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jeudi, 08 novembre 2012

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Dans le rayon faute de goût, il y eut d’abord le fait de serrer la main de la reine d’Angleterre. Comme cette dernière a de l’éducation et est habituée aux mœurs des papous, elle a fait mine d’ignorer. Toujours dans le même rayon, il y a le tweet de Valérie à Ségolène, le spectacle ridicule de ce « président » presque sexagénaire coincé entre deux femmes aux dents longues aussi empoté qu’un adolescent de quinze ans.

Dans le rayon mauvais goût, c'est-à-dire un cran au-dessus (le rayon pur beauf) , il y eut « moi président » tout fier de son nouveau standing, paradant au JO, félicitant l’athlète aveugle Assia El Hannouni, médaillée d’or sur 400 mètres aux jeux para-olympiques, et s’étonnant qu’elle n’ait pas répondu aux grands signes qu’il lui avait adressés des tribunes… Le beauf dans toute sa gloire.

Dans le rayon pauvre mec, il y eut la dernière interview au Monde, dans lequel Hollande chougnait : « exercer le pouvoir, c’est dur »… « Moi Président » veut-il qu’on lui tende un mouchoir ?

Dans le rayon faux-cul, outre tous les mensonges tartinés avec son  ton de texto, de meeting en meeting durant la campagne, à commencer par celui sur le traité européen (flemme de tous les recenser), il y a le mariage gay et les confidences au Parisien : « Dans mon esprit, un couple homo ça reste une étrangeté » vient-il d'avouer au Parisien. Sans doute est-ce pour ça qu’il veut les normaliser, comme lui… Euh, pardon, il n’est pas marié avec Valérie, comme Carla ne s’est pas gênée de le leur faire remarquer, il y a Première Dame et Première Dame.

Dans le rayon chevilles enflées, enfin,  cette obsession constante d’être à la hauteur de François I…  François II joue la pauvre pantomime mitterrandesque qui englobe la démarche, le ton de la voix, et des remarques du genre : « le mariage pour tous est une réforme aussi historique que l’abolition de la peine de mort ». Ah bon ?  Pour faire aussi bien que l'ancêtre, il faudra aussi une Mazarine, un cancer à la prostate, un ami suicidé dans son bureau et un premier ministre suicidé un premier mai… On attend donc de voir la suite ! Qui sait ? 

Pour clore cette liste à la Prévert, la dernière boulette vient de faire le tour des ambassades : pour féliciter Obama de sa réélection, l’ancien président du Conseil général de Corréze, monsieur Jourdain trop empressé de tutoyer les Grands de ce monde, lui a envoyé cette missive avec, d’une écriture appliquée presque puérile, un gallicisme aussi balourd qu'impropre (Friendly) à la fin. 

Poor french président ! 

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12:49 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : france, obama, françois hollande, friendly, bourdes, amateurisme, beaufitude | | |

lundi, 05 novembre 2012

Goncourt 2012 : Jérôme et Joël, la part d'Edmond et celle de Jules...

Le gros lot de Drouant va se jouer cette année entre un Jérôme et un Joël ; un polar à la corse et un thriller à l’américaine ; deux cent cinquante pages et sept cents ;  Actes Sud et de Fallois ; in fine, entre un nommé Dicker et un nommé Ferrari. (1)

Je ne sais pas si ces deux là sont des écrivains hors pairs. Ils sont en tous cas de bons techniciens. Chacun de leurs bouquins propose un cocktail bien dosé et faussement léger d’une intrigue susceptible de séduire le grand public et d’une mise en récit visant à draguer un  lectorat prétendu intello.

Dans les deux cas, le discours qui accompagne pas à pas la progression de l’intrigue fait de celle-ci une sorte de métaphore : les aventures de Mathieu et Libero dans leur village corse, celles de Marcus Goldman et de Harry Québert dans leur ville américaine sont ainsi censées être des paraboles de la chute de la civilisation pour l’un, de la création littéraire en cours pour l’autre. Rien que ça.

Dans les deux cas également, un travail d’écriture qui s’exhibe de manière presque scolaire : En technicien appliqué, Ferrari pastiche le phrasé proustien à l’attention de son public lettré, pour mieux y mêler des répliques au ton fort commun pour un public plus mainstream. J’ai renoncé à compter le nombre de fois que ses personnages prononcent gratuitement le terme enculé. Trop fastidieux. Quant à Dicker, étudiant studieux qui a bien lu son Genette, il bricole sa progression narrative de prolepse en analepse, de mise en abime en variations de points de vue. Du style d’un côté, donc, de la complexité narrative de l’autre. Du labeur, certes.

Pourtant, ni l’un ni l’autre ne convainc. Comme s’il y manquait le plus important, un truc démodé sans doute, le souffle. Une certaine ampleur qui, au-delà du raconté, donne réellement sens au projet, et le place en résonance avec du Réel.

 Ainsi, l’encre peine sur le papier chez l’un comme chez l’autre. Trait d’époque ou marketing d’écriture ? La recherche d’un lectorat consensuel et tous publics  tient-elle de l’effet de mode ou du coup éditorial ? Ces deux récits sont finalement assez similaires dans leurs ambitions, leurs intentions, leurs exigences. Pas de quoi s’étonner, donc, qu’ils se retrouvent au coude à coude pour le Goncourt. Cela en dit long sur la mission assignée à la littérature aujourd’hui par les medias qui assurent sa promotion, et qui pourrait se résumer à ceci : divertir les classes moyennes par le haut.

Mais une littérature de simple divertissement qui cherche à se faire passer pour autre chose court le risque de paraître bien vaine. Et c’est ce qui arrive.

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Félix Nadar portraits d'Edmond et de Jules Goncourt

Je serais membre du jury, je refilerais donc à chacun une moitié de Goncourt. A l'un la part d'Edmond, à l'autre celle de Jules. Un joli boulot de style pour l’un, un job satisfaisant de narration romanesque pour l’autre. Là-dessus, parce qu’il n’y a ni chez l’un ni chez l’autre de quoi s'attarder non plus pendant des heures,  j’irais fêter ça avec mes copains journalistes dans le salon du premier étage où se trouvent de bonnes bouteilles, en laissant derrière soi - et à d’autres - les mornes considérations sur la chute de l’Empire comme celles sur les lois de la création littéraire en société libérale. 


(1) Joël Dicker : La vérité sur l’affaire Harry Québert - (De Fallois) et Jérôme Ferrari : Le sermon sur la chute de Rome - (Actes Sud)

lundi, 22 octobre 2012

La bonne attitude

En survoyant les quelques images de la naissance de l’UDI du play-boy recyclé Jean Louis Borloo, je comprenais pourquoi, décidément, je n’aime pas la politique. Je n’aime pas la politique parce qu’en effet, on ne peut en faire vraiment sans devoir d’abord accepter le cadre général dans lequel s’insère toute action politique dans la société contemporaine. Et le cadre en question, c’est d’abord l’ensemble des partis constitués. Puis les medias. Enfin l’opinion publique. Rien de très intéressant.

 

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Ils se tiennent les uns les autres, des plus extrêmes aux plus centristes, en un équilibre nauséeux.

Je déteste les pseudos valeurs culturelles prônées par les cyniques caciques du PS, auquel par négligence le pays a confié son destin. Du multiculturalisme à l'égalitarime, du tout communication au tout communautarisme, ce panier de crabes n’a rien de neuf à proposer depuis le second septennat de Mitterrand, l’avocat roublard qui «croyait aux forces de l’esprit» et confia le destin de sa «génération» aux pattes sales de Séguéla. Hollande et sa grossière roublardise, Montebourg et sa première page en marinière en sont les héritiers directs, tout comme Valls tente d’être celui de Sarkozy. Ils n’ont rien à proposer, sinon une Restauration feinte qui sent déjà le sapin.

Pour autant, se positionner contre cette domination en carton pate, en allant militer au sein du front de gauche de Mélenchon, du front national de Marine le Pen, de l’UMP versus Copé ou bien Fillon, ou encore de l’UDI intronisé par les deux momies d’un autre siècle que sont Simone Veil et Giscard d’Estaing, demeure de toute évidence une activité aussi fumeuse que dérisoire.

L’art, décidément, est la seule bonne attitude. Même si ce n'est qu'une attitude.

06:59 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : borloo, udi, politique, france, société | | |

mardi, 16 octobre 2012

Touche pas à ma Rolex

L’horlogerie helvétique se porte bien. Une étude récente révèle que ses exportations dépassent, et de très loin, celles du vin français : 10 milliards de francs suisses (8,3 milliards d’euros pour le seul premier semestre 2012). On le savait depuis la boutade de Séguéla, la frime ne passe plus par le gosier mais se porte désormais au poignet ; Swatch et Rolex cognent plus fort que Gevrey-Chambertin ou Saint-Emilion. Daniel Wu, un blogueur chinois, s’est récemment fait censurer pour avoir mis en exergue des photos des dignitaires du parti exhibant tous à leurs poignets quelques beaux spécimens de montres de luxe.

Nos dignitaires de la gogôche ne sont pas en reste. Jérôme Cahuzac, le robespierrien ministre du budget, vient de se faire dérober à son domicile de 300 mètres carrés avenue Pierre de Serbie dans le 16ème arrondissement une collection de montres qui d’après le Parisien valaient à peu près 1.00.000 euros. Des Rolex, des Boucheron, des Jaeger Lecoultre, des Chaumet & Breitling. Bref, une vie plus que réussie. 

Dans un entretien au Meilleur des Montres en 2004, Moscovici, le compère de Cahuzac à Bercy, révélait que sa première Rolex datait de 1980. Le bon temps... Avec la crise, le port ostentatoire de la montre à gauche se fait plus discret. Il n'empêche. Pour Fabius, Védrine, Lang comme pour Moscovici et Cahuzac, elle est devenue l'objet d'une collection aussi futile qu'inavouable. Les joyaux de l’horlogerie suisse seront-ils, par ces moralisateurs de l’égalitarisme républicain et de la très hollandaise normalité, tous plus pourfendeurs du sarkozisme les uns que les autres, tenus pour des œuvres d’art au moment de leur éventuelle déclaration d’ISF ? On l’imagine. Touche pas à ma Rolex, touche pas à mon Soulages, touche pas à mon pote même combat…  

 

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lundi, 15 octobre 2012

Vaudeville à l'Elysée

Depuis le mois de mai dernier, une sorte de gag permanent est entré à l’Elysée. Le président, sa concubine qui se prend pour une première dame, son ex qui a failli en être une et ne s’en est jamais remise, un premier ministre fantoche qui est devenu la risée de tous, et des ministres qu’il leur faut recadrer après chaque passage devant une caméra, ce mauvais pantomime offrant de la gauche en général et de la France en particulier une image gaguesque au reste de la planète, je ne vois d’autre terme approprié.

Un peu comme dans une pièce de Jarry, c’est le règne d’Ubu : Le ministre de l’éducation nationale veut dépénaliser le cannabis, la ministre de la justice marier les homosexuels, le ministre de la phynance annonce qu'il va falloir se serrer la ceinture pendant des mois et le président dans ses discours explique au monde entier qu’il n’y a qu’a, qu’il faut que et qu’on doit. On a le sentiment non seulement d’un flottement, mais d’un véritable délitement. Cela commence à se ressentir dans les sondages plus vite que le pire des opposants à toute cette mascarade aurait pu l’espérer. Le pouvoir est là, certes. Mais pas l’autorité. C’est un peu comme si une troupe de second rôle avait investi les palais de la République. Et c’est, en période de crise, de mauvais augures pour ce pauvre pays. Car il va falloir tenir encore quatre ans et demi. Et beaucoup se demandent déjà comment un tel  pas de danse va être réalisable...

22:45 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : peillon, cannabis, ayrault, autorité, trierweiller, concubinage, france, sondages | | |

vendredi, 12 octobre 2012

Soulages aux Beaux-arts, l'outre noir et la crise

« Ce que j’explore depuis plusieurs années est, pour une grande part, fondé sur la qualité particulière, l’éclat spécifique de la lumière réfléchie sur la toile, venant au devant d’elle, transmutée par l’état de la surface et le noir qui la renvoie ». Parole du maître offertes au visiteur profane et fatigué de sa journée, paroles exposées en sobres linéales noires sur la paroi du temple : A 92 ans, Pierre Soulages cultive de fait un sens de la communication tout aussi pimpant que ses minauderies de richissime vieillard : « Je n’aime pas les expositions », susurre-t-il alors que le musée des Beaux-arts de Lyon en consacre une très médiatisée aux vingt-six dernières toiles qu’il produisit au XXIe siècle. Une décennie très outre noire, durant laquelle il déclina le concept de manière presque continue,  tel une petite musique sur le sillon d’un vinyle.

On pourrait ainsi longuement disserté sur la résolution conceptuelle de la luminosité des couleurs posées sur toile ou issues de l’écran, après qu’un siècle de remise en cause de la figuration a laissé la contre-culture exsangue devant l’art officiel et son pompeux galimatias. On pourrait rêver à ce lieu imaginaire où se dissiperait l’illusion tenace du noir et du blanc, dans une fusion aussi improbable qu’oxymorique de la synthèse additive et de la synthèse soustractive, du pixel et du pigment, à l’endroit même où l’art expire. Seulement voilà, nous sommes en temps de crise.

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Aussi, tandis que le gouvernement socialiste songe aux intérêts médiatiques qu’il aurait à inclure dans le calcul de l’ISF toute œuvre d’art de plus de 50 000 euros, d’autres débats, plus pragmatiques qu’esthétiques se font plaisamment entendre à propos de cette très cultureuse niche fiscale Les vernissages de rentrée ne sont-ils pas des lieux de soucieuse urbanité autant que de pure contemplation ?

Cette mesure, le vieux renard de l’outre noir se déclare donc « farouchement contre ». Ce serait même « une catastrophe » affirme-t-il, évoquant l’exil fiscal des œuvres, pendant culturel et vaguement gauchisant à l’exil fiscal des capitaux sonnants et trébuchants des vilains Arnault de droite… « Il faut que les œuvres d’art ne soient pas comprises dans l’ISF », poursuit le maître, évoquant même le risque que naisse, (comme s’il n’existait depuis longtemps déjà,) « une sorte d’art officiel qui serait la pire des choses ». L’œil humide, on se prendrait presque à regretter ces bons temps mitterrandiens, quand les milliardaires de gauche et de moins gauche vendaient leurs yachts pour acheter des Picasso.

A cet endroit perce cependant un souci : Le marché de l’art contemporain et les tableaux de Soulages conserveraient-ils le même attrait, si Bercy se mettait à y jeter une calculette ? Outre noire se révèle décidément la fangeuse duplicité de l’époque ! Entre sombre lumière et claire obscurité jaillit alors la nudité sordide du jeu démocratique, dans le sillage d’un marché qui n’aura décidément jamais cessé de le contredire, le jeu démocratique. Et l’on se demande même,  tant commune est l'imposture, si l’on pourra longtemps garder la possibilité, futile et salutaire, d’en sourire ouvertement…

08:38 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : soulages, musée des beaux-arts, lyon, isf, oeuvres d'art, france, culture | | |

dimanche, 07 octobre 2012

Telle est la chanson de Vincent Peillon

Fonder, refonder l’école : il est assez comique de voir le ministre Vincent Peillon reprendre, pour initier sa réforme, la sémantique de ses opposants et utiliser ces termes hyperboliques employés naguère par les tenants d’une école exigeante face aux réformes conduites par ses confrères, le ministre Allègre et son successeur Lang, ministres socialistes des années 90.

Parmi ces opposants à ce qu’on appela alors le démantèlement de l’école républicaine, ce petit ouvrage de Joël Gaubert qu’on trouve peut-être encore sur certains marchés d’occasion, L’Ecole républicaine, Chronique d’une mort annoncée, 1989-1999 publié aux éditions pleins feux. Après une longue analyse du double discours tenu par le gouvernement socialiste d’alors , ce professeur de philosophie écrivait : « Pour entamer vraiment la refondation de l’école, il est fondamental de commencer par reconstruire l’idée encyclopédique et architectonique des savoirs à transmettre et qu’il est nécessaire de s’approprier pour s’accomplir comme homme libre car éclairé, selon la diversité manifeste mais aussi la profonde unité des dispositions et aspirations humaines. Cette tâche ne peut être confié qu’à un comité de savants qui savent ce dont ils parlent, et non pas à des experts de l’enfance, de la société ou encore de la communication, qui méprisent les disciplines, en toute indépendance à l’égard des cabinets ministériels du moment.».

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Alors que les socialistes vont annoncer leur « projet », la relecture de cette seule phrase est à la fois triste et savoureuse. Car on voit bien à quel le projet Peillon, loin de refonder quoi que ce soit, continue d’aligner l’école sur des contingences extérieures à la transmission raisonnée des savoirs :

Axé sur la suppression des devoirs à la maison et la limitation des heures de cours, la création d’un unique niveau en maternelle (ce qui revient à en faire une immense crèche)  il vise encore, sous prétexte de « réduire l’inégalité », et de supprimer « la pression de l’évaluation » à combattre l’apprentissage de l’excellence et la diversité des talents au profit de la simple socialisation et du moule commun pour tous. (1)

Théorisé à partir des « pics d’attention et de fatigue »et du « mal-être » présumé  des élèves », il donne la part belle à ces fameux experts des sciences de l’éducation dont la gauche raffole, et qui ont tous retrouvé leurs postes dans les IUFM que Hollande a rétabli à peine entré à l’Elysée, comme si l’avenir du pays dépendait de l’affectation à ces postes privilégiés de quelques-uns.

Visant à long terme à la suppression des redoublements,  et à la refonte des évaluations, le projet de Vincent Peillon  apparaît surtout comme une mesure d’équilibre économique plus que jamais décrétée par  « les cabinets ministériels du moment » après le passage obligé par l'inénarrable  « commission d’expert ». N’oublions pas la part belle donnée aux communicants et à leurs effets d’annonce qui ont pondu ce slogan digne du travailler plus pour gagner plus de Sarkozy : il y aura dans le primaire, plus de professeurs que de classes…  

Telle est donc la chanson ...  de Vincent Peillon...

A ce doctrinaire et immodeste ministre il faudrait rappeler la seule mesure efficace prônée d'ailleurs par Gaubert et par tant d'autres du terrain (comme disent les experts) et qui d'ailleurs avait été intelligemment reprise par le candidat Bayrou : à l'école, ô politiciens avides de laisser votre trace sur le moment, pour une fois surtout pas de réformes, ne touchez à rien, et laissez les gens travailler... 

(1) : Ce n'est pas sans inquiétude que j'entends Valls comme Hollande systématiquement renvoyer, dans leurs discours officiels, le traitement des problèmes de violence et dorénavant de terrorisme à l'école. Comme si cette dernière avait la solution à tous les problèmes religieux et sociaux posés par la gestion politicienne de ces trente dernières années. De quoi donner envie à tous les gens sensés de mettre leurs enfants dans le privé...

11:19 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : vincent peillon, refonder l'école, politique, france, société, culture | | |

samedi, 06 octobre 2012

La théorie de l'information

L’idée de La Théorie de l’information était pourtant alléchante : à travers l’itinéraire d’un de ces golden boys de l’informatique, ces «garçons solitaires qui s’étaient faits peu d’amis pendant leur scolarité et qui avaient finalement révolutionné le monde sans vraiment sortir de leur chambre d’enfants »  (p 94) écrire le roman de ces trente dernières années, du désir et de l’ambition qui parcoururent ses principaux dirigeants,  qui virent l’échec du Minitel français et l’avènement du Web 2.0. : « Grâce au Web 2.0., l’homme, être égoïste et borné était devenu un animal intrinsèquement social » (p 364).

Aurélien Bellanger, son auteur, a déjà été comparé ici ou là à Houellebecq, voire même à Balzac. Dans les colonnes des Inrocks, lui-même s’avoue scientifique contrarié : « A 8 ans, j’étais abonné à Science et vie junior ; à la bibliothèque, j’empruntais toujours des livres sur les robots, et plus tard, j’ai envisagé un deug de physique. J’ai toujours été pris dans une opposition très forte entre le champ artistique et le champ scientifique. D’un côté, je rêvais d’écrire de longs poèmes en prose remplis de métaphores, et de l’autre, je m’intéressais à des questions mathématiques ou épistémologiques. La Théorie de l’information est né de l’idée qu’avec la forme romanesque, je pouvais enfin concilier la poésie et les sciences dures. »

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Manque pas d'air, le bonhomme ! Bien de son temps, qui postule comme il le dit lui-même que « dans le monde de l'information, la copie pouvait valoir beaucoup plus cher que l'original» (p. 178) Son écriture besogneuse rappelle plutôt celle du terminal et ennuyeux Zola qui commit le docteur Pascal, théorisant avec fatuité sa théorie de l’information comme l’auteur des Rougon Macquart théorisa celle sur l’hérédité. On s'y ennuie ferme, et l'on finit par se demander si la science et le roman, dès lors que ce dernier se borne à raconter une histoire sur le ton du magazine, sont capables de faire bon ménage.

Pour que cela fonctionne, il y faut une science du roman, au sens balzacien du terme : de la création, du style. En racontant la Comédie Humaine, Balzac (auquel le jeune Aurélien dans un élan de mythomanie furieux se compare) inventait le réalisme et ses principes structurants, dont le fameux retour des personnages. Ou alors il y faut de l'imagination, de l'audace, une fiction véritable, comme dans la science-fiction, précisément

Bellanger, lui, ne créée rien, n’invente rien. Il ne parvient pas même à imiter Houellebecq, auquel certains critiques héberlués l’ont comparé, Houellebecq dont les personnages - si typés soient-ils - existent réellement dans une trajectoire, quand son Pascal (non, pas le docteur, l’informaticien)  Ertanger  (anagramme loufoque et maladroit ?) n’existe que sous la forme d’un prétexte à une laborieuse dissertation sur le sort de l’humanité livrée aux dures lois de la pornographie facile et de l’entropie.

Au mieux, ce pavé indigeste de 485 pages servi par Gallimard cette rentrée est-il, comme certains critiques l'ont suggéré, un document éclairant sur cette France mitterrandienne puis chiraquienne déclinante, qui se dilua dans un rêve proprement venu d’ailleurs ? Même pas. Car l'échec du Minitel n'est qu'un épiphénomène ici surévalué. Ce n'est que l'échec d'une technique,  quand le mal profond demeure depuis ces années là, comme Finkielkraut l'établit alors,  et comme ce long roman donné comme une révélation littéraire en témoigne, la défaite de la pensée. Ce qui est bien plus dérangeant.

Le plus captivant, et c’est triste à dire, demeurerait presque les intermèdes de vulgarisation durant lesquels l’auteur rappelle à son lécteur assoupi les grandes dates de la théorie de l’information et de son développement chaotique, des suppositions du botaniste Robert Brown observant des grains de pollens aux nombres oméga de Grégory Chaitin, en passant bien sûr par le trop fameux article de Claude Shannon. Pas besoin d’avoir lu la Peau de Chagrin ni les Particules Elémentaires pour comprendre que cela ne suffit pas à faire le commencement même d'un véritable roman. Car nulle théorie, pas plus celle  de l'hérédité que celle de l'information, sans le génie de l'invention et la technique qui créée le style, n'est en soi romanesque. Un siècle après Zola, Bellanger en administre ici la preuve à ses dépens.

vendredi, 05 octobre 2012

Le petit marquis aussi dérisoire qu'inquiétant

C’est un cauchemar proclamait en début de semaine le pauvre Nicola Karabatic à propos de sa disgrâce médiatique. On veut bien le croire. Il est des cauchemars plus cuisants.

« Il leur a parlé comme un papa » assurait Valls le même jour, à propos de la visite de Hollande à Eychirolles. Sans rire. Le ridicule ne tue plus, le paternalisme de la gôgoche non plus. Opération de com réussi ? J’espère que la dame qui a interpellé le président a été bien payée.  

80% des demandes d’indemnisation suite au scandale du Médiator viennent d’être rejetés. Sarkozy n’est plus là pour porter le chapeau. Mais que fait le gouvernement ?

Il enfume.

J’admire la manière qu’ont ces gens de la gogôche socialiste à critiquer ce que faisait la droite tout en appliquant le même programme et les mêmes stratégies discursives : pas besoin d’aller très loin pour recueillir mille exemples, en matière de traité européen, de sécurité, de finances, de contorsions médiatiques à la Duflot, à la Moscovici, à l'Ayrault ou à la Valls, de dérobade à la Montebourg, de faits divers bling-bling à la Trierweiller,  de mauvaise foi partisane.

Sur ce terrain, la palme revient encore au premier pingouin de la tribu ; « Pour le respect de nos concitoyens et de nos assemblées concernées, il est préférable de reporter à 2015 l’organisation des deux consultations régionales et départementales » vient-il de déclarer à la Sorbonne. On cherche en vain le lien logique entre les deux propositions.

Cela s’appelle une mesure confiscatoire du pouvoir en temps de crise. Un pouvoir sur tous les centres de décisions du pays, acquis de manières circonstancielles au fil des élections en surfant sur l’anti-sarkozisme et le désespoir des Français, et auquel tout comme le modèle éjecté, on s’accroche en petit marquis bas de gamme et de talons. Sûr que c'était la mesure que tous les Français attendaient cette rentrée pour régler leurs problèmes. Aussi dérisoire qu'inquiétant.