-être, que j'ai pu constater en tous cas de visu et pas qu'une fois. Pas une raison non plus pour jeter le bébé avec l'eau du bain.

Écrit par : solko | mardi, 18 novembre 2008

tenez, solko, je viens de retrouver ce texte que j'avais écrit en mars:

PLACE DE LYON

Toutes les rues de la ville
Sont préludes à l'arrivée
Place des Terreaux
Où la fontaine trémière
Trône sous le regard impassible
De l'hôtel de ville
Les chevaux de Bartholdi
Paissent sur le pavé
Tandis qu'au soleil de givre
Resplendit la profondeur des façades

Écrit par : gmc | vendredi, 21 novembre 2008

@ GMC : Vous venez donc parfois à Lyon ?

Écrit par : solko | vendredi, 21 novembre 2008

je ne bouge plus des ardennes depuis 4 ou 5 ans - en gros, depuis que la poésie m'a assassiné -, sauf en cas de "nécessités" diverses et variées.

Écrit par : gmc | vendredi, 21 novembre 2008

@ GMC : Assassiné ?

Écrit par : solko | vendredi, 21 novembre 2008

assassiné, mais je vous rassure, rien de grave.
la poésie est une arme de destruction massive, elle ramène toujours au jeu du Highlander.

Écrit par : gmc | vendredi, 21 novembre 2008

@ GMC : Vieux combat. Entend-on encore le choc des épées ?

Écrit par : solko | vendredi, 21 novembre 2008

il semble que non, mais ce peut être un mirage comme un autre, donc sans importance.

Écrit par : gmc | vendredi, 21 novembre 2008

@ GMC : Ou un mirage les abritant toutes (les importances)

Écrit par : solko | vendredi, 21 novembre 2008

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