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mardi, 04 novembre 2014

Quand les mots se la coulent douce

Longue et belle journée de lecture à l'abri de la pluie, une pluie longue, constante, musicale. Ailleurs, plus bas en Ardèche, dit-on sur les écrans, l’eau a fait des ravages. Elle n’a fait par ici qu’y ruisseler tout le jour, y rafraîchir l’air, y planter pour de bon l’automne qui tardait à venir, au mépris de la Toussaint et de ses mornes randonnées de survivants à travers les tombes.

Lire, donc. Dans un pays politiquement éteint, lumière des Lettres.

Ecrire, tout autant. Et mêler la satire à sa nostalgie, la dérision de la dénonciation à celle de l’aveu de soi, amorcer ce retour au sein de l’Heimat infidèle.

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La littérature est un univers en soi, une chambre close, quand les mots se la coulent douce.

19:38 Publié dans Des poèmes, Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, lecture, novembre | | |

mardi, 25 novembre 2008

Alceste

J'ai le bon sens qu'habite pas loin de chez moi. La nuit, quand tout repose dans l'arrondissement, je vas lui demander quelques conseils. Il répugne jamais à m'en livrer quelques uns : le bon sens est un bon bougre que ne trouble pas sa popularité grandissante dans le pays. Les parchemins qu'il déroule ne sont-ils pas emplis de lieux communs qui ont aidé un sacré paquet de dépressifs à vivre en bonne sociabilité avec leur prochaine et son prochain ? Que si !  Il en délivre dans toutes les langues, pour tous les goûts et selon toutes les opinions. Il faudrait le décorer, bon sens, de la médaille du mérite citoyen. Je préfère aller l'entendre la nuit parce que, depuis qu'il a fait un mailing d'enfer en glissant des petits papiers roses avec son numéro de téléphone dans toutes les boites aux lettres, y'a une queue pas possible devant chez lui, du soir au matin. Avec ce qu'ils lisent dans la presse et ce qu'ils voyent à la télé, les gens du quartier, qu'est-ce qu'ils feraient sans ses conseils avisés ?

VOUS SAVEZ PLUS QUOI PENSER ?

VOUS SAVEZ QUOI DIRE ?
ALLEZ DANS LE BON SENS …

En allant chez lui, longtemps, je longe le grand boulevard qui ferme par le Nord le petit lot d'immeubles gris où je loge. A un endroit, y'a un misanthrope qui loge dans les grands arbres presque centenaires qu'on parle de couper à cause de leurs puces qui tombent sur les enfants quand ils jouent dessous. Il est le seul à jamais tendre l'oreille au bon sens. Une vieille avec une poussette m'a dit que la première fois où il l'a vue diriger ses pas par chez lui, il lui a jeté des cailloux dessus pour l'en détourner.  Vous vous rendez compte ? "On aurait dit un forcené". Une autre fois, il s'en est pris à un couple d'amoureux. Alceste a sa réputation qui tourne de plus en plus mauvaise. Le bon sens raconte à tout le monde qu'il faut plus l'écouter. D'ailleurs, quand novembre commence à répandre sur nous tous son air de banquise, et que les beaux platanes un à un ont perdu tout leur plumage, est-ce bien censé de continuer à crêcher là-haut, dans les arbres ?  Le bon sens dit : hein, voyez ? Est-ce bien censé ? A ce train là, plus personne ne lui adressera bientôt plus la parole. Bon sens dit que c'est ce qu'il cherche. La doctrine de bon sens, c'est qu'il faut pas faire de vagues, que tout se vaut dans ce bas monde, et qu'il faut laisser les originaux décoiffer les altitudes des plus hautes branches et passer son chemin : ils finiront par se lasser, rentreront tout penauds chez eux quand plus personne fera attention à eux. Avec bon sens, on se demande où va le monde, qui des deux roses emportera le parterre dans quelques heures et si on ferait pas mieux de tous s'aimer. Alceste, lui, il rêve devant les feuilles mortes et jette des cailloux sur la tête des passants. On sait plus trop ce qu'il faut en penser ...

08:11 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : littérature, politique, misanthrope, lyon, feuilles mortes, novembre | | |