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samedi, 29 mai 2010

L'ipad selon Paul Lazarsfeld

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"Le contenu de la culture populaire, le kitsch, est en train de détruire l'idéologie des travailleurs et de remplacer leur conscience de classe, leur moralité politique par des banalités sans intérêt. II a fallu des décennies aux travailleurs pour prendre conscience de leur identité de classe. Par leur pouvoir de séduction et de contrainte, les mass media les en écartent. Pis encore, l'idéologie diffusée par les produits de la culture de masse implique une acceptation bourgeoise de l'état de choses existant ; cette idéologie est presque inconsciemment absorbée par les travailleurs lorsqu'ils lisent la presse à gros tirage, lorsqu'ils vont voir des films médiocres, lorsqu'ils restent rivés à leur écran de télévision.

Les adversaires de ces arguments font observer que les ouvriers ont toujours été exposés à la culture de classe dominante, mais qu'ils ont toujours su, jusqu'à présent, préserver leur propre culture, leur conscience, leur identité de classe envers et contre tout. En outre, si leur foi militante est assez fragile pour être à la merci de la télévision, c'est qu'elle est prête à s'effondrer au premier choc.

La crainte que la diffusion de la culture de masse ne provoque un recul de la culture des classes laborieuses n'est certainement pas sans fondement. Ce processus a fait l'objet d'une bonne analyse dans le livre de R. Hoggart, The Uses of Literacy [1], et sans aucun doute, il agit aussi nettement en France que dans les milieux populaires décrits par Hoggart. Ce n'est heureusement pas mon rôle de juger du bien fondé de l'argument et de l'ampleur du péril."

 

Paul Lazarsfeld, Exposé Introductif, Communication n°5, 1965



[1] 1. Hoggart (R.), The Uses of Literacy, Changing Patterns in English Mass Culture Fairlawn, New-Jersey, Essential Books, 1957.

vendredi, 28 mai 2010

Suicides

Il parait que le taux de suicide est plus élevé chez les professeurs que chez les policiers. Mais on en parle moins, parce qu’ils ne se tuent pas avec leur arme de service...

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jeudi, 27 mai 2010

Le pouvoir est ailleurs

Soir de grève. Tout le monde est content : les syndicats, pas déshonorés, disent-ils. Ils ont pu compter leurs troupes. Le gouvernement. Pas ébranlé dans sa légitimité, dit-il. Il continuera à piloter les réformes nécessaires. Cette cogestion tranquille des affaires du pays dure depuis si longtemps, de prétendue alternance en alternance prétendue, que je me demande comment des gens peuvent avoir la naïveté de penser que les représentants divers de l’ordre technicien qui structure le monde vont frémir ou sourciller en les voyant défiler ainsi.

J’en suis même à me dire que dans le plan de mesures d’économie concocté par les syndicats à l’usage du gouvernement figurent ces journées de « lutte », ponctuelles et parfaitement inutiles en terme de revendication, mais qui à chaque fois permettent de prélever  dans  la masse salariale une part consentie  par chacun au nom d’un droit de grève qui, finalement, comme le droit de vote, dans le système technicien, se retourne contre celui qui croit en disposer pour l’enfermer un peu plus dans une logique de spectacle, c'est-à-dire d’impuissance et de mort.

 

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20:57 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : politique, société, grève, retraite, sarkozy, ps, ump, syndicats | | |

mercredi, 19 mai 2010

Les barres de l'infortune

 

Aujourd’hui, à midi, cette barre immonde va disparaitre du paysage. Qui va la regretter ? Certes, pas moi. Implosée...

J’ai passé une partie de ma vie dans un immeuble de ce genre, un immeuble hideux dans une banlieue autre que la Duchère (dans le neuvième arrondissement de Lyon), mais qui lui ressemblait. Oui, l'immeuble pourri où j’ai vécu ce qu’on appelle l’adolescence était bien du même genre. Comme si, à une époque, ces fumeuses années  soixante & soixante-dix, on avait en effet décidé que dans le bétail humain, chaque membre se valait. Niveler les  habitats, les êtres, les esprits, les traditions, les  cultures,  les âmes. Les gens de droite (Pompidou, Giscard et ses sbires), puis les gens de gauche (Mitterrand et les siens)  n'ont à ça rien trouvé à redire. Au contraire... Habitat et humanisme... We are the world... Cette horreur de l'égalitarisme que je porte en moi me vient de là, d'eux. J'en ai expérimenté l'inanité dans le joyau de mon coeur. Pouah ! La banlieue... Que de conneries démagogiques n'ai-je pas entendu à son sujet, gens de gauche comme gens de droite confondus ?

Je revois le hall et ses boites aux lettres qui n’étaient alors pas encore disjointes., mais quel  vide quel ennui !  Les ascenseurs pas encore détruits par des loubards incultes, mais quelle uniformité, quelle zone ... Les couloirs déserts, pas encore hantés par des garces de quatorze ans, mais quelle tristesse, quel sentiment d'abandon!  Le gardien de la cité, homme débonnaire. Au-dessus des appartements (un assemblage cubique dérisoire,) des celliers. Ces immeubles avaient été construits pour les rapatriés d’Algérie, et furent longtemps gérés par les HLM. Au fur et à mesure qu’ils se sont enrichis, les rapatriés d’Algérie ont quitté ces lieux infâmes. Ils ont eu raison. Moi aussi, dès que j’ai pu. Il n’y a aucun charme, aucune gloire à vivre en banlieue. Rien. Banlieue = lieu du ban. C’est l’étymologie qui dit cela.

Il n’y a bien que Jack Lang pour oser déclarer que le rap est une culture. Et la banlieue, un lieu de vie...

De son appartement, place des Vosges…

Ah si. Le fils de Sarkozy, aussi. A ce qui parait. Le blondinet produit "le son du ghetto"... A suivre ICI

 

Ceux qui ont vraiment connu la banlieue pour avoir grandi dedans ne l’aiment pas et font ce qu’ils peuvent pour la quitter. Normal. Quel plaisir, aimer un enfer ? Un vide ? Du rien ? Ils ne vous diront jamais , comme Jack, et de ce ton-là, que le rap est une culture, ceux-là.  Ni que la banlieue est un endroit fascinant.

Ils se réjouissent que tombent une à une les barres de l’infortune et de l’aliénation.

20:22 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : barre 220, duchère, banlieue, société, politique, urbanisme, la duchère | | |

dimanche, 16 mai 2010

Emma Goldmann (1869-1940)

« Le développement, ce n'est en soi ni l'invention ni la technique. Rouler à 150 Km à l'heure n'est pas un signe de civilisation. C'est à l'individu, véritable étalon social, que se mesure notre degré de civilisation ; à ses facultés individuelles, à ses possibilités d'être librement ce qu'il est ; de se développer et de progresser sans intervention de l'autorité coercitive et omniprésente. » (Emma Goldmann, « L’Individu, la société, l’Etat »)

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12:56 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : emma goldmann, anarchisme, littérature, politique | | |

samedi, 15 mai 2010

J'aime la façon dont il le dit

Carmen M. Reinhart & Kenneth S. Rogoff, This Time Is Different. Eight Centuries of Financial Folly, Princeton : Princeton University Press, 2009

Michael Lewis, The Big Short. Inside the Doomsday Machine, London : Allen Lane, 2010

Naomi Klein, The Shock Doctrine (La stratégie du choc : La montée d’un capitalisme du désastre), 2007

Bel apologue de Paul Jorion

Il y a l’animal et les parasites sur son dos…

Comment se fait-il que le dirigeants européens l’ignorent, ignorent ce genre de choses … ?

 

09:07 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : paul jorion, crise, europe, politique | | |

dimanche, 09 mai 2010

Impactés

« Si nous ne stabilisons pas la situation, c'est l'ensemble des autres places financières dans le monde qui seraient aussi impactées »

Nicolas Sarkozy, à Bruxelles (8 mai 2010)

 

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Ce terme, qui provient de la novlangue de la finance et de la communication, n’est pas recensé dans mon Petit Robert (édition de 1992). J’y trouve, en revanche, impact, du supin de impengere, (heurter) « impactum », qui signifie donc « collision, heurt » et, de manière plus molle, « effet d’une annonce forte, brutale ».

Chaque guerre de l’histoire a créé son vocabulaire. Celle qui se déroule sous nos yeux, qui est d’ordre politico-économique, invente aussi le sien. « Défendre, sauver, gagner » : ça, tout le monde comprend. Sauf qu’aujourd’hui il s’agit de défendre un territoire monétaire (la zone euro) qui n’a ni âme ni identité ni histoire, et sur lequel le commun des mortels aura bien du mal à planter et faire pousser le moindre chou.

Toutes les rotatives de propagande, celles de droite comme de gauche, vont tourner à plein régime sur le thème « il faut sauver l’euro », comme avant quatorze il fallut sauver la patrie. Z’allez voir ça ! Prononcer le moindre mot de travers contre l’euro, cela équivaudra bientôt à dire du mal de la mère patrie en Quatorze, ou de l’immigré du coin dans le conseil d’administration du MRAP. .  A chacun son terrorisme : un plan de rigueur en guise de mobilisation générale, et tout le monde au pas…

09:38 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : crise, novlangue, politique, bruxelles | | |

samedi, 08 mai 2010

Le printemps de tous les parapluies

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Quand on annonce le pire, chacun entrouvre son parapluie. Les dirigeants politiques aux affaires, d’abord. Ceux qui sont dans l’opposition et qui n’auraient pas fait mieux que les autres, ensuite. Cela fait déjà une fort jolie file.

Mais ce n’est pas parce qu’on ouvre un parapluie que la pluie cesse, l'avez-vous  remarqué ?

L’Europe des dirigeants tente donc de sauver son euro, contre l’Europe des peuples qui n'a jamais été à son égard d’un enthousiasme débordant, c’est bien le moins qu’on puisse dire.  L’Europe des dirigeants feint à nouveau d’ignorer à quel point la fondation de la zone qui porte son nom, de référendums bâclés ou annulés en traités bidonnés, a été aléatoire et repose sur un épais mensonge, protégeant d’un seul geste (ouvrir son parapluie) la loi dictée par « les marchés ». Les marchés ! Les milliards qui doivent être prétendument alloués à la Grèce retourneront ainsi dans la poche des spéculateurs impunis, dont tous ne vivent d’ailleurs pas aux Etats-Unis ou en Asie, mais certains en France, en Grande Bretagne, en Grèce ... Et l’on ne voit pas pourquoi ces dits spéculateurs se priveraient de s’attaquer à nouveau à des Etats affaiblis par ce plan de prétendu sauvetage, à l’Espagne, au Portugal, à l’Irlande, avant de guigner pour leurs tableaux de chasse de plus jolis morceaux. On n’a donc pas fini d’entendre le brusque déclic des baleines, et le soyeux son du tissu qui se tend du côté des banquiers non plus.

Sur ceux qui n’ont pas de parapluies, en revanche, l’orage risque de tomber longtemps. Et dru.

 

20:19 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : grèce, politique, europe, crise, parapluies, euro | | |

jeudi, 06 mai 2010

Le bon ordre dans la cité

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Notre ville ne périra jamais par l’arrêt de Zeus et les desseins des bienheureux dieux immortels, car la gardienne au grand cœur, fille d’un père puissant, Pallas-Athénée, étend son bras sur elle. Ce sont les citoyens eux-mêmes qui, par leur sottise, esclave des richesses, veulent détruire la grande cité ; les chefs du peuple ont un esprit injuste ; ils sont près de subir de grandes épreuves, à cause de leur excessive démesure ; car ils ne savent pas contenir leurs désirs insatiables, ni prendre avec mesure et dans le calme les plaisirs du festin qu’on célèbre. Ils s’enrichissent en s’attachant à des actions injustes ; ils n’épargnent ni les biens sacrés, ni les biens publics, et volent, par rapine, l’un d’un côté, l’autre ailleurs ; ils n’observent pas les principes vénérables de justice ; la déesse se tait, mais elle garde en elle-même la notion de ce qui se passe et de ce qui s’est passé, puis à son heure elle ne manquera pas de venir et de punir.

Telle est la plaie incurable dont, maintenant, est envahie cette ville entière qui rapidement est tombée dans une vile servitude ; celle-ci a réveillé la révolution et la guerre qui dormaient et beaucoup d’hommes ont péri dans leur aimable jeunesse. A cause de ses ennemis, cette ville si aimable se ruine rapidement dans les ligues de partis, chères aux hommes injustes Tels sont les maux qui tourmentent le peuple et, parmi les pauvres, il en est beaucoup qui s’en vont vers une terre étrangère, vendus et chargés de honteuses chaînes. Ainsi le malheur public vient sous le toit de chaque citoyen, et les portes de la cour ne peuvent pas l’arrêter ; il saute par-dessus le mur élevé et trouve immanquablement sa victime, même si elle cherchait refuge dans une chambre reculée, au fond de sa maison.

Solon, « Le bon ordre dans la cité », - 594 avant JC.

07:30 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : politique, europe, littérature, grèce, société, solon, crise | | |