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mardi, 25 novembre 2008

Alceste

J'ai le bon sens qu'habite pas loin de chez moi. La nuit, quand tout repose dans l'arrondissement, je vas lui demander quelques conseils. Il répugne jamais à m'en livrer quelques uns : le bon sens est un bon bougre que ne trouble pas sa popularité grandissante dans le pays. Les parchemins qu'il déroule ne sont-ils pas emplis de lieux communs qui ont aidé un sacré paquet de dépressifs à vivre en bonne sociabilité avec leur prochaine et son prochain ? Que si !  Il en délivre dans toutes les langues, pour tous les goûts et selon toutes les opinions. Il faudrait le décorer, bon sens, de la médaille du mérite citoyen. Je préfère aller l'entendre la nuit parce que, depuis qu'il a fait un mailing d'enfer en glissant des petits papiers roses avec son numéro de téléphone dans toutes les boites aux lettres, y'a une queue pas possible devant chez lui, du soir au matin. Avec ce qu'ils lisent dans la presse et ce qu'ils voyent à la télé, les gens du quartier, qu'est-ce qu'ils feraient sans ses conseils avisés ?

VOUS SAVEZ PLUS QUOI PENSER ?

VOUS SAVEZ QUOI DIRE ?
ALLEZ DANS LE BON SENS …

En allant chez lui, longtemps, je longe le grand boulevard qui ferme par le Nord le petit lot d'immeubles gris où je loge. A un endroit, y'a un misanthrope qui loge dans les grands arbres presque centenaires qu'on parle de couper à cause de leurs puces qui tombent sur les enfants quand ils jouent dessous. Il est le seul à jamais tendre l'oreille au bon sens. Une vieille avec une poussette m'a dit que la première fois où il l'a vue diriger ses pas par chez lui, il lui a jeté des cailloux dessus pour l'en détourner.  Vous vous rendez compte ? "On aurait dit un forcené". Une autre fois, il s'en est pris à un couple d'amoureux. Alceste a sa réputation qui tourne de plus en plus mauvaise. Le bon sens raconte à tout le monde qu'il faut plus l'écouter. D'ailleurs, quand novembre commence à répandre sur nous tous son air de banquise, et que les beaux platanes un à un ont perdu tout leur plumage, est-ce bien censé de continuer à crêcher là-haut, dans les arbres ?  Le bon sens dit : hein, voyez ? Est-ce bien censé ? A ce train là, plus personne ne lui adressera bientôt plus la parole. Bon sens dit que c'est ce qu'il cherche. La doctrine de bon sens, c'est qu'il faut pas faire de vagues, que tout se vaut dans ce bas monde, et qu'il faut laisser les originaux décoiffer les altitudes des plus hautes branches et passer son chemin : ils finiront par se lasser, rentreront tout penauds chez eux quand plus personne fera attention à eux. Avec bon sens, on se demande où va le monde, qui des deux roses emportera le parterre dans quelques heures et si on ferait pas mieux de tous s'aimer. Alceste, lui, il rêve devant les feuilles mortes et jette des cailloux sur la tête des passants. On sait plus trop ce qu'il faut en penser ...

08:11 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : littérature, politique, misanthrope, lyon, feuilles mortes, novembre | | |

Commentaires

Qu'en termes galants ces choses-là sont mises!

Écrit par : Sophie L.L | mardi, 25 novembre 2008

Quand le bon sens régente le monde, il n'y a plus, comme l'écrivit un jour marguerite duras, qu'à passer en effet des journées entières dans les arbres.

Écrit par : M Rivière | mardi, 25 novembre 2008

Parce que vous trouvez que le bon sens régit le monde, vous ?

Écrit par : anthrax | mardi, 25 novembre 2008

En tous cas, il ne régit pas toujours ce blog et Alceste est en train de griller un fusible apparemment .

Écrit par : solko | mardi, 25 novembre 2008

Décidément votre manière d'écrire me plait de plus en plus...
Un article plein de bon sens sans mauvais jeu de mot.
Merci encore^^

Écrit par : Celyus | mardi, 25 novembre 2008

Décidément votre manière d'écrire me plait de plus en plus...
Un article plein de bon sens sans mauvais jeu de mot.
Merci encore^^

Écrit par : Celyus | mardi, 25 novembre 2008

LE BON SENS
C'EST L'AUTRE

Écrit par : Pascal Adam | mardi, 25 novembre 2008

Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris
mais comme on dit chez moi, en Haute-Savoie
"Quand on voit ce qu'on voit, qu'on entend ce qu'on entend et qu'on sait ce qu'on sait, on a bien raison de penser ce qu'on pense".

Écrit par : Rosa | mardi, 25 novembre 2008

@ Pascal Adam :
L'AUTRE SENS
EST LE BON

Écrit par : solko | mardi, 25 novembre 2008

@ Rosa : Si vous en avez d'autres comme ça, je suis preneur.

Écrit par : solko | mardi, 25 novembre 2008

Dites, z'auriez pas vu la marche arrière, défois? J' trouv' pô.

Écrit par : Pascal Adam | mardi, 25 novembre 2008

@ Pascal : La marche arrière ? C'est tout droit. Ou dans les arbres. Faut voir avec Alceste et là, c'est délicat.

Écrit par : solko | mardi, 25 novembre 2008

c'est le monde à l'envers! les messieurs brodent maintenant ?
Et ils brodent bien !
Enfin le monsieur ... Plume légère et sens dessus dessous, ça se lit comme une liqueur (genre eau de vie de cerise)
Ce billet me touche beaucoup en fait ...
Merci à vous et Saluez(si vous le croisez), de ma part, mon héros préféré: monsieur Alceste... J'en profite pour vous souhaiter une très douce soirée un petit peu insensée (c'est comme ça qu'on les aime) ...

Écrit par : frasby | mercredi, 26 novembre 2008

J'aime bien ce fond de misanthropie foncière Solko... (ce "censé" c'est fait exprès je pense?)

Écrit par : Tang | jeudi, 27 novembre 2008

@ Tang : Ah, tiens, non. C'est une belle coquille, merci.

Écrit par : solko | jeudi, 27 novembre 2008

Oups ce n'était pourtant pas de ma part une question faussement modeste.
Comme c'est une faute que 'on trouve si souvent en sens inverse de nos jours (être sensé...) j'ai cru à un fait exprès ironique...
Pourquoi choisir l'explication simple quand on peut hasarder une hypothèse délicieusement hasardeuse?

Bonne soirée Solko.

Écrit par : Tang | jeudi, 27 novembre 2008

Les commentaires sont fermés.