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samedi, 12 janvier 2013

Comme neige au soleil

C’est toujours le même étonnement de constater à quel point, quels que soient la majorité, le contexte, la conjoncture, la médiatisation des guerres offre au pouvoir en place la capacité de se mettre en scène et en selle, d’occuper le terrain au moment-même où son image dans l’opinion se dégrade et qu’il a besoin d’occulter quelque autre événement de politique intérieure qui le désoblige.

Il en va du conseiller général de Corrèze comme de ses prédécesseurs : le voilà déjà avec du sang sur les mains, se risquant à chausser des talonnettes de chef de guerre, le sourcil en gravité, lançant l’armée par ci et le plan Vigipirate par là, comme une boule de pétanque dans la nuit.

J’ignore la totalité des enjeux qui sous-tendent ce conflit. Et même si j’en sais les diverses lectures idéologiques, je ne parviens plus à adhérer à la moindre explication univoque, tant ma confiance en la clique de manœuvriers prétentieux qui nous dirige a fondu, comme neige au soleil. (1)

 

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un homme sort de l'ombre

 

(1) Extrait d'un billet à lire sur le blog Marche Romane :

« Bon, il faudra maintenant m’expliquer pourquoi ces djihadistes-là sont de méchants envahisseurs (qu’une armée internationale, dont la France fera sans doute partie, pourrait combattre afin de rétablir le gouvernement légal dans ses droits, ce qui serait une belle action désintéressée, convenez-en) tandis que leurs homologues qui envahissent la Syrie et la mettent à feu et à sang ont tout notre soutien »

20:19 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : mali, bamako, politique, france, propagande, françois hollande, islamisme, otages retenus | | |

mardi, 08 janvier 2013

Cahuzac et la solitude

L’émission Mots Croisés d’hier soir s’est achevée par cette réplique que l’ancien chef de clinique Cahuzac -aujourd’hui ministre du budget- adressa non sans morgue à Mélenchon  Ainsi lâchée, la réplique « vous êtes un homme seul » fleurait bon (ou mauvais, comme on voudra), l’estocade de dernière seconde censée être retenue par l’audience et porter ses fruits dans les sondages. Mélenchon répliqua aussitôt, mais déjà filait le générique, qu’avec ses 4 millions d’électeurs, il n’était pas si isolé que ça.

Ce qui ici m’intéresse, c’est que Cahuzac ait choisi la solitude comme dernier angle d’attaque. Si pour ce marquis de Bercy être seul est un défaut, cela ne peut s’interpréter vraiment comme un défaut de fond : combien de fois n’avons-nous pas entendu les socialistes vanter la solitude mitterrandienne tant sur le plan intellectuel que moral, et ce aussi bien durant ce qui put être assimilé à sa traversée du désert que durant ses années de pouvoir ? (1) L’homme seul, paré d'une telle connotation, c’est l’homme sage. Le chef avisé. Le mot devient alors plus qu’un compliment, une forme de reconnaissance, et l’on voit mal Cahuzac adouber publiquement ainsi Mélenchon.

Si donc Cahuzac ne mettait pas en exergue la solitude intellectuelle, mendésienne, celle considérée à tort ou à raison comme une qualité, voire une vertu, de quel trop-plein de solitude accusait-il Mélenchon ? Dire en effet que Mélenchon serait seul au sein de la gauche est faux, aussi bien dans le jeu politicien au Sénat et à l’Assemblée que dans l’oreille de l’opinion publique.  

La réponse est simple : d’une solitude réelle dans les cercles rapprochés du pouvoir. C'était déjà l'argument des sectateurs contre Rousseau, ce à quoi ce dernier répliqua : il n'y a que l'homme seul qui soit bon. (2)

Choisir ainsi l’argument de la solitude en dit plutôt long sur ce que sont ces êtres de curée qui tiennent le pays et sur ce qui les anime : à gauche, vous n’avez au fond pas choisi le bon camp, disait en substance Cahuzac, celui du parti de gouvernement, pour ne pas dire du clan, révélant ainsi ce qui est sans doute la vertu cardinale d’un politicien à ses yeux, et dont transpire tout son être : l’opportunisme. C'est oublier une chose, et le discret porteur de Rolex et ancien détenteur de compte en Suisse devrait davantage s'en souvenir : en politique, on finit toujours seul, qu'importent les cercles, les partis et les loges. Les péripéties de DSK après celles de nombreux autres de droite comme de gauche en témoignent, car l'amitié y porte le nom de flatterie, le courage celui de veulerie, la fidélité à l'Idéal de simple et mondaine appartenance.

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(1)Toute cette génération de socialistes qui font aujourd‘hui profession de critiquer ce qu’ils appellent le culte du chef à droite, et qui constituent les spécimens les plus significatifs de la génération Mitterrand, feraient bien de se souvenir quelle démesure atteignit le culte du chef à gauche, et dans quel état cela laissa précisément le pays.

(2) Sauf que Mélenchon n'est pas Rousseau, qui, lui, n'était affilié à aucune loge, quand le sénateur rouge est toujours au Grand Orient. A suivre ICI ce lien sur les francs-maçons qui nous gouvernent

11:03 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cahuzac, socialisme, franc-maçonnerie, mélenchon, politique, mots croisés, france, société, calvi | | |

lundi, 31 décembre 2012

2012 : le changement, c'était maintenant

Cette année, les sourds entendront-ils, les aveugles verront-ils, les imbéciles comprendront-ils mieux ? On ne sait trop. Par la volonté du très horrifique Hollandus et de sa mégère bésiclées de Paris-Match, les homos se marieront devant le maire et la mairesse. Mais tandis que les gueux qui, pour boucler leurs fins de mois, se rallongeaient le salaire par quelques heures supplémentaires payeront encore et encore plus le méchant impôt, le conseil des vieux rats sages continuera à juger bon qu’on ne touche pas aux revenus des vrais riches.

Les pauvres ne s’enrichiront donc pas davantage, les  moyens pauvres s’appauvriront, et les riches s’enrichiront. La gauche ne monopolisera donc pas le cœur, et le porte feuille se portera toujours autant à droite.  Dans la France du Mariage pour tous,  dont un comique décidément  intouchable serait devenu le nouveau pantin officiel, le dérisoire et indécent couple présidentiel sera donc le seul à rester célibataire, et les représentants du Divertissement pour tous les seuls à garder les dents blanches.

L’école sera-t-elle refondée pour autant ? Bien sûr que non !  Des mesurettes placardées ça et là sur les écrans du vingt heures tenteront d’en donner l’impression, mais le fondement de toute chose, surtout dans ce domaine, étant la répétition et l’inertie, rien ne passera le paillasson du Peillon, sauf qu’un peu plus d’ordinateurs permettront aux enfants d’apprendre à non-lire au pays de l’OCDE.

De même qu’à coup sûr, il ne poussera pas un poil sur le crâne du Moscovici, on peut sans grand risque prévoir que rien ne changera en profondeur pour les Français, sinon qu’ils perdront tous un an de plus en même temps qu’ils prendront par la figure un bon revers d’épines. L’art sera toujours aussi contemporain, et pas d’élections en vue pour retoquer tous ces tocards. Ça laissera le temps aux frais nobélisés européens  de se remettre de leurs émotions de crise en payant leurs dettes dans nos porte-monnaies, et en préparant pour la suite de nouvelles arnaques humanitaires qui verrouilleront un peu plus la parole et le système sur la scène internationale.

Ce qu'on retiendra donc de l'année sans saveur qui vient de s'écouler, c'est que le bonheur, la culture, la vérité sont des affaires plus que jamais privées. On souhaite ainsi à tous et toutes les moyens de l'indépendance et les garantis de l'honneur pour y parvenir au mieux. Que l'année qui s'annonce vous soit prospère, libre et légère. Et pour tous les soixante-huitards vieillissants et pleins d'humour qui constituent les troupes du Péhesse, une affiche de leur jeune temps afin de clore ce billet avec une touche de bonne humeur.

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09:30 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : nouvel an, 2012, france, société, politique, impôts, changement, socialisme, voeux. | | |

samedi, 15 décembre 2012

L'alternance, parti unique

« Il n’y a pas de parti unique en France, mais il y a déjà une alternance unique », écrivait Jean Claude Michéa dans La double pensée. Et c’est sans doute pourquoi j’ai tant détesté cette élection de Hollande sur ce slogan, « le changement c’est maintenant », slogan à la fois vrai et faux. Vrai puisqu’il garantissait à son porteur l’alternance politicienne (changement de personnel), faux parce qu’il  justifie finalement l’absence d’alternance politique (le changement n’était que politicien).

Ce slogan fut l’exemple type de cette double pensée, telle que l’a imaginée Orwell dans 1984, dont la caractéristique est de penser deux propositions logiquement incompatibles en même temps : Sarkozy est parti, mais son successeur partage avec Merkel le prix Nobel de l’Europe qu’il a imposé en s’asseyant sur le vote des Français en son temps.

Cette élection aura coïncidé avec l’entrée de la France dans la crise et dans la récession, sur la base désormais d’un consentement volontaire. Restent aux gens qui veulent avoir encore l’air de gauche à céder davantage au libéralisme culturel, ce qui passe en ce moment par leur assentiment au mariage pour tous, histoire d’avoir un changement à se mettre sous la dent.

Nous ne sortirons pas indemnes de la pauvreté morale et idéologique de cette Europe à la fois à venir et advenue. Car si nous en sortons par le haut, ce ne sera que désespérément aplatis. Et par le bas, inévitablement violents. Face au parti unique de l'alternance, demeure l'individualisme, la morale des happy few

19:57 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : changement, alternance, parti, politique, europe, france | | |

mardi, 11 décembre 2012

Franchouillie sauce Hollande : le bilan de décembre

Dès janvier, le prix du gaz augmente encore de plus de 2% malgré les « promesses » du premier sinistré de la République. Pendant ce temps, le pingouin endimanché de l’Elysée va ramasser main dans la main avec Angela (qu’il a tant décriée lorsqu’il s’agissait de draguer le chaland pour l’élection) le Nobel de la zone euro à Oslo. De l’autre côté de l’Atlantique, Nafissatou Diallo remercie tout le monde (le Seigneur en premier lieu, l'ex président socialiste du FMI en second), après être devenue la pute la mieux payée de l’Histoire de l’humanité.

Le monde n’est-il pas une pathétique pantomime dont il faut s’empresser de rire pour ne pas avoir à en pleurer ?

L’euro, parlons-en : la propagande des dirigeants européens laisse entendre qu’il suffirait qu’un vieux politicien septuagénaire aboie un peu trop fort en Italie, pour que le cours de leur monnaie s’effondre sous l’action des marchés. Quel aveu d’impuissance !  Si tel est le cas, larguons au plus vite cette monnaie indexée sur de simples coups de gueule ou de propagande.

S’emparer du pouvoir en faisant la morale aux gens pour mieux leur faire les poches, c’est ça, le socialisme à la française. On espère ici que tout ça finira par heurter la décence commune. Une ministre du logement, impuissante et incapable de gérer le parc immobilier d’Etat, lançant ses anathèmes contre l’Eglise en est un des exemples les plus ridicules et les plus bas.

Il se peut que la pression fiscale - qui n’aura de cesse de peser sur les classes moyennes au fur et à mesure que les riches qui en auront les moyens, se tirant du pays, serviront d'argument (ah entendre Hamon parler de patriotisme à propos de Depardieu, c’est à se tordre de rire…), - finisse par devenir insupportable. Les discours lénifiants sur la citoyenneté ne durent en effet qu’un temps.

La citoyenneté, parlons-en également, car elle a pour le coup, sous présidence normale, deux vitesses : la première courtisane de France est-elle ennuyée par de vilains journalistes, un courrier de son fidèle pingouin vole à son secours, aussitôt suivie d’un courrier à l’en tête du Ministère de l’Intérieur. Pendant ce temps, le ministre du Budget, accusé d’avoir eu un compte en suisse par un media qu’il soutenait encore  il n’y a pas six mois, est à deux doigts de crier au complot.Tout ça n'est qu'un amuse-gueule, je ne me mouille pas trop en le prédisant ici publiquement.

Il faudra bien que le pingouin qui a enfumé tout son monde finisse par rendre quelque compte.

Mais il s’en fout.

D’ici là, il aura rejoint le petit Nicolas au Conseil Constitutionnel. C’est tout ce qu’il voulait. 

mardi, 04 décembre 2012

R.UMP prime minister ...

On savait déjà que le patronyme d’Ayrault (airo), était l’homonyme de pénis en arabe.

On apprend aujourd’hui que RUMP, le nom du sous-rassemblement de Fillon, signifie croupe en anglais.

A l’assemblée, entre l’ancien premier ministre et le nouveau,  la nouvelle majorité et l’ancienne, cela promet.

 

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17:26 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ump, rump, fillon, ayrault, politique, satire | | |

samedi, 01 décembre 2012

Le lieu commun du mariage pour tous

Le premier aspect de ce lieu commun, le plus frappant, est l’idée faussement démocratique du « pour tous » qu’il assène sans ménagement. La locution confère au slogan issu de la communication politique la moins originale une redoutable efficacité : parodiant sans vergogne un idéal démocratique des plus nobles, il ne met plus l’accent que sur un prédicat (« pour tous ») en excluant le thème  (on parle de mariage, mais cela peut devenir la France, le président, l’école, le camembert…) , qui devient interchangeable au gré des réformes.

Dans cette logique, dès lors qu’on est « pour tous », on est implicitement rangé du bon côté, celui de l’égalité puisque le pour tous agit non pas comme un argument d’autorité, mais comme un prédicat d’autorité : On pourrait ainsi soutenir le droit à une même opinion pour tous, un même comportement pour tous, un même goût pour tous, un même sexe pour tous, une même lune pour tous… ; il suffit de répéter niaisement le même prédicat pour que ce dont il est question s’impose comme un droit commun.

Je me souviens de tout ce que le titre de Pierre Dumayet, Lectures pour tous, avait de généreux. Et j’entends tout ce que ce slogan de campagne, le mariage pour tous, a de rhétorique et sentencieux : Dans une société en crise et gouvernée par des politiciens qui ne sont plus que d’habiles communicants, le schéma « du même pour tous » apparait comme un gage d’égalité, quand il n’est qu’un principe de conformité.

La théorie des genres, telle qu’elle est issue des analyses d’un Foucault relayée par des associations de féministes et de multiples universitaires carriéristes, qui l’ont polie à la fois du vernis de la revendication et de celui de l’esprit, est le deuxième présupposé contenu dans ce lieu commun.

On ne nait pas femme, on le devient : Ce qui était à l’origine un chiasme, figure de style assez performante pour dénoncer le conditionnement social et culturel subi par les petites filles en plaçant sous le même signifiant un signifié anatomique et un signifié culturel, a également été  réduit au slogan intempestif (c'est-à-dire au premier degré) par les façonneurs en mal de surinterprétations de la théorie du genre ; désormais, donc, tout a un sexe : les coutumes, les objets, les produits, les idées, les lois, les mots, les couleurs, les rites, tout, absolument tout sauf les corps, tout sauf nous.

Désormais, nous n’avons plus de sexe, nous ne disposons que d’un genre.

Genre qui nous appartient et dont nous pourrions, à notre guise, influer le cours et décider le sort. C’est à ce titre qu’un enfant peut se retrouver avec non plus un père et une mère, mais un parent 1 et un parent 2, lesquels, étant du même sexe, ne seront cependant pas du même genre. On se croirait sans rire dans La Cantatrice Chauve, on est juste dans la post-modernité libérale. Cette dernière ne se satisfait que d’individus libres (dit-elle) c'est-à-dire isolés. S’y développe donc l’idée, pernicieuse que les parents « génétiques » (1), ceux qui transmettent un lien avec l’origine, seraient de faux parents, des parents occasionnels, une mémoire qu’on peut jeter aux orties au bénéfice du parent intentionnel, celui qui a « aimé l’enfant » (je place ce terme entre guillemets par précaution, on l’a compris).  

Ce déni du sexe, alors que c’est toujours la première des choses qu’on regarde chez un nouveau-né pour fonder son état civil, ce déni des « géniteurs », alors que les tests ADN sont les derniers remparts nous dit-on pour garantir la sécurité et l’identité des personnes en matière juridique, suffisent à dire à quel point le mariage pour tous n’est qu’une construction rhétorique fausse, au regard et de la nature, et de la tradition. C’est pourquoi ses partisans le revendiquent comme étant une marque de culture et de modernité. Avec là encore, le sentiment de faire autorité avec de grands mots. Ce qui est toujours le propre de la doxa la plus aveugle et la plus intransigeante.

En parlant d’autorité, il n’est pas anodin que tous les chefs religieux – qui tous sont contre – se soient fait recevoir pour le principe et au nom de la démocratie participative qui ne fait rien sans « consulter » par les députés aussi sourds qu’hostiles à leurs arguments (lire ICI). Les religieux défendent la filiation, quand nous vivons dans un monde obsédé par la contemporanéité et ce qu’elle exige d’individus recomposés, isolés, manipulables à merci.

Le mariage pour tous se prétend enfin le modèle du mariage assumé. Il reposerait, nous dit-on sur un choix véritable, authentique, réfléchi, tout comme d'ailleurs la filiation qu'on veut lui garantir. C’est ici que ses partisans vous sortent l’argument du nombre de divorces et celui des « mauvais parents », des parents violents, traumatisants, voire incestueux ou même infanticides. Avec le présupposé que chez les homosexuel(le)s bien évidemment, on navigue  dans le monde des bisournous, la séparation, la violence, l’inceste, le meurtre y seraient par culture impossibles, parce que les individus y auraient intériorisé on ne sait quel sens de la responsabilité supérieur à toute contestation.

En définitive, le mariage pour tous serait le véritable mariage d’amour, le plus fiable dans les sociétés contemporaines parce que, comble du paradoxe, il serait le seul qui réponde aux canons de l’individualisme et de ses besoins. Il se présente délivré de la lourde tradition, garant d’une filiation horizontale et dégagée de la malédiction infinie des générations comme des impondérables du hasard. En fait ce mariage d’amour est au fond terriblement manufacturé, tel un produit de société, au même titre qu’un meuble Ikea ou un roman de Marc Lévy. C’est ce qui fait sa force dans l'opinion publique, dressée à la tolérance et à la permissivité au moins autant qu'à celui du discours des experts. Grâce à ce produit, les associations représentant les minorités prétendument discriminées tentent d’intégrer la norme avec leur exception, au prix d’un reniement sans précédent. 

Le mariage pour tous est surtout un concept dangereux, car il signe symboliquement la fin de la filiation sur laquelle repose toute société humaine, puisque que la filiation devient elle aussi et grâce à lui une offre pour tous. Une filiation libérale, conjoncturelle, procédurière, vide de mémoire ancestrale et mondialisée, et qui aura toujours besoin de ce que ce qu’il y a de pire : des preuves.

Le tout au nom d’un ultime lieu commun : ça se fait ailleurs…  Notamment en Belgique. Ce qui, disons-le sans blaguer, n’est pas pour le coup l’argument le plus convaincant du packaging.

Ainsi fabriqué, le mariage pour tous n’est qu’un produit linguistique et sociologique sans légitimité, tel qu’on ne peut s’y opposer sans passer pour un hétéro intransigeant, autocrate et homophobe. Ou bien un catho de droite, identitaire de surcroit. Ou bien un doux rêveur, un nostalgique qui n’a pas bien compris son temps.

A moins d’être tout simplement un homme libre.

 

(1) Le terme, qui fait autorité en matière d’état-civil, prend tout à coup une espèce de connotation péjorative  bestiale inquiétante, presque ordurière

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Magritte pour tous

14:40 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : politique, france, lieu commun, mariage pour tous | | |

samedi, 24 novembre 2012

La grande et fabuleuse histoire du commerce

Avec La grande et fabuleuse histoire du commerce, Joël Pommerat, qui se définit comme « écrivain de spectacles », entraîne son spectateur dans un univers viril exclusivement composé de cols blancs, tricots de corps, mocassins et impers, celui des commerciaux d’hier et d’aujourd’hui.

Pour signifier que le premier tableau se déroule durant l’année 68, un personnage allume une cigarette. Quelques volutes de fumée s’évanouiront dans l’air, tandis qu’on découvre une « équipe » de quatre vendeurs d’âge mur, prêts à initier à ses dures lois un plus jeune, Franck. C’est le temps où les méthodes américaines parviennent en Europe auréolées de modernité et conditionnent les techniques commerciales qui assurent le nouveau consumérisme des ménages.

Il y a un côté sombre à la chose, puisque vendre, c’est « faire dépenser leur fric aux gens et détourner tous leurs prétextes ». Mais c’est aussi « une suite de petits détails » qui fait l’objet d’une séries de leçons vécues de soir en soir et de chambre d'hôtel en chambre d'hôtel, un bizutage à l’humour graveleux («vendre c’est s’introduire ») et au dogme vénimeux (« vendre c’est rendre service »). Le jeune Franck se trouve bientôt pris en sandwich entre cette activité au rythme et à la fausseté implacables, qui heurte en lui ce qu'Orwell appelerait la common decency, et le besoin qu'il a de gagner de l'argent pour satisfaire sa copine. Mais alors que le décor varie toujours et paraît demeurer désespérément le même (un lit, une commode, une télévision, un lustre, un téléphone, un poste télé qui diffuse la Piste aux étoiles), le chiffre d’affaires ne parvient pas à battre le record de l’année précédente. La tension monte, la solitude guette chacun et le spectateur se retrouve de plus en plus voyeur du drame intime qui secoue l'homme dans les frusques du vendeur.

« Dans ce métier, la meilleure façon de mentir, c’est d’être sincère, souligne Joël Pommerat. Ainsi le bon vendeur doit faire avec ce qu’il y a de meilleur en lui : avec sa vérité, avec ce qu’il est ». Comme l’acteur, sauf que le paradoxe du comédien « devient chez le vendeur une malédiction, car à la différence de l’acteur qui peut repérer aisément les limites entre scène et vie réelle, le vendeur peut se perdre dans un labyrinthe » lorsque « son masque devient peau ». Et c’est ce qui arrive sous nos yeux.

Largué par sa copine, soudainement à 100% dédié à l'art de vendre, un jour, le jeune Franck dépasse ses maîtres qui, eux, s’enfoncent dans le doute et l'impuissance. Ce jour-là, ironiquement, on apprend par la télé que le drapeau rouge flotte sur l’Odéon. 

Les quatre seniors ne vont dès lors cesser de sombrer, tandis que leur élève accroîtra, malgré la situation peu propice au commerce – son chiffre d’affaires et de bonheur de jour en jour. Ces flibustiers du commerce, finalement plus proches du commis-voyageur des années trente que du manager post-moderne, demeurent cependant des camarades sensibles au sort de chacun, et leur association porte encore le nom « d’équipe », à mi chemin entre les tontons flingueurs et le clan des siciliens.

Le vingt heures de Pujadas assure la transition avec le second tableau qui se déroule, lui, au XXIème siècle : Ce sont désormais les seniors licenciés que la crise jette dans le monde de la débrouille qui font figure d'apprentis, et Franck qui peut jouer le manager au zénith de sa gloire et les coacher sans ménagement. Ce faisant, Pommerat rappelle que le retournement de situations est aussi la loi du commerce, comme le quiproquo est celle du théâtre. Quelque chose de vaguement pirandellien flotte un instant entre ces personnages en quête de réussite, et soumis tour à tour au même apprentissage. Mais les temps aussi ont changé, et l'initiation à la grande et fabuleuse histoire du commerce est en quelque sorte à recommencer. 

Chaque commercial est désormais en compétition avec son ancien équipier, et seuls les plus roublards subsistent. Significativement, le produit que nos personnages vendent n’est plus un pistolet à blanc de défense pour le citoyen-consommateur des années soixante, mais un guide universel des droits fondamentaux de l’être humain à l’usage du consommateur de citoyenneté des années 2000 : plus que jamais, pour façonner cette fameuse authenticité sans laquelle son argumentaire n’est que du vent, le vendeur doit en bon communicant se plier à l’idéologie de son temps. En devenir le porte-parole libéré et le serf soumis.

Le texte a été écrit à la suite d’entretiens réalisés dans la région de Béthune avec des  représentants de commerce. On a pu à cet effet parler de théâtre documentaire, ou sociologique. Il est servi par cinq comédiens qui le parcourent dans toutes ses nuances, grâce et malgré les micros qui créent un étrange sentiment d’éloignement et de proximité, de facticité et de véracité selon les moments. A les écouter on comprend comment en une quarantaine d’années, le commerce a été radicalement bouleversé par la crise et les techniques de coaching d’entreprise, comment aussi il est resté aussi immuable que fabuleux, tant il est vrai que ce sont les mêmes hommes qui sont heureux quand les affaires tournent, et s’effondrent en pleurs quand leurs femmes les quittent.

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© Elizabeth Carecchio

(1) Des extraits d’interviews de la  thèse de Marie Cécile Lorenzo-Basson,  La vente à domicile : stratégies discursives en interaction _  didascalie.net  ponctuent le texte de Joël Pommerat

La grande et fabuleuse histoire du commerce de Joël Pommerat

Production Compagnie Louis Brouillard.   Avec Patrick Bebi, Hervé Blanc, Éric Forterre, Ludovic Molière, Jean-Claude Perrin.
Collaboration artistique Philippe Carbonneaux  TNP, salle Jean Bouise, jusqu’au 1er décembre à 20 heures

lundi, 19 novembre 2012

Belkacem, Fourest, Barjot et les autres...

Tous ces gens qui sont pour le mariage pour tous et, de manière générale, pour la transformation constante et mercantile de tout ce qui, de près ou de loin, porte le nom de tradition,

Tous ces adeptes du Tous ensemble, connectés en permanence et incapables de supporter le précieux  fardeau de leur solitude

Seuls, pourtant, rencontreront un jour ce qui ne change pas, leur fin.

Il n’y a lieu ni de s’en réjouir ni de le déplorer, c’est ainsi.

A cela, Najet Vallaud Belkacem et sa cervelle de petit soldat de plomb, Caroline Fourest et sa rhétorique de plateau de Calvi n’y pourront rien changer

Elles peuvent bien se marier ensemble et adopter tous les enfants de couleur de la terre, qu’est-ce que ça me fait ?

La propagande bat son plein pour détruire jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien le monde des ancêtres

A ces deux paumées-là, je préfère la très sainte et très catholique Frigide Barjot

Les nains sont au pouvoir ou croient l'être, il n’y a pas lieu de s’en indigner davantage

Rira bien, disait le Neveu de Rameau, qui connait bien la serpillère, rira bien qui rira le dernier….