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dimanche, 08 janvier 2017

Décadence, une réfutation d'Onfray

Dans le 2e volet de sa Brève Encyclopédie du monde, Michel Onfray considère la décadence de la civilisation judéo chrétienne comme un fait historique incontestable. Au départ de notre civilisation, souligne-t-il, « il y eut un guerrier accompagné d’un prêtre », mais aujourd’hui, « les guerriers sont sans prêtres » (et les prêtres sans guerriers, rajouterais-je). Constatant que, dans la confusion des valeurs qu’elle entretient, la république de France actuelle génère plus de vocations de djihadistes musulmans que de prêtres catholiques, je ne serais pas loin de partager son analyse. Je ne suis pas loin de penser comme lui non plus que « le catholi­cisme post-Vatican II a laïcisé la religion catholique », et que sous son influence «le sacré, la transcendance, le mystère ont souvent disparu au profit d’une morale de ­boy-scout qui tient lieu de règle du jeu contractuelle, un genre de contrat social catholique ». C’est d‘ailleurs la raison pour laquelle je me suis moi-même détourné de l’église contemporaine et de ses niaiseries simplificatrices pendant pas mal d’années. Mais lorsqu’il prédit la fin du christianisme pour autant, je demeure plus sceptique. Et je voudrais dire ici plusieurs erreurs de raisonnements assez importante qu’il commet.

La première, sans doute, est de penser les choses de la Providence à l’échelle de sa seule existence. La société, ainsi, se borne à ce que je vois, sais, constate d’elle.  À sa décharge, tous ceux qui affichent profession de penser dans le monde contemporain agissent de même et bornent leur pensée à l’immanence. Il n’empêche que c’est là son premier aveuglement.  

La seconde est de confondre le Christ avec, précisément, cette église de Vatican II contemporaine. Onfray, comme tous les athées, est victime de cette pensée historicisante qui, depuis Renan, n’est plus capable de penser le Christ autrement que dans une perspective historique. Pour eux, l’Église se serait développée comme une institution humaine, un état, de façon totalement organique et seulement moléculaire. Raisonnement de scientiste, qui ignore délibérément et en toute mauvaise foi un fait théologique : l’essor du christianisme n’a été rendu possible que par la volonté surnaturelle du Père et le sacrifice définitif du Fils. C’est ignorer l’extraordinaire (pour ne pas dire miraculeuse) puissance de régénérescence qu’ont de concert et l’amour du Christ et l’amour pour le Christ, et que seule la Résurrection peut expliquer. Certes, Onfray ne croit ni à la Résurrection, ni au Saint Esprit, ni à la transcendance : il balaie d’un revers de main tout cela, assurant qu’il est loin « le temps où la religion catholique rassemblait des fidèles qui croyaient dur comme fer à l’Imma­culée Conception, à la transsubstantiation, à l’infaillibilité papale, au Paraclet de la Pentecôte, à l’Assomption de Marie, à la résurrection de la chair ». On a envie de lui rétorquer qu’assurer n’est pas prouver et qu’il ne connait guère ce qui se passe dans l’âme et le cœur de bien des fidèles. (Mais pour lui, toute théologie se bornant à de l’Histoire et à du récit, il paraît normal qu’il l’ignore). Et qu’il ne connaît pas davantage l’action des sacrements durant les siècles et encore aujourd’hui, de même que ce que le texte biblique lui-même enseigne, à savoir l’envoi du Paraclet.

La thèse du déclin professée par Onfray postule qu’il y eut un temps durant lequel le monde était vraiment chrétien et qu’aujourd’hui, il ne le serait plus. Son schéma, comme il l’avoue lui-même, est « vitaliste ». Il suppose qu’à la manière d’un volcan ou des plaques tectoniques qui disposent d’une vie propre, il y aurait une vie des civilisations. Chrétien ? Certes, les princes déclaraient l’être par leurs baptêmes. Mais le monde, lui, a-t-il jamais vécu en Christ ? Assurément non. Même aux heures de la chrétienté la plus triomphante, l’Ennemi était-là. Siméon qui reçut dans ses bras « la consolation d’Israël » le savait déjà, qui prédit à Marie que son enfant serait « un signe sur lequel on discutera »[1] ! Onfray discute encore. Il ne sera pas le dernier. Opposer à Augustin ou Thomas d’Aquin, comme il le fait, le De natura rerum de Lucrèce, ce n’est jamais qu’opposer une philosophie de la nature à une théologie de la foi, comme les païens le faisaient déjà du temps d‘Augustin ou de Thomas d‘Aquin ; le texte de Lucrèce n’est en rien, comme il l’avance, « une arme de destruction massive de la foi ­­catho­lique » : pas plus qu’une philosophie de la nature n’est une arme de destruction d’une théologie de  la foi, les choses ne se situant tout simplement pas sur le même plan ne peuvent aussi puérilement s’opposer.

Et je voudrais conclure sur la troisième erreur que fait Onfray : c’est de croire qu’il serait possible de lutter contre l’Islam et son faux prophète avec une philosophie, qu’elle soit héritée des stoïciens ou des épicuriens de l’Antiquité, des libéraux des Lumières ou des anarchistes du XIXe. Seule une bonne théologie peut lutter contre une mauvaise. Or il y a dans l’acte théologique du Christ qui s’est sacrifié pour les hommes de tous les temps, et pour toutes les nations, et pour toutes les générations, un Esprit dont la dimension surnaturelle et transcendante est totalement ignorée par le raisonnement schématique et donc spécieux d’Onfray, comme elle l’est d‘ailleurs par les musulmans qu’il prétend combattre et par leur Coran qui n’est qu’un amas de blasphèmes à l’égard des Trois Personnes de la Divinité. Or, tous les individus qui le veulent, quelle que soit leur origine, trouveront toujours dans l’adoration de la Croix de quoi revenir à la source même du christianisme. Car le Christ s’est sacrifié une bonne fois pour toutes. Là réside l’action de la transcendance, du Paraclet ou du Saint-Esprit, qui fait que le christianisme ne peut se penser seulement dans le champ clos de la linéarité des chiffres et des lettres, qu’il ne peut non plus, au sens où le philosophe de l’athéisme le prétend, connaître le déclin. La présence réelle du Christ, voilà ce qu’Onfray ne dit pas, parce que peut-être il ne la connait pas. Onfray a raison : Oui il se peut bien que la domination d‘un certain homme blanc, capitaliste et protestant, républicain et franc-maçon, occidental et matérialiste, doive un jour céder le pas à d‘autres formes de domination ; mais Onfray a tort : car à son successeur finira de toute façon par s’imposer, comme elle s’est imposée à l’homme blanc, la prééminence du sacrifice du Christ sur les sacrifices de vierges ou de simples moutons et la souveraineté de la charité sur toute forme de Loi. Car le Christ est mort et ressuscité pour une multitude d’hommes de tous les temps.

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[1] Luc, 2, 34

mardi, 21 mai 2013

Dominique Venner

 

Personne ne peut rester indifférent au geste d'un homme qui se suicide devant un autel. Pourdominique_venner.jpg de multiples raisons, qui vont bien au-delà du geste spectaculaire. D’abord parce que dans la théologie catholique, le suicide est un péché d’orgueil, le pire qu’on puisse asséner à son Créateur. Cela dit, je ne doute pas qu’en conscience, Dominique Venner ne se soit pas considéré comme  un suicidé, mais bien plutôt comme un soldat.

Dans le dernier billet qu’il a laissé ce matin même sur son blog, consacré à la loi absurde passée en coup de force par Hollande, il écrit ceci :

« Je viens d’écouter un blogueur algérien. De toute façon, disait-il, dans quinze ans les islamistes seront au pouvoir en France et ils supprimeront cette loi. Non pour nous faire plaisir, on s’en doute, mais parce qu’elle est contraire à la charia »

Suit cette phrase, citée partout : « Il faudra certainement des gestes nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines. Nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes ». 

Pour se maintenir au pouvoir et faire, à sa place, la politique de son prédécesseur, Hollande a mis le doigt dans un engrenage qui finira par lui être fatal, c’est celui d'une  manipulation trop criante de l’opinion. Parce qu’il en avait besoin, il a fait de cette réforme du mariage « pour tous » une manière d’être de gauche quand même. Il a pris de front l’épiscopat français et une grande partie des catholiques, de même que la tradition du pays, alors qu’il était si simple de mettre sur pied une union civile donnant les mêmes droits aux homosexuels, sans engager avec le mot mariage une possibilité de recours devant la cour de justice européenne pour obtenir des droits sur la filiation, et sans choquer les consciences religieuses, juives et musulmanes comprises.

Mais Hollande a beau être un énarque doctrinaire enfermé dans l'histoire de son parti et sa stratégie personnelle, il veut être le président de tous les Français. Aujourd’hui pompier pyromane, il parle d’apaisement pour tenter d’éteindre par la loi l’incendie qu’il a lui-même allumé en proposant cette loi. Le sang de Dominique Venner l’éclabousse donc indirectement comme, ironie du sort, celui de Grossouvre lui aussi suicidé (mais à l’Elysée), éclaboussa plus directement Mitterrand, l’homme que le triste sire qui habite àl’Elysée s’est donné pour modèle. Ironie du sort, toujours, non seulement Venner et Grossouvre étaient de grands amis, mais encore Venner, en tant que directeur de la Nouvelle Revue d’Histoire, avait dernièrement rouvert le dossier sur le prétendu suicide de son ami personnel, ce même Grossouvre qui fut surnommé durant deux septennat le ministre de la vie privée de MItterrand

Bref, le suicidé de Notre Dame n'est pas n''importe qui, un quelconque agité d'extrême droite, un simple militant anti mariage pour tous, comme on le clame sur toutes les ondes

Je cite ici quelques propos de Venner, plus érudit que militant, directeur de la NRH où  écrivit Decaux et Jacqueline de Romilly, qui permettent d’aider à mieux comprendre cet acte, par-delà les raisons données par la propagande officielle :

« Ce qui caractérise la société dans laquelle nous vivons et ses classes dirigeantes, c'est le rejet de l'histoire, le rejet de l¹esprit historique. Celui-ci avait plusieurs mérites. Il assurait d'abord la vigueur du sentiment national ou identitaire. Il permettait d'interpréter le présent en s'appuyant sur le passé. Il développait l¹instinct stratégique, le sens de l'ennemi. Il favorisait aussi une distance critique par rapport au poids écrasant du quotidien. Ce rejet de l'histoire s¹accompagne paradoxalement d'une hypertrophie médiatique de ce qu'on appelle la  mémoire, qui n'est qu'une focalisation partielle et partiale d'évènements contemporains. Comme les autres spécialistes des sciences humaines, les historiens subissent le chaos mental de l'époque et participent à l'effort général de déstructuration. Sous prétexte de répudier tout impérialisme culturel, l¹enseignement de l'histoire a brisé le fil du temps, détruisant la véritable mémoire du passé. Suivant l'expression d¹Alain Finkielkraut, il nous apprend à ne pas retrouver dans nos ancêtres l'image de nous-mêmes. Le rejet de la chronologie est un procédé très efficace pour éviter une structuration cohérente de l'esprit. Cela est bien utile. La cohérence gênerait la versatilité et le tourbillonnement dont se nourrit une société soumise à la tyrannie de l'éphémère et de l'apparence. Ma conception de l'histoire est évidemment différente. Je l'ai définie dans l¹éditorial du premier numéro d'Enquête sur l¹histoire : Notre vision du passé détermine l'avenir. Il est impossible de penser le présent et le futur sans éprouver derrière nous l'épaisseur de notre passé, sans le sentiment de nos origines. Il n'y a pas de futur pour qui ne sait d'où il vient, pour qui n'a pas la mémoire d'un passé qui l'a fait ce qu'il est. Mais sentir le passé, c'est le rendre présent. Le passé n'est pas derrière nous comme ce qui était autrefois. Il se tient devant nous, toujours neuf et jeune. »

L'impératif de l'historien (propos recueillis par Laurent Schang).

La gauche, enfin cette gauche socialo-libérale exécrable, Lang, Bergé, Mamère et consorts, va fêter non loin de Notre Dame sa « victoire » à la Bastille. Ils vont klaxonner dans les rues, aussi ? Sans doute ce que Hollande et ses sbires appellent apaiser. En attendant, voici une capture d’écran (vers 20h30), qui en dit long sur l’état des troupes, en effet. Triste pays. 

 

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20:55 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : dominique venner, suicide, notre-dame, mariage gay, politique, france, société, festif, décadence | | |

dimanche, 16 décembre 2012

Depardieu, président !

Je n’ai jamais été amateur de Depardieu acteur, et je me souviens de l’éclat de rire poussé par une classe entière dans un cinéma de banlieue parisienne lorsque, dans le navet de Berry Germinal subventionné par le ministère de la culture de l'époque, Gérard-Maheu proclamait : « J’ai faim… ». Je ne l'ai jamais vu, juré-craché, jouer Obélix.

Cela étant posé, la manière dont le comédien tient tête à l’Etat et au double discours de ses sournois représentants actuels m’intéresse au plus haut point.  On se demande de quel point de vue, de quelle autorité, le premier ministre Ayrault, le traite de minable, et cela indépendamment du fait que nombre d’exilés fiscaux de « gauche »  aient soutenu la candidature du candidat Hollande. Ni au nom de quel magistère le ministre du travail et de l’augmentation du chômage Sapin, est autorisé à parler à son sujet  de « déchéance personnelle ».

Je ne connais pas les raisons qui ont suscité la vente de l’Hôtel particulier rue du Cherche Midi (qu’un des discrets porteurs de Rollex du PS achètera peut-être un jour), et son troc pour l’austère et très cinématographique bâtiment de Néchin. Des raisons financières, sans doute, à quoi se rajoute évidemment un certain goût pour la provocation et le coup d’éclat, qui n’est pas totalement antipathique par les temps fades et normés qui courent. Depardieu président un jour ? La politique spectacle étant ce qu’elle est, tout est possible ! Et vu l'amateurisme des professionnels de tous crins qui tiennent le haut du pavé en ce domaine, au PS comme à l'UMP...

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Avec le règne calamiteux de l'hydre à deux discours du PS, nous sommes en attendant insensiblement passés de la social-démocratie à la moral-démocratie. Alors que tous ces technocrates sans vision ont investi les ministères, ça fait peur. Tous ces énarques hollandais sourcilleux qui croient avoir le monopole de l’éthique parce qu’ils voguent sur une communication de crise devraient comprendre une chose : ce n’est pas en se mettant à dos les syndicalistes de Floranges et les acteurs du show-business qu’ils gagneront le cœur des classes moyennes… Mais en soulageant leurs conditions de vie. Faute d’améliorations économique et sociale, on intériorise déjà leur exil hors des palais de la République, qui viendra forcément à son tour, selon le principe vicieux de l'alternance unique.

mercredi, 30 septembre 2009

L'hôtel Dieu dans les flammes du pognon

La vitesse à laquelle le monde change est proprement terrifiante. TCL, poste, CNP … Chacun se retrouve obligé de défendre face au  rouleau compresseur   en route des biens, des droits, des acquis…. Chacun, seul, ou plus ou moins. De quelles causes, de quels combats, de quelles valeurs faudrait-il qu’en permanence nous soyons solidaires, vigilants veilleurs ?  Les démissions là aussi se multiplient.

Dans un tel contexte, qui va réagir à cette information proprement surréaliste, concernant le dôme de l’Hôtel-Dieu à Lyon ?

Je résume brièvement les faits : Les services hospitaliers de l’Hôtel Dieu de Lyon déménageant, on apprend dans une espèce d’indifférence molle que les corps de bâtiments  -et surtout le dôme construit par Soufflot, propriété des Hospices Civils de la ville de Lyon (dont le maire de Lyon, le socialiste et très bling-bling Gérard Collomb, est le président)- vont être vendus. S’y installeront des commerces de luxe, dans le genre de l’immonde magasin Zilli, et des hôtels internationaux. Le dôme de l’Hôtel Dieu, un hôtel de luxe ? Une succursale de l'aéroport de Dubaï ? 

Cela semble ne faire réagir personne.

Je me demande parfois si ce n’est pas moi qui déraille. Pendant que nous y sommes, transformons le Louvre ou plus exactement le Panthéon (œuvre de Soufflot également) en casino. Les machines à sous remettront, n'est-ce pas Gérard, un peu d'ambiance dans ces vieux bâtiments déserts et dans ces salles, dont les mètres carrés inoccupés demeurent tragiquement non rentabilisés.

Car c’est un socialiste, ou so call, qui annonce cela à la population. Pour mémoire.

Et c'est sous la tutelle d’un ministre de la culture glamour comme mes deux, neveu (au passage) d'un président so call socialiste (lequel président, pas davantage que ses prédécesseurs ou successeurs, n'aura été un cadeau pour le pays…. ) qui laisse faire...   Devant tant de démagogie, de cynisme, de lâcheté, je ne trouve d'autres arguments, que l'injure. Et je le dis.

Politiques de merde.

Quant à monsieur Képédékian, premier adjoint à la culture de la ville de Lyon, on se demande s'il existe vraiment, et de quelle culture il est l'adjoint.

 

Pour mémoire, également, je republie cet article du 28 janvier 2009, titré "Soufflot on se l'arrache", qui retrace l'histoire d'un des joyaux architecturaux de la ville de Lyon (ville dont Gérard Collomb et son équipe a la responsabilité), qui est (on se demande ce que cela signifie ) classé au patrimoine mondial de l'humanité  (!!!!)

Pour mémoire, enfin, voici  cette photo privée de l’Hôtel Dieu en flammes en 1944. Et je me demande s'il n’aurait pas mieux fait de cramer complètement à cette époque, le pauvre dôme de Soufflot, plutôt que de finir en chaîne hôtelière privée pour putes et maquereaux de luxe.

 

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mardi, 17 mars 2009

L'ordre de la décadence

On m'avait parlé de civilisations décadentes, d'empires effondrés, de nations déchues. Je ne me figurais pas comment de tels cataclysmes pouvaient surprendre et renverser des populations entières. Des années d'enseignement m'auront appris à isoler le processus de la décadence. Le processus de la décadence n'est pas un processus violent. Au contraire. Il s'opère en douceur, d'une génération à l'autre, aussi doucement  que le principe qui fait par exemple qu'avec la complicité démagogique des élites, on passe  (en termes de figures professorales de référence qui font autorité) de Jacqueline de Romilly à François Bégaudeau. C'est un exemple si parlant. Il m'a fallu du temps pour comprendre que la décadence est un phénomène collectivement consenti, et comme institutionnalisé, dans les alcôves des familles comme dans les cabinets ministériels.  Processus entrepris, donc, avec la complicité lasse de tous, hommes, femmes, enfants. Masses. Je prends un exemple : Bashung est mort. Soit. Treize ou seize pages dans Libé, m'a t-on dit. Je ne lis plus ce torchon depuis longtemps... Combien pour Gracq, il y a peu ? Un rocker a fait une œuvre, quand un écrivain n'a presque rien fait. Tel est le monde à la morte culture où nous consommons  des choses sans intéret ni pérennité, pétrifiés dans notre propre idiotie, tous témoins du processus de la décadence qui alimente nos caisses à tous, parfois horrifiés, la plupart du temps engourdis, et trop, finalement, consentants.

Qui aura la vigueur - non pas de dire, c'est très facile de dire - mais de faire en sorte que dans les lycées de France, les portables, les baladeurs soient interdits, des espaces de lecture et de concentration intellectuels soient recréés, des tenues décentes - pour filles comme pour garçons, - soient éxigées, le tout sous peine d'exclusion immédiate... Qui ? Personne ne le fera, car la décadence est notre œuvre collective, nous en sommes fiers, parents, profs, syndicats, institutions... Tous ensemble, tous ensemble, comme ils chanteront encore jeudi prochain, en défilant sous des ballons et en parodiant des chansons de colonies de vacances... La décadence ne connaissant nulle limite, pas même celles de la manifestation, pas même celles de sa contestation...

 

 

21:27 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (35) | Tags : littérature, décadence, éducation, politique, société, actualité | | |