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dimanche, 31 janvier 2016

Contrition

On a souvent eu l’occasion de dénoncer ici-même la religiosité républicaine avec son credo de « valeurs humanistes », ses processions & rassemblements de gueux endeuillés ou indignés, ses lumignons tremblotants pieusement déposés au pied de statues d’allégories, ses somptueux palais historiques peuplés d’évêques aussi insignifiants que lénifiants qu’ils fussent mâles ou femelles, son Panthéon de faux-prophètes et son calendrier qui, de Conseil des ministres en réceptions onéreuses de chefs d’Etat, de propagande télévisée en grandes messes électorales, organise imperturbablement sa liturgie de 4’sous. Une religion creuse, sans dieu, sans transcendance, sans amour, mais dont l’entretien  coûte aux contribuables le prix d’au moins quatre ou cinq clergés pour un spectacle aussi indigne que inadapté à force d’avoir trahi sa légende initiale.

A cette pantomime lugubre [et au sens propre, sacrilège] il manquait la contrition : avec  (parmi tant d’autres) le livre de Sarkozy, c’est chose faite : « Je confesse à la bienheureuse France, à la Sainte Opinion et au Peuple Tout-Puissant mes erreurs et mes fautes, en quête d’absolution que je me trouve pour une nouvelle élection... »  Cette culture de l’excuse, comme l'appellent les commentateurs les plus originaux de nos ondes, nous vient en droit fil de l’Amérique protestante. Elle connut sa plus hilarante manifestation avec le président Clinton confessant publiquement la trahison de sa blonde épouse, que ce pays ridiculement magnanime s’apprête à élire à sa place quelques mandats plus tard dans un grand élan de charité paritaire et démocratique.

La reconnaissance de ses péchés demeure, dans le catholicisme romain, un acte de piété incontournable d’autant plus difficile à  réaliser que nous sommes tous viscéralement soudés au péché. Nous ne connaissons même en général que lui, pour être nés dedans, n’avoir  fréquenté, aimé, admiré que des pécheurs, avoir sans cesse confondu ses routes avec celles du salut, encouragé en cela par tous ceux qui nous ont précédés et dont l’histoire se souvient dans le grand livre de ses mensonges. Nous aimons tellement le péché que, pour avoir accès au pardon, nous avons besoin de Quelqu’un  qui non seulement ne l’aime pas, mais qui n’ait jamais été en contact avec lui. Ainsi, lorsque Jésus vient chercher Pierre dans sa barque, celui-ci tombe à genoux devant Lui et, dans un mouvement contraire à celui de son agenouillement, s’écrie : « Seigneur, éloigne-toi de moi parce que je suis un homme pécheur.» Viens et fuis… du fait que je te reconnais, je me sens indigne de toi et de ta grâce sanctifiante. Paradoxe du pécheur que Seule la nature aimante du Père peut lever.

C’est pourquoi toute véritable réconciliation ne demeure possible que par la miséricorde et dans la tendresse instituées par le Dieu trinitaire : un Père pardonnant, au nom des souffrances endurées par son Fils Unique, le pécheur soudain conscient de sa faute, grâce à l’opération du Saint Esprit. Parce que la contrition nait dans la douleur d’avoir offensé Dieu, cette douleur doit devenir  plus intense que notre attachement au péché : un tel renversement (une telle conversion)  n’est possible que par la conscience  (que l’Eglise appelle surnaturelle) de la Bonté infinie de Dieu, de son Amour pour les hommes, et de Sa Profonde aversion pour le péché.

Je veux dire par là que toute contrition qui ignorerait cette douleur secrète  (cette conversion) ne tiendrait que de la parodie : on voit ainsi comment tous les rites de cette religion d’inspiration maçonnique nous font exister dans une sacralité fausse qui n’est qu’une caricature de la vraie religion à laquelle elle emprunte en les vidant de sens tous ses  sacrements. Mais au lieu de les appliquer au Bien Commun vertical qui est Dieu, elle ne peut les appliquer qu’à un Bien commun horizontal et prosaïque (res publica). Il y aurait certes quelque vertu romaine à demeurer de bons républicains si nous étions guidés par des chefs politiques honorables, valeureux et efficaces. Mais, fort éloignés hélas de ces augustes modèles, empêtrés que nous sommes dans une république fallacieuse destinée à n’être qu’une société du spectacle, cette religiosité laïque nous condamne, pour paraphraser Debord, à la séparation achevée d’avec toute vie authentique… On appelle cela l'égalité.

En glissant son bulletin d’absolution dans l’urne, l’électeur confesseur décidera donc en 2017 quelle est à ses yeux la plus grande faute morale: traiter un citoyen-électeur de pauvr'con ou bien  installer sa gourgandine à Élysée avec la prétention d’en faire « la première dame de France « pour la remercier brutalement «de ce moment» quelques mois plus tard. A moins que ses lointains maîtres ne lui demandent de statuer sur le sort d’un escroc plus ancien, septuagénaire bordelais expert en fausses factures et emplois fictifs, mais repenti lui aussi dans son costume propret de sage et honnête troglodyte.

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Dans le confessionnal laïc

mardi, 26 janvier 2016

Manifestation (9)

Jérôme baissa les yeux. Trop répétitif, trop vain, trop stérile, le spectacle du monde. Près de 150 000 manifestants dans les rues, selon le journal : comment, face à cette dictature mondiale, pouvait-il encore se trouver des gens pour penser sérieusement qu’une manifestation… Des fonctionnaires, des chauffeurs de taxis… Jadis, il avait participé à un mouvement contre un Premier ministre soucieux déjà d’aligner le pays à cet ordre mondial honni. Juppé 1995 : Jérôme se revoyait gare d’Austerlitz, haranguant des cheminots pour rejoindre le cortège des profs de son lycée en grève…

A plus de soixante-dix ans, ce vieux politicard habitué de la fondation Bilderberg caracolait en tête des sondages assénés par des medias le présentant comme la solution politique aux problèmes du temps, lui qui depuis plus de quarante ans avait formé l’une des pierres angulaires de ce régime de technocrates ! Et toute la bonne conscience de la gauche s’apprêtait à le pousser aux primaires de la droite... C’était risible et terrifiant, ridicule et glaçant.  

La France poursuivrait donc inexorablement sa descente dans l’enfer de ce qu’on nommait la post-modernité, sans trop savoir ce que cela signifiait. Sentiment d’être après – mais après quoi ? L’opulence des Trente Glorieuses, l’insouciance de soixante-huit, les chimères de la croissance, les vacarmes de l’Histoire… Après ?  Après eux, après toute une génération vieillissante, le déluge… Un pluie d’eau, de neige, de feu, d’événements de plus en plus imprévus, de propagande de plus en plus éhontée, et pour ramasser la mise, quelle puissance dans l’ombre ?

Y aurait-il encore longtemps un après après cet après ? Quelle manifestation issue de quel démiurge médiatico-démocratique emporterait le morceau ?  « Il en sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre Gog et Magog, et les rassembler pour le combat en nombre égal à celui du sable de la mer », avait écrit saint Jean. Gog, Magog, selon qu’on lût la Torah ou le Coran, le web bruissait de rumeurs apocalyptiques contradictoires à  leur sujet, prophéties qui croisaient à la fois la propagande des états modernes et les faits brandis par l'actualité dans une sorte de délitement du monde des plus alarmants. Mais Polycarpe, l’évêque de Smyrne qui insuffla à Lyon la tradition johannique ne rapporte-t-il pas que lorsqu’on demandait au vieil évangéliste aimé du Christ de raconter ce qu’il avait vécu de plus beau avec le Seigneur, il répétait simplement comme si l’essentiel résidait à jamais  là : « Mes enfants, aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés »…?

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Saint Polycarpe

jeudi, 21 janvier 2016

Manifestation (8)

VIII

 

Une première génération de socialistes avait, dans les deux dernières décennies du vingtième siècle, réalisé le rêve de la droite « progressiste » : accoucher de l’Europe libérale sans frontières, sur le modèle américain. La seconde génération était en train de finaliser le projet en en rendant la moindre contestation matériellement et idéologiquement impossible auprès des « opinions » abusées. Tout espoir de changement politique apparaissait donc clos. Renvoyé aux vieilles lunes du passé. Au point que Jérôme connaissait des « gens de gauche » prêts à voter Juppé, après avoir voté Hollande, le tout pour « faire barrage à la haine », comme ils le clamaient fort sérieusement à dates fixes. Hélas, d’Athènes à Paris, la « mort des pauvres » continuerait longtemps de n’être au fond, comme l’avait prophétisé Guilloux,  que « la fin d’une corvée »…

D’autant plus que la seule religion qui eût considéré avec charité leur cause, les lois de la République ne cessaient d’aller contre ses commandements les plus élémentaires, dans le sens de la déchristianisation entamée depuis plus de deux siècles contre l’un des plus vieux pays chrétiens d’Europe. Cette duplicité terrible des Lumières, Musset l’avait déjà analysé en son temps : 

« Les antagonistes du Christ ont dit au pauvre : Tu prends patience jusqu’au jour de justice, il n’y a point de justice ; tu attends la vie éternelle pour y réclamer ta vengeance, il n’y a point de vie éternelle ; tu amasses dans un flacon tes larmes et celles de ta famille, les cris de tes enfants et les sanglots de ta femme, pour les porter au pied de Dieu à l’heure de ta mort ; il n’y a point de Dieu. Alors il est certain que le pauvre a séché ses larmes, qu’il a dit à sa femme de se taire, à ses enfants de venir avec lui, et qu’il s’est redressé sur la glèbe avec la force d’un taureau. Il a dit au riche : Toi qui m’opprimes, tu n’es qu’un homme ; et au prêtre : Tu en as menti, toi qui m’as consolé ! C’était justement là ce que voulaient les antagonistes du Christ. Peut-être croyaient-ils faire ainsi le bonheur des hommes, en envoyant le pauvre à la conquête de la liberté.

Mais si le pauvre, ayant bien compris une fois que les prêtres le trompent, que les riches le dérobent, que tous les hommes ont les mêmes droits, que tous les biens sont de ce monde, et que sa misère est impie ; si le pauvre, croyant à lui et à ses deux bras pour toute croyance, s’est dit un beau jour : Guerre au riche ! à moi aussi la jouissance ici-bas, puisqu’il n’y en a pas d’autre ! à moi la terre, puisque le ciel est vide ! à moi et à tous, puisque tous sont égaux ! ô raisonneurs sublimes qui l’avez mené là, que lui direz-vous s’il est vaincu ? »

Une ironie satanique voulait que la frange prétendument la mieux éclairée de ces raisonneurs sublimes lui expliquait à présent que, historiquement défait, il devait accepter à présent le mode de vie préconisé par l’Islam, et ce au nom même des Droits de l’Homme ; comme si les considérations de saint Bernard sur la conception et l’animation de Marie, celles de saint Augustin sur la gratuité ou non du salut, ou celles surtout de saint Thomas d’Aquin sur l’accomplissement de l’âme dans la contemplation de la Trinité se révélaient décidément trop complexes pour le vulgum pecus occidental qu’il était, dépouillé par eux jusque de son histoire religieuse la plus intime.

Le pauvre, qu’il redevienne donc un bon unitarien ! Il sera toujours ainsi plus facile à diriger ! Que son Dieu lui soit à jamais non engendré, qu’il demeure en un mot soumis à César, à qui le voici enfin livré nu …

Jérôme comprenait avec effroi que si l’Islam avait ainsi le vent en poupe, c’est que sa théocratie ne servait pas que des intérêts musulmans.

Et qu’elle était paradoxalement bien plus en accord avec les partisans de cet empire démocratique mondialisant qu’une lecture rapide de ses dogmes avait pu le lui laisser supposer. Ses valeurs étaient, certes, incompatibles avec la République. Mais elles apparaissaient comme beaucoup plus solubles dans la démocratie que le christianisme romain et l’histoire de sa royauté spirituelle.

Un choc des civilisations, disaient habilement certains ?

L’instauration pour des décennies d’une dictature mondiale, plutôt, qui aurait besoin pour s’imposer lentement à tous d’un dieu aussi simple et commun que l’était dorénavant sa monnaie, aussi juridique et universel que prétendait l’être sa loi.

(A suivre

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Alfred de Musset, d'après Gonzague Saint-Bris

mercredi, 20 janvier 2016

Actes anti religieux et propagande

- 806 actes antisémites –  5%

- 400 actes antimusulmans   + 35 %

- 810 actes antichrétiens : + 20%

Le ministre de l'intérieur a annoncé les chiffres, et les médias français commentent. Tous titrent sur la progression des actes « anti-musulmans », surfant sur une islamophobie galopante présumée de la population, feignant d’en rechercher les causes (c’est vrai qu’on a besoin d’experts pour cela !) et sermonnant le téléspectateur à coup de micro-trottoirs. Ils se réjouissent du léger recul des agressions antisémites, ce qui est normal, mais ne semblent pas s’alarmer outre mesure de la progression parfaitement irrationnelle des actes antichrétiens sur le sol national. Or si l’on doit s’étonner d’un chiffre, c’est bien de celui-là. On n’a en effet jamais vu « d’organisations terroristes  christiques » commettre le moindre attentat au nom de la Sainte Trinité, et les massacres de Chrétiens en cours au Moyen Orient sont devenus une désolante monnaie courante. Mais l’islamophilie de la classe politique et médiatique prétendument laïque, son anticléricalisme morbide, qui se confondent avec les combats prétendument anti-racistes de ses dirigeants, deviennent vraiment de plus en plus inquiétants, atteignant des sommets d’aveuglement et de mauvaise foi. Ils ne peuvent que nous conduire au pire.

mardi, 19 janvier 2016

Manifestation (7)

VII

 

S’il y a un Dieu pour les ivrognes, comme le chante le proverbe, alors il doit y avoir un Dieu pour tout le monde, puisque tout un chacun se révèle un tant soit peu ivrogne, à mener brutalement sa vie sans prendre le temps, le souci, l’intelligence d’y regarder d’aussi près qu’un but comme le salut de l’âme le mériterait. The time is out of joint depuis plus longtemps qu’Hamlet ne le croit et les choses ne vont pas en s’arrangeant, au contraire. Ce matin, il causait mort de Michel Tournier, et, de là, décrépitude du paysage littéraire contemporain, avec une collègue de travail haute en gueule et en couleurs. Et de fil en aiguille, il avait fini par lui avouer que devant la stupidité de l'ensemble, il était revenu, lui, à la lecture des Evangiles. Elle, alors, haussant l’épaule, le chignon un peu défait et la dégaine fièrement bancale avait rigolé qu’elle lisait ça quand elle était petite, ni plus ni moins, quand elle était petite, et qu’elle se lançait dorénavant dans l’œuvre complète de Nicolas Bouvier. Que répondre à cela ? Bonne route, alors, bonne aventure... Et rien de plus. Une ivrogne, s’était-il dit dans son propre marasme, une ivrogne parmi des milliards… Puis il s’était souvenu de cette formule de Rebatet, dans Les Deux étendards,  « J’ai perdu la foi comme mes dents de lait » Sans doute est-ce qu’elle voulait dire, la collègue. Une victime de plus de cette catéchèse trop précoce, de ces Bibles à colorier niaiseuses, de ces hallucinantes Vies de Jésus en bande dessinée et autres alibis de la bonne éducation.

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Ivrogne, non, certes Bricard ne l’était pas… Enfin, pas totalement,  malgré la phonétique anisée de son patronyme… Mais croyant ? Jérôme n’avait jamais rencontré l’horloger-bijoutier à l’église. Mais qu’est-ce que ça pouvait signifier ? Beaucoup de baptisés se passaient des sacrements depuis Vatican II. Et même depuis plus tôt. Depuis que Quatorze Dix-huit avait soufflé son haleine de diable sur la foi des Français, comme en témoignent l’inachèvement des statues de Fourvière, et tant d’autres renoncements par tout le pays. Un vrai bal des ivrognes, ce pays, et la planète qu’ils se refilaient de père en fils et de mère en fille, une véritable boule de poison, à bouffer cru les meilleures bonnes volontés et n’en laisser qu’un squelette façon Auschwitz, goulag ou Nagasaki… Comment cela ne sautait-il pas aux yeux de tous que cet humanisme absolu, cette fascination de l’individu pour l’espèce et de l’espèce pour l’individu, ne réglait pas le problème du Mal, mais au contraire, l’avait empiré durant tout le vingtième siècle, jusqu’à sa version post moderne de la guerre de chacun contre chacun ? Mais le Mal leur était tabou. Le Mal, avez-vous dit ? 

Que se passait-il pourtant, dans la cervelle et dans le cœur de Bricard lorsque, dans le silence de son atelier, sa loupe œil sur le nez, il observait de son vivant le mécanisme des montres de jadis que les vieux du quartier lui donnaient à réparer ? Qui le savait ? Qui s’en souciait ? L’enquête à mener ne se situait-elle pas cependant de ce côté-là ? Jérôme empoigna son dizainier puis entama un Credo. Christ le Doux n’était-il pas mort et ressuscité aussi pour ce Bricard ?

(A suivre

mercredi, 13 janvier 2016

Manifestation (6)

VI

« Ne vous modelez pas sur le temps présent » : l’exhortation de saint Paul aux Romains ne pouvait mieux résumer ce besoin de mise à l’écart qu'il ressentait par rapport aux fous furieux qui dirigeaient le pays.  La légèreté avec laquelle la « laïcité à la française » traitait le fait religieux depuis quelques mois le laissait en effet pantois. Un tel aveuglement pouvait-il être involontaire ?

Un président qui, le même jour  (le 11 janvier 2015), dresse le panégyrique de la République pour finir la soirée dans une synagogue et qui, un an plus tard, après avoir dénoncé les méfaits d’un état islamique radical, va boire le thé dans une mosquée tout en se prétendant « père de la nation » (le 11 janvier 2016), courant les religions comme autant de marchés électoraux, c'était non seulement inconséquent, stupide, mais surtout dangereux au plus haut point. Car ce président irresponsable engageait non seulement sa parole, mais celle aussi du pays ; sa sécurité, mais aussi celle du peuple qu’il représentait si mal depuis quatre ans sur la scène internationale. Il serait temps de le démissionner Seigneur, songea Jérôme, en poussant la poste de son modeste appartement.

Il préférait, et de loin, la posture lucide de son prédécesseur qui, dans son discours du Latran avait déclaré en décembre 2007 que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur ». Sarkozy, lui, avait au moins compris en quoi le républicanisme ne peut être une religion. On peut reprocher beaucoup de choses à la droite française, mais pas au moins cette posture clownesque de curé laïc, adoptée par les Cazeneuve, Taubira, Valls, Belkacem, et autre Tartuffe inconditionnels du vivre ensemble. Il ne leur manquait à tous, décidément, qu'un nez de clown pour ressembler à Bozo, pensa-t-il en se servant un verre de muscadet. Méritaient-ils sa fureur ? Non pas... Mais ils étaient dangereux. Fous dangereux. Là était tout le problème. Et lui, que pouvait-il, sinon subir, subir et subir ?  « La mort des pauvres est la fin d’une corvée », écrivait Louis Guilloux dans Les Batailles Perdues.

C’était certes un vœu pieu de désirer que toutes les religions cohabitent, mais il aurait fallu pour cela une théologie plus sérieuse que la ribambelle de lieux communs, érigés en loges, que leur servaient matin, midi et soir les médias à la botte du régime. Il aurait fallu plus de culture véritable que n’en avaient ces pitres formatés par les grandes écoles, plus de réelle ouverture à l’autre que ces discours de façade rédigés par des communicants, plus de courage, enfin, que n’en avaient ces girouettes qui passent d’un discours à un autre comme on change de préservatifs. Car non, marmonnait Jérôme en vidant son muscadet, la vie des pauvres ne peut être une corvée.

Saint Paul, évidemment parlait d’or lorsqu’il invitait les Romains à ne pas se modeler au temps présent, mais à se laisser transformer par le renouvellement de l’intelligence afin de discerner la volonté de Dieu : « ce qui, disait-il, est bon, agréable et parfait ». Au fond, c'est tout le Régime qui était corrompu, qui prétendait assurer la protection et la sécurité en faisant régner l'arbitraire et la terreur, rien de neuf sous le soleil, de Pilate à Hollande...

« Les Lumières, professait jadis Kant, c’est la sortie de l’homme de sa propre minorité, dont il est lui-même responsable ». Version décalquée et dégradée de ce que Christ le Doux avait inauguré en inventant l’homme libre : « «Le salut, c’est la sortie de l’homme de son propre péché, dont il est lui-même responsable. » De toute évidence, l'athéisme post-moderne niait l’une et l’autre proposition : l’homme devait demeurer dans sa propre minorité et dans son péché à la fois. Plus d'issue par la verticalité, et plus non plus par l'horizontalité : La preuve ? Tout ce que le locataire autiste de l'Élysée trouvait à proposer face au « malaise de la jeunesse » était … Un livret de citoyenneté ! Le collège à vie, autrement dit, et le droit d'élire tous les cinq ans son délégué... Mais il est vrai que ce président-là n'avait pour seul charisme que celui d'un principal de collège.

-(A SUIVRE)

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CONVERSION DE PAUL

 

mardi, 12 janvier 2016

Sondages

Après ça :

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Les Français veulent-ils vraiment ça ... ?

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14:29 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : sondages, présidentielles, primaires, juppé | | |

dimanche, 10 janvier 2016

Manifestation (5)

Jérôme longeait le quai Romain-Rolland, mi-joyeux mi-désemparé : Une rue pavée humide non loin d’une cathédrale, un horloger assassiné devant son échoppe, un assassin en cavale : Simenon, en quelques jours, aurait troussé une intrigue sacrément haletante ! Mais l’époque tournait le dos à Simenon depuis lurette. Et puis le père de Maigret fût-il encore au goût du siècle, soixante à quatre-vingts pages par jour semblait au besogneux Jérôme un cap infranchissable ! Pour finir, le polar avait changé d’ingrédients. Les flics de 2016 boulottaient tous en équipe : un black, un blanc, un beur, si possible supervisés par une quadragénaire dynamique. Le recours aux tests ADN supplantait le flair ancestral du limier, le profilage à l’américaine la déduction psychologique, et la coordination des services le solitaire obstiné. Bref, Simenon, c’était mort.

De toutes ces réflexions sur la matière dorénavant frelatée du roman de naguère aurait pu jaillir un corps narratif sanguinolent : mais l’entrain pour les contemporains capitaux s’était épuisé ; usé jusqu’à la corde, le « J’écris Paludes » de Gide fleurait dorénavant mauvais son atelier d’écriture du mercredi après-midi pour madame l’Agrégée de Lettres modernes. Et la libération textuelle ne passionnait plus grand monde parmi le Grand Show des images pour Indignés : Rien à tirer de ce meurtre, donc, qui ne pouvait servir dans les medias mainstream la cause d’une minorité discriminée. « Ren de chez Ren !» aurait dit Barnabé ! Le fuyard n’avait pas non plus hurlé Allah akbar, signant ainsi son appartenance à la race banale des petits casseurs de bijouteries mal grandis du dimanche… restait qu’à abandonner l’affaire à la page quartier du journal local.

Paul Ricard rejoindrait donc inévitablement l’innombrable foule des disparus sans cause, sans plaque et sans hommage présidentiel dont on retire le nom des logiciels, à la banque, à la poste et aux impôts,  une fois réglées les affaires courantes, et pour lesquels très rapidement plus personne ne prie. Leur destin commun, dans cette France tristement déchristianisée.

Un coup de pot : à peine parvenu à l’arrêt, un bus surgit du carrefour, qui fonçait à présent, presque vide, par les virages des ruelles désertes : Nous sommes, se disait-il, collectivement et depuis trop longtemps, engagés dans l’erreur : or les individus sont capables, grâce à la raison, de rebrousser chemin lorsqu’ils s’aperçoivent qu’ils ont fait fausse route. C’est même la preuve la plus jolie de leur intelligence. Mais les sociétés ? Les sociétés vont de leur allure erratique par les voies que leurs dirigeants leur fixent, et la moindre reculade, une fois les lois votées, les décrets publiés, les traités signées, se révèle impossible, surtout dans leur terrifiante démocrassouille où le poids des décisions prises par quelques-uns au nom de la majorité endoctrinée doit ensuite être porté et subi par tous. Une seule solution donc pour l’individu dissident : se dissocier du groupe, par la mise à l’écart ou le combat. Et comme il avait passé l’âge du combat, ne restait que la mise à l’écart.

Le bus arrivait devant son immeuble. Considérant les méandres de son existence, ses multiples échecs, il cherchait ses clés dans son trop grand manteau, se demandant s’il n’avait jamais disposé véritablement d’une autre solution…

(A suivre)

15:17 Publié dans Manifestation | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, simenon, gide, maigret, paludes | | |

samedi, 09 janvier 2016

Le trop œcuménique François

Mais de quelle religion François est-il le pape ?


 

17:27 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pape françois, œcuménisme, religion, bouddhisme, islam, catholicisme, bible, thora, vatican, vatican ii | | |