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lundi, 21 juin 2010

Le foot, c'est méta-fort

Les politiques qui ont fait du foot une métaphore de la société française en 98 voient donc enfin cette métaphore leur retomber dessus par un coup de boomerang  salutaire.  Pas seulement la métaphore du très démagogique slogan black-blanc-beur, mais aussi celles qui structurent tout un lexique comme celui du coaching universel qui était censé incarner la relation d’entreprise instaurée dorénavant du haut en bas de la société, du « tu fais une erreur et ça se paye cash » débité par les joueurs sans cervelle à longueur d’écrans, du « c’est que du bonheur » pour célébrer l’argent dans lequel on nageait à profusion, la notoriété acquise grâce à quelques bons ballons.

S’il est des footeux qui espèrent que ce sera l’occasion d’un formidable coup de balai, aussi bien dans l’Equipe de France que dans la fédération, chez les agents, les clubs, les entraîneurs… j’ai peur qu’ils soient bien optimistes : il y a trop à balayer, et puis avec quoi balayer, et qui tiendra le balai ? Sans compter la surface : la mesure-t-on ? Du vestiaire à la loge et de la loge au palais, le terrain est pour le coup bien trop vaste pour des petites mains. Et trop symbolique. C’est bien dommage.

 Au moins que ce spectacle grotesque soit l’occasion de rappeler quelques vérités historiques : si la France est une nation de footeux, elle ne l’est que depuis trois générations. Au mieux, une mode, donc. Occupation de gentlemen, le football anglais fut introduit dans le pays au début du XXème siècle : c’est bien peu, pour faire une tradition. En 1931, pas plus de 145 000 joueurs.  Pas grand-chose, à côté de la boxe, de la pétanque  ou du cyclisme. Ou même de l’intérêt des Français pour le tennis. Dernière remarque : C’est la presse qui a contribué à faire du foot un spectacle de masse en France ; suivie par les entreprises qui perçurent bien vite le potentiel publicitaire du nouvel arrivant. C’est la presse qui est en train de tordre le cou à l’imposture actuelle : le foot, quand même, c’est méta-fort.

A lire aussi :

- On se traite d'enculé et on recommence

- Que du bonheur

- Sacré, le maillot bleu ?

- L'ère du foot

- OL-Bayern

- Le foot et le cul

 

 

10:16 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : football, politique, france, coupe du monde, histoire, société, mondial | | |

dimanche, 20 juin 2010

On se traite d'enculé et on recommence

Cela ressemble tellement à ce que disent partout des collégiens, fils de pauvres : « y’a pas de mal, m’s’ieur, circulez ya rien à voir »… Sauf que là, c'est des adultes, milliardaires...

Ce que proclament Evra, le capitaine (« c’est la faute du traitre !»), Escalettes, le président qui déplore – tout en commençant à comprendre que ça devrait quand même lui coûter son poste («Il y a des vestiaires, des choses s'y passent, des déceptions, des clashes, il y en aura, ce n'est pas exceptionnel, mais parce que c'est l'équipe de France, c'est une affaire d'État»), Ribéry le pauvre ch’ti balafré (lui, il ne dit plus « c’est que du bonheur », mais « c’est que des problèmes » …), et même Domenech, l’entraîneur offensé qui pourtant minimise : «cette affaire devient importante lorsqu'elle fait la Une d'un journal, avant, elle relève simplement de la vie interne »… bref, ce qu’ils disent tous, comme après le coup de boule de l’autre abruti du dernier Mondial, c’est ça, la même chose que ce que disent les élèves quand ils s’insultent : « y'a pas de mal, m's'ieur… »

Spectacle ridicule, assurément. Consternant, évidemment. Mais prévisible, ô combien ! Ce qui est drôle, et ô combien révélateur, dans cette débauche de pognon balancé par la fenêtre, c’est que les plus emmerdés, dans cette affaire, sont les politiques (de gauche comme de droite) qui depuis 98 nous bassinent avec la « culture foot », « l’éducation à la citoyenneté par le sport », « la France du foot » et autres vraies conneries qui servaient bien leur projet purement libéral.

Aujourd’hui, le roi foot est nu. Piteuse image. Et bon débarras. 

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12:52 Publié dans Des inconnus illustres | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : anelka, football, politique, coupe du monde, société, actualité | | |

samedi, 19 juin 2010

De l'amitié en société libérale

Pour se développer, fleurir et tenir bon entre les hommes, l’amitié véritable a besoin de se nourrir d’un sentiment minimal d’égalité entre eux. C’est pourquoi elle a pu s’éprouver longuement dans des situations transitoires où cette illusion d’égalité était à même de se faire ressentir avec le plus de justesse : l’école, l’armée, le séminaire. Le maquis (celui dont René Char parle dans ses feuillets d’Hypnos) offre sans doute la situation la plus propice à la souveraineté de l’amitié, parce que le sentiment d'égalité le plus extrême s'y fait ressentir. Les aléas de vie et de fortune, la situation devant la mort et les risques encourus au quotidien n’y sont pas simplement un facteur de rapprochement, mais bien plus un révélateur de l’égalité des conditions sans quoi il n’est point, entre les hommes, d’amitié possible. C’est ainsi que Char, à propos d’Emile Cavagni, parle de frère d’action : « Je l’aimais sans effusion, sans pesanteur inutile. Inébranlement. », dit-il.  Mais à plusieurs reprises, le poète évoque avec appréhension et lucidité l’après (n° 65 et 65) et la perte du « trésor commun », une fois venue la Libération.

Pour le reste, Char a magnifiquement défini le ressenti propice à l’amitié en liant ce sentiment à celui de sympathie, mais aussi à la nécessité de servir et même d’œuvrer ensemble : « Cet homme autour duquel tourbillonnera un moment ma sympathie compte parce que son empressement à servir coïncide avec tout un halo favorable et mes projets à son égard. Dépêchons-nous d’œuvrer ensemble avant que ce qui nous fait converger l’un vers l’autre ne tourne inexplicablement à l’hostile » (n° 196)

La société libérale prive les hommes de cette œuvre commune, en les dressant au contraire les uns contre les autres dans des projets singuliers. Elle n’a de cesse, par ailleurs, de rendre criantes les inégalités de sorts et de fortunes entre les membres qui la composent. C’est pourquoi l’amitié véritable y est en son sein impraticable ou souvent très douloureuse. Tout juste peut-on parler de camaraderie, en évoquant quelques similitudes de goûts ou de tempéraments, quelques intérêts communs un bref instant partagés. Ou de collégialité lorsqu’au travail, des êtres qui ne se sont pas choisis et se trouvent placés face à l’affrontement de tâches quotidiennes similaires, ressentent quelques bribes, quelques aspects de la nécessaire entente entre les hommes. Le sentiment d’appartenance à un clan se trouve alors partiellement légitimé, de façon éphémère. Un concept ambigu d’équipe se fait jour. Encore faut-il, pour que ce concept fonctionne, qu’un semblant d’égalité de traitements entre les membres de cette équipe soit identifié par tous. Ce qui, dans la société libérale, est de plus en plus difficile à faire, entre hommes et femmes, jeunes et vieux, héritiers et non-héritiers, diplômés de telle ou telle école… Si les pools de brancardiers fonctionnent mieux que les dreamteams de certaines entreprises, sans doute est-ce parce que les écarts de salaires y sont moins importants. Ne parlons pas de ce que certains continuent à nommer fort hasardeusement l’Equipe de France de foot.

Reste ce que bien des gens appellent leurs amis : J’entendais dans la rue l’autre jour une mère expliquer à son enfant que les Untel étaient leurs amis, qu’ils avaient été témoins à leur mariage et vice-versa, et qu’ils avaient souvent partagé ensemble des locations d’été. Ce qui tient lieu d’amitié, c’est ici l’adéquation commune à la même classe sociale (quelle qu’elle soit) et ce n'est qu'une affaire d'habitus, comme disait Bourdieu.  Ainsi se fréquente-t-on, du haut en bas de l’échelle sociale, entre gens du même monde et qui partagent les mêmes opinions, c'est-à-dire bien souvent, les opinions de personne.  

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17:36 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : amitié, politique, football, libéralisme, société, l'équipe | | |

vendredi, 18 juin 2010

Waterloo, morne plaine

« Moi je suis un mondain. Je crains Dieu, mais je crains plus l’enfer de la misère. Etre sans le sou, c’est le dernier degré du malheur dans notre ordre social actuel. Je suis de mon temps. J’honore l’argent »  C’est un personnage de La Cousine Bette de Balzac, un salaud pur jus, le bien nommé Crevel qui s’exprime aussi vertement. Oh, ça pourrait tellement être aussi n’importe lequel d’entre nous, non ?  L’actualité de Balzac est saisissante ; si l’actualité de cette œuvre est si saisissante, c’est qu’elle a placé en son centre exact ce qui est au centre exact du monde déliquescent qui est le nôtre depuis deux siècles : écoutons-le, en ce tout début de chapitre XXIX de cette étonnante Cousine Bette, ce Celestin Crevel, génial autant que taré, éternel et à jamais crevé : « C’est le roi Louis-Philippe qui règne, et il ne s’abuse pas là-dessus. Il sait comme nous tous qu’au-dessus de la Charte, il y a la sainte, la vénérée, la solide, l’aimable, la gracieuse, la belle, la noble, la jeune, la toute-puissante pièce de cent sous ».

Au centre de l’œuvre, donc, une compréhension dont Marx et Engels, dans leur correspondance, s’étonnaient eux-mêmes, s’avouant l’un à l’autre tels deux écoliers naïfs qu’ils avaient « plus appris sur l’économie à la lecture des Paysans de Balzac qu'en lisant les économistes et les historiens ». Cette phrase, par exemple, que je retrouve sur l’une de mes fiches thématiques et jaunies qui datent de mes premières lectures de la Comédie Humaine (en des temps pré-informatiques -autant dire préhistoriques-) mais ces fiches écornées (sur lesquelles je reconnais mon écriture d’alors) témoignent que ces temps pas très éloignés de Waterloo ont bel et bien existé : « Une voix lui cria bien : l’intelligence est le levier avec lequel on remue le monde. Mais une autre voix lui cria que le point d’appui de l’intelligence était l’argent. »

On trouve cela dans les Illusions Perdues, bien sûr.

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01:48 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : balzac, politique, waterloo, littérature, cousine bette, colonel chabert, actualité | | |

mercredi, 16 juin 2010

La pédophagie de l'image

Dans La Crise de la culture, Hannah Arendt rappelle le sens du mot autorité, pris dans son acception étymologique : l’autorité est une augmentation. Une augmentation du pouvoir. Pendant longtemps, c’est la parole, celle des clercs, des poètes, des tribuns, qui a bénéficié de cette reconnaissance publique. Aujourd’hui, même si le pouvoir s’exerce toujours aussi efficacement dans la discrétion et le secret des palais et des loges, on peut constater à quel point c’est l’image et l’image seule qui est devenue l’agent de cette augmentation auprès du public. Dans certains cas même, qu’on se souvienne du « coup de boule » de Zidane, c'est une action en soi sans intérêt, faite par un type sans intérêt, mais qui, dans le contexte économique et politique d’une finale de coupe du monde, et celui du montage sémantique aussi ridicule qu’efficace depuis 98 du signifiant  « Zizou »,  s’est diffusée à la vitesse de la lumière dans l’esprit de millions des gens.

Tout ceci relève du lieu commun, du lieu le plus commun même. Nous vivons ainsi sous un régime des plus autoritaires qui soit, le régime de l’image, la société du spectacle. Et dans une société où, curieusement, chacun croit trouver dans l'image un moyen à sa portée de se  libérer.

Ainsi, l’image la plus terrifiante qui nous est imposée par cette curieuse société est celle que, par la mode, elle prétend permettre à chacun d'entre nous de donner de lui-même.

La mode qui, du temps des dandys pouvait encore permettre à un individu de marquer son originalité au sein de la communauté, est devenue la façon la plus conventionnelle que la dictature de l’image égalitaire offre à la personne - spécialement la jeune personne - pour trouver non plus sa place, mais ses contours, ses formes, son reflet dans le monde commun. Voyez ces troupeaux d’adolescents si similaires, à la déchirure de pantalon ou à la mèche de cheveux près, si conformes à ce que la société autoritaire attend désormais d’eux, tous pourtant si certains d’affirmer une originalité là où le terrorisme de la convention se saisit d’eux et de leurs illusions sans leur laisser la moindre chance, pour peu que leurs parents soient ce qu’il y a de pire au monde : d’éternels adolescents. Ainsi réifié par les bons soins de ses géniteurs qui n’ont (au sens propre) plus aucune autorité, l’adolescent des classes moyennes devient une sorte de projection – la plus conventionnelle qui soit – de leur souci constant d’intégration dans la société du spectacle. Une sorte d’enfant-sandwich, en quelque sorte, et dans tous les sens du terme puisque le voilà en effet pris entre ce qu’au fond ses parents attendent de lui (être au goût du jour, vivre sa jeunesse libérée…) et le tyran par excellence auquel il faut se plier pour être vraiment dans le rang : l’image, autoritaire et pédophage, devant laquelle il n’est plus de contestation politique possible.

 

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08:32 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : pédophagie, politique, télévision, image, autorité | | |

dimanche, 13 juin 2010

Qui dit mieux ?

Une vraie bonne école pour tous, avec une moyenne de 63 élèves par instituteur. De quoi inspirer tous les gouvernements européens par ces temps de pénurie budgétaire. C’était en Allemagne, en 1916.

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20:14 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, europe, luc chatel, éducation nationale | | |

La plaine mortelle

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Ridicule, dit Obama à propos de l’effort entrepris par BP pour endiguer la fuite de pétrole. Minuscule, réplique Tony Hayward, pour qualifier le volume de pétrole se dispersant dans le volume total d’eau de l’océan : Ridicule, minuscule : ne dirait-on pas que ces deux hommes ne parlent que d’eux-mêmes ?  « Il est dommage que la nature ait besoin de nous confronter violemment à notre propre insignifiance pour nous rappeler l'ordre des choses. » tance de son côté Nicolas Hulot, vertueux représentant de l’écologie presque politique.

Tandis que l’action BP plonge en Bourse, Obama la suit dans les sondages. Du coup, certains commencent à s’émouvoir du sort prochain, qui de son cours, qui de sa popularité. Comme si c’était cela qui comptait ! Que peut-on pourtant attendre de ces deux minuscules et de ces deux ridicules ? C’est évidemment tout le système, dont le mode de vie qui nous est imposé nous rend complices qui a grignoté chaque jour et finit sous nos yeux de lentement dévorer la beauté du monde. La planète évidemment survivra à nos exactions collectives. Mais dans quel état ? Et pour son bien, sans doute n’y serons nous plus. Poséidon et son trident, lentement abîmé par et dans la conscience des hommes, aura changé sa vague douce en un miroir, où réapprendre notre propre noirceur. La plaine liquide d’Homère sera redevenue méticuleusement mortelle.

17:54 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : obama, tony hayward, bp, marée noire, actualité, politique, société | | |

samedi, 12 juin 2010

Les Nuls de l'In-foot

Très pervers, le foot : il y a ceux qui ne parleront que de ça, et ceux qui ne voudront pas en entendre parler. Y’a ceux qui soutiendront la France, ceux qui souhaitent qu’elle gicle au plus vite. Dans les deux cas, le foot prend une place qu’il ne devrait pas avoir, vraiment pas, ni dans notre imaginaire ni, évidemment, dans la société. Les medias et les politiques seront parvenus à en faire une sorte de référence. Et quelque position qu’on prenne, on se retrouve à la prendre par rapport à lui. Lui. Le foot. Le foot, c’est comme Sarkozy, qu’on soit pour ou contre, on en parle. Se déchiffre là sa parenté avec le pouvoir. Le foot a bien pris le pouvoir, hélas : Pouvoir idéologique avec ce concept bidonné de France black-blanc-beur. Concept qui, dans sa paroissiale, stupide et médiatique tolérance a oublié les jaunes (désolé, y’avait que trois couleurs sur l’ancien drapeau). . . Pouvoir médiatique, car c’est bien le foot qui incarne le spectacle total aux yeux d’une bonne partie de la population. Pouvoir commercial : qui s’insurge véritablement des salaires de tous ces connards, joueurs, entraîneurs, présidents de clubs, journalistes sportifs ?(1) On te dira que c’est toi le connard, l’aigri, le jaloux… Pouvoir culturel, enfin, puisque comme l’a souligné l’excellent Nauher , même les guignols de la direction du PS courent derrière les Ribéry et consorts en prétendant que le foot c’est de la culture…

Histoire de songer à autre chose, et de se faire plaisir, une perle rare (je crois) : le sourire de Hitchcock

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(1) Eugène Sacomano, le bon Eugène de « Ooonnnnn refait le match », sur RTL, monnaye de simples et vulgaires piges à 5000 euros, par exemple, tandis qu’on trouve audacieux un propos de Rama Yade qui n’est qu’un simple propos de bon sens, sur l’incongruité d’un hôtel de luxe pour l’équipe des joueurs français, lesquels dans cette affaire ne représentent bien évidemment qu'eux-mêmes et leurs propres intérêts. La France, qu'on lui foute la paix.

06:46 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, france, afrique du sud, les bleus | | |

lundi, 07 juin 2010

Un dimanche ordinaire

Ce matin, sur la place, sont arrivées une trentaine de personnes. Certaines en maillots bleus. Des hommes, des femmes, entre trente et cinquante ans. Ils ont investi le lieu comme si c’était la cour d’un camping à Palavas les Flots : des glacières, deux barbecue, des sacs, des pliants et leurs foutus jeux de boules. Eux, elles. Comme si c’était chez eux. A une heure de l’après midi, ils ont commencé à enfumer tout le coin avec leur saloperie de fumée puante. Nous avons appelé la police nationale qui nous a dit qu’elle avait d’autres chats à fouetter. Le type au standard m’a donné le numéro de la municipale. Quand j’ai appelé, un répondeur m’a redirigé sur un service, enfin. Une voix.

J’ai expliqué au policier municipal que deux barbecues empuantissaient la place tandis qu’une trentaine de beaufs commençaient à jouer aux boules en gueulant : « on est des champions… On est champions… » Quand ils seraient avinés, ou plutôt abierés, ça allait devenir quoi ? Le type m’a dit qu’une voiture allait passer.

Un peu plus tard, en effet, une voiture de la police municipale est arrivée. Ils sont allés voir les types. Ils leur ont causé quelques instants.

Un peu plus tard, dix minutes à peine, toujours de la fumée. Nouvel appel. Mais cette fois-ci, lorsque la police arrive, c’est pour nous demander de descendre les rejoindre. Nous leur expliquons la situation. Les policiers municipaux nous expliquent qu’ils leur ont demandé d’éteindre leur barbecue, que ça devait prendre un quart d’heure. Ça ne fume plus, à présent. Nous comprenons qu’ils ne veulent pas se déplacer à nouveau pour ça.

Le barbecue en effet est éteint. Ils commencent à jouer aux boules. A hurler à chaque « but ». Gros rires gras. C’est la culture foot, m’a dit un jour quelqu’un. A chaque fois que tu marques, tu gueules. Tu gueules parce que tu jouis. C’est comme ça. Et ça promet.  Pourvu que les autres cons, là-bas, se ramassent au plus vite une bonne branlée. Rama Yade a proféré quelque chose de sensé à propos de cette foutue « culture foot ». Elle a  jugé indécent (il serait temps !) le choix d'un hôtel de luxe pour héberger les Bleus pendant la première phase de la Coupe du monde. Pour une fois qu’un membre de ce gouvernement disait quelque chose de décent, justement, il fallut bien qu’un autre le rabrouât. C’est venu de l’inénarrable Roselyne Bachelot, qui a fait la leçon à sa jeune collègue. Entre temps, vers quinze heures, il a plu. Fort. La place s’est vidée. Ouf. Les beaufs se sont barrés dans un café.

Une heure plus tard, les revoilà. Ils ont gueulé comme des veaux, comme s’ils étaient chez eux sur cette place. Espace public, espace privé… Ils ont gueulé, braillé, vociféré trois bonnes heures. Je préfère n’en rien dire de plus, de ces humains-là. Et de ces humaines, également. Pas un sexe pour racheter l'autre. Quel avenir, pour l'homme... Tous viennent de partir. Laissant des empilements de canettes, des sacs poubelles, des détritus. Il flotte à nouveau. Merci, la pluie. Si les noctambules n’en rajoutent pas tout à l’heure, les employés municipaux se chargeront de déblayer toute cette merde. Eux sont payés. C'est comme ça qu'il faut penser de nos jours. C'est pour ça que je parle d'alcoolisme municipalement organisé, et d'abrutissement étatiquement entretenu. Les employés municipaux, dans l'histoire : des domestiques, rien de plus. Qu'est-ce que vous croyez ? Les citoyens ? Des vieux cons. Un dimanche ordinaire. Vivement l’hiver.

 

 

08:06 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : société, football, rama yade, nuisance, barbecue, politique | | |