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mardi, 21 mai 2013

Dominique Venner

 

Personne ne peut rester indifférent au geste d'un homme qui se suicide devant un autel. Pourdominique_venner.jpg de multiples raisons, qui vont bien au-delà du geste spectaculaire. D’abord parce que dans la théologie catholique, le suicide est un péché d’orgueil, le pire qu’on puisse asséner à son Créateur. Cela dit, je ne doute pas qu’en conscience, Dominique Venner ne se soit pas considéré comme  un suicidé, mais bien plutôt comme un soldat.

Dans le dernier billet qu’il a laissé ce matin même sur son blog, consacré à la loi absurde passée en coup de force par Hollande, il écrit ceci :

« Je viens d’écouter un blogueur algérien. De toute façon, disait-il, dans quinze ans les islamistes seront au pouvoir en France et ils supprimeront cette loi. Non pour nous faire plaisir, on s’en doute, mais parce qu’elle est contraire à la charia »

Suit cette phrase, citée partout : « Il faudra certainement des gestes nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines. Nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes ». 

Pour se maintenir au pouvoir et faire, à sa place, la politique de son prédécesseur, Hollande a mis le doigt dans un engrenage qui finira par lui être fatal, c’est celui d'une  manipulation trop criante de l’opinion. Parce qu’il en avait besoin, il a fait de cette réforme du mariage « pour tous » une manière d’être de gauche quand même. Il a pris de front l’épiscopat français et une grande partie des catholiques, de même que la tradition du pays, alors qu’il était si simple de mettre sur pied une union civile donnant les mêmes droits aux homosexuels, sans engager avec le mot mariage une possibilité de recours devant la cour de justice européenne pour obtenir des droits sur la filiation, et sans choquer les consciences religieuses, juives et musulmanes comprises.

Mais Hollande a beau être un énarque doctrinaire enfermé dans l'histoire de son parti et sa stratégie personnelle, il veut être le président de tous les Français. Aujourd’hui pompier pyromane, il parle d’apaisement pour tenter d’éteindre par la loi l’incendie qu’il a lui-même allumé en proposant cette loi. Le sang de Dominique Venner l’éclabousse donc indirectement comme, ironie du sort, celui de Grossouvre lui aussi suicidé (mais à l’Elysée), éclaboussa plus directement Mitterrand, l’homme que le triste sire qui habite àl’Elysée s’est donné pour modèle. Ironie du sort, toujours, non seulement Venner et Grossouvre étaient de grands amis, mais encore Venner, en tant que directeur de la Nouvelle Revue d’Histoire, avait dernièrement rouvert le dossier sur le prétendu suicide de son ami personnel, ce même Grossouvre qui fut surnommé durant deux septennat le ministre de la vie privée de MItterrand

Bref, le suicidé de Notre Dame n'est pas n''importe qui, un quelconque agité d'extrême droite, un simple militant anti mariage pour tous, comme on le clame sur toutes les ondes

Je cite ici quelques propos de Venner, plus érudit que militant, directeur de la NRH où  écrivit Decaux et Jacqueline de Romilly, qui permettent d’aider à mieux comprendre cet acte, par-delà les raisons données par la propagande officielle :

« Ce qui caractérise la société dans laquelle nous vivons et ses classes dirigeantes, c'est le rejet de l'histoire, le rejet de l¹esprit historique. Celui-ci avait plusieurs mérites. Il assurait d'abord la vigueur du sentiment national ou identitaire. Il permettait d'interpréter le présent en s'appuyant sur le passé. Il développait l¹instinct stratégique, le sens de l'ennemi. Il favorisait aussi une distance critique par rapport au poids écrasant du quotidien. Ce rejet de l'histoire s¹accompagne paradoxalement d'une hypertrophie médiatique de ce qu'on appelle la  mémoire, qui n'est qu'une focalisation partielle et partiale d'évènements contemporains. Comme les autres spécialistes des sciences humaines, les historiens subissent le chaos mental de l'époque et participent à l'effort général de déstructuration. Sous prétexte de répudier tout impérialisme culturel, l¹enseignement de l'histoire a brisé le fil du temps, détruisant la véritable mémoire du passé. Suivant l'expression d¹Alain Finkielkraut, il nous apprend à ne pas retrouver dans nos ancêtres l'image de nous-mêmes. Le rejet de la chronologie est un procédé très efficace pour éviter une structuration cohérente de l'esprit. Cela est bien utile. La cohérence gênerait la versatilité et le tourbillonnement dont se nourrit une société soumise à la tyrannie de l'éphémère et de l'apparence. Ma conception de l'histoire est évidemment différente. Je l'ai définie dans l¹éditorial du premier numéro d'Enquête sur l¹histoire : Notre vision du passé détermine l'avenir. Il est impossible de penser le présent et le futur sans éprouver derrière nous l'épaisseur de notre passé, sans le sentiment de nos origines. Il n'y a pas de futur pour qui ne sait d'où il vient, pour qui n'a pas la mémoire d'un passé qui l'a fait ce qu'il est. Mais sentir le passé, c'est le rendre présent. Le passé n'est pas derrière nous comme ce qui était autrefois. Il se tient devant nous, toujours neuf et jeune. »

L'impératif de l'historien (propos recueillis par Laurent Schang).

La gauche, enfin cette gauche socialo-libérale exécrable, Lang, Bergé, Mamère et consorts, va fêter non loin de Notre Dame sa « victoire » à la Bastille. Ils vont klaxonner dans les rues, aussi ? Sans doute ce que Hollande et ses sbires appellent apaiser. En attendant, voici une capture d’écran (vers 20h30), qui en dit long sur l’état des troupes, en effet. Triste pays. 

 

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20:55 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : dominique venner, suicide, notre-dame, mariage gay, politique, france, société, festif, décadence | | |

mardi, 14 mai 2013

Quand le soft power devient hard

Alors bref, je vais t’expliquer : d’un côté, t’as des émirs enturbannés, ultra milliardaires qui, comme ils le disent sans vergogne sont bourrés aux as de pognon mais qui « n’ont pas de peuple. »  (ce qu’ils disent)  De l’autre côté t’as un peuple, enfin un mythe littéraire du peuple, initié par Michelet, romancé par Hugo et qui, après un long détour par Bruant, Fréhel, Gabin, Piaf et Audiard se décompose en rudiments de slam dans la sordide banlieue, avec la complicité hautaine des ministres de l’Education Nationale de ces 40 dernières années, et de ceux de la culture, la palme étant cette grande chèvre de Lang que le petit François vient de recaser à l’IMA, sans doute pour initier sa future réforme des retraites. 

Donc les émirs enturbannés s’achètent un peuple, du moins une marque de peuple, celui du PSG. Ibrahimovic, Beckam, Pastore, Emiliano, Rodrigues, pas très parisien tout ça, mais c’est entré dans les mœurs le mélange des genres et des gens, c’est romantique et c’est dans l’air du temps. Des tribunes, les émirs, qui les ont payés un pont d’or, les regardent s’entrainer comme un entraineur mate sa pouliche, ou un mac sa pute et, après tout, c’est bien ce qu’ils sont, des marques, la preuve

david-beckham-slip.jpg

 

Tout ce bordel prend place dans un plan mainstream plus global, comme ils disent, intégrant chaines de télés et d’hôtels, tour Eiffel et ponts de Paris, péniches sur la Seine et fabricants de maillots, biographies de joueurs et jeux videos, opérateurs et compagnies aériennes, bref, du soft power comme on dit, du lourd.

La belle machine met deux ans à écrabouiller les autres équipes, Montpellier faisant figure de petit poucet récalcitrant l’an dernier, mais voilà, c’est enfin fait.

L’équipementier du club qatari loue une péniche prestigieuse afin que son vestiaire de milliardaires descende la Seine en se tapant un gueuleton 5  étoiles avec les émirs, tandis que les supporters (les vrais, qui constituent le bon peuple) sont invités à « les suivre en courant le long des berges » (on ne sait pas s’il était prévu de leur jeter des cacahuètes) . Vous avez bien lu. Jadis, c’était les archevêques qui faisaient des parades fluviales en France, ce sont aujourd’hui des émirs du Qatar et leurs mercenaires qui le font, toujours en France ; juste avant, ils avaient prévu une remise du trophée au Trocadéro avec la Tour du pauvre Gustave en arrière plan, pour vendre la carte postale à des gosses illusionnés dans le monde entier. Bref. Un dépliant touristique en papier glacé.

 

Et là, boum : « les perturbateurs, les ultras, les violents, une poignée d’individus, l'extrême droite », bref, comme disait Musset : le peuple (1) fout tout en l’air. Bus de touristes pillés, voitures incendiées, vitrines et abribus cassés, fumigènes, charge de CRS,le quartier de l’Etoile pris d’assaut… 250 millions d’euros investis par les émirs qui s’aperçoivent que derrière le dépliant touristique, il y a le peuple. Le peuple tel qu'on voudrait qu'il ne soit pas... Au Royaume Uni, au même moment, le bon peuple défile derrière Sir Alex Ferguson, en lui chantant des romances d'amour.Beautiful, isn't it ?

Toutes les chaines d’infos parlent de gâchis, de casseurs, soit. Il y aura au moins un effet positif : les nouveaux aristocrates enturbannés ont dû annuler leur parade fluviale d’un autre temps sur la Seine, et sont en train de comprendre que le peuple de Paris, et de toute la misère qui l’entoure, c’est aussi ça.

 

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(1) A relire cet extrait de La Confession d’un enfant du siècle, de Musset, que les qataris ne prendront pas le temps d eméditer

 La première fois que j’ai vu le peuple… c’était par une affreuse matinée, le mercredi des Cendres, à la descente de la Courtille. Il tombait depuis la veille au soir une pluie fine et glaciale ; les rues étaient des mares de boue. Les voitures de masques défilaient pêle-mêle, en se heurtant, en se froissant, entre deux longues haies d’hommes et de femmes hideux, debout sur les trottoirs. Cette muraille de spectateurs sinistres avait, dans ses yeux rouges de vin, une haine de tigre. Sur une lieue de long tout cela grommelait, tandis que les roues des carrosses leur effleuraient la poitrine, sans qu’ils fissent un pas en arrière. J’étais debout sur la banquette, la voiture découverte ; de temps en temps un homme en haillons sortait de la haie, nous vomissait un torrent d’injures au visage, puis nous jetait un nuage de farine. Bientôt nous reçûmes de la boue ; cependant nous montions toujours, gagnant l’Île-d’Amour et le joli bois de Romainville, où tant de doux baisers sur l’herbe se donnaient autrefois. Un de nos amis, assis sur le siège, tomba, au risque de se tuer, sur le pavé. Le peuple se précipita sur lui pour l’assommer ; il fallut y courir et l’entourer. Un des sonneurs de trompe qui nous précédaient à cheval reçut un pavé sur l’épaule : la farine manquait. Je n’avais jamais entendu parler de rien de semblable à cela.

Je commençai à comprendre le siècle, et à savoir en quel temps nous vivons.

10:01 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : psg, trocadero, champions de france, qataris, hexagoal, football, france, société | | |

lundi, 13 mai 2013

Le pouvoir et le courage

Je m’étais promis de ne plus vous entretenir de l’ancien conseiller général de Corrèze, mais quoi, son actualité dépassant la fiction, je ne résiste pas au plaisir de sortir du bois et, d’une certaine façon, de tomber dans le piège qu’il tend. Qu’importe.

Il est vrai que les politiques ont toujours nourri, à l’égard de la création et de la culture, une espèce de complexe, comme si le pouvoir, justement, n’était pas suffisant à apaiser leur boulimie névrotique de reconnaissance. Cela passait, naguère, par une volonté de singer l’homme de lettres. On  se souvient des velléités littéraires de François Mitterrand, dont La Paille et le Grain, qui n’ont pas, c’est le moins qu’on puisse dire, marqué plus que ça les esprits. Giscard, avant lui, a prétendu faire œuvre de romancier (et a fini à ce titre dans la Coupole qui n’a pas craint le ridicule de l’accueillir en 2003). On ne sait trop à quel nègre Chirac a confié, après lui, ses Mémoires dont les manuscrits originaux doivent croupir au musée de Sarran.

Les névroses présidentielles sont un bon marqueur des changements de civilisation.

Le pauvre type qui occupe aujourd’hui le théâtre de l’Elysée ne fantasme donc plus bibliothèque. Il laisse ça à son ex qui sort le même jour (!!!)  un bouquin avec sa bibine hilare en couverture, sous un titre lui aussi hilarant : Cette belle idée du courage. Non, il ne rêve pas d’être Voltaire ou Hugo (pour rester dans du scolairement correct) plutôt Gabin ou Depardieu. Le voilà donc qui sera dès mercredi le héros d’un nouveau vaudeville, dans lequel Moi Président joue son propre rôle (on l’imagine mal dans Quai des Brumes ou Cyrano, faut dire) : ça s’appelle Le Pouvoir

Décidément, je crois comprendre pourquoi, dès le début cet être m’est à ce point antipathique. Il me fait penser au beauf qui, revenant de Thaïlande, ne peut s’empêcher de faire sa soirée crêpe pour montrer ses putains de photos à tout le voisinage, savez : « J’ai fait la Thaïlande ». Ou à l’ado boutonneux qui, après avoir levé sa première minette, montre la photo à tous les copains.

François Dujardin Hollande himself a donc tourné son premier film. C’est ce qu’il appelle être normal. Ah ! ah ! Franchement, je suis vraiment content de ne pas avoir glissé son bulletin dans l’urne. Me demande ce que je penserais à présent. Le Changement ! J’entendais un étudiant l’autre jour répéter niaisement à la télé, comme on décline sa leçon : « Moi j’ai voté François Hollande parce que je voulais plus de Sarkozy,  mais le changement, on l’attend encore ». Pauvre chou. Pourra toujours aller voir son président aller et venir, entrer et sortir, se lever et s’asseoir sur l’écran en lui faisant des leçons de morale sur la République et l’Egalité ; Se rendra-t-il compte qu’il a la même dose de narcissisme, de fatuité et d’ego boursouflé que Sarkozy, la même dose en plus feutré, plus notable, en mieux élevé, en plus insipide, plus médiocre, somme toute. Hollande, c’est du Sarkozy light. Pauvre de nous. Au fait, le pognon récolté servira-t-il à rembourser la dette ?

C’est vrai que, sans être un changement, un président aussi bas dans les sondages, aussi peu crédible dans sa fonction et qui au bout d’un an s’échine encore à jouer son propre rôle dans un film en salles, c’est une première ! Le jour de la sortie du navet, le héros normal ira présenter sa copie à Bruxelles. La queue basse et friendly. Sur tous les écrans, ce mercredi. La veille de la conférence de presse, censée ouvrir l’an II du pays bas.  Et vive le socialisme !

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Y'a t-il encore une vie intellectuelle en France ? 

jeudi, 02 mai 2013

Du narcissisme européen

Christopher Lasch a bien montré les liens entre les formes de résignation et celles de narcissisme dans les sociétés actuelles. « Le narcissisme semble représenter la meilleure manière d’endurer les tensions et anxiétés de la vie moderne », note-t-il dans La Culture du narcissisme  (1991 -Climats, 2000). Il ne faut donc pas s’étonner si, dans un monde rendu plus anxiogène par la progression apparemment inexorable de la crise, les personnalités narcissiques continuent à faire florès dans le monde politique (« Moi Président » : on ne peut faire mieux dans le genre) , et dans tout ce qu’il légifère.

A ce narcissisme qu’on pourrait appeler de résistance individuelle, se  rajoute néanmoins depuis quelque temps un narcissisme de groupe ou de clan, un narcissisme communautariste. Cette forme-là gagne du terrain notamment dans la manière de s’engager en politique, sur la base de sa ressemblance avec tel ou tel groupe, telle ou telle association. Je milite avec qui me ressemble. Ce qui est aux antipodes d’une action militante réelle, il faut en convenir, censée se faire sur un terrain qui est celui de l’accord intellectuel, et pas de la ressemblance de gouts, eux-mêmes souvent confondus avec les valeurs.

Tout ceci entérine la mise entre parenthèses de la souveraineté républicaine, dont je parlais dans un billet précédent, dans la zone indéterminée aussi bien sur le plan politique que géographique, qu’on appelle à présent l’Europe. Après tout, si les « pères fondateurs » européens (comme ils disent, singeant les pères fondateurs américains) avaient clairement défini une fédération réelle d’Etats, la monnaie commune serait sans doute viable, car encore susceptible d’être régulée par le politique. Mais un tel fédéralisme ne se décrète ni par le haut, ni de l’extérieur. Il a pu se décréter aux Etats-Unis, parce que le continent était quasiment inoccupée, ou seulement par des Indiens incapables de s’opposer à ce processus. Il suffisait de leur livrer une bonne guerre et de rédiger une bonne constitution, et la bannière étoilée était dans le sac.

Mais, toute utopie mise à part, je ne vois pas  comment il pourrait survenir en Europe, car celui qui le décréterait serait forcément issu d’une nation, et éveillerait méfiance et soupçons de la part des autres. C’est à cause de cela, d’ailleurs, que ne figurent aucun homme ni aucun monument national  sur ces billets hideux que sont les euros.

Si nous ne sommes plus ni un ensemble de nations souveraines, ni un ensemble de nations fédérées, que sommes-nous ? Une zone, encore une fois.

Il y en a que ça enchante, ce genre d’expériences. Excellent, en effet, pour une dissertation d’entrée à l’ENA ou Science-Po.

En France, on explique à l’homme de la rue, qui voit de plus en plus son avenir et celui de ses enfants encadré, pour ne pas dire compromis, que penser les choses d’une autre façon  (c'est-à-dire à la Mélenchon ou à la Le Pen, pour caricaturer le discours des élites), c’est du populisme. (1)

En gros, faire appel à un autre collectif que celui de cette zone, imaginer le monde conçu autrement qu’à travers sa monnaie privée, c’est être populiste. Un peu comme s’opposer au mariage pour tous, c’était être homophobe.

Cette manière d’organiser une sémantique du genre Moi ou le Chaos, est typique de ce narcissisme de groupe fascisant qui est au pouvoir aujourd’hui et qui, tout en prétendant rassembler, clive, sépare et définit les Bons et les Méchants avec la même arrogance que la possession de l’argent fabrique les pauvres et les riches. Faut-il s'y résigner ? 

(1)En Grèce, cela fait déjà trois ans qu’on n’explique plus grand-chose : on met sous tutelle, ce qui est plus radical.

 

vendredi, 12 avril 2013

Le statut des commentaires

La conception des plateformes impose à tous la même formule : Billet du blogueur/ commentaires des internautes. Ainsi se créent des communautés de blogueurs/commentateurs de toute sorte, sur la base d’affinités en tous genres (politiques, idéologiques, affectives, consuméristes…). Mais le web étant par ailleurs un espace public, nul n’a sa chaise ni son banc réservé ici ou là, et tout le monde peut commenter à sa guise tel ou tel billet : l’administrateur du  blog a en dernier lieu la responsabilité des contenus publiés (y compris dans les commentaires), et la possibilité de modifier ou de supprimer n’importe quel commentaire, ce qui fait de lui une sorte de Mme Verdurin, aussi dérisoire que redoutable, décidant de qui doit faire ou non partie du petit clan.

Pour ne pas tomber dans ce travers, on peut décider soit de laisser chacun dire ce qu’il entend et laisser les débats aller leur train entre commentateurs (dès lors qu’ils ne sont pas injurieux), ce que j’ai tendance à faire, ou, comme un blog ami l’a choisi, de fermer les commentaires, formule plus raidcale. Il s’en explique ICI dans un billet fort intéressant sur le statut des commentaires.

Un des phénomènes observés durant la récente campagne est la présence, parmi les lecteurs de Solko, de gens de diverses sensibilités politiques. J’aurais pour ma part tendance à m’en réjouir, n’étant nullement encarté dans un parti et n’appréciant guère cette tendance qu’ont les politiciens au pouvoir à cliver l’opinion entre les bons pour et les méchants contre, quels que soient les problèmes qu’ils jettent en pâture, de l’identité nationale pour les uns ou du mariage gay pour les autres, et à présent la moralisation, tarte à la crème démagogique derrière laquelle l’impopulaire Hollande tente de se refaire une santé médiatique.  La pensée binaire étant ce qu’elle est (dominante dans la presse et les medias d’opinion), cela aboutit nécessairement à des prises de position dont les démocraties d’opinion et les partis de gouvernements -qui ont besoin de votants dociles et de militants complaisants- se nourrissent, mais qui n’ont pas lieu d’être ici sous des jours aussi caricaturaux.

Par exemple, étant pour ma part convaincu que la privatisation de la monnaie est une rouerie sans précédent dans l’histoire européenne, commise par des dirigeants cyniques contre des peuples insuffisamment vigilants, je reconnais l’intelligence politique de Thatcher qui en a protégé les Anglais, quand Mitterrand a pesé de tout son poids pour que la France cède par référendum à ce qu’on a le droit de considérer comme un bourbier économique et politique. On se serait passé du « pari pascalien » de ce politicien finalement peu visionnaire et plutôt corrompu, n’en déplaise à ses partisans. Et il me semble juste par ailleurs, dès lors que je dénonce l’attitude également criminelle de Thatcher face  à Bobby Sands, de rappeler celle – guère plus brillante – de Mitterrand face aux militants d’Action directe. Et je rappelle à tout le monde que les deux ont fait ensemble de sacrés gueuletons ensemble de sommets en sommets, sur le dos des contribuables que nous sommes.

Il est quelque chose de plus grand que la stérile passion politique, c’est le goût pour la pensée, la langue, l’esprit. La Trahison des clercs de Benda demeure une référence de ce point de vue, qui renvoyait dos à dos Jaurès et Barrès.

Le fait que le parti qui vient de produire les deux affaires les plus foireuses de l’année (DSK et Cahuzac) continue à vouloir être un parangon de morale et de vertu face aux autres, le fait aussi que ce parti riche et influent est pour quelques mois encore hégémonique dans presque toutes les assemblées tout en se prétendant le défenseur de tous les exclus et en se jouant de tous les communautarismes, ce fait n’arrange rien à l’ambiance délétère qui pourrit le climat dans ce pays, et clive comme jamais l’opinion, sous ce début de mandat présidentiel  pour le moins catastrophique.

Cela étant dit, je laisse à chacun le droit de penser et de dire ce qu'il entend, ne me sentant ni l'esprit d'une Mme Verdurin, ni l'âme d'un idéologue convaincu, et supposant qu'on peut encore se parler dans ce pays (comme ils disent) sans en venir aux insultes entre les uns et les autres.

07:19 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (37) | Tags : verdurin, politique, solko, blog, polémique, benda, littérature, france, société | | |

dimanche, 07 avril 2013

La mesure de l'information

On le sait depuis l’ingénieur Shannon, la mesure d’une information tient à son degré d’apparition dans une chaine de probabilités donnée. Comme il était statistiquement peu probable qu’un ministre du budget chargé de traquer la fraude fiscale fût lui-même un fraudeur fiscal, on dira donc que le fait qu’il en soit un ne fut une information stupéfiante que pour ceux qui croient en la vertu de leurs élus ; pour les autres (les plus nombreux, qu’on dit atteints de populisme), la corruption des élites n’est pas une information nouvelle, mais bel et bien un fait avéré depuis longtemps.(1)

Dès lors, si l’on veut cacher sa propre corruption, il convient de rétablir « l’offense à la vertu républicaine » dans son caractère de rareté initiale, qui fait d’elle (pour certains) une information exceptionnelle : ce qui revient à exagérer considérablement l’opprobre jeté sur le fauteur de troubles.  C’est la stratégie adoptée par le président, le premier ministre, le gouvernement : on comprend quel est leur intérêt.

Shannon explique aussi que ce qui tue l’information, c’est le bruit. L’affaire Cahuzac se prête à merveille à une manipulation des esprits assez grossière, mais peut-être rassurante pour le plus grand nombre : en déplaçant la question sur le terrain moral (on fait beaucoup de bruit sur ce terrain) on oublie aussi le caractère politique de l’événement. Un président permet ni plus ni moins à un escroc de diriger le Budget du pays pendant presque un an. Faute professionnelle grave qui, dans d’autres pays aurait pu soulever une procédure d’impeachment.  D’où l’intérêt, malgré les risques encourus, de substituer au tous incompétents, le tous pourris. Et de partir en croisade contre la corruption. La manœuvre semble être en train de réussir

De leur « boite à outils », les communicants du président s’apprêtent à sortir de nouveaux « éléments de langage » pour les enfants que nous sommes à leurs yeux. Après la rhétorique du « changement », ils avaient, en effet, prévu celle du « choc » Le président avait lui-même annoncé « un choc de simplification ». L’affaire Cahuzac intervenant, ils sortent donc un nouveau tour de passe-passe ; voici venu  le temps du « choc de moralisation », que tous les medias, avec une servilité tragique, ne cessent de vendre.


Ce qui peut inquiéter le citoyen, c’est que, malgré la proximité de l’élection, nous avons affaire à une équipe déjà aux abois, engluée dans une spirale qui n’est pas, contrairement à Cahuzac, celle du mensonge, mais plutôt celle de l’incompétence. Une équipe qui, de surcroit, va confondre jusqu'au bout son destin et le destin du pays (On se souvient de la prostate du président, réélu coûte que coûte en dépit de tous les reniements,un cas d'école). 

Edwy Plenel, qui monnaye avec beaucoup de subtilité le dosage de l’information et la notoriété de Médiapart, promet pour tantôt de fracassantes révélations. Si ces révélations demeurent à la mesure de ce qu’on attend d’elles, il est probable qu’on en bouffe encore et encore, du bruit (c'est-à-dire de la célébration aussi ridicule qu’intempestive de la vertu républicaine).

On murmure l'annonce d'un référendum (2) sur une question de ladite moralisation. Le moyen est grossier, ils ne reculeront devant rien pour rafistoler la confiance en berne et la légitimité en question. On se rappelera de la phrase d'Alain : "Le plus grand abus de la force est sans doute d'exiger l'assentiment" (3) Et tout ça pourquoi ? Pour masquer, quoi qu’il arrive, l’incompétence politique de l’équipe et du président au pouvoir, dont l’impopularité dans les sondages n’est plus, depuis longtemps, une information. 


(1) Il n'est pas nécessaire d'aller jusqu'à la corruption financière pour être, au sens populaire, un pourri. Dans La Trahison des Clercs, Julien Benda évoquait la corruption intellectuelle qui est amplement suffisante...

(2) Non, pas sur le mariage gay, ce ne serait pas constitutionnel paraît-il... (ah ah ah !)

(3) Alain, Nuances de l'humiliation, in Convulsions de la force, 1939

vendredi, 05 avril 2013

Le jugement des corbeaux

Puisque la cinquième République donne hélas à cet homme le pouvoir d’imprimer sa marque, son style et sa gouvernance au pays tout entier et aux courtisans qu’il recèle dans tous les milieux, nous voici donc contraints à supporter pour encore quatre ans cette détestable rhétorique du faux-juste qu’il incarne jusqu’à la caricature.

Tout en disant que la justice suivra son cours, cet homme et les siens ont déjà fait son procès, pour établir comme ils le disent « un cordon sanitaire » autour de leurs propres exactions : indignité, trahison, opprobre, les termes employés par ses amis d’hier pour jeter Cahuzac hors de leur cercle d’influence rappellent les grandes heures des procès de l’épuration. Banni du gouvernement, radié du PS, enjoint de ne pas toucher ses primes d’ancien ministre pendant 6 mois…

Voilà que le conseil de l’ordre des médecins veut le radier et que même le Grand Orient veut le suspendre : « La règle veut que tout frère mis en examen soit suspendu de son appartenance, aurait déclaré le Grand muphti vénérable. Nous demanderons donc à notre instance de justice interne qu’elle suspende le frère Jérôme Cahuzac en raison des poursuites dont il fait l’objet devant la justice de la République. »

Les corbeaux s'entredévorent !

Arrêtez, les faux Guignols et les faux-culs, vous allez finir par nous le rendre sympathique…

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jeudi, 04 avril 2013

Politique, mensonge et communication

On relira avec amusement cet entretien du mois dernier de Stéphane Fouks, réactualisé par le site Les Echos :

Tous les politiques n'ont pas encore changé de logiciel. Pour beaucoup, la référence c'est encore Machiavel pour qui le mensonge est une arme légitime. C'est une erreur : la confiance ne se bâtit jamais sur le mensonge. Mais au-delà, je voudrais insister sur la première règle de la communication : c'est l'offre qui construit la demande. Les politiques qui pensent et agissent de cette manière sont trop rares. La plupart adaptent leur discours au gré des sondages et oublient de nous faire partager leurs convictions.

La politique, c'est un millième de notre chiffre d'affaires. C'est une part mineure de nos activités dont nous n'avons aucune raison d'avoir honte. C'est surtout l'une des disciplines les plus exigeantes de la communication. Quand on participe à un lancement de voiture, on vise une part de marché de quelques points et on atteint en général plus ou moins son objectif. Dans la communication politique, celui qui recueille 49,9 % des voies est un imbécile ; celui qui fait 50,1 %, un prétendu génie. Il n'y a rien de plus brutal et de plus formateur. Il faut maîtriser des aspects sociaux, économiques, culturels. Il faut travailler dans les médias, le hors-médias, les réseaux sociaux, l'événementiel... Surtout, vous travaillez avec un « produit » qui communique par lui-même, qui fait preuve d'indépendance et qui vous apprend à rester à votre place !

Mais cela donne aussi des discours politiques formatés, convenus... La communication ne doit pas être dans la réponse à la demande, mais dans la construction de l'offre. N'oubliez jamais que le public n'exprimait pas d'attente pour les tablettes avant qu'Apple ne lance l'iPad. Notre rôle est de contribuer à rendre lisible l'offre, pas à l'imaginer à la place de nos clients. Maintenant, il y a bien sûr de mauvais communicants et de mauvais politiques qui, au lieu de se soucier de leur message de fond, se préoccupent de leur image immédiate. Vous noterez que les entreprises qui sont soumises à la pression quotidienne des marchés ont appris à gérer le long terme, à faire des plans, à se fixer des objectifs à cinq ans. Paradoxalement, elles ont davantage le sens du long terme que les politiques qui, pourtant, une fois élus, ont plusieurs années devant eux et qui, malgré cela, cèdent plus facilement à la pression du court-termisme.

(Stephane Fouks, entretien avec Nicolas Barre, extraits).

 

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mercredi, 03 avril 2013

Ne pas suivre tous les Bergé

Ce mec est tout simplement une vieille pute. Et comme Peillon, à l'image d'Hollande, est un paillasson...

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