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jeudi, 10 octobre 2013

Le Pen, forcément Le Pen...

C’est tout de même assez drôle, que dans un pays ayant en 2005 rejeté en vain un traité constitutionnel,  et après que deux présidents, Sarkozy puis Hollande, ont manifesté l’attitude la plus antidémocratique qui soit en s’asseyant sur le vote des Français l’un après l’autre, il y ait des gens pour s’étonner que le FN arrive en tête des futures européennes. Quoi de plus normal, dès lors qu’il demeure le seul parti à militer ouvertement pour le NON à cette Europe ? Des partisans de Seguin de jadis aux militants du PC, de Fabius à Mélenchon, tout le monde s’est rallié à l’empire. Tout le monde, qui derrière Sarkozy, qui derrière Hollande, comme un seul troupeau bélant.

Il faut bien reconnaître les faits : la génération Hollande est vieille. Son gouvernement est un gouvernement de revenants. Pas de feu, pas de flamme, pas d’utopie, pas d’idéal, rien, le vide, le couac, le néant. En fait le socialisme véritable est mort en France depuis longtemps, avec Bérégovoy, un sinistre premier mai. Ce qui demeure est une machinerie électorale et médiatique bien huilée et des notables municipaux qui la font vivre tout en se faisant vivre eux-mêmes avec une raison désenchantée et grise, un cynisme à toute épreuve et une langue de bois capable de tourner à la vitesse de la lumière (ou des ténèbres, c'est selon).

Tous s’apprêtent à recevoir avec raison la dérouillée de leur vie. Dérouillée qu’ils n’imaginent même pas. Un ami me disait dans le bus tout à l’heure combien l’analyse de Valls, parti à la reconquête « des petites gens » à Forbach (campagne conduite au passage avec les crédits de l’Etat comme le fit Sarkozy pour tenter sa réélection ce qui déboucha sur les 11 millions à rembourser, mais ça, on ne l’entend guère) est fausse. Car me disait-il, ces petites gens qui ne peuvent payer à leurs enfants des voyages linguistiques aux States et  se barrer en vacances aux Baléares,ça fait longtemps qu’ils sont passés au FN. Ceux qui glissent en ce moment, c’est la petite classe moyenne, voire la classe moyenne tout court, des gens normaux exaspérés devant la politique de ce président anormal et son autisme sidérant.

 

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Bulletin de Michel Beregovoy, frère de Pierre, mort trente ans plus tard, en 2011

La capacité de se remettre en cause que les donneurs de leçon de la gogoche et de la droidroite imbéciles demandent avec toujours la même arrogance (au nom des valeurs, de l’intelligence, des droits de l’homme et tutti quanti) aux électeurs de Le Pen, cette capacité, tous ces donneurs de leçons devraient l’appliquer à eux-mêmes. Mais ils se croient en 2002, quand il suffisait d’une bonne campagne de presse anti Le Pen pour calmer les esprits de la Génération Mitterrand, cette trouvaille de Séguéla.  Ils ne voient pas que l’Europe des lobbies, des loges, des banques, de la crise et des blablas a vécu aux yeux de la plupart des peuples. Elle a vécu et n'a rien produit d'historique et de fiable. Et ce, pas seulement en France. Alors, que reste-t-il, quand tous les idéaux ont été trahi,  toutes les crapuleries osées, tous les mensonges révélés au grand jour,?  Il faut vraiment avoir vécu sur la lune pour l'ignorer : On peut s'en indigner, s'en féliciter, s'en foutre, il reste Le Pen, forcément Le Pen....

05:52 | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : sondages, européennes, le pen, hollande, france, politique | | |

lundi, 23 septembre 2013

Du poil sur le crâne de la cantatrice

Ionesco est mort en 1994, Devos douze ans plus tard en 2006. Les gens qui ont connu vivants ces deux champions de l’absurde riront de ce que je vais raconter là. Les autres m’intenteront peut-être un procès. Cela s’appelle une fracture générationnelle.

Les faits que je vais raconter sont vérifiables ICI. 

 

Aujourd'hui, le journal est gratuit, dirait M Smith

C'est le monde à l'envers, dirait Mme Smith

Et l'article que je lis est signé d’une jeune fille sourde et muette dirait M Smith

Elle  a envie de travailler dirait Mme Smith

Tout à son honneur dirait M.Smith

Elle veut être journaliste, rajoutera Mme Smith

Il lui faut la vocation, dira M. Smith

Elle l’a, elle l’a, dit Mme Smith

Tendre l'oreille à tous les ragots du bas monde  ! dit M Smith

Ma foi, elle y parvient très bien, dit Mme Smith

Et se faire le porte parole de tous les chiens écrasés ! dit M Smith

Ils disent un peu tous la même chose, dit Mme Smith

Et de quoi parle son article ? dit M Smith

Du mariage entre homosexuels, dit Mme Smith

Tiens, dit M. Smith. Un pompier peut donc épouser un prêtre ?  dit M Smith

Et un prêtre, un pompier, dit Mme Smith

La cantatrice n’est donc plus chauve ?  s’affolera  M.Smith.

Et la France est en Hollande, s'affole Mme Smith.

Et le pape s'appelle François, s'affole M Smith

Mais l'héritier s'appelle Georges, le console Mme Smith. 

C'est toujours ça qui tient debout, rajoute M Smith

Il ne marche pas encore, remarque Mme Smith

Et la cantatrice ? 

La cantatrice ?

Oui, la cantatrice  ?

Tous ces plans de licenciements partout. Je crains qu'elle aussi soit au chômage, conclut M Smith, en mettant le feu au journal.

Rideau.

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dimanche, 22 septembre 2013

Monsieur H...

Je sais, c’est pas drôle, le pays se délite culturellement et s’enfonce dans la récession économique , la vie intellectuelle n’est plus faite que du ressassement de lieux communs, à l’extérieur plus personne ne prend la France et ses rodomontades militaires au sérieux, mais quand je me souviens des propos du Pingouin sur Merkel et que je le vois être le premier à lui envoyer ses félicitations tout en bouffant son discours de Vincennes, ça me fait marrer, c’est comme ça. Monsieur 23%, paraît-il, quand la Teutonne dont il prédisait la défaite remporte une majorité absolue, malgré la crise y'a plus que les indécrottables du PS pour espérer encore j'sais pas quoi de lui. Quel pauvre type !

En attendant tu payes plus d'impôts pour armer des terroristes en Syrie et continuer à rembourser les intérêts d'une dette qui se creuse encore et encore, pendant que les fils de Fabius et de Marisol sont inculpés pour fraudes et que le gouvernement sort blanchi des magouilles de Cahuzac. Super, non ? Tout ça pour marier une poignée de gays ! Ha ha ! Et où sont toutes les âmes indignées du temps du sarkozisme ? Le quinquennat tourne tellement en eau de boudin qu'on ne peut que se fendre la poire devant ce très mauvais remake, en croisant les doigts pour que Désir ne devienne pas président dans trois quinquennats... Les meilleures plaisanteries sont les plus courtes, non ?

20:52 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : socialisme, merkel, hollande, politique, france, escroquerie | | |

samedi, 14 septembre 2013

Do you like or dislike front républicain ?

Le front républicain est le socle marketing et électoral de Hollande et de ses sbires. Il a vu le jour en 2002, lors de la sinistre farce qui a permis la réélection d’un Chirac à bout de vues, de convictions, de propositions. Sans doute trouve-t-il son origine dans les diverses cohabitations entre les deux partis qui se partagent le gâteau des votes des Français depuis leurs fondations respectives, le PS d’Epinay de Mitterrand en 1971, le RPR de Chirac en 1976, devenu UMP en 2002.

Ces deux machineries électorales qui ont vidé de sa substance idéologique la vie politique pour la soumettre à l’Europe et aux marchés n’ont que ce concept aussi ridicule qu’étriqué de front républicain à opposer une fois de plus à l’inévitable croissance du bébé commun qu’ils se sont faits dans le dos l’un de l’autre à force de langue de bois, de démagogie, de corruption interne et de mascarade de leurs propres identités respectives : je veux dire le FN de la famille Le Pen, qui pour exister n’a besoin que de recueillir le ressentiment violent qu’ils inspirent l’un et l’autre et à juste titre au sein de la population.

Pendant que dans ce pays qui n’est plus que l’ombre de lui-même, on se paye ainsi de mots creux sous la présidence d’un être aussi falot qu’imprévisible, le monde continue à marcher. Les bruits de bottes, fort heureusement, s’estompent (provisoirement). Car les marchés qui gouvernent le monde et les machineries de propagande qui cimentent les opinions continuent leurs funestes travaux de dépeçage de la culture et de fragmentation de la pensée. Une fois n’est pas coutume, Nauher sur son blog pose la bonne question et s’en prend au bon ennemi, en renvoyant dos à dos les partisans du bijoutier et ceux du braqueur pour s’en prendre à Marc Zuckerberg et son système Like and dislike. C’est vrai que sur fesses de bouc le monde est simple. La petite phrase de Fillon peut croiser le fait-divers de Nice : d’un côté, de bons sociaux-démocrates contesteront le droit de se faire justice soi-même tout en idolâtrant Taubira, de l’autre des vilains poujadistes défendront leur voisin commerçant et leur conception de l'ordre en votant bleu Marine. Le front républicain contre le front national, tu kiffes l’une ou l’autre dame et tu dislikes celle que tu ne kiffes pas, tu comprends ? Sur ton écran plat, une reine noire et une reine blanche comme aux échecs, sauf que tu ne fais jamais que regarder les autres jouer à ta place dessus.

Pour finir, c’est la journée du patrimoine dépecé, détourné, vendu, monté en manèges ou en carnaval, comme on veut. Y’a des gens pour faire la queue des heures pour visiter les lieux de l’impuissance qu’habitent les pantins qui taxent et taxeront encore le monde du travail, des courbes statistiques à la place de la cervelle et des dettes comme ça devant les vrais puissants. Ils se laissent photographier, emplis de fausse empathie devant ces visiteurs comme des maîtres d’école devant des enfants. Me demande ce qu’ils pensent de tous ces crétins. Me demande, vraiment… Au fond, la seule bonne nouvelle, c’est qu’on va enfin cesser de crever de chaud. L’automne doux s’installe sur nos toits. Nous n’avons, c’est vrai, qu’une chose à faire au milieu d'un tel foutage de gueule. Le plus difficile. Loin de tout ça, prendre soin de soi.

mercredi, 04 septembre 2013

Quatre septembre

Cette date, Quatre septembre, qui appartient à tous, m’appartient un peu plus en propre car c’est aujourd’hui mon anniversaire. Je ne me suis jamais enorgueilli, même si à une époque je trouvais ça drôle, d’être né le même jour du calendrier que la République de Gambetta. Aujourd’hui, au vu des hommes et des femmes qui squattent les palais de la République, des lois stupides qu’ils promulguent et du boucan qu’ils font pour donner une quelconque épaisseur à leurs grimaces, je me sens de moins en moins républicain, dans le sens restreint qu’ils donnent à ce terme. Ma chose commune n’est pas dans leur déraison, mon bien public dans leur façon de faire perdre boussole au monde. Je reste arrimé à d’autres mœurs. Leur changement m’indiffère et Quatre septembre n’est donc plus aujourd’hui pour moi que l’anniversaire de ma naissance.

Aux infos hier, j'entends ce commentaire surréaliste : Quand le chef de guerre rencontre le peuple. La propagande est si vive, d'une jeune blondasse dont j'ignorais la bobine jusqu'à ce jour  (chef des écolos paraît-il) qui affirme : "Les écolos sont contre la guerre mais nous voterons pour l'intervention militaire parce que ce n'est pas une guerre ". (???), aux Pujadas, Barbier et autres Calvi, que je ne me demande même plus si la phrase entendue est au deuxième degré. Et là, tenez vous bien : On voit à l'écran que le peuple en question, c'est une poignée de parents d'élèves et leurs moutards, et que le chef de guerre est le pingouin bedonnant, qui n'a jamais été que chef de parti et de sa promotion Voltaire à la con, venu faire sa retape de communication le jour de la rentrée des classes...  Chef de guerre ? Mais où est passé le président normal pour qui des millions d'électeurs ont voté ?  Me souviens que j'avais pour ma part décidé de m'abstenir et qu'au dernier moment, quand j'ai compris que malgré (ou en raison de) sa nullité, ce type allait passer, que c'était plié, dans une sorte de dépit inversé, je suis allé voter pour son adversaire, et ce fut mon premier acte de réaction face à ce quinquenat désastreux, où l'on voit un seul parti contrôler tous les centres de pouvoir, et un dangereux manoeuvrier répandre sa soupe nauséeuse par les ondes.

Qui est derrière Hollande, ce président gonflable probablement surendetté. par les promesses faites aux uns et aux autres corps intermédiaires et autres maffias?  En tout cas, pas moi. Il ne parle qu'au nom de sa pomme, pour la République si vous voulez, mais au nom de la France, de son peuple ou de sa culture, non. La France, elle existait avant ce type, son peuple aussi, DIeu merci, et sa culture lui survivra. Le lyrisme journalistique et belliqueux qui s'empare des medias pour abuser les uns et les autres comme les faux débats qui vont retentir à l'Assemblée cet après-midi relèvent d'une propagande qui n'a pour antidote que la mémoire et l'expression de la joie de vivre. Ce qui laisse perplexe, c'est que ces mêmes cyniques là seront tout près, bientôt, à vous faire des leçons de morale en allant déposer des gerbes sur les monuments des poilus ou à l'entrée des camps de la mort... Bref.

Je garde mon Quatre septembre, et je leur laisse le leur...

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mardi, 27 août 2013

S'en va t-en guerre

Punition, responsabilité, devoir, idée que se fait la France,  premier point, deuxième point, troisième point, démocratie,, il faut, on doit, communauté internationale, enfin, c’est pourquoi, je veux,  j"admets,  je propose, je, je  je … et Boum.!

Le pingouin s’en va-t-en guerre en faisant des dissertations d’énarque, tel un petit conseiller de Corrèze courant derrière la parole d’Obama et le prestige américain. Cette présidence, jusqu’alors ridicule, devient dramatique. Moralité : Il faut se méfier des hommes à bajoues et à paupières tombantes, qui ont des choses à prouver à leur papa et des revanches à prendre sur leurs électeurs.

Contrairement à tout ce qu'on a voulu nous faire croire, ce type n'est pas mieux que Sarkozy, il est pire.. Et nous ne sommes pas au bout des conséquences de la catastrophe hollandaise. 

17:31 | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : hollande, guerre, politique | | |

mercredi, 21 août 2013

Inassouvis, insatisfaits

Le monde entier nous immerge à notre insu dans la logique de la finalité.

Cela commence tôt, avec la note puis le diplôme, qui détourne l’attention vers un objectif d’insertion sociale (c'est-à-dire parmi les autres,  hors de soi), objectif de plus en plus précarisé. C’est la logique de l’esprit scientifique, entièrement focalisé vers un résultat à démontrer. Celle du négoce, de la procédure et du sport de compétition. C’est le cheminement du politique et sa volonté  insupportable de changer le monde ainsi que sa croyance puérile dans le progrès, qui le poussent à se fixer en permanence des objectifs décalés du Réel, au risque du ridicule comme on le voit aujourd’hui avec un premier ministre mobilisant pas moins de cinq de ses valets de pied, parce que 13 malfrats se sont entre-tués à Marseille en un an. C’est la logique de l’objet de consommation, dédié dès sa fabrication à son remplacement par un autre et celle de l’idéal de propagande, exclusivement  voué à dicter des comportements et à modeler des mœurs. Cette façon d’imaginer toute action humaine comme un parcours d’un point A à un point B s’est même furtivement glissée dans les idéologies du développement personnel issues des sectes qui se sont diffusées via l’entreprise et la publicité dans tout le corps social.

En deçà de cette logique mortifère, il y a celle du plaisir. Mais dans le monde inversé qui est le nôtre, le plaisir aussi peut se trouver contaminé par elle, dès que sa recherche devient aussi une fin en soi. Tous ces allumés du bonheur, tous ces ébahis de la santé, ces forcenés de la jouissance qu’on croise partout finissent souvent par s’engluer aussi dans la frustration qu’ils dénoncent, avec plus de radicalité encore.

Ce que nous désirons n’est pas d’ici. Ce n’est qu’en maintenant vivante cette soif inextinguible d’autre chose, les « merveilleux nuages » dont Baudelaire parle dans L’Etranger, qu’on peut vraiment demeurer vivant, c'est-à-dire inassouvi, insatisfait. Dans cette société du crime et du mensonge, il faut cultiver son désir comme les yogis cultivaient jadis dans la forêt leur respiration. La seule façon est de refuser de le nourrir exclusivement des objets, des sentiments et des idées dont l’instant sociétal (on ne peut même plus dire le présent, tant cette notion avait encore un peu de chair et leur monde n'en a plus) et les forces de la propagande nous abreuvent. Dans cette existence, je ne suis pas un consommateur, pas davantage un client. Mon désir ne me quittera qu'avec mon ultime souffle. Mon bonheur est tout entier dans mon inassouvissement et je n’ai pas de pires ennemis que ceux qui cherchent à tout prix à me satisfaire.

10:26 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : consommation, politique, société, désir, vie | | |

mercredi, 10 juillet 2013

Lambert en fumée

Tout le monde connait sa silhouette, à la pointe de l’ile Saint-Louis, quai d’Anjou. Il est classé monument historique depuis 1862. En 2007, le neveu de l’émir du Qatar Hamad Ben Khalifa-Al-Thani (celui qui vient d’abdiquer), Hamad Abdallah al-Thani,l'a rachèté pour la somme de 80 millions d’euros au baron de Guy de Rothschild, lequel mourut quelques jours avant la signature. L’auteur de la discutable formule, « juif sous Pétain, paria sous Mitterrand » y avait organisé des fêtes somptueuses avec son épouse Marie Hélène van Zuylen de Nievelt de Haar.

Il le tenait du milliardaire chilien Arturo Lopez Willshaw surnommé le roi du guano, qui y vivait avec son mignon, le richissime financier et collectionneur d’art Alexis de Rédé, un pote de Pierre Bergé, dont le peintre Pierre Le Tan écrivit ; « Il existe à Paris une poignée d’hommes qui, depuis des décennies, semblent ne pas avoir vieilli, ou presque. Ainsi l’élégant baron de Rédé, souvent drapé dans une cape et chaussé d’escarpins d’une extrême finesse. Ses cheveux d’acajou sont tantôt plaqués, tantôt légèrement bouffants. De loin, sa silhouette est celle d’un homme de quarante ans ».

En décembre 1969, ce dernier donna à l’hôtel Lambert un Bal Oriental qui lui couta un million de dollars et qui est encore considéré comme l’une des plus célèbre fêtes de l’après-guerre. Le maître de cérémonie, déguisé en prince mongol, y accueillait le Tout Paris de l’époque. Des esclaves noirs au torse nu portaient des torches dans le grand escalier menant à la salle de bal, tandis que des automates jouaient différents instruments dans la galerie d’Hercule, considérée à sa création comme une première ébauche de la galerie des glaces de Versailles

Pour assurer la transition entre fêtes parisiennes et fêtes arabes, le nouveau propriétaire a voulu transformer l’hôtel Lambert en « maison de famille », avec ascenseur pour voitures et salles de bains dans chacune des vingt chambres. Le chantier a alors été confié à Bouygues Rénovation privée, une filiale de Bouygues construction.

A titre d’exemples, la construction d'une salle de bains nécessite la destruction de l’ancien cabinet de Jean Baptiste Lambert (premier propriétaire et trafiquant notoire de biens immobiliers) et celle de l’ascenseur de défoncer un plafond peint à poutres et solives au dessus d’un bel escalier en bois sculpté au XIXème.

En décembre 2007, l’association Paris historique estima qu’avec un tel projet, il y avait « perte d’authenticité et de substance du  bâtiment ». Elle porta plainte pour « dénaturation de chef d’œuvre ». Elle obtint de Bertrand Delanoë qu’un projet de parking sous jardin (le premier jardin surelevé de Paris au XVIIeme), avec une porte pivotante percée dans le mur d’enceinte du XVIIe fût bloquée. Le ministère de la Culture s’en mêla et l’affaire devenant publique, chacun joua son image sous l'oeil de la planète entière ; Delanoë et la mairie de Paris doit se montrer capable d’attirer de grands investisseurs dans la capitale, Albanel et le ministère de la Culture de défendre le patrimoine français, les associations de ne pas avoir l’air intolérantes et les propriétaires qataris de demeurer des propriétaires respectueux des édifices qu’ils achètent.

Mais voilà que la Pologne s’en mêle à son tour : Avant le roi du guano et son éphèbe proustien, l’hôtel Lambert, avait appartenu au prince Adam Czartoyski qui avait accueilli sous ses plafonds  les nombreux exilés polonais en fuite devant la répression russe après la Grande émigration de 1831. A cette époque, l’hôtel avait connu de grandes fêtes romantiques et s’y croisaient Chopin, George Sand, Liszt, Balzac et Delacroix. L’hôtel lui-même, par les soins du prince, devint alors un centre intellectuel majeur de la résistance polonaise en Europe.  L’ambassadeur polonais, Tomasz Orlowski s’émeut donc de la destruction programmée de l’escalier du XIXe, principal témoin de cet épisode.

Depuis cette nuit, le feu, ce grand purificateur dont Léon Bloy écrivit à la fin de La femme pauvre qu'il est le symbole de la justice éternelle, met tout le monde d’accord. Cent quarante pompiers sont mobilisés pour éviter que ce haut lieu de luxe et de débauche ne parte définitivement en fumée. Hyperbolique et peut-être même un peu à côté de ses pompes, le maire de Paris vient de proclamer qu'un tel incendie faisait partie des épreuves que connait Paris...

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dimanche, 09 juin 2013

Un futur maire pour Lyon ?

Tout le monde donnait gagnant Georges Fenech et c’est finalement l’ancien député Michel Havard qui a remporté la primaire UMP lyonnaise pour les municipales, beaucoup moins médiatisée que la parisienne. Gérard Collomb aurait souhaité pour plusieurs raisons affronter le premier : d’une part parce que Fenech est un candidat plus droitier ; d’autre part parce qu’il était parachuté de l'extérieur quand Havard a grandi à Lyon. Or la prime au lyonnais est une vieille tradition ici. Avec Havard – un inconnu sur le plan national – Collomb a senti que ce serait sans doute plus compliqué d’emporter un troisième mandat, surtout par les temps qui courent. La campagne se jouera donc au centre, ce qui laissera sans doute de la place aux deux extrêmes pour faire émerger des listes au 1er tour. Mais Lyon étant ce qu’elle est, mon petit doigt me dit qu’à l’arrivée, Michel Havard a de sérieuses chances d’en devenir le futur maire. Mon petit doigt me dit aussi que Gérard Collomb n'a pas fini, dans les mois qui viennent, de critiquer la politique gouvernementale.

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Ce qui est drôle, c’est que tous les autres candidats du premier tour, Nora Berra, qui n’avait réuni que 9%, Emmanuel Hamelin qui en avait réuni 14% s’étaient désistés pour son concurrent Georges Fenech qui en avait, lui, rassemblé 35%. Ce dernier avait même le soutien de l’ancien maire Michel Noir. On regardera de loin tous ces braves gens se ranger derrière le plus jeune poulain qui a triomphé des combines d'appareil, à moins qu’ils aient décidé de lui savonner la planche, ce qui en politique est toujours possible, mais vu le contexte national, guère probable. 

23:33 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : michel havard, lyon, politique, municipales | | |