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dimanche, 05 octobre 2014

Flinguer le petit Juif

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Léa Salamé et Eric Zemmour, On n'est pas couché, 4/10/14

Flinguer le petit Juif : C’était, de toute évidence, le mot que s’étaient donnés les habitués du Salon Verdurin télévisuel du samedi soir, je veux dire l’émission préchauffée et recuite de Ruquier. Zemmour venait y présenter son dernier livre qui, comme celui de Trierweiler (signe des temps), est déjà épuisé quelques jours après sa sortie. Avec Le suicide Français, il écrit au fond les Mythologies de ces quarante dernières années : du mariage de Coluche et le Luron au film Dupont Lajoie de Yves Boisset, de la féminisation de la société à l’islamisation des banlieues, du déclin du prolétariat et de l'Eglise à la montée des associations anti-racistes et sectorielles, Zemmour tente, comme le fit Roland Barthes en son temps, dans un « lien d’insistance, de répétition » de démystifier le « naturel dont la presse, l’art, le sens commun affublent sans cesse une réalité qui, pour être celle dans laquelle nous vivons, n’en est pas moins parfaitement historique » (1)

Sauf que ce n’est plus un penseur de gauche s’attaquant à l’ordre moral des années cinquante, c’est un penseur de droite s’attaquant, avec une même plume acérée, à l’ordre moral des années 2014. Un ordre, il le rappelle de page en page, fondé sur la déconstruction des valeurs et des traditions au profit d’un alliage redoutablement corrosif des libéraux et des libertaires fondateurs de la post-modernité : Le pire d’une gauche, qui a égaré en chemin la common decency chère au socialisme d’Orwell, et le pire d’une droite, affranchie de la morale catholique qu’elle a remplacée par celle, plus maçonnique, du marché. Le pire des deux qui s’incarne, il faut bien le reconnaître, dans le président godillot de la République actuelle, sa ministre de la justice et le reste de sa clique gouvernante, crispée dans la mauvaise foi, la démagogie et ce qu'ils nomment la justice.

Ce faisant, Eric Zemmour dénonce les acteurs embourgeoisés du soft-power culturel qui a façonné l’opinion depuis la mort de De Gaulle (c’est là qu’il situe caricaturalement le commencement de la fin) jusqu’au vote Maastricht, « le dernier moment démocratique français », juge-t-il avec raison. Comment s’étonner, dès lors, du tir tendu de tous les salonards du clan Verdurin contre lui, de Denisot à Ruquier, de Cohn-Bendit à Salamé, de Caron à la québécoise Anne Dorval, prototype de la femme savante des temps mondialisés, venue promouvoir dans l’hexagone  Mommy, son film-jackpot sur la relation fusionnelle mère/fils quand le père est absent. Cette ridicule Philaminte qui faillit s’étrangler devant ce qu’elle saisissait de Zemmour était, sur le plateau de Ruquier samedi soir, à se tordre de rire… Mais passons. Elle était bien du niveau des autres, à se prétendre distants et libres de toute idéologie, vivant eux dans un monde ouvert loin de la France rance, quand Zemmour, qui ne cessait de les placer devant leurs contradictions, vivrait lui dans la rancœur, le sectarisme et le passé.

Car c’est bien à la tirelire de tous ces gens et à leur compte en banque, in fine, que les arguments du polémiste s’attaquent, principalement. Tous ces idiots utiles du système, qui en vécurent comme Denisot ou Drucker depuis un demi-siècle - système auquel (Zemmour l’oublie-t-il ?) il appartient aussi -, soudainement attaqués en pleine face par un de leur pair ! un ancien de la boutique, qui plus est… Un renégat, un traître à sa cause...

Je glisserai sur les injures de Cohn Bendit (« Tu es un crétin »), les rodomontades de Caron (des chiffres, des chiffres, des chiffres…) pour en venir à ce qui fut le plus significatif, l’intervention de la nouvelle chroniqueuse de l’émission, Léa Salamé, fille de l’ancien ministre libanais de la culture Ghassan Salamé, qui s'enfuit du Liban lors de la guerre avec sa famille. : «Vous aimez tellement la France, vous, le Juif, vous voulez tellement faire plus goy que goy, faire plus français que français, que vous arrivez à remettre en cause Vichy et à réévaluer Pétain... », lui lança-t-elle, parce qu’il s’attaquait aussi au livre de Robert Paxton, La France de Vichy  (osant rappeler du même coup la complexité d'une période, qui sembla soudainement lettres mortes à tout ce plateau de joyeux festifs endoctrinés venus vendre leur soupe). Réponse de Zemmour, entre la consternation et l'agacement : « Pourquoi vous me ramenez à mon état de Juif? Je pourrais monter sur mes grands chevaux et vous dire que c'est antisémite! »

Et là j’ai senti comme un malaise : et je compris pourquoi il fallait tellement flinguer le petit Juif, ce soir, sur ce plateau où chacun se revendiquait d'une culture ou d'une communauté sexuelle différente, et qu'il menaçait de littéralement faire imploser de l'intérieur : parce qu’il avait passé les bornes, lui, le Juif, comme jadis Dieudonné, le Nègre, les passa chez Marc Olivier Fogiel, à se prendre pour un véritable Français de souche, à peut-être voter Marine Le Pen, et à parler comme l’aurait fait, tiens, ce dangereux fasciste de Renaud Camus, ou pire, l'innommable Alain Soral,  qu'on se garde bien, eux, évidemment, d'inviter. A oublier peut-être ce qu'il doit à ses origines, comme la jeune Libanaise arrivée en France à l'âge de 5 ans le lui rappela sèchement. Terrible, terrifiant,le racisme des anti-racistes, décidément ! Et l'on comprend même sans le lire combien le bouquin de Zemmour se situe encore en-deçà de la vérité, combien la décomposition du pays et la trahison de ses prétendues élites sont avancées, et combien terribles sont les événements que tous ces gens des médias et du show-business au compte en banque bien garni, tout prêts à fuir la France quand les premiers troubles éclateront vraiment, auront inexorablement et très cyniquement fait advenir...

(1) Roland Barthes, Mythologies, avant-propos

vendredi, 03 octobre 2014

De l'estimation fausse du passé et du façonnage délictueux de l'avenir

Le microcosme médiatico-parisien a décidément des ressources infinies ! Après avoir sorti François Hollande des placards du PS pour en faire à l’issue des primaires socialistes le plus mauvais président de la Cinquième République, voilà qu’il projette sur le devant de la scène Alain Juppé, homme d’Etat prétendument  extraordinaire pour s’être mis en un temps record tout le pays à dos lorsqu’il était ( au siècle dernier) Premier Ministre, pour avoir été bien plus tard le ministre des Affaires Etrangères de Sarkozy et avoir remis à neuf entre temps  les quais de Bordeaux. Le personnage apparemment se pique au jeu, pressé, sans doute, d’être le prochain pingouin de la zone. Consternant.

Taubira, pendant ce temps, fait mine de combattre l’islamisme radical dans les banlieues en y envoyant des sociologues. Pourquoi pas des conseillers principaux d’éducation, des assistantes sociales  ou des formateurs IUFM ? Voilà qui en dit long sur les petites manipulations de cette gauche haïssable des centres villes, et  son cynisme aveuglant.  On se souvient que la loi qui porte le nom de ce ministre devait ne jamais, ô grand jamais ! être une porte ouverte vers la PMA : Taubira restera dans les annales comme l’exemple parfait du pompier pyromane, alors que les traces de son funeste passage place Vendôme ne commencent qu’à peine à être visibles. Quels occultes services a-t-elle rendu en loge au pépère de l'Élysée pour résister ainsi à tous les remaniements ?

Cet après midi, dans la salle des ventes, un brocanteur de mes connaissances ne cessait de se plaindre du fait qu’il ne vendait plus rien, et le commissaire-priseur de soupirer devant le peu d’enthousiasme de la salle devant les lots successifs. J’ai acquis pour 30 euros un paysage attribué à un élève de Carrand, une toile certes sans prestige ni magnificence, mais un travail honnête et réussi de l’école lyonnaise de peinture, laquelle depuis longtemps est en jachères pour ne pas dire en ruine. Un univers se délitait devant nous comme dans un rêve, de l’orfèvrerie, de l’argenterie, des meubles, tant et tant d’objets dont la nouvelle classe supérieure de nomades qui hante les grandes métropoles de la zone ne veut plus se charger, ni l’âme ni les poches. Eux sont high-tech et écolos. Ces bibelots et cette vaisselle que la bourgeoisie du dix-neuvième siècle acquerrait à prix d’or ne vaut plus un pet de renard à leurs yeux d'incultes festifs et blasés aujourd’hui. Alors  les vendeurs des puces en emplissent leurs caddys en faisant la moue parce, qu’eux trouveraient presque que c’est encore trop cher pour leur médiocre business.

Tout ce que m’inspirent ces considérations jetées sur l’écran, c’est que concernant l’estimation du passé, on se trouve face une crise de la valeur sans précédent sans doute dans notre culture. Comme est sans précédent la crise de la valeur qui affecte la formation des hommes politiques et celle des prétendues élites, ainsi celle qui touche à la procréation et à l’éducation des enfants, futurs citoyens de la zone, du meilleur et du plus cauchemardesque des mondes… La fin : c'est au fond tout ce que mérite un monde qui ne sait plus estimer son passé, et creuse la tombe de son avenir dans le business délictueux...

 

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La dame à l'hermine, sans rapport avec ce texte, pour se souvenir un instant du Beau, plongés que nous sommes au cœur même  de la laideur

dimanche, 28 septembre 2014

Une nouvelle vue sur le Luxembourg

Rarement la France n’aura traversé un tel vide culturel. Un désert ! A tel point que, tout le monde paraissant polarisé sur la crise économique, et sur les non solutions politiques que les europhiles de droite comme de gauche s’envoient à la figure, on ne parle plus d’elle. La gauche, pourtant, s’était forgée une légende durant les années pompidoliennes puis giscardiennes, celle d’incarner à elle seule la vie culturelle et même la vie intellectuelle. On a peine à le croire aujourd’hui, tant les sexagénaires grisonnants en costumes bleus et tailleurs à poix qui, après une carrière bien remplie au PS, gouvernent le pays à coups de lieux communs sur l’égalité, l’anti racisme et la parité, ont partout anesthésié les forces vives, les forces pensantes de la société. .A moins que ce vide culturel, cette non-culture, ces débats raplaplas, ce bonheur d'être niais ensemble, ce soit cela, précisément, qu'ils appellent le triomphe de la culture ?

Emblématique de cette non-culture, Gérard Collomb ! Il fut maire estampillé de gauche durant tout le mandat Sarkozy. A ce titre, il demeurera le fossoyeur de l’Hôtel-Dieu, et le cofondateur avec Jean Michel Aulas du stade de l’OL à Décines, quelle stature ! Et puis, avec Michel Mercier (lui aussi réélu)  le promoteur pharaonique du très coûteux et très inutile musée des Confluences. Cet adepte des promenades en famille sur les berges du Rhône et des Nuits Sonores (intense, la vie intellectuelle !) vient donc d’être  réélu sénateur après avoir été réélu maire, symbole de la culture du compromis à la sauce maçonnique, et du cumul des mandats à la sauce gribiche.

On nous bassine, dans ce pays quasiment mort, parce que deux membres du front national viennent d’entrer au sénat. C’est bien pourtant la moindre de choses, au vu des pourcentages de votants FN dans le pays profond.  Et puis, sans rire, David Rachline et Stéphane Ravier pourront-ils faire pire que  David Assouline ou Vincent Placé ? Toute cette comédie est à se tordre. Pendant ce temps, les dégâts de la loi Taubira, l’égérie des gays et des lesbiennes,  commencent à se faire sentir avec les décisions de justice prévisibles à propos de l’adoption d’enfants nés de PMA. C’était la raison d’être de cette loi, le fameux droit à l’enfant, droit qui n’a jamais été que l’antichambre du marché des ventres. Et la encore, la présidence Hollande, ses enfumages et ses dénis n’aura été qu’un constant mensonge avec l’égalitarisme pour bouclier. C’est ainsi que Bernard Combes, maire de Tulle, conseiller technique à l’Elysée pour les élus locaux du pingouin, fervent défenseur du mariage pour tous, vient de manger sa culotte. Certes, cela n’empêchera pas la Garde des Sceaux de continuer à sévir en douce, avec cette façon de gouverner par le « droit », derrière le dos des gens. Mais cela devrait avoir du sens dans la tambouille.

De son côté, le président du pire est encore à venir qui, d’une part,  déclare d’une voix trainante qu’Hervé Gourdel est mort sous la lame des jihadistes «parce qu’il est français » affirme d’autre part que ce sont aussi 932 français qui sont partis « faire le Jihad » en Syrie. Laissons cet imbécile à la tête de cette gauche schizophrénique gérer les contradictions de ce que c'est, de leur point de vue, que d'être français,..  Mais comment s’étonner que, sous ce mandat calamiteux, la vie culturelle soit si pauvre ?  Je pense à cette expression qu’ils avaient tous à la bouche, les gens de gauche, à propos de Sarkozy, qu’il avait « abîmé le pays ». Comme on pouvait s’en douter, ceux qui l’ont poussé dehors dans le seul but de prendre sa place et de servir la pelle à gâteaux à leurs lobbies ne pouvaient bel et bien faire que pire. A l'instant, à la télé, Brigitte Bardot, octogénaire , pose sur le port de Saint-Tropez. Et Michel Sardou, septuagénaire à la voix chevrotante, présente sa nouvelle création... Quel renouveau ! Et quelle infinie vie culturelle...

 

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dimanche, 14 septembre 2014

Le bouquin de Trierweiler

C’est curieux, ces gens qui me demandent : « Et vous, avez-vous lu le livre de Trierweiller ? », comme pour tenter de me classer dans une catégorie ou dans une autre.  Celle des anti-Hollande ou celle des pros ? Celle des lecteurs de classiques poussiéreux ou celle des lecteurs de Closer sulfureux ? Celle des sexistes ou celle des féministes ? Avec  les variantes…

Perso, je ne l’ai pas lu. Les bons morceaux publiés par la presse ont suffi à nourrir ma détestation bien connue de l'actuel locataire de l'Elysée. Et j’en ai bien (et gratuitement, merci) rigolé, sans m’en étonner plus que cela : que Hollande se fiche de la gueule des pauvres en privé, ça n’a rien d’étonnant. Il ne doit pas être le seul. Les journaleux qui parlent « d’assassinat politique » à ce sujet ont tort : Moi Président aurait su, ne serait-ce qu’un jour, incarner la fonction, comme disent les politologues, le retentissement de ce livre n’aurait pas été tel. On n’assassine pas un cadavre. Il n’est pas donné à tout le monde d’être ainsi ridiculisé en public : la normalité se venge.

Après, tous ces débats sur faut-il ou non vendre ce bouquinest-ce une merde ou pas, l’outrance des libraires et leur soudain puritanisme sur la question restent cocasses. Quand on passe son temps à vendre de la merde, on devrait se réjouir d’avoir soudain sur ses rayons un bel étron présidentiel, non ? Leur indignation  n’est pas sans me rappeler celle du personnel politique quant aux vertueux idéaux républicains qu’untel ou une telle, en pensant cela ou en faisant cela aurait bafoués. Il faut toujours se défier quand on crie à la vertu comme à un secours : ce sont toujours les plus incompétents qui, en général, entament ces complaintes. Et puis, la République n’est pas plus sacrée que le président n’est monarque ; ce catéchisme maçonnique qui singe l’Eglise et la monarchie depuis la chute de Napoléon III est tout juste ridicule. La normalité de Hollande en aura été l’appendice ultime, dont plus aucun bruit ne s'échappe, sinon les bâillements du public qui s’ennuie devant l'orifice.

 

« Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité », écrit Julie à Saint-Preux, dans la sixième partie de La Nouvelle Héloise. Face aux amants de l'Elysée, aussi pestilentiels et réels que lamentables, les amants oniriques, les amants rêvés, les amants rousseauistes demeurent l’un des cœurs les plus palpitants de la littérature mondiale. Cette Julie devant laquelle cette Valérie n’est qu’une journaliste, ce Saint-Preux devant lequel ce François n'est qu’un président.

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Lecture de La Nouvelle Héloise dédiée à Mme de Damery,

François Hubert, 1765

 

jeudi, 04 septembre 2014

Un SDF de la communication

Un comportement n’ayant pas de contraire, il n’y a pas  de « non-comportement ». Autrement dit, on ne peut pas ne pas avoir de comportement, qu'on soit ou non un personnage public. C’est à partir de ce constat que Paul Watzlawick dégage le premier axiome de la communication moderne dans Une Logique de la Communication : Dans la sphère de l’interaction humaine, impossibilité donc, de ne pas communiquer : un clochard qui s’endort sur un banc dans la rue communique évidemment quelque chose de lui-même et de la société, à son insu. Et ce qui est vrai d’un clochard l’est évidemment bien davantage des personnages qui font profession de trôner sur les écrans, en occupant sur la scène sociale un rôle, de quelque ordre qu’il soit. Que dire de celui qu’on appelle tristement le premier personnage de l’Etat , et dont – à moins de le contraindre à une démission – il semble qu’on doive encore s’accommoder trois ans encore ?

« Je considère que les affaires privées se règlent en privé », disait ce dernier lors de sa conférence de presse de janvier. Certes. Et de répudier publiquement sa concubine, dans un communiqué sec qui fera date dans la petite histoire de l’Elysée. Aujourd’hui, cette dernière publie un livre qui défraie le microcosme parisien et médiatique et qui, parce qu’un comportement n’a pas de contraire, et qu’en effet, on ne peut pas ne pas communiquer, risque de faire parler de lui plus loin et longtemps

Cédant ostensiblement à un mot d’ordre du Palais, on vient d’entendre dans la bouche de toute la gentry socialiste (députés, ministres, sénateurs) la même rengaine : « je ne lirai pas ce livre… », proclament ils, la bouche en croupion et le cœur sur la main ; car « on ne commente pas la vie privée » un tel étalage de serviles dénégations fait sourire. Les journalistes – y compris, pour ne pas dire surtout, les femmes – tombent majoritairement sur Trierweiler comme si elle était devenue une brebis galeuse ; il faut bien avouer que son éclat met à mal les collusions entre le politique et le journalisme dont elle-même est, journaliste et ex-première maîtresse (dame, du latin domina est, rappelons le, étymologiquement réservé aux femmes mariées) l’incarnation absolue.  Valérie Trierweiler, estiment-elles, « déballe du linge sale », est « indigne », etc, etc. Position également du vieux Duhamel, totem des commentateurs politiques, pour qui la « vengeance personnelle » de Trierweiler est « une transgression politique », et même assène-t-il « une muflerie ». On apprécie l’art de retourner les choses. Quant à Pujadas la moue aux lèvres, il renvoie carrément Trierweiler à sa grossièreté et choisit de ne pas commenter cette affaire. Dont acte, le service public ! D'autres, enfin, s'indignent du jackpot financier que représentent les droits d'auteur d'un tel bouquin. Certes, certes ...On aimerait les voir, avec un même et unanime esprit vertueux, dénoncer les salaires des footballeurs ou les coups médiatiques de certains acteurs. Bref...

C’est un plaisir de voir tous ceux qui défendent la transparence, les apôtres de la société de la communication, soudain se retrancher derrière ce quant à soi frileux. Il n’empêche. Ne pas  communiquer quand on est un personnage public et qu’on s’étale chaque jour sur les écrans,  c’est comme s’endormir sur un banc sur une place publique quand on est un clochard. C’est communiquer quand même, et ce pour envoyer le pire des messages. Sauf que là où le clochard subit, le personnage public agit. C’est donc bien pire encore. C'est, comment dire ? Le pire des faits du prince, un prince ridicule qui voudrait que le monde aille à sa guise.

Et niant aussi puérilement le rôle de cette communication qu’il l’a fait roi (des pitres) Hollande creuse sa propre tombe de ses propres dents - qu’il a longues  (au contraire des sans dents diront les plus acerbes). N’est-ce pas lui-même qui a fait du comportement exemplaire de Moi President une jauge morale ? Son programme ? un comportement, pourrait-on dire, son programme se réduit à un comportement, dès lors qu’il mène ostensiblement – et en bien pire – la politique de Sarkozy. Il n’en reste dès lors à ce jour plus rien de crédible.

On pourrait lui rappeler que, s’il avait bien lu son Balzac, il aurait su qu’un homme d‘Etat ne s'affiche pas impunément avec des actrices et des journalistes. Qu'une première dame, a minima, ça s'épouse, surtout quand on se proclame à la va vite le guru du mariage pour tous (ha ha ). Mais la culture des présidents est décidément une peau de chagrin en ce siècle de cuistres.  François Hollande est à présent «atterré», selon les mots d'un de ses proches cités par Le Parisien. Et nous ? ne les sommes-nous pas ?  «Le président n'a rien vu venir, il a appris la nouvelle hier matin, comme tout le monde. Il ne sait pas ce qu'il y a dedans». Et c’est là que le bât blesse.

Car c’est bien cet homme qui, après avoir assuré que le premier navire promis aux Russes serait livré en octobre, et après avoir écouté son conseiller revenant de Washington lui rapportant le mécontentement de son mentor Obama, accepte à présent d’en suspendre la livraison. Versatilité, amateurisme, quand tu nous tiens… Tout ça parce qu’il se rend devant ses maîtres de l’OTAN aujourd’hui. Hollande, rompt donc son contrat et n’honore pas sa signature en ne livrant pas, malgré les intérêts commerciaux du pays, le Mistral à la Russie. Les syndicats des chantiers navals sont scandalisés. Des emplois, des milliards d’euros sont en jeu. Pas seulement des emplois et de l’argent, pour tout dire. Car Poutine, ce n’est pas exactement la même chose que Trierweiler. Et la fonction présidentielle, pas non plus, une bluette amoureuse. 

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François m'a suivi... La faute d’orthographe a fait le tour des rédactions...

mercredi, 27 août 2014

Pourquoi l'école est foutue

Parce que depuis des années, au lieu d’apprendre aux gens les fondamentaux, on passe son temps à se demander comment l’école peut régler les fameux problèmes de société et accoucher d'un nouveau citoyen. Ah les colloques ! Ils en auront  produits, des colloques inutiles, les pédagogues, les socio-psychologues, les spécialistes de la petite enfance, des adolescents difficiles, des quartiers, de la diversité, et – à présent – de l’égalité des sexes…  Ils en auront coûté du pognon aux contribuables, et généré du blabla …

Savez vous qu’aujourd’hui, parmi les 10 compétences requises pour devenir prof (1), la « maîtrise de sa discipline » n’arrive qu’en troisième position ? Et que la première, dite « agir en fonctionnaire de l’Etat de façon éthique et responsable »,  consiste entre autres à « faire comprendre et partager les valeurs de la République ».  Avant même la compétence numéro deux, « maîtriser la langue française pour enseigner et communiquer »

Ainsi, ce qui allait de soi il n’y a pas encore si longtemps s’est grippé. A quel moment ?  A qui la faute ?  Les gens de gauche parlent toujours de manques de moyens, ce qui est faux. Des moyens, il y en a eus.  Et du gaspillage à foison.  C’est plutôt le déplacement des objectifs fondamentaux qui est en cause. Un déplacement délibéré. Et criminel. En 1989 déjà, un éminent professeur de Jussieu me disait : « L’objectif que le politique assigne à l’école n’est plus la transmission de la culture, comme les discours de surface le prétendent. Ni même la formation à la vie professionnelle, car nous entrons pour longtemps dans une société basée sur le chômage de masse. Non. L’objectif premier est le maintien de la paix civile. Il n’y en a aucun autre. »

D’où la nécessité de former, comme ils disent, les nouveaux professeurs à toute autre chose qu’à leurs matières. C’est le rôle des IUFM, de véritables salles d'endoctrinement, que Sarkozy avait heureusement abolis, et que les socialistes se sont empressés de restaurer.  Apprendre à enseigner, ha ha ! C’est là qu’on apprend aux malheureux étudiants qui préparent un CAPES ou une Agrégation à transmettre les fameuses valeurs de la République, catéchisme creux fait de lieux communs comprenant l’égalité, l’anti racisme, la citoyenneté, dorénavant l’égalité des sexes et bientôt la théorie du genre.

L'homme, dans tout ça ? La culture, dans un tel contexte ? Elle n’est plus, comme, au temps des humanités d’autrefois, transmise pour fonder une identité individuelle et organiser une vie sociale, non.  Elle est réduite à l’état de savoir mort, un savoir parmi d’autres, une matière qu’on dit d’ailleurs générale…

La culture véritable vous diront les dirigeants actuels, c'est une série de valeurs. Un peu comme la santé est un capital. Ou un gouvernement, une équipe, un choix politique, une feuille de route. La culture, donc, c’est d’une part la culture d’entreprise, avec le multiculturalisme et la création européenne en toile de fond. Et d’autre part, la citoyenneté, l’anti-racisme et l’égalité des sexes. C'est-à-dire un formatage des jeunes individus à la soumission sans condition au monde contemporain tel qu'on le veut.  Si vous vous demandez ce que le petit soldat Vallaud Belkacem vient faire à l’Education nationale, vous avez la réponse.  Et pendant ce temps là :

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Oui vous avez bien lu, rentré scolaire.  La voilà donc, la raison pour laquelle l’école est foutue. Parce qu’on vous dira à présent  que le problème de l’école est l’égalité des filles et des garçons (quand la mixité est acquise depuis un demi siècle), ou bien la violence, ou bien les programmes trop élitistes, et tout ce blabla dont les ministres successifs se sont repus, laissant filer tous en chœur l’apprentissage des fondamentaux, et la transmission de la culture heureuse, du loisir studieux, comme disaient les Romains. Dans la société du divertissement low coast, il est évident que le loisir ne peut - ne doit - être studieux. 

Aujourd’hui, c’est mort et nous touchons le fond, avec les derniers coups de butoir auxquels il faut s'attendre dans les mois prochains avec cette souriante ministre. C'est mort, et ce ne sera pas faute de s’être battu. 

(1) J’ai horreur de cette abréviation. Dit-on av’ pour avocat, med’ pour médecin, com' pour commerçant,  min’ pour ministre ?

 

mercredi, 20 août 2014

Je hais les touristes (3)

 Le touriste est d’abord voyeur (et non voyageur) et dans un second temps raconteur (et non baroudeur) : c'est-à-dire à dire porteur d’images et faiseur d’opinion. C’est pour cette raison qu’il convient à la fois de le bichonner (on se souvient du souci tout particulier de la préfecture de Paris pour les touristes chinois de la capitale, cible privilégiée de vols à la tire), et de surveiller ses déplacements. Cela peut s’effectuer de manière soft, comme dans les pays démocratiques, au nom d’alibis culturels ou d’intérêts esthétiques, qui guident les masses davantage vers un lieu de mémoire,  d’exposition ou de  divertissement. Mais on a aussi tous à l'esprit les parcours imposés par les pays soviétiques aux visiteurs occidentaux (souvent militants) au temps de la guerre froide, des modèles du genre. Nul doute également que dans cette forme effroyable de tourisme dont il est question ICI, les pas de chacun ne soient bien pensés et les itinéraires pour le moins balisés.

L’obscénité, comme son nom l’indique, c’est le fait de chercher à voir ce qui est hors de la scène  -. Dès lors, rien d’étonnant à ce que le tourisme, cet écart effectué par rapport à la scène quotidienne - ne connaisse des dérives aussi effroyables que le tourisme sexuel ou – variante morbide – le tourisme guerrier : le tourisme n’est qu’une des activités du consommateur, qui engage peut-être plus qu’une autre le regard, mais dont le but reste de satisfaire une curiosité, un goût, une émotion, un paraître (à la façon d’un spectacle), et, finalement, ce que les moralistes du grand siècle appelaient un vice.

Une question se pose alors : En 2014, sur les plages, dans les musées, dans les centres villes comme dans les sites naturels, alors que le tourisme modèle (et morcelle) aussi bien le territoire que le calendrier, ce mal nauséeux est-il évitable ? Je veux dire, est-il possible d’y échapper, de voyager sans se sentir – à un moment ou un autre, pris au piège du tourisme, comme on l’est à celui de la consommation durant le reste de l’année ? Car touristes, au fond, nous le sommes tous plus ou moins à un moment ou à un autre, dès lors que nous vivons dans un monde qui nous place en situation de le devenir dès qu'on pose les pieds dehors. A quel point nous nous laissons piéger, c’est affaire d’hygiène de vie intellectuelle. De regard autocritique, de limites posées. 

 

Affirmer que je hais les touristes revient à signifier que je me hais en touriste. Peut-être alors que la meilleure façon d’échapper à ce qui n’est même plus un mal du siècle, mais une véritable pandémie, serait de revenir aux fondamentaux, aux raisons même que nous aurions de nous déplacer sans cesse : et de renoncer aux voyages qui n’auraient pour but que de voir ou de se faire, comme c’est joliment expliquer ICI, pour retrouver des raisons plus évidentes et plus traditionnelles : aller rendre visite à des amis ou effectuer un travail, ou encore, mais cela devient de plus en plus difficile dans un univers sous haute surveillance, partir à l’aventure…

Martha Rosler, Bringing war home

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mardi, 19 août 2014

Je hais les touristes (2)

Au fond le touriste, où qu’il aille, n’est nulle part un étranger. Il n’est d’ailleurs jamais non plus à l’étranger puisque ses périples déclinent à l’infini une seule conception du monde, celle de citoyen de la planète.  C’est à ce titre qu’il voyage, un visa et une carte visa en poche.Celui qui partout se trouve chez lui, ayant tôt bu à la mamelle de la post-modernité,  est charnellement convaincu que la planète entière n’attend que lui, que la terre est sa nation, son village. Le communicant qui trouva la formule « le village global » résuma en elle l’essence même de ce qu’est la perspective spirituelle d'un touriste. 

D’où l’arrogance feutrée qui parcourt les traits du touriste en train de héler un taxi à la sortie d’un aéroport.  Le touriste est partout chez lui, car l’aéroport et le taxi ne figurent pour sa bourse que le prolongement de son domicile. Ce qui fait le lien entre sa chambre à coucher et la chambre d'hôtel où le taxi le dépose, c’est un certain style de vie, a certain way of life comme on dit, dans la langue du touriste. Ibis, Mercure, Novotel, Pullman, Marriott développent des programmes fidélité, tout comme United Airlines, Air France, Emirates, des programmes pour cumuler les miles. Le touriste ne voyage pas, il visite. Trois petits tours. Il capitalise des vols et des chambres d’hôtels. Le capital est sa matrice.

A quelque classe sociale qu’il appartienne, le touriste se vit partout comme un hôte de marque. Normal. Les paysages qu’ils traversent s’organisent autour de sa personne, ainsi que l’industrie du service qui gravite autour de chacun de ses besoins.  Aussi, à quelque classe sociale et à quelque nation  qu’il appartienne, le touriste devient – qu’il le veuille ou non -  un représentant du système mondialisé qui autorise sa libre circulation à travers le grand village planétaire. Il contribue, certes, aux échanges monétaires de devises ; mais cette participation économique à la marche du monde n’est rien au regard de sa participation proprement idéologique : avec ses valises à roulettes, ses appareils photos, ses lunettes de soleil et ses tenues vestimentaires interchangeables, il est une sorte d’homme-sandwich qui véhicule partout les signes dominants du monde auquel il appartient.

 

Partout, il en affirme la toute-puissance. Avec ses congés payés, il en assure gratuitement – voire à ses frais – la propagande la plus béate et la publicité la plus efficace, sur les cinq continents. Au contraire du voyageur, le touriste ne quitte jamais le système dans lequel il vit, non. Rivé à lui, bien au contraire, il le transporte en tous les sentiers par où il passe. Ambassadeur et citoyen du monde. Leur monde.

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Touristes, piazza di Spagna, Roma

dimanche, 17 août 2014

Je hais les touristes (1)

Ma détestation du touriste remonte loin, à ce temps où je faisais mon Kérouac sur les routes, sac à dos en bandoulière, pouce levé. S’il fallait fixer une image liminaire, ce serait peut-être celle de ce Français juché sur les épaules de la petite sirène de Copenhague, l’été 73, et gueulant à sa femme, bras levés au ciel : « Et surtout, qu’on ne voit que moi… ». Quelque chose d’incompréhensible, pour l’adolescent que j’étais. Sur la petite sirène ? Qu’on ne voit que ce gros con ? étions-nous vraiment du même pays ?  De la même humanité ?

Peut-être aussi dois-je cette détestation à de vieilles lectures : celles des récits des voyages en Orient de Gérard, à de vieux rêves : ceux des premiers beatniks dont, dans l’ennui drômois qui berça ma puberté, je me grisais. Original, ça ne colle pas avec organisé.

Et puis, je suis d’une famille de sédentaires, comme la plupart d’entre vous. Ma grand-mère, par exemple, ne quitta jamais Lyon, sinon pour cette maison de la Drôme où je me suis beaucoup ennuyé en sa compagnie. Pour ces gens-là qui vivaient comme leurs chats, le voyage était un fait exceptionnel.  C’est peut-être ce qui me déplaît le plus chez le touriste : le côté acquis du voyage, comme si c’était un droit… Vulgarité, effet de troupeau, routine : bref, s’il y a bien un ennemi, un contraire absolu du voyageur, c’est bien le touriste.

Une autre anecdote : Je me souviens être allé en Bretagne voir des amis il y a longtemps et avoir visité avec eux un phare, et longuement discuté avec son gardien. En ce temps-là, personne de visitait les phares, ni les cabanes de pécheurs, ni ailleurs les mines ou les camps de concentration. Il y a quelques années, je suis retourné dans le Finistère. Et j’ai vu un car s’arrêter devant un phare désaffecté, des grappes de gens en sortir, appareils photos bringuebalant sur le torse. Un guide avait pris la place du gardien, que savait-il, ce dernier, des longues nuits, passées seul avec le vacarme de l'océan ?Ce côté obligé, balisé, pour finir : j’ai donc renoncé à voyager vers 1997 et je me souviens fort bien m’être dit cette fois-ci, c’est la dernière fois que je prends l’avion. J’ai laissé mourir mon passeport au fond d’un tiroir, et quand il a expiré, je ne l’ai pas renouvelé, de profundis et n’en parlons plus.

 

C’était sans compter sur l’Unesco et ses hits qui classèrent un jour tout mon quartier de la Croix-Rousse avec la bonne ville de Lyon toute entière pour son site exceptionnel et la variété de son architecture. Sans Raymond Barre et Gérard Collomb, qui transformèrent la vieille fête du 8 décembre en festival des Lumières. Si tu ne viens pas au tourisme, le tourisme viendra à toi. Moi qui, jadis, engueulais des potes qui  tiraient irrespectueusement le portrait des autochtones sur le marché de Cotonou au Bénin, me retrouve pris en photo par ces cons à la fenêtre de mon immeuble, habitat typiquement canut and so and so…  Les touristes sont décidément une sale engeance. J’ai connu à Briançon une dame charmante, qui les appelait fort justement des doriphores, et il faut vraiment s’appeler Fabius et raisonner sous un crâne d’œuf pour se réjouir du fait que la France, après avoir perdu sa monnaie, ses frontières, son industrie, et une grande partie de sa culture, soit devenue « la première destination touristique du monde ». Cela me rappelle son collègue socialiste Attali, assurant d’un ton égrillard que les nations sont comme les hôtels de luxe, et que le petit personnel y doit être bien traité, si l’on veut que les hôtes de marque y reviennent…

A suivre

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København, indéniable solitude d'une sirène