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mardi, 15 décembre 2015

On ne redressera pas la France avec des réactionnaires

Tout à sa communication politique d’après-campagne, NKM  (Nathalie Kosciusko-Morizet) vient de lâcher une perle symptomatique des absurdités qui s’entendent un peu partout : « on ne redressera pas la France avec des réactionnaires !» Vouloir redresser la France, en effet, c’est admettre qu’elle s’est effondrée. Or les « réactionnaires » en question n’ayant jamais été au pouvoir, à qui la blonde hirsute attribue-t-elle l’effondrement ? A ceux là-même qui auraient selon elle la capacité de la redresser, bien sûr. Outre l’illogisme de cette proposition, le flou sémantique de la seconde : qu’entend-elle par réactionnaires ? Certes, le terme est à la mode dans les cercles bobos que la dame habituée à parler pour ne rien dire fréquente. Mais s’il avait du sens et un contenu lors de son apparition en 1794 pour désigner globalement les opposants à la Révolution Française, voire encore après la guerre contre la Prusse, les opposants à la République, quel corps de doctrine désigne-t-il réellement lorsqu’il est brandi avec mépris par des politiciens de son genre ?

Surtout lorsqu’elle oppose réactionnaire à visionnaire : de quelle vision chaotique  s’agit-il ?  Jusqu’où peut-on aller dans la dérégulation totale et le libéralisme absolu, l’abolition apparente de toute autorité et de toute hiérarchie et la création d’une caste dominante parfaitement, elle, réactionnaire, à moins de supprimer, après les frontières et la monnaie, après les bouleversements culturels, linguistiques, politiques et religieux infligés au peuple par cette  fameuse « ouverture à l’autre » qui insidieusement devient « déni de soi »,  la notion même de souveraineté nationale ? Un réactionnaire serait donc pour NKM un véritable défenseur de la souveraineté et de la culture françaises, souveraineté et culture qui se définiraient par un manque de vision, un aveuglement total…J’ai juste l’impression qu’entre Valls, Macron, NKM, et tant d’autres quadras/quinquas de leur acabit, bien malin qui distingue encore une ligne de partage. Preuve est faite qu’il faudra bien plus qu’une élection pour se débarrasser de tous ces Philaminte et ces Trissotin qui tiennent les rênes du pays, et continueront, comme leurs mentors parfois septuagénaires de la pseudo-élite, à le conduire dans le mur, sans un sursaut radical qui ne pourra forcément venir (s'il vient) que de là où plus personne ne l’attend.

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mardi, 08 décembre 2015

Jours de grande tambouille

Pitoyable. On se demande jusqu'où il peut aller dans le double discours, à entendre Valls en véritable chef de secte appeler à voter Estrosi dans le Sud ou pire encore, contre le candidat de son propre camp dans l’Est. « Il faut être digne » clame-t-il en conseillant aux militants de ce dernier de bouffer leur culotte, offrant à la France entière une image digne des pires républiques bananières, au monde entier le spectacle sans équivoque de ce qu’est véritablement cette gauche républicaine tristement aux affaires.

Plus inquiétante, la ministre de l’Education Nationale, qui demeura la semaine dernière dans un silence de plomb (comme d’ailleurs toute son administration) alors qu’une fatwa contre tous les professeurs était lancée par Daesh pas moins de quinze jours après les attentats de Paris, et qui intervient à présent, la bouche en coin, pour dénoncer le risque qu’une élection d’une présidente de région ( on en oublie le combat féministe pour le coup) ferait courir aux repas de cantine dans les lycées… Au-delà de leur cynisme de politicien professionnel, ces gens sont-ils irresponsables ? Je finis par me le demander.

Ridicule telle une grosse bourgeoise outragée cette responsable du SNES, le syndicat de cogestion de l’éducation nationale, expliquant que ses ouailles seraient, tout comme les chefs d’établissement, fort incommodés de siéger en conseil d’administration avec « ces gens » comme si elle parlait de je ne sais quoi. Les anti-discriminants de tous poils sont à l’œuvre,  aux yeux de tous la gauche est nue, mais tous ont-ils encore des yeux pour voir, des oreilles pour entendre ?

Carrément comique, enfin, sur un autre registre, Apolline de Malherbe, « chroniqueuse politique sur BFM », expliquant que cela ne sert à rien de voter Marine Le Pen puisque de toute façon le conseil général qu’elle présiderait en cas de victoire n’aurait « aucun moyen et aucun pouvoir pour appliquer son programme », le pouvoir régional n’étant que symbolique (c’est le terme utilisé) : mais alors dépêchons-nous de supprimer ces structures à l'en croire purement symboliques, de grâce, ces régions prédécoupées en catimini à l'Elysée, et cessons d’entretenir cette caste d’élus foisonnants s’ils ne servent à rien, qu’à générer de l’impôt et occuper vainement les écrans…

Restent les artistes : ah, les artistes ! Carrément pathétique, le chti d’Armentières milliardaire : Dany Boon, quitte sa résidence de Londres pour faire la leçon aux chômeurs d’Henin Beaumont, du haut de sa posture d’intellectuel de comptoir. Vous imaginez Bourvil entrant dans le débat politique au nom de son succès dans La Grande Vadrouille, pour expliquer aux électeurs comment ils doivent se comporter dans La Grande Tambouille ?  Songer que ce spectacle lamentable est diffusé dans le monde entier, vu de tous, la France d'aujourd'hui n'est-ce donc plus que cela ? Manuel Valls, Najat-Vallaud-Belkacem, Apolline de Malherbe et Dany Boom, en vaillants résistants aux forces de la haine, pendant que les vrais nazis rigolent et se demandent où il frapperont la prochaine fois ! Quel dégoût !

Le mérite du front national dans cette affaire est vraiment, une fois de plus, de jeter pleine lumière sur le cul du Roi quand il est nu. Et ils ne sont pas beaux à voir, tous ceux qui s’affairent autour de son orifice pour conserver trois miettes de privilèges. Évidemment, si demeurent trois sous de bon sens à l'électeur, ces manœuvres grossières devraient être contre-productives dimanche prochain. Mais toutes ces gesticulations ne sont pas de très bon augure pour les mois à venir, à passer sous un état de siège qui confère quasiment tous les droits à un président sombre, narcissique et pervers, qui ne voit même plus le trou de l'urne, tant il est obnubilé par les flashes...

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ça rigole plus chez les Chtis

vendredi, 04 décembre 2015

«RUN, HIDE, TELL»

Tout comme existent des consignes en cas d’incendie, en voici dorénavant en cas d’attentat : ce qui donne en français s’échapper, se cacher, alerter. Un tiercé qui nous vient d’Angleterre, avec cette affiche que le gouvernement envisage de placarder dans les mairies, préfectures, stades et autres lieux publics. Ça et le numéro vert, tout ce que leurs ministères peuvent pondre ! Léger, pour le moins, en matière de prévoyance ! Pendant ce temps, le ridicule président, à peine échappé des palais où on sauve la planète et de ses repas trois étoiles place des Vosges, va pavoiser sur le Charles de Gaulle, en compagnie de Jean-Yves le Drian, dont on rappelle accessoirement qu’il est candidat sur une liste des Régionales. C’est vrai que les militaires ont bien besoin de la présence de ces  deux imbéciles à bord. Mais sa cote de confiance était tombée si bas, qu’il se dit que quelques points à grapiller encore, s’il y a des électeurs que ça impressionne, c’est toujours bon à prendre.

Pendant ce temps, une autre courbe, celle du chômage, bondit de nouveau (1,2 % en octobre). Jacques Sapir a trouvé un titre évocateur au phénomène : « le drame silencieux ». 40 000 chômeurs en + dans la catégorie A, c’est, remarque-t-il, la hausse la plus importante depuis janvier 1996 ! Hollande a compris que la bataille était perdue de ce côté-là, alors, pépère surjoue du côté du « chef de guerre » et applique au mot près le programme exigé par Marine Le Pen depuis des années, de la fermeture des mosquées salafistes à la déchéance des binationaux et au rapprochement avec Poutine… Même une girouette aurait l’air calme à côté.

Pendant ce temps également, Daech publie tranquillement un pamphlet assassin contre l’école française, contenant un appel à tuer tous les professeurs et assistantes sociales de France qui incarnent à ses yeux la mauvaise laïcité et sont donc des ennemis d’Allah : « Le but de cette éducation est de cultiver chez les masses l’ignorance de la vraie religion, et des valeurs morales telles que l’amour de la famille, la chasteté, la pudeur, le courage et la virilité chez les garçons.(…) Tout musulman doit savoir que le système éducatif français s’est construit contre la religion en général et que l’Islam en tant que seule religion de vérité ne peut cohabiter avec cette laïcité fanatique». Il faut donc « combattre et tuer tous les corrupteurs » que sont les fonctionnaires de l’Education Nationale, en premier lieu les profs qui enseignent la laïcité ou les agents des services sociaux qui retirent les enfants musulmans à leur famille pour les confier à des mécréants...

Dans l’hystérie anti-Front National des medias sous perfusion, l’information est sous médiatisée, au mépris de toute déontologie démocratique. Jusqu’à la ministre de l’Education Nationale, si prolixe en communication lorsqu’il s’agit de propager la théorie du genre, qui n’en touche mot ! Najet aux abonnés absents, confirme du bout des lèvres une autre information concernant la radicalisation de 857 élèves en 2014-2015, annoncée par le journal 20 minutes la veille. La sécurité de millions d’élèves est pourtant en jeu. Mais diffuser de telles informations serait assurément « faire le jeu du front National ». Leur obsession !

Faire le jeu... L'expression, qui vient des jeux de cartes est en elle-même un criant aveu de ce qu'est devenue la vie politique en France depuis que ces gens de partis tiennent le pays.  Dimanche, ne nous privons pas. Ne nous privons surtout pas !

 

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lundi, 06 juillet 2015

Oxi

Le retour d’un sentiment souverainiste, la réaffirmation d’une culture démocratique propre, certes, quelle bonne nouvelle ! Mais penser que les peuples ne sont capables de retrouver dans un même vote une dignité commune, le sens de leur histoire et de leur culture, qu’en se retrouvant acculés face à un adversaire déterminé (en l’occurrence des créanciers) demeure en même temps assez désolant. Il n’empêche. Si les Grecs avaient voté Oui, ils auraient été politiquement vassalisés pour au moins 50 ans… Et ce que Hollande appelle « un saut dans l’inconnu » incarne, dans la soupe technocratique dont ce bonhomme constitue l’un des morceaux les plus indigestes, un heureux sursaut, un sain réveil, un retour du politique fort réjouissant. De ce point de vue, le rassemblement et les cortèges de la place Syntagma d’hier soir feront date.

Yanis Varoufakis y a parlé de guérir des blessures européennes, tout en affirmant vouloir rester dans l’Europe, tandis que son homologue allemand, Sigmar Gabriel, jouait déjà la carte du contribuable bavarois contre l’électeur grec en n’excluant pas le Grexit. Quand un peuple croit, il surmonte ses difficultés, rajouta dans la foulée Alexis Tsipras, tandis que Martin Schultz lui rappelait que s’il croit être en meilleure position pour négocier, il se trompe car le quotidien des Grecs va empirer de jours en jours…

Il ne faut pas se leurrer. Une soirée électorale n’est qu’une soirée spectaculaire dans un monde où « le vrai n’est qu’un moment du faux » disait jadis Debord. Car derrière ces quelques dirigeants faisant mine de se réjouir de « ce qu’a dit le peuple », se terre le même cruel principe de réalité, celui du crédit, du protocole et de l’usure qui, lui, se fout bien des peuples et ruine les sociétés. Les dirigeants des puissances européennes soumis aux banques savent bien que les peuples ne possèdent pas – sitôt achevés leurs rondes festives et spontanées de sirtaki – d’autres dirigeants qu’eux. De négociations en négociations, ils sont devenus experts en double discours.

Voilà pourquoi cette belle victoire d’OXI me rappelle hélas les résultats de cette soirée du dimanche 29 mai 2005 en France, cet autre Non que deux présidents faisant mine de s’opposer, ont allègrement piétinés, ridiculisant l’un et l’autre le principe même sur lequel repose cependant leur autorité.

Une femme grecque, hier soir, rappelait sur BFM que cet OXI n’était ni une victoire de la gauche ni une victoire de la droite, mais une « victoire des classes moyennes »,  et que le Parthénon, berceau de l’Europe, « était un temple, pas une banque ». Soit. Mais de tout ceci, que pense un Irlandais ? Un Letton ? On dirait que les différents peuples européens vivent dans des moments de la construction européenne différents ; le moment durant lequel ils sont rentrés dans ce fourre-tout économique, à vrai dire. L’Europe vue du Nord ou de l’Est n’a pas la même configuration ni les mêmes mœurs que l’Europe vue de l’Ouest ou du Sud.

Voilà pourquoi la zone euro demeure de moins en moins crédible. Plutôt que de vouloir abolir les diverses sensibilités nationales, il eût donc été plus judicieux de les laisser souveraines, tout en faisant en sorte qu’elles subsistent en paix. De les traiter autrement que comme de grands principes ou des courbes statistiques. Ce dont les pères fondateurs, du rêveur Monnet au pragmatique Delors étaient évidemment incapables...

 

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samedi, 04 juillet 2015

De la ruine des sociétés

Juillet, nous y revoilà. Dans une ambiance caniculaire, au gré d'un faux suspens entretenu sur l'avenir de l'Europe pour le plus grand plaisir des spéculateurs et au cœur d'un climat délétère où j'entends certains se demander si ce qui s'est passé sur une plage en Tunisie ne pourrait se passer sur une plage de la Côte d'Azur, on s'apprête à suivre le Tour de France qui prend le relais des tournois de tennis, pour maintenir une illusion de cohérence dans une société en ruines. J'en profite pour laisser la parole à une réflexion d'Emmanuel Favier dans ce billet invité.

 

L’organisme humain fonctionne ainsi que la population cellulaire, qui est entièrement renouvelée tous les trois ans. Ceci n’est pas dire que les nouvelles cellules sont différentes de celles qui leur ont fait place. Elles sont les mêmes et elles sont d’autres, mais non sous le même rapport. Elles sont nouvelles en ce que les anciennes cellules sont mortes et d’autres ont été portée à existence par le procédé de multiplication cellulaire. Elles sont cependant les mêmes quant à leur essence, c’est-à-dire qu’elles se multiplient selon leur espèce propre : les cellules du cœur produisent d’autres cellules du cœur, celles du foie produisent d’autres cellules du foie, etc. Ainsi, si l’on applique ce principe à un corps de doctrine, il lui convient, pour vivre et  répondre continuellement aux nouvelles données politiques et sociales du moment, il lui convient, disais-je, de se renouveler.

 

Que ce soit dans les manuels d’histoire dispensés par l’Éducation nationale comme dans les milieux dits contre-révolutionnaires, on parle de 1789 comme une sorte de premier instant d’un big-bang politique, comme un an zéro d’une nouvelle ère. Certains y voient la naissance de la France, d’autres sa mort. Or, faire naître ou mourir notre pays en 1789 me paraissent deux idées aussi fausses l’une que l’autre, répondant au même jeu dialectique qui prétend dénier, oblitérer, une partie de l’histoire de France. Est-ce un principe basé sur le réel ?

 

De l’histoire de France tout doit être assumé ; « assumer, » ce qui n’est pas dire «approuver», «applaudir.» Assumer, «prendre sur soi, à soi», embrasser l’Histoire de France, c’est-à-dire un foisonnement bimillénaires de faits tour à tour glorieux et douloureux. Voilà la tâche du chercheur honnête, impartial, de celui qui n’est pas prisonnier d’un système de pensée, d’une sorte de convention mentale par laquelle il devrait ignorer certaines pages de cette histoire.

Pour cet historien, ce sont les principes les plus hauts qui doivent guider son jugement : le bon, le bien, le beau, le vrai, qui ne riment pas toujours avec « Français ». Ainsi que le disait le Pape Grégoire IX, la France n’est grande que soumise au Christ. Comme le corps assume une nourriture sans en rien rejeter d’abord, puis la consume en en expulsant les toxines et en n’en gardant que ce qui participe à sa régénération, de même il faut assumer notre Histoire et n’en retenir que ces leçons de vie qui peuvent participer à la construction d’un avenir.

 

Il me semble donc plus juste de dire que la Révolution de 1789 exécuta un corps social déjà affaibli et malade. En effet, toute maladie qui parvient à pénétrer un corps profite d’une baisse des défenses immunitaires.

Depuis, sa décomposition n’a pas cessé, et nous arrivons sans doute aujourd’hui au terme de ce lent mais fatal processus.

 

Chez le vivant l’âme est le principe vital, maintenant l’unité du tout. Quand la mort survient, le corps, privé de son principe unitif, va alors tendre à trouver un nouvel équilibre par la dissolution du tout dans ses parties, c’est-à-dire par la décomposition, au terme de laquelle le corps ne sera plus que poussière.

Mais ce n’est pas tant du pourrissement du corps humain dont je veux m’occuper ici que de celui des sociétés.

 

La mort est, comme dit ci-dessus, la dissolution du tout dans ses parties. Or c’est bien de la Révolution de 1789 que sont nés les partis ; lesquels, en réalité, ne sont pas la résultante d’un corps en vie (peut-être un cadavre, juste après la mort, peut encore présenter certains aspects propres aux vivants : la couleur, la chaleur… ou peut-être certaines personnes confondent-elles le grouillement des vers avec la vie corporelle ?), mais bien d’un cadavre en décomposition. On pourrait classer ces partis en deux catégories, ou plutôt en un dégradé commençant à l’extrême-gauche : parti de ceux qui souhaitent précipiter l’anéantissement de la dépouille par la promotion de tout ce qui peut favoriser sa dissolution ; et l’extrême-droite, parti de ceux qui, au contraire, veulent arrêter net ce processus en plongeant les précieux restes dans le formol, ou, du moins, réduire la pestilence résultant de la décomposition du corps social.

 

De là, deux remarques.

 

Premièrement. L’ordre ancien — s’il le faut décrire en quelques mots, — basé sur la loi naturelle tendait, en général, au bien commun qui consiste, selon la formule populaire à «rendre les gens heureux» (d’un véritable bonheur, i.e., de permettre à l’homme de tendre vers sa fin et dans l’ordre naturel, et dans l’ordre surnaturel). Ainsi, l’unique recherche du bien commun, d’abord sur un plan matériel (rôle de l’État), puis dans l’ordre spirituel (rôle de l’Église), est, ou devrait être l’unique but d’une société. C’est la fin que lui a assigné la nature. Le bien commun est la forme substantielle (c’est-à-dire le principe vital) d’une société. Ce bien commun transcende toutes idéologies, tous partis. Le bien commun tend à l’unité, à la santé, à la sainteté. Le bien commun est à une société ce que l’âme est au corps. En réalité, ce bien commun est multiforme : il prend parfois les apparences du socialisme, parfois ceux du libéralisme, d’autres fois il arbore les couleurs du patriotisme, du nationalisme.

 

Les idéologies, au contraire, indiquent elles-mêmes par leurs suffixations en ismes l’absolutisation qu’elles font d’un des différents aspects du bien commun, au mépris des autres : libéral-isme, national-isme, commun-isme. Seule une vraie société sait jouer de tous ces éléments harmonieusement ; ces éléments qui n’ont, en fait, de cohérence, de «raison d’être» —tout simplement— que dans une poursuite véritable du bien commun.

 

Deuxièmement. Les nationalismes, fascismes, conservatismes sont des idéologies. Ils ne sont donc pas aptes, —ne se le proposant par pour but, et étant, de toute façon, la résultante mortifère de la décomposition de l’ordre ancien— de réformer et surtout de re-former une société véritable. Ne s’agissant que d’arrêter ou de ralentir le processus irréfragable de décomposition, ces idéologies dispersent en vain les volontés, les forces, les intelligences, cherchant à conserver un cadavre voué à finir en poussière.

 

Enfin, concernant le conservatisme.

Comme dit saint Augustin, deux amours ont fait deux cités : l’amour de soi poussé jusqu’au mépris de Dieu constitue la cité des impies ; l’amour de Dieu poussé jusqu’au mépris de soi constitue la cité des justes.

Ces deux cités sont essentiellement différentes. L’une est un Être vivant, l’autre un corps mort. Cependant, de cette haine millénaire entre les deux cités, quelques résolutions ont été prises par les impies afin de donner un cachet de pérennité à leur œuvre. Quand, au lieu de la chair et du sang il ne restera du cadavre social qu’un squelette et des tissus secs, il leur faudra l’embaumer. C’est là qu’interviendront les conservatismes. Après avoir tout dissous dans le magma de l’indifférentisme, du subjectivisme, il conviendra de revenir sur certains aspects extrêmes des législations précédentes qui avaient en fait pour but la destruction de la société. On remettra en valeur l’Ordre ancien comme en Angleterre on met en valeur les ruines des Abbayes détruites par la Réforme : une pelouse bien verte, tondue régulièrement, d’où surgissent quelques pierres empilées les unes sur les autres, consolant les nostalgiques qui diront que, finalement, tout n’est pas perdu.

 E.F.

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[L’Amérique pratique le sacrifice perpétuel de la société à l’individu, et le voudrait répandre partout, c’est la déification de l’homme, c’est le modèle le plus achevé des idées anti-ecclésiastiques, ecclesia, qui signifie société, réunion, pour constituer une véritable anti-société.]

 

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David, Serment du Jeu de paume

mercredi, 03 juin 2015

Et ron et ron petit patapon...

Qu’un peuple se cherche un avenir de ce côté là :

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Juppé, 1977, 31 ans, alors collaborateur de Chirac

dit mieux que quoi que ce soit l’état de déconfiture, de délabrement, dans lequel ses élites ont plongé notre pays. Un pays vieux au sein duquel la jeunesse est désormais minoritaire et condamnée à la boucler, crise oblige. Je me souviens avoir fait 3 semaines de grève, jadis, contre les projets libéraux de cet homme-là au sujet duquel l’Obs s’interroge désormais : Juppé sera-t-il l’idole des jeunes ? Le pays l’a viré alors sans perte et fracas, lui et ses grotesques jupettes au premier rang desquelles l’inénarrable Corine Lepage qui a toujours une cause à dénoncer, de son ton insupportable de grande bourgeoise taubiresque, qui sait tout et ne peut rien, plus ridicules toutes deux que la Philaminte et la Bélise de Molière .

Juppé ! Un homme que la gauche-bobo semble prête à introniser parmi ses sympathisants dès les primaires des Républicains, persuadée qu’elle en sera débarrassée au bout de cinq ans, au bout d’un mandat mou durant lequel elle aura repris un certain poil de la bête culturel, aujourd’hui bien abîme, pour faire passer de nouveau Hollande ou un de ses successeurs pour un type proche du peuple. Et ron, et ron, petit patapon…  Un homme de droite ouvert, comme il le dit, un collabo europhile de la première heure qui travaillerait ensuite à l’élection d’un Valls ou d’un Macron mâle ou femelle pour assurer sa succession, comme le Mitterrand aura travaillé à l’Election de Chirac, et le Chirac à celle de Hollande. Mais si vous n’aimez pas Sazkozy, rappelez vous que Juppé l’antédiluvien vient encore d’avant lui, et que c’est lui et ses sbires à vocabulaire lisse et crânes d’œufs qui ont fabriqué Sarkozy. La trahison des élites, le vote confisqué, la France rayée de la carte par Maastricht, c’est lui. Quel peuple, qu’un peuple contraint à s’extasier de l’avancée démocratique que représente le droit à l’euthanasie ! dormez, braves gens, votez et mourez, braves gens, et ne dérangez plus l’Empire.

 

Dieu est le grand absent de leur gigantesque foire ; ne parlons pas de l’Eternité, demain, même, ils s’en contre-fichent car la courte vue est le moteur de leur cynisme. Et le Christ – ou du moins la pauvre idée qu’ils s’en font – demeure Celui qu’ils croient pouvoir continuer à ignorer in saecula saeculorum, en nous vendant en guise d’épices des valeurs républicaines dévoyées par des principes d’égalité entre les religions, principes parfaitement irrationnels, parce que jamais fondés sur des arguments théologiques solidement étayés. Le théologie, d’ailleurs, comme la littérature, l’art (autre que contemporain), l’Histoire, qui s’en soucie chez ces élites incultes et renégates ? Avez-vous remarqué comme ces gens qui parlent sans cesse de combattre la haine n’aiment pas, eux, n'ont jamais su aimer, méprisant même quiconque leur oppose la moindre résistance, quitte à avoir recours systématiquement, grâce aux lois iniques qu’ils ont fait voter, au pire des arguments, l’argument judiciaire ? Leurs dieux sont à l’Assemblée, au Temple ou au Panthéon, au stade ou sur les écrans. « De tels dieux nous sont apparus comme incapables de donner même des royaumes terrestres », écrivit Saint-Augustin à propos des ceux des Romains, auxquels notre vue basse n'a rien à envier. Quand je vois le nabot Hollande recevoir à l’Elysée ceux qu’on appelle, non sans ironie, les Grands de ce monde, il me semble que le spectre de Ballanche se penche sur mon épaule pour me murmurer à l’oreille que la France expie son crime de 93. Après Chirac, Sarkozy, Hollande, Juppé ! Une expiation en bonne et due forme, comme seule la Sainte Providence, à laquelle plus personne ne croit, sait arranger le cours…  

20:45 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ballanche, saint-augustin, sarkozy, juppé, littérature, politique, presidentielle, france, sondages | | |

samedi, 02 mai 2015

Apostasie silencieuse

Dans Le Mépris de Jean-Luc Godard, après avoir évoqué le combat d’Ulysse contre les dieux, le réalisateur Fritz Lang qui incarne face au vulgaire producteur américain Prokosh tout ce qui reste de la culture européenne en vient à commenter un poème d’Hölderlin. Il insiste alors sur le fait « étrange, mais vrai » que « ce n’est plus la présence de Dieu, mais son absence qui rassure l’homme. »

Et c’est tristement vrai que désormais, sous le coup d’une propagande républicaine longtemps et partout menée, la foi – la foi vigoureuse, la foi stable, la foi établie comme référence de sa propre vie – est devenue pour beaucoup inquiétante, quand ne pas croire [du moins vivre dans la boite à outils de quelques concepts moraux et vérités scientifiques établis par d’autres], c’est cela qui serait rassurant, ou « normal »,  comme dirait le pitre aux abois qui entraîne notre pays vers sa dissolution finale. Un effet sociétal, un effet troupeau incontestable, là-dedans. Credo. Naître et mourir seul, nous sommes seuls pour le dire.

On prête à Jean Paul II la paternité de la périphrase une «  apostasie silencieuse », pour désigner cet œcuménisme confus et résigné qui a fini peu à peu par engourdir l’Europe et dissimuler l’impeccable brillance du Saint-Sacrement aux yeux de la multitude : «La culture européenne donne l'impression d'une apostasie silencieuse de la part de l'homme comblé qui vit comme si Dieu n'existait pas ». Le pape polonais aurait emprunté la formule à Emmanuel Mounier, qui en 1940 parlait déjà de cette « apostasie silencieuse » qui menaçait le catholicisme, faite d’une sorte « d’indifférence environnante » et de « sa propre distraction ». Mounier, mais Hölderlin, déjà. Et Jean-Marie Vianney, qui dit un jour dans son sermon, à propos de la persévérance : « Je dis donc  que le premier moyen de persévérer dans le chemin qui conduit au ciel, c'est d'être fidèle à suivre et à profiter des mouvements de la grâce que Dieu veut bien nous accorder. » Et à propos de l'endurcissement : « cet endurcissement si terrible, c'est l'abandon de Dieu qui se retire du pécheur et qui finit par le livrer entre les mains de ses passions. Une fois arrivé à ce degré d'aveuglement, hélas ! rien ne le touche et rien n'est capable de lui faire connaître l'état malheureux où le péché le conduit ; il méprise tout ce qui est capable de le rappeler à Dieu ; il rejette la grâce autant de fois qu'elle vient.» 

 Mouvements, tout le contraire de cet endurcissement confortable et vain, dans l'œcuménisme intellectuel aussi bêtifiant que médiatique que nous vendent les politiciens. A lire quelques-uns de ses sermons, il semble que ce saint curé ait passé sa vie à lutter, dans son confessionnal étroit, contre cette apostasie silencieuse, dont il sentait que perçaient les germes dans le cœur de ses paroissiens et des pèlerins visiteurs qui le sollicitaient, en leur parlant de la nécessité de la conversion et de la pénitence, termes que précisément les citoyens du monde moderne ne peuvent entendre sans se gausser. L’égalitarisme qu’on tente de nous imposer comme religion civique est le contraire absolu d’un catholicisme bien compris et d’une fraternité heureuse.

 

C’est un complet retournement qu’il faut donc effectuer – où laisser s’effectuer dans la prière. Que l’absence de Dieu redevienne atrocement inquiétante en soi, et sa présence, la seule demeure rassurante dans l’horreur des rues et des medias.

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Fritz Lang, dans Le Mépris

mercredi, 22 avril 2015

La terre de la Croix

Le premier ministre Valls (1) explique que les « terroristes » ciblent « la France, pour nous diviser ». Non. Les « djihadistes » visent « « les Juifs et les Chrétiens »  de France et d’ailleurs, essentiellement d’ailleurs pour l’instant, comme en témoignent les décapitations atroces des Chrétiens coptes en Lybie et éthiopiens la semaine dernière. Quiconque a vu les vidéos de ces décapitations de Chrétiens sur des plages africaines a entendu la déclaration de guerre de ces fous du Prophète, adressée, couteaux brandis,  à la « Terre de la Croix ». Telle est la propagande islamiste, rien de plus et rien de moins que cela. 

En Orient, quand les églises sont visées, tous les gens vont à la messe le dimanche suivant, afin de montrer qu'ils ne sont nullement impressionnés et qu'ils n'ont pas peur.  

(1) Ce soir, Valls a corrigé son jugement, affirmant "que s'en prendre à une église, c'est s'en prendre à l'essence de la France".  Ce qui pour moi signifie que ce n'est pas à l'Etat de protéger les églises : mettre un militaire devant chaque église, c'est aberrant. C'est tout simplement à vous, à moi, à ceux qu'on appelle les laïcs, d'y faire corps...

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13:43 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisme, attentats, églises, france, djihadisme, politique | | |

mercredi, 15 avril 2015

Plus con qu'un belge

« Bruxelles et son sacré collège de fonctionnaires, ses députés engraissés à débattre du dogme et servir la soupe aux lobbys d’un côté; la rue grecque et ses suicides, ses grenades, ses échines courbées, ses gueux tristes, ses milliers d’affiches et de graffitis et ses adespotes de l’autre. Là, le puzzle tragi-comique de l’eurozone, ses statistiques, ses budgets prévisionnels, ses experts dressés à coups de masters et de voyages linguistiques; ici, saigné à blanc, un peuple millénaire bras en croix et ventre au ciel, tandis que le reste de la zone, enivré de théories droits-de-l’hommistes, bâfrait cyniquement les dernières miettes du festin »  (La Queue, p 26)

 

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Pardon pour vous, lecteurs belges, mais faut bien dire que  vous donnez raison à Baudelaire, vous, qui avez été les premiers à instaurer le vote obligatoire, Plus cons que vous, il n’y a guère que les Luxembourgeois, qui taxent la moindre entorse à la dictature démocratique de la modique somme de 1000€…

Depuis hier, il y a aussi un Bartolone. J’ai connu jadis un principal de collège à Gagny dont son passage en Seine-Saint Denis n’avait pas non plus arrangé les neurones ; Bartolone, quand il cause, sa suffisance de petit crève l’écran je trouve, et ya bien que lui parmi la clique des jobards pour être pire aussi qu'un Hollandais, non ?

Enfin bref.  Si le vote devient obligatoire, je voterai pour :

 - une fleur

- un produit d’entretien

- ma tante Adèle

- Attila…

 

Quand je pense aux augmentations d’impôts, me prend envie de ….