vendredi, 27 juin 2008
J'honore l'argent
"Etre sans le sou, c'est le dernier degré du malheur dans notre ordre social. actuel. Je suis de mon temps. J'honore l'argent!" Balzac plaçait cettte réplique dans la bouche de son personnage, le bien nommé Crevel de La cousine Bette. A la même époque, Guizot lançait son slogan déjà sarkoziste à la figure de toute une génération: Enrichissez-vous. Autre citation de Balzac, même roman : "Au-dessus de la charte, il y a la sainte, la vénérée, la solide, l'aimable, la gracieuse, la belle, la noble, la jeune, la toute-puissante pièce de cent sous." Voilà. Dans sa longue liste d'adjectifs, Balzac englobait tous les ordres, de la noblesse au clergé, tous les sexes, tous les âges; réplique du Veau d'or façon Monarchie de Juillet. Qu'en est-il aujourd'hui ? La pièce d'un euro a su tout garder de sa sainteté ; rajoutons qu'elle est aussi sportive, musicale, cinématographique, journalistique, industrielle, européenne et mondialiste, humanitaire, technologique, créative, sexy, parfois grave mais jamais trop. En tout cas, pas dans une poche. Terrible Balzac, cloitré chaque nuit dans sa maison rue Raynouard, griffonant à l'aube, le coeur ivre de café et de dettes : "Une voix lui cria bien : l'intelligence est le levier avec lequel on remue le monde. Mais une autre voix lui cria que le point d'appui de l'intelligence était l'argent."
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dimanche, 22 juin 2008
L'Ours
Octobre 1913 : Henri Béraud crée un pamphlet mensuel, dont il sera, durant onze numéros, l’unique rédacteur, et qu’il nomme L’Ours.
« Le point de vue où je veux me placer est celui des nigauds », assure-t-il dans un article du numéro un. Les nigauds, c’est-à-dire, dans son esprit, les Lyonnais : « Et nous sommes là, près de cinq cent mille Lyonnais, cinq cent mille nigauds, regardant bâtir des murs, jeter un pont, et fondre notre argent à nous demander le pourquoi de tout ce remue-ménage. Car enfin, on ne nous a pas posé la question, à nous, les intéressés. » A la croisée de Guignol et du chansonnier montmartrois, le discours de Béraud assume donc la parole satirique au nom du sans-grade et du sans avis, lui permettant (peut-être) de rire de ses faiblesses et de ses renoncements.
10:15 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, béraud, lyon, l'ours, politique, edouard herriot |
samedi, 21 juin 2008
La gauche épidermique de Carla
Réponse à Carla Bruni sur 4 points ( interview paru dans les colonnes de Libération, 21 juin 2009)
1« Mes réflexes épidermiques sont de gauche. Ce n’est pas une idéologie, ni un système ». Ah bon ! Je comprendrais la signification de tels propos dans la bouche d’une fille du peuple attachée de façon affective à un combat pour améliorer des conditions de vie difficiles; l’épiderme, c’est-à-dire l’’impulsif, l'affectif, le non réfléchi, cela fonctionne en effet comme cela . Mais chez une fille, comme le dit fort bien Laurent Joffrin, « née bien coiffée », cela sonne faux. C’est étrange et indécent. Pour ne pas dire ridicule. Non qu’une fille de la bourgeoisie n’ait pas « le droit » d’être de gauche. Mais dans ce cas, c'est avec sa tête qu'elle le devient, pas sa « peau ». « Mes réflexes épidermiques ! » Cela signifie quoi ? Car si quelque chose doit être le fuit d’une réflexion, c’est bien précisément cela : être de gauche. Toute la tradition française en témoigne et le souligne. Ceux qui sont de gauche de façon "épidermiques" appartiennent justement à cette frange de la gauche hystérique qui a diabolisé votre mari, de la même façon que la droite hystérique, en son temps, diabolisa Mitterrand. Pour être de gauche, il faut une réflexion, pas des réflexes. Une réflexion précise. Nourrie. Toute l’histoire de la gauche est celle de la pensée mise en commun, en collectif, c’est-à-dire en idéologie. Un mot sur lequel, comme votre mari, vous crachez. Parce que vous ne savez que trop que la gauche ( comme la droite, d’ailleurs) repose sur un terreau idéologique. Ceux qui crachent sur l’idéologie sont des opportunistes, rien d’autre. De tristes et scandaleux opportunistes. Et la manière dont vous balayez cette évidence au nom de l’épiderme est non seulement choquante. Elle est stupide. Et fort inquiétante.
2. A propos de la visite présidentielle à Buckingham, vous dites : « Je suis une femme moderne. Mais les traditions ne sont pas modernes. J’ai juste pris ce chapeau et ce vêtement-là ». Belle lapalissade, entre nous, beau lieu commun qui nous déplace à mille lieux de la pensée, de la culture, de la réflexion d’une autre femme, fort intelligente, sur la tradition : Je songe à Hannah Arendt et la Crise de la culture dont je vous conseille la lecture, puisque vous souhaitez peut-être « faire quelque chose » ( tels sont vos propos) sur ce terrain-là. Pour l’instant, excusez-moi de vous dire que vous êtes plus proche de France Gall que de cette grande et belle dame, même à l’instant des courbettes devant la reine d’Angleterre.
3 « Les Français sont un peuple assez nostalgique, très littéraire, et aussi assez peu musical ». Beau jugement à l’emporte-pièce. Vous les connaissez donc bien ? Depuis l’Après-Guerre, les Français vivants aujourd’hui et issus des classes moyennes, voire populaires, ont subi une série de mutations et de bouleversements sans précédent. Parce qu’un certain nombre d’entre eux ont voulu et encouragé ces changements, je ne crois pas qu’on puisse affirmer de façon aussi péremptoire que tous soient si « nostalgiques » que cela. Les Français ne sont pas « une entité », comme vous le dites maladroitement : ils sont multiples et variés. Ce qui est sûr, c’est qu’ils sont frappés dans l’ensemble par un phénomène constant d’appauvrissement économique, qui va de pair avec un dépérissement inévitable de la vie culturelle à laquelle ils peuvent prétendre. Et comme les Irlandais, ils se sont montrés lors d’un référendum récent en majorité peu favorables à cette Europe libérale dont votre mari et vous-même vous revendiquez si ardemment. Leur nostalgie est plus une forme de mécontentement refoulé au quotidien devant cette Europe des riches dont vous faites partie, qui révulse de plus en plus de monde, en France comme ailleurs. Littéraire ? La France, comme le rappelle Bernanos dans son essai La France contre les robots a été un pays littéraire. En effet. Un pays même lettré, ce qui était rare. Parlez aux étrangers que ce passé illusionne et qui viennent aujourd’hui parmi nous : beaucoup vous diront que la France a perdu le prestige dont ce passé l'auréolait. Les Français parlent mal leur langue, l’écrivent encore moins bien, et on ne peut pas dire qu’hormis une frange qui s’est professionnalisée dans "le littéraire", le peuple français soit un peuple de lecteurs. Abruti de CD et de DVD plus que de livres, comme l’Angleterre, comme l’Espagne, l’Italie, la Russie, le pays subit l’influence plutôt négative sur ce terrain-là des médias. Existe-t-il encore une vie intellectuelle en France ? Une réelle littérature qui ne soit pas seulement, comme l'est la chanson de variété, dédiée au divertissement ou bien à la consommation ? Beaucoup se posent la question, vous le savez bien! Ce qui est vrai de la littérature l’est aussi de la musique. Et de la peinture… On peut rajouter hélas! Ne mentez pas aux gens, s'il vous plait.
4. Que reprochez-vous à Ségolène Royal ? « Sa voix ». Pourquoi sa voix ? « Elle ne me dit rien ». Diable... Ségolène devrait-elle enregistrer un disque pour gagner votre suffrage ? l’Elysée en chansons… Un jour de "Fête de la musique", c’est donc cela, un « réflexe épidermique » de gauche ? Ni-cola, ni-Carla, j'espère que les lecteurs de Libé vont boycotter le CD de la dame... Car il est bien possible qu'au fond cet interview ne soit qu'une entreprise de promotion.
15:17 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : carla bruni, carla, sarkozy, politique, actualité, culture |
lundi, 19 mai 2008
Les lyonnais au 7ème ciel
Le slogan est facile ; le jeu de mots est idiot. Pour une manchette du Progrès, une première page de l’Equipe, passe encore. Passe encore. Titre régional, titre sportif, tous deux amis des piliers de bistrots et de ce genre d’approximations : pourtant, être citoyen, désormais, cela se décline-t-il sur le même ton qu’être supporter ? C’est bien, en effet, sur les panneaux d’affichage municipal électroniques que la phrase tourne en boucle : LES LYONNAIS AU SEPTIEME CIEL ; là où d’habitude sont annoncées les permanences de mairies et autres renseignements : monsieur Collomb, jusqu’à quel point prenez vous vos électeurs, et tous les autres pour des cons ?
Dans le vestiaire de l’OL, samedi soir, à Auxerre, Cris et ses copains répandent comme du foutre le champagne de la victoire par bouteilles entières sur le carreau. Vision inquiétante du mâle heureux, du champion qu’on est, s’il faut en croire la parole sainte de la chanson. Tout à coup, le visage rond et les yeux globuleux du président Aulas, annonçant par la porte entrouverte à tous ses joueurs : « si samedi prochain, vous gagnez la coupe de France, je vous offre une décapotable à tous »… « Je vous offre une décapotable… » Et pourquoi pas une belle petite pute en prime ? Ah, les vraies valeurs du footballeur, les voilà donc, la belle nana et la belle caisse, les bonnes valeurs citoyennes des salariés en milliers d’euros... Et tous, donc, dans ce vestiaire de milliardaires, tous ces héros qui ont propulsé chaque Lyonnaise et chaque lyonnais à parité égale – parait-il - « au septième ciel », tous de se mettre à brailler brailli-braillant et tous en chœur : Président, président…, tout en faisant encore gicler le contenu des bouteilles de champagne tout autour d’eux, et sur le col de la veste de Jean Michel.
Autre image, tout aussi ahurissante, celle d’un pauvre mec d’une trentaine d’années perdu sur les tribunes lensoises de cette dernière journée de championnat, qui tombe en pleurs, oui, vous lisez bien, en pleurs. Parce que, oui, figurez-vous, Lens, un club historique, le club des ch’tis, savez-vous pas, Lens, eh bien Lens est pour de bon relégué « dans l’enfer » de la Ligue 2. Et voilà que, soudain, un petit gamin -six ou sept ans pas plus- ce petit gamin prend ce qui doit être son père et dont la poitrine est tout brisé de sanglots incompréhensibles et horrifiants dans ses bras pour le consoler comme il le peut : un monde à l’envers. Et voilà qu’on comprend comment la passion du foot vient aux pauvres gosses, me direz-vous… Dernière image, pour achever d’horripiler les irréductibles, en prélude de ce qui nous attend avec l’Euro et la putain de liste de Domenech : En Chine, cette fois-ci. En Chine. On compte les morts au fur et à mesure qu’on les découvre, un à un, les morts, une à une, les dépouilles, on les aligne, on les recense, on les couvre, et puis on désinfecte. . Cela en fait de bien beaux reportages, n’est-ce pas monsieur PPDA, n’est-ce pas monsieur Pujadas… Félicitations au membres du gouvernement chinois puisque, au contraire des vilains dirigeants de Birmanie qui refusent l’accès aux occidentaux, sont pour une fois « transparents » : Ah, cette mondialisation des Droits de l’Homme par le sport, les médias et l’économie, un septième ciel, n’est-ce pas ! Et c’est au nom de ce septième ciel que nous devons tous nous réjouir, enfants, femmes et hommes de cette Terre ravagée, surpeuplée, et pourtant joyeusement indifférente, parce que, proclame un speaker dans toutes les langues, sur ces images de désolation : la flamme olympique va passer….
20:26 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : lyon, championnat, politique, foot, aulas, collomb, domenech |
lundi, 10 mars 2008
Maires de Lyon
Lyon garde ses maires lorsqu'ils sont lyonnais et ne font pas trop de remous sur le plan national : ce qu'on leur demande, c'est de la discrétion. De la bonne discrétion, alliée à de la bonne efficacité. Gérard Collomb, opposant socialiste historique à Francisque Collomb puis à Michel Noir, intronisé parmi les notables inoffensifs sous le mandat de feu Raymond Barre, a gravi une à une toutes les marches qui l'ont conduit à cet Hôtel de Ville dans lequel il siège depuis déjà un septennat. Comme Henri IV, dont la statue équestre confère à la façade de la Maison commune, place des Terreaux, l'élégance d'une patisserie bavaroise, il doit se dire qu'après tout Lyon vaut bien une loge ! 52,9 % dès le premier tour ! C'est historique, titre Le Progrès local, qui ne mâche jamais ses mots. Edouard Herriot lui-même, dont le tombeau à l'esthétique stalinienne fait l'angle droit quand on pénètre dans le paisible cimetière de Loyasse, n'y était, en cinquante années d'un règne sans partage, jamais parvenu une seule fois : Est-ce dû au propre génie de Collomb ou à la nullité crasse de Perben ? Un peu des deux, sans doute, un peu des deux. Gérard Collomb a la carne salée d'un rusé pragmatique. Guignera-t-il, pour imiter Edouard le Bel, une carrière nationale ? Lui qui, comme l'auguste Précurseur, fut tout d'abord agrégé de Lettres ? C'est peu probable. Autre temps, autres moeurs : Gérard préfère jouer la carte d'une sorte de régionalisme européen, un peu à la façon d'Aulas, l'Agrégé de Foot Local. Eliminé à nouveau de la Ligue des Champions, l'OL demeure sur "la voie royale" (autre titre du Progrès) pour un septième sacre en Ligue 1. Tudieu ! Ce dimanche 10 mars 2008 aura été, décidément, le jour du conservatisme le plus intransigeant : On reconduit le maire, on reste le boss du championnat. Perben n'a plus qu'à aller pleurer dans les bras de Juppé, l'entraîneur municipal de la mairie de Bordeaux. Désagrégé, pour sa part.
08:51 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : lyon, élections, politique, collomb, ps, actualité |
samedi, 08 mars 2008
IL FAUT VOTER !
Celui-ci a la vie dure et la peau solide. Il faut voter ! Je connais gens de toutes sortes et de toutes générations, capables de vous l'asséner en toute occasion. Si vous ne filez pas droit, vous êtes un mauvais citoyen ! Mauvais ! Vous ne songez pas à tous ces nobles esprits, à tous ces braves gens, à tous ces sacrifiés et ces martyres qui sont morts pour la démocratie ! Eh, dites ! Si vous n'aviez pas eu la chance extraordinaire d'être leur con-citoyen, si vous étiez né dans l'un de ces pays de sauvages ou de malheureux qui ne connait pas l'élection, ah ! ... Vous vous rendriez compte de votre égoïsme, de votre insouciance... Non! non ! Il faut voter, il faut y aller. Même blanc ! Mais il faut se déplacer.
Ce catéchisme républicain ignore pour commencer que le droit de vote n'est pas un devoir. Remarquons bien que la confusion entre droit et devoir, (comme celle entre individu et citoyen, client et consommateur, choix et option...) est monnaie courante autour de nous. Cela ne signifie pas que j'aie le devoir impératif de voter : d'ailleurs il m'est arrivé de voter au moins aussi souvent qu'il m'est arrivé de ne pas voter, à des élections de toutes sortes. Et je dois dire que j'ai plus souvent regretté d'avoir voté que regretté de ne pas avoir voté. Toute une génération (celle d'Elections / pièges à cons) semble avoir à ce point viré sa cuti qu'elle culpabilise les plus jeunes aujourd'hui. Dans un de ses poèmes, Gaston Couté décrit ces chars à bans de moribonds qu'on traîne à la maison commune pour déposer dans l'urne au jour dit le bulletin sacré. Aujourd'hui, ce ne sont plus avec des bulletins de morts ou de moribonds qu'on bourre les urnes, mais avec des bulletins de téléspectateurs. Est-ce un progrès ?
08:48 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : politique, élections, lieu commun |
mardi, 05 février 2008
La disparition
Que dire de ces livres plats, sans relief, sans profondeur, dont la société du spectacle nous inonde ? Quel intérêt y avait-il, déjà, à lire un ouvrage consacré à la pauvre existence de Rachida Dati ? A celle, non moins exaltante, de Cécilia Sarkozy ? Et quel nouvel intérêt y aurait-il à se pencher sur l'un de ceux qui racontent la vie de Carla Bruni ?
Je remarque au passage que le e muet, qui laisse de façon si douce en suspens à l'oreille une consonne, ou bien qui lui permet de s'essoufler lentement dans un bruissement vaporeux, le e muet est bizarrement (ou tragiquement) absent du nom des femmes du président. Le nom et le prénom de chacune de ces dames qui ne donnent pas dans la nuance, au contraire, ne possèdent qu'une voyelle claironnante et sonnant sec en finale. Comme, entre parenthèses, celui de leur mentor Nicolas Sarkozy qui ignore aussi abruptement qu'un claquement de porte la tendre suggestion et la fine délicatesse du e muet si caractéristique de la langue de Bossuet (qu'il écorche d'ailleurs tant qu'il le peut). De la plus fermée (A, noir) à la plus ouverte (I rouge, disait Arthur.), les voyelles des femmes du président et du président lui-même sont donc sans mystère, sans ambiguïté, sans profondeur. Starlettes, tout au plus. De là à dire que celles et celui qui les portent sont, de même ....
Cette disparition ferait en tout cas une bonne intrigue pour un Pérec post-moderne qui aurait du temps à perdre à broder sur la vie de tous ces êtres insipides dont le destin n'est que de passer de rayons en rayons, tout en empochant un maximum de blé. Signes éphémères, pauvres livres de vent... "L'Art s'intéresse à l'objet pauvre, disait Tadeusz Kantor, pour le faire passer de la poubelle à l'Eternité." Belle formule inspirée du dadaïsme et du ready-made, façon Duchamp. Et pour de vrai, ni le banc de la Classe Morte, ni la roue du char du Retour d'Ulysse, ni le pistolet de Marcel Duchamp ne sont entièrement passés à la poubelle. Qui aurait, pourtant, la folie de vouloir sauver de la consommation frénétique dont ils sont les repoussants emblèmes tous ces haïs, icones si vertigineusement et si tragiquement vides et indignes du moindre e muet ?
17:30 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : politique, littérature, société, voyelles |
lundi, 04 février 2008
Un monde en toc
Assiégé par des rebelles, un palais présidentiel tremble. Dans un autre, un avocat véreux épouse une courtisane liposucée. Seul sur un banc, un homme lit la philosophie d'un Grec ancien, qu'on vient de lui fourguer avec le journal du soir. Au magasin bio du coin, une cliente antipathique se fait tirer son sac par un malfrat malin. Le lendemain, un club breton de CFA 2 sort d'une compétition footballistique pourrie un club pro. Quelques jours auparavant, le conseil d'administration d'une banque avait reconduit son PDG qui venait pourtant de laisser partir en fumée rien moins que 7 milliards d'euros. Ce qu'on retient des primaires aux Etats-unis, c'est que pour être noir, il faut quand même être né d'une mère blanche afin de partir à l'assaut de la Maison du même adjectif. Tout ça ne nous dit pas l'heure, assurément. Mais quand même.
On ne peut imaginer à ce jour le nombre de mères de famille âgées de la cinquantaine qui rêvent de voir leur progéniture, mâle ou femelle, s'imposer enfin à un jeu de téléréalité. Compensation narcissique ? Economique ? 78 millions d'euros, c'est le budget d'un film érigé à la gloire de la connerie française et diffusé dans le monde entier. Un traité rejeté par référendum est ratifié en catimini par des députés et sénateurs réunis en congrès à Versailles. Tous plus ou moins maqués dans une loge ou dans une autre. Cela ne sera que le énième calamiteux traité de Versailles. Celui-ci, nous dit-on, n'est qu'un mini. Comme les fourmis. Pendant ce temps, des millions de consommateurs de démocratie participative s'activent à préparer les élections municipales à venir, comme si ça devait changer quelque chose à leur morne existence. Dame, vous disent-ils, un maire, c'est un élu de proximité avec lequel on peut causer. Soit. Mais tout ça ne nous dit toujours pas l'heure.
A quoi bon, me direz-vous l'heure, l'heure ? « Nous disparaissons ». Tels sont les premiers mots d'un essai qui vient de paraître chez Flammarion (voir ci-contre). Analyse brillante, par son auteur canadien Ollivier DYENS, de la relation qui s'est tissée entre chacun d'entre nous et ceux que Georges Bernanos appelait déjà, en 1944, "les robots". Analyse brillante mais in fine décevante car finalement impuissante. Cet auteur, comme beaucoup de verbeux officiels, ne sort du rang que pour mieux aller y occuper une place un peu plus en tête au box-office des centres de distribution d'objets culturels. Le tout guidé par "l'effroi technologique" qui n'a pas l'air de le terroriser tant que ça, ni intellectuellement, ni moralement, ni spirituellement : car s'il n'y a rien à faire, véritablement, qu'être cette "machine qui palpite", alors pourquoi avoir écrit ce livre ? Et où sont passés les polémistes d'antan ? Techniciens, le seraient-ils devenus jusqu'aux confins de leurs lacunes? A ce rythme-là, le monde en toc ira, par nos soins, proliférant, en effet... Et qu'importe l'adjectif qu'un petit malin ira plaquer sur le mot condition. Cette prolifération, quand chacun d'entre nous et tout ce que nous consommons en fait partie, n'est plus même une condition. A quel point Beckett avait, non pas vu ( Qui voit ? Où sont les voyants, où sont les visionnaires ? ), mais subi - et décrit - juste ! Sous le ciel gris d'un monde en toc, pour se faire un chapeau de paille, toute l'actualité du monde, et tous les essais qu'on peut écrire à son sujet, ne suffit plus.
14:06 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : société, actualité, culture, politique, critique, littérature, beckett |
mardi, 04 décembre 2007
Ségolène et son histoire d'amour....
Non... Après s'être prise pour la Madone en personne, l'ex-candidate du Parti socialiste, qui ne sait parler que d'elle-même et de son avenir, ose à présent se prendre pour Barbara ! Jusqu'où ira-t-elle dans la sale récup' ? Je ne peux même pas dire que cela m'étonne, tant l'ego surdimensionné de cette femme ridicule laisse songeur. Quelle époque vulgaire! L'ère des coucous et des vautours, l'ère des faux-monnayeurs et des imposteurs de tout poil... Qu'en penserait Barbara, la longue et belle dame brune, la véritable Barbara, Monique Serf de son état, et auteur originale de Ma plus belle histoire d'amour ? que j'ai tant écoutée, qui m'a tant fait rêver, de ville en ville et de scène en scène, celle à qui je dois tant ? Celle qui, lorsqu'elle vous regardait dans les yeux, et malgré sa tristesse, déjà, d'être empêtrée dans le show-business, et dans une sale époque, et dans une humanité qu'elle invitait à aimer tout en sachant qu'elle ne valait pas grand chose, celle qui savait pourtant vous communiquer force, tendresse et dignité... Oserais-je dire Foi ? Ce n'est pas le cas, hélas, de la pilleuse et de la piteuse qui reprend aujourd'hui un titre qui ne lui appartient pas en espérant usurper une légitimité médiatique pour la prochaine présidentielle. Cette femme, qui ment comme elle respire, prétend dans Le Monde daté d'aujourd'hui ne pas s'être rendu compte qu'elle donnait à son livre le titre d'une chanson de Barbara. Son service de marketting ira-t-il jusqu'à prétendre aussi que c'est un hasard, s'il sort aujourd'hui, jour de la sainte Barbara ? Jusqu'à quel point prendra-t-elle les gens pour des idiots ?
Le fait de piquer ce titre est d'ailleurs un aveu : A quel nègre doit-on le reste du bouquin ? A l'heure où les nains, pour se faire une dimension, pillent ainsi, sans vergogne, les grands, la question de Kant se pose à nouveau, et devrait, par nous tous, être posée à cette gauche dérisoire, falsificatrice et immonde : Que pouvons-nous espérer ?
07:25 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ps, ségolène royal, politique, barbara, royal, socialisme |