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dimanche, 14 septembre 2014

Le bouquin de Trierweiler

C’est curieux, ces gens qui me demandent : « Et vous, avez-vous lu le livre de Trierweiller ? », comme pour tenter de me classer dans une catégorie ou dans une autre.  Celle des anti-Hollande ou celle des pros ? Celle des lecteurs de classiques poussiéreux ou celle des lecteurs de Closer sulfureux ? Celle des sexistes ou celle des féministes ? Avec  les variantes…

Perso, je ne l’ai pas lu. Les bons morceaux publiés par la presse ont suffi à nourrir ma détestation bien connue de l'actuel locataire de l'Elysée. Et j’en ai bien (et gratuitement, merci) rigolé, sans m’en étonner plus que cela : que Hollande se fiche de la gueule des pauvres en privé, ça n’a rien d’étonnant. Il ne doit pas être le seul. Les journaleux qui parlent « d’assassinat politique » à ce sujet ont tort : Moi Président aurait su, ne serait-ce qu’un jour, incarner la fonction, comme disent les politologues, le retentissement de ce livre n’aurait pas été tel. On n’assassine pas un cadavre. Il n’est pas donné à tout le monde d’être ainsi ridiculisé en public : la normalité se venge.

Après, tous ces débats sur faut-il ou non vendre ce bouquinest-ce une merde ou pas, l’outrance des libraires et leur soudain puritanisme sur la question restent cocasses. Quand on passe son temps à vendre de la merde, on devrait se réjouir d’avoir soudain sur ses rayons un bel étron présidentiel, non ? Leur indignation  n’est pas sans me rappeler celle du personnel politique quant aux vertueux idéaux républicains qu’untel ou une telle, en pensant cela ou en faisant cela aurait bafoués. Il faut toujours se défier quand on crie à la vertu comme à un secours : ce sont toujours les plus incompétents qui, en général, entament ces complaintes. Et puis, la République n’est pas plus sacrée que le président n’est monarque ; ce catéchisme maçonnique qui singe l’Eglise et la monarchie depuis la chute de Napoléon III est tout juste ridicule. La normalité de Hollande en aura été l’appendice ultime, dont plus aucun bruit ne s'échappe, sinon les bâillements du public qui s’ennuie devant l'orifice.

 

« Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité », écrit Julie à Saint-Preux, dans la sixième partie de La Nouvelle Héloise. Face aux amants de l'Elysée, aussi pestilentiels et réels que lamentables, les amants oniriques, les amants rêvés, les amants rousseauistes demeurent l’un des cœurs les plus palpitants de la littérature mondiale. Cette Julie devant laquelle cette Valérie n’est qu’une journaliste, ce Saint-Preux devant lequel ce François n'est qu’un président.

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Lecture de La Nouvelle Héloise dédiée à Mme de Damery,

François Hubert, 1765

 

Commentaires

" ...Où ils y figuraient comme deux rats dans une cathédrale."

Cités de mémoire, ces dix mots de la Ténébreuse affaire, qu'Alain qualifiait de "plus grand roman politique de la littérature".

Écrit par : Tamet de bayle | lundi, 15 septembre 2014

Parmi la veulerie générale, se dégage la veulerie des libraires et de ces putes qu'un appelle encore "journalistes". Je recopie ici, le texte que Stéphane Beau a publié sur son blog à ce sujet. Texte édifiant s'il en est. :

« Des libraires censurent le livre de Valérie Trierweiler : un pitoyable mépris des lecteurs »

« Les libraires ont-ils le droit de refuser de vendre le livre de Valérie Trierweiler ? »

« Depuis le jeudi 4 septembre et sa publication, les libraires s'en prennent violemment au livre de Valérie Trierweiler, "Merci pour ce moment". Certains jugent qu'il est indigne de leur librairie, d'autres vont même jusqu'à refuser de le vendre. Pour notre chroniqueur Bruno Roger-Petit, cette réaction est digne des pires dictatures. Il nous explique son point de vue. »

« Un libraire peut-il censurer un ouvrage qu'il ne cautionne pas ? Certains n'ont pas manqué de critiquer la politique de sélection des ouvrages à géométrie variable des libraires. »

* * *

Comment ne pas sourire en lisant tous ces titres qui fleurissent dans les médias depuis quelques jours. Comment ! Des libraires ont refusé de commander et de vendre un livre ? Mon Dieu ! Quel mépris, quelle dictature, quelle censure !

Mais sur quelle planète vivent-ils les joyeux journalistes qui écrivent ces incroyables sornettes ! Ignorent-ils donc que les libraires refusent tous les jours des dizaines de livres ? Ne savent-ils pas que les gérants des librairies, dans leur quasi globalité, boudent ainsi presque systématiquement la grande majorité des publications de l'édition indépendante ? Sans aucun état d'âme, bien entendu, et sans que personne ne s'en émeuve plus que cela habituellement.

C'est d'autant plus embêtant que tous ces contempteurs d'opérette oublient quand même une vérité essentielle : c'est qu'il subsiste malgré tout une grande différence entre le livre de Valérie Trierweiler et le roman lambda publié par un petit éditeur indépendant. Vous voulez savoir laquelle ? Eh bien le premier ne sera boycotté que par une dizaine de librairies alors que le second ne sera toléré que par une dizaine d'entre elles... C'est une belle différence, non ?

Censure, mépris, dictature disiez-vous ?

Écrit par : Bertrand | lundi, 15 septembre 2014

Bertrand, vous avez tout dit... :)

Écrit par : Sophie K. | lundi, 15 septembre 2014

La polémique comme art de faire mousser....Ça rase ou barbe...Tu seras d'accord , Soph K...

Écrit par : patrick verroust | lundi, 15 septembre 2014

Etrange façon de décrire le mécanisme de l'édition.

Le premier critère d'éradication, tant chez les libraires que chez les diffuseurs et les éditeurs - et même chez les distributeurs ! - est la couleur politique.

Si vous n'êtes point rouge ou fortement coloré : la porte ! Vite !
Et si vous critiquez le rouge… alors là…

Il est pourtant une manière de ne point écrire sous cette couleur : le rustre patenté, le goujat militant, l'inculte grossier comme du pain d'orge ont leurs chances.

Bertrand, vous n'aviez rien dit...

Écrit par : tamet de bayle | mardi, 16 septembre 2014

Une couleur politique spécifique, oui.
quand Bertrand parle de "censure" économique, qui tient plus d'ailleurs de la mise à l'écart que de la censure, ce qui revient au même, vous évoquez l'omerta politique qui entoure tacitement toute contestation de fond de la pensée unique (qui est entre nous aussi rouge que bleu, c'est ce qui fait sa force, le compromis).
J'en sais quelque chose avec mon essai sur Béraud....
Cela peut aller jusqu'à des interventions du Conseil d’État, comme on l'a vu dernièrement.
Il ne nous reste plus, tous autant que nous sommes, de nous réjouir de ne pas croupir sur les rayons des centres de distribution d'objets culturels indéterminés. Et de ne pas finir en cartons à pizzas...

Écrit par : solko | mercredi, 17 septembre 2014

Non, l'omerta n'est pas aussi rouge que bleu !

Non, entre nous, ce n'est pas ce qui fait sa force !

Il n'est que de feuilleter les rayons des Fnac ou des librairies pour recevoir, en pleine figure, la statistique du gros rouge et du petit bleu.

Écrit par : tamet de bayle | jeudi, 18 septembre 2014

Les commentaires sont fermés.