dimanche, 16 décembre 2012
Depardieu, président !
Je n’ai jamais été amateur de Depardieu acteur, et je me souviens de l’éclat de rire poussé par une classe entière dans un cinéma de banlieue parisienne lorsque, dans le navet de Berry Germinal subventionné par le ministère de la culture de l'époque, Gérard-Maheu proclamait : « J’ai faim… ». Je ne l'ai jamais vu, juré-craché, jouer Obélix.
Cela étant posé, la manière dont le comédien tient tête à l’Etat et au double discours de ses sournois représentants actuels m’intéresse au plus haut point. On se demande de quel point de vue, de quelle autorité, le premier ministre Ayrault, le traite de minable, et cela indépendamment du fait que nombre d’exilés fiscaux de « gauche » aient soutenu la candidature du candidat Hollande. Ni au nom de quel magistère le ministre du travail et de l’augmentation du chômage Sapin, est autorisé à parler à son sujet de « déchéance personnelle ».
Je ne connais pas les raisons qui ont suscité la vente de l’Hôtel particulier rue du Cherche Midi (qu’un des discrets porteurs de Rollex du PS achètera peut-être un jour), et son troc pour l’austère et très cinématographique bâtiment de Néchin. Des raisons financières, sans doute, à quoi se rajoute évidemment un certain goût pour la provocation et le coup d’éclat, qui n’est pas totalement antipathique par les temps fades et normés qui courent. Depardieu président un jour ? La politique spectacle étant ce qu’elle est, tout est possible ! Et vu l'amateurisme des professionnels de tous crins qui tiennent le haut du pavé en ce domaine, au PS comme à l'UMP...
Avec le règne calamiteux de l'hydre à deux discours du PS, nous sommes en attendant insensiblement passés de la social-démocratie à la moral-démocratie. Alors que tous ces technocrates sans vision ont investi les ministères, ça fait peur. Tous ces énarques hollandais sourcilleux qui croient avoir le monopole de l’éthique parce qu’ils voguent sur une communication de crise devraient comprendre une chose : ce n’est pas en se mettant à dos les syndicalistes de Floranges et les acteurs du show-business qu’ils gagneront le cœur des classes moyennes… Mais en soulageant leurs conditions de vie. Faute d’améliorations économique et sociale, on intériorise déjà leur exil hors des palais de la République, qui viendra forcément à son tour, selon le principe vicieux de l'alternance unique.
12:47 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : depardieu, exil fiscal, michel sapin, ayrault, europe, néchin, rue du cherche-midi, politique spectacle, désrision, socialisme, décadence |
Commentaires
Écrit par : Romain Blachier | dimanche, 16 décembre 2012
Ni même que ceux qui critiquent sa "désertion" parce qu'il a soutenu Sarkozy aient applaudi en son temps à celle de Diaye, de Noah, Zidane, ou se soient tus à celles de tant d'autres, Dany Boon et Omar Sy notamment.
Mais c'est l 'éclairage qu'il jette sur le pseudo magistère que cette impuissante gauche adopte comme posture et qui, à mon avis, la fait courir à sa perte prochaine. Les obsédés de "l'égalité" et du tout-Etat devraient aussi s'inquiéter de ne pas s'opposer aux libertés individuelles.
Il est tout aussi confondant, voire davantage, de voir l'acteur foutre le camp que les dirigeants politiques impuissants lui faire la morale.
Écrit par : solko | dimanche, 16 décembre 2012
Et surout, épargnez-nous le laïus des méchants de droite et des pressions patronales. Dans le milieu des années 90, les socialistes et la gauche étaient majoritaires parmi les dirigeants européens...
De toute manière, ce que l'on doit à la nouvelle gauche française, c'est
1-Jacques Delors, dirigeant la commission européenne (Maastricht and co)
2-Jacques Attali, dirigeant la BERD
3-Pascal Lamy, dirigeant l'OMC
4-Strauss-Khan, dirigeant le FMI.
Après cela, on peut tirer le rideau (de la méduse, évidemment...).
Écrit par : nauher | dimanche, 16 décembre 2012
Avant de tirer définitivement le rideau, le petit pingouin de l'Elysée, son Ayrault blafard et sa Trierweiller ridicule ont encore quelques tours de marionnettes à livrer sur le radeau pour amuser la galerie encore quelques mois.
Écrit par : solko | dimanche, 16 décembre 2012
Écrit par : Jérémie S. | dimanche, 16 décembre 2012
Écrit par : Sophie K. | mardi, 18 décembre 2012
Attali, DSK, Fabius, Valls, Peillon; BHL... ils doivent préférer Israël à la France, non ? Ils ne n'ont pas besoin de la déserter : ils n'ont jamais été Français dans leur coeur.
J'ai bien aimé Depardieu dans le Colonel Chabert. Très émouvant.
Écrit par : Jérémie S. | dimanche, 16 décembre 2012
Écrit par : Jérémie S. | dimanche, 16 décembre 2012
Écrit par : nauher | dimanche, 16 décembre 2012
Écrit par : Sarah. S. | lundi, 17 décembre 2012
Écrit par : solko | lundi, 17 décembre 2012
Écrit par : Sarah. S. | lundi, 17 décembre 2012
Écrit par : Sarah. S. | lundi, 17 décembre 2012
Écrit par : Sarah. S. | lundi, 17 décembre 2012
L'un, talentueux et fiévreux. Sa vie lui échappé. C'est Thanathos.
L'autre, une facilité à jouer, à trop jouer. Boulimie de tournage, trop de films mauvais. C'est l'oralité, un appétit d'ogre. C'est Eros dans sa démesure. Maintenant, il est l'ami de Poutine, de vilains dictateurs de pays d'Asie centrale où il fait des films, il chante même avec la fille de l'un deux.
Écrit par : Anne D. | mardi, 18 décembre 2012
J'ai lu des gens qui tançaient Depardieu dans leurs commentaires en lui rappelant que s'il était riche, c'est aux places de cinoche payées par le peuple qu'il le devait, que donc il était redevable à ses spectateurs. Hallucinant, quand même, comme raisonnement ! Acheter une place de cinéma rendrait les acteurs d'un film débiteurs de leurs spectateurs ad vitam ? Et puis quoi encore ?
D'autres personnes rappellent que l'acteur a bénéficié des soins des hostos français, de sa sécurité sociale, etc. Il ne leur vient pas à l'esprit que 145 millions d'euros d'impôts payés en 45 ans suffisent, je l'espère, à bénéficier de soins gratuits dans notre pays (et à faire bénéficier de ces soins à d'autres que lui).
Bref, je ne vois dans tout ce remue-ménage qu'une belle hypocrisie. C'est ce qui me révulse, dans la gauche moraliste d'aujourd'hui : l'hypocrisie.
(Je précise au passant que mon cœur ne balance pas entre gauche moraliste et droite populiste : je suis définitivement anti-politocards, et contre tout extrémisme.)
Écrit par : Sophie K. | mardi, 18 décembre 2012
Écrit par : Sophie K. | mardi, 18 décembre 2012
Écrit par : Jérémie S. | mardi, 18 décembre 2012
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