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mardi, 23 octobre 2012

Le foot, les Beaux Arts et les Lettres

Le footballeur Ibrahimovic est  aussi un écrivain. Si si. Il est en lice pour le prix August, l’équivalent suédois du Goncourt, qui sera remis le 28 novembre prochain. Fort à parier que cette annonce est un coup de com destiné à lancer la traduction française du bouquin pondu en collaboration avec le journaliste David Lagercrantz, et sobrement titré Moi Zlatan Ibrahimovic (un million d’exemplaires écoulés en Suède), et qu’il sera retiré avant des listes finales. N’empêche. De ses patrons qataris au prix mirobolant de son transfert au PSG, l’énergumène surgi des banlieues nordiques possède, dirait Barthes, « tous les signes de la post-modernité ». A ce titre, qui dira vraiment si cette chose hybride est un pauvre immigré qui a réussi ou  un membre de l’élite qui a grandi dans les cités,  un footballeur qui écrit ou un écrivain qui joue au foot.  Originaire de Bosnie Herzégovine par son père, de Croatie par sa mère, de Suède par sa nationalité, du Qatar par sa fiche de paye, du PSG par son club, en Ibrahimovic s’infusent tant de sèmes comme autant de trophées qu’il force notre respect et mérite bien de l’académie.

 

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Cela fait penser au coup de boule de Zidane sur Materazzi en 2006, décliné en « œuvre d’art » par le plasticien Adel Abdessemed, et installé jusqu’au 7 janvier devant le Centre Pompidou.  Le machin, intitulé Coup de tête (et non Coup de boule), trône sur le parvis de l’art contemporain, et non dedans. Tout ça tient du fils de prolo pas encore tout à fait admis dans  dans la bonne société, et qui dit zut au lieu de merde. Coup de tête, donc. Pourquoi pas Intellect, ou Esprit ? Cela viendra à son heure, n’en doutons pas, quand l’inénarrable Zizou sera entraîneur national.

Philippe Alain Michaud, le très ironique commissaire de l’exposition, explique que la sculpture est « une ode à la défaite » et que « Le regard de Zidane vers le sol nous rappelle celui d'Adam, chassé du paradis ». Plutôt qu’à la tradition judéo-chrétienne, c’est davantage à l’impérialisme de la Rome antique qu’il faudrait assimiler ces figures de bronze de cinq mètres à l'esthétique échappé d’on ne sait quel de ces pompeux trophées remis dans les fédérations de province, esthétique emblèmatique des temps plus-que-merdiques que nous vivons.

Dans le même goût, la récente toile d’Albert Groenheyde, assimilant la gloire sportive à un martyr avec la pose et le visage de ce très christique Usain Bolt dans la pure tradition du street-art en papier glacé affectionné par les aficionados du mélange des genres et du métissage culturel : Le foot comme langage artistique universel et l’art comme réceptacle du significatif rien de neuf sous le soleil qu’il a à dire. 

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lundi, 22 octobre 2012

La bonne attitude

En survoyant les quelques images de la naissance de l’UDI du play-boy recyclé Jean Louis Borloo, je comprenais pourquoi, décidément, je n’aime pas la politique. Je n’aime pas la politique parce qu’en effet, on ne peut en faire vraiment sans devoir d’abord accepter le cadre général dans lequel s’insère toute action politique dans la société contemporaine. Et le cadre en question, c’est d’abord l’ensemble des partis constitués. Puis les medias. Enfin l’opinion publique. Rien de très intéressant.

 

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Ils se tiennent les uns les autres, des plus extrêmes aux plus centristes, en un équilibre nauséeux.

Je déteste les pseudos valeurs culturelles prônées par les cyniques caciques du PS, auquel par négligence le pays a confié son destin. Du multiculturalisme à l'égalitarime, du tout communication au tout communautarisme, ce panier de crabes n’a rien de neuf à proposer depuis le second septennat de Mitterrand, l’avocat roublard qui «croyait aux forces de l’esprit» et confia le destin de sa «génération» aux pattes sales de Séguéla. Hollande et sa grossière roublardise, Montebourg et sa première page en marinière en sont les héritiers directs, tout comme Valls tente d’être celui de Sarkozy. Ils n’ont rien à proposer, sinon une Restauration feinte qui sent déjà le sapin.

Pour autant, se positionner contre cette domination en carton pate, en allant militer au sein du front de gauche de Mélenchon, du front national de Marine le Pen, de l’UMP versus Copé ou bien Fillon, ou encore de l’UDI intronisé par les deux momies d’un autre siècle que sont Simone Veil et Giscard d’Estaing, demeure de toute évidence une activité aussi fumeuse que dérisoire.

L’art, décidément, est la seule bonne attitude. Même si ce n'est qu'une attitude.

06:59 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : borloo, udi, politique, france, société | | |

vendredi, 19 octobre 2012

Éloge de l'automne

« C’est la saison où tout tombe / aux coups redoublés du vent », chantait Lamartine. C’est aussi la saison des peintres. La plus belle à mon goût, et nous voici plongés au cœur de ses multiples cercles. Pour décrire le ballet de feu des feuilles d’automne, Bloy évoque « les anges gardiens d’Octobre à qui fut confiée la douce agonie de la Nature » (1).On a tant parlé de cette saison comme du « soir de la vie » ou de « l’automne des idées » qu’on doit se murmurer à chaque coucher de soi-même quelle chance on a d’en traverser un nouveau, de part en part.

En automne, juge Baudelaire, « les nuages flottent comme des continents en voyage » (2). Prosaïquement, voici donc que le ciel se prend devant nos yeux pour une mappemonde : Tous les voyages demeurent possibles, comme avant Neil Armstrong et l’empreinte profane qu’il posa sur l’imaginaire des ancêtres. Après tout, si un homme a marché sur la lune, nul homme n’a jamais posé le pied sur mes nuages.

Aux variations de l’automne, chacun d’entre nous peut suspendre « la scintillante minute de son choix » (3). Je ne suis pas coloriste. Combien d’aquarelles aurai-je accomplies par les fleuves, les cieux, les étangs qui jaillissent des pochoirs de l’automne ?

« Une feuille qui tombe a divisé l’année / de son événement léger » (4) La sordide propagande ni la rude économie ni la triste technologie des hommes ne sont donc venues à bout des charmes de l’automne, et la parole la plus juste parmi eux demeure pour l’an encore celle, comme lui renouvelée, des poètes. Dût-elle un jour s’éclipser par mauvais sort, les mayas seraient justifiés, et ce serait la fin du monde.

 

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Eugène Brouillard, La fuite des populations devant le fléau (1917), reproduit dans l'ouvrage de D.Ranc et D.Vaginay, Eugène Brouillard, Dialogues avec la modernité, Libel, 2011

 

 

(I)Léon Bloy Poèmes en prose, «Octobre »

(2)Baudelaire, Spleen de Paris, « Les vocations »

(3) Je trouve l’expression chez Marius Marmillon, dans un article sur le peintre Ravier publié dans le numéro 61 de la revue Résonances en 1957.

(4) Paul Valéry, Poésies, « Equinoxe » 



10:12 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature, poésie, léon bloy, paul valéry, baudelaire, eugène brouillard | | |

jeudi, 18 octobre 2012

Pour peu

Ce qui compte tient en peu de paroles, peu d’êtres, peu d’objets.

Superflu, redondance  n’ont pas de sens quand le nécessaire est si rude à conserver.

L’art est la bonne attitude


08:00 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, poésie | | |

mardi, 16 octobre 2012

Touche pas à ma Rolex

L’horlogerie helvétique se porte bien. Une étude récente révèle que ses exportations dépassent, et de très loin, celles du vin français : 10 milliards de francs suisses (8,3 milliards d’euros pour le seul premier semestre 2012). On le savait depuis la boutade de Séguéla, la frime ne passe plus par le gosier mais se porte désormais au poignet ; Swatch et Rolex cognent plus fort que Gevrey-Chambertin ou Saint-Emilion. Daniel Wu, un blogueur chinois, s’est récemment fait censurer pour avoir mis en exergue des photos des dignitaires du parti exhibant tous à leurs poignets quelques beaux spécimens de montres de luxe.

Nos dignitaires de la gogôche ne sont pas en reste. Jérôme Cahuzac, le robespierrien ministre du budget, vient de se faire dérober à son domicile de 300 mètres carrés avenue Pierre de Serbie dans le 16ème arrondissement une collection de montres qui d’après le Parisien valaient à peu près 1.00.000 euros. Des Rolex, des Boucheron, des Jaeger Lecoultre, des Chaumet & Breitling. Bref, une vie plus que réussie. 

Dans un entretien au Meilleur des Montres en 2004, Moscovici, le compère de Cahuzac à Bercy, révélait que sa première Rolex datait de 1980. Le bon temps... Avec la crise, le port ostentatoire de la montre à gauche se fait plus discret. Il n'empêche. Pour Fabius, Védrine, Lang comme pour Moscovici et Cahuzac, elle est devenue l'objet d'une collection aussi futile qu'inavouable. Les joyaux de l’horlogerie suisse seront-ils, par ces moralisateurs de l’égalitarisme républicain et de la très hollandaise normalité, tous plus pourfendeurs du sarkozisme les uns que les autres, tenus pour des œuvres d’art au moment de leur éventuelle déclaration d’ISF ? On l’imagine. Touche pas à ma Rolex, touche pas à mon Soulages, touche pas à mon pote même combat…  

 

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lundi, 15 octobre 2012

Vaudeville à l'Elysée

Depuis le mois de mai dernier, une sorte de gag permanent est entré à l’Elysée. Le président, sa concubine qui se prend pour une première dame, son ex qui a failli en être une et ne s’en est jamais remise, un premier ministre fantoche qui est devenu la risée de tous, et des ministres qu’il leur faut recadrer après chaque passage devant une caméra, ce mauvais pantomime offrant de la gauche en général et de la France en particulier une image gaguesque au reste de la planète, je ne vois d’autre terme approprié.

Un peu comme dans une pièce de Jarry, c’est le règne d’Ubu : Le ministre de l’éducation nationale veut dépénaliser le cannabis, la ministre de la justice marier les homosexuels, le ministre de la phynance annonce qu'il va falloir se serrer la ceinture pendant des mois et le président dans ses discours explique au monde entier qu’il n’y a qu’a, qu’il faut que et qu’on doit. On a le sentiment non seulement d’un flottement, mais d’un véritable délitement. Cela commence à se ressentir dans les sondages plus vite que le pire des opposants à toute cette mascarade aurait pu l’espérer. Le pouvoir est là, certes. Mais pas l’autorité. C’est un peu comme si une troupe de second rôle avait investi les palais de la République. Et c’est, en période de crise, de mauvais augures pour ce pauvre pays. Car il va falloir tenir encore quatre ans et demi. Et beaucoup se demandent déjà comment un tel  pas de danse va être réalisable...

22:45 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : peillon, cannabis, ayrault, autorité, trierweiller, concubinage, france, sondages | | |

vendredi, 12 octobre 2012

Soulages aux Beaux-arts, l'outre noir et la crise

« Ce que j’explore depuis plusieurs années est, pour une grande part, fondé sur la qualité particulière, l’éclat spécifique de la lumière réfléchie sur la toile, venant au devant d’elle, transmutée par l’état de la surface et le noir qui la renvoie ». Parole du maître offertes au visiteur profane et fatigué de sa journée, paroles exposées en sobres linéales noires sur la paroi du temple : A 92 ans, Pierre Soulages cultive de fait un sens de la communication tout aussi pimpant que ses minauderies de richissime vieillard : « Je n’aime pas les expositions », susurre-t-il alors que le musée des Beaux-arts de Lyon en consacre une très médiatisée aux vingt-six dernières toiles qu’il produisit au XXIe siècle. Une décennie très outre noire, durant laquelle il déclina le concept de manière presque continue,  tel une petite musique sur le sillon d’un vinyle.

On pourrait ainsi longuement disserté sur la résolution conceptuelle de la luminosité des couleurs posées sur toile ou issues de l’écran, après qu’un siècle de remise en cause de la figuration a laissé la contre-culture exsangue devant l’art officiel et son pompeux galimatias. On pourrait rêver à ce lieu imaginaire où se dissiperait l’illusion tenace du noir et du blanc, dans une fusion aussi improbable qu’oxymorique de la synthèse additive et de la synthèse soustractive, du pixel et du pigment, à l’endroit même où l’art expire. Seulement voilà, nous sommes en temps de crise.

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Aussi, tandis que le gouvernement socialiste songe aux intérêts médiatiques qu’il aurait à inclure dans le calcul de l’ISF toute œuvre d’art de plus de 50 000 euros, d’autres débats, plus pragmatiques qu’esthétiques se font plaisamment entendre à propos de cette très cultureuse niche fiscale Les vernissages de rentrée ne sont-ils pas des lieux de soucieuse urbanité autant que de pure contemplation ?

Cette mesure, le vieux renard de l’outre noir se déclare donc « farouchement contre ». Ce serait même « une catastrophe » affirme-t-il, évoquant l’exil fiscal des œuvres, pendant culturel et vaguement gauchisant à l’exil fiscal des capitaux sonnants et trébuchants des vilains Arnault de droite… « Il faut que les œuvres d’art ne soient pas comprises dans l’ISF », poursuit le maître, évoquant même le risque que naisse, (comme s’il n’existait depuis longtemps déjà,) « une sorte d’art officiel qui serait la pire des choses ». L’œil humide, on se prendrait presque à regretter ces bons temps mitterrandiens, quand les milliardaires de gauche et de moins gauche vendaient leurs yachts pour acheter des Picasso.

A cet endroit perce cependant un souci : Le marché de l’art contemporain et les tableaux de Soulages conserveraient-ils le même attrait, si Bercy se mettait à y jeter une calculette ? Outre noire se révèle décidément la fangeuse duplicité de l’époque ! Entre sombre lumière et claire obscurité jaillit alors la nudité sordide du jeu démocratique, dans le sillage d’un marché qui n’aura décidément jamais cessé de le contredire, le jeu démocratique. Et l’on se demande même,  tant commune est l'imposture, si l’on pourra longtemps garder la possibilité, futile et salutaire, d’en sourire ouvertement…

08:38 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : soulages, musée des beaux-arts, lyon, isf, oeuvres d'art, france, culture | | |

mardi, 09 octobre 2012

Une exposition sur Eugène Brouillard

D'Eugène Brouillard, on connait principalement les paysages, grands arbres en bordure de lacs ou de rivières, cieux crépusculaires se mirant sur les champs et les étangs. Autodidacte quelque peu marginal, cet ancien dessinandier dans la Fabrique de soie a pourtant développé un style varié, jouant de sa palette de couleurs dans des visions urbaines, des vues ensoleillées et des portraits originaux qui demeurent à découvrir.

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L’association des amis d’Eugène Brouillard, que préside Denis Vaginay, nous invite donc à approfondir la connaissance de son oeuvre grâce à une exposition qui aura lieu à Lyon, du vendredi 12 au mercredi 17 octobre, 70 rue Vendôme, Lyon 6ème.

Y seront présentées une cinquantaine d’œuvres, dont plusieurs portraits, un genre qui n’avait pas été abordé lors de la première rétrospective. Ce billet est l'occasion de rappeler également le livre que Denis Vaginay et Didier Ranc ont consacré à ce peintre, et qu'a préfacé Paul Dini, Dialogues avec la modernité

Ci-dessus, Les moissons, une déclinaison en bleu, vert, jaune qui date de 1922. Ci-dessous, deux portraits : le premier, pâle sur fond noir de la mère du peintre, le second, plus surprenant encore et titré Le Féodal, daté de 1907.

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Exposition du vendredi 12 au mercredi 17 octobre 2012

70 rue Vendôme, Lyon 6ème

de 10 à 12 heures et de 14 à 17 heures

20:34 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : eugène brouillard, lyon, peinture | | |

dimanche, 07 octobre 2012

Telle est la chanson de Vincent Peillon

Fonder, refonder l’école : il est assez comique de voir le ministre Vincent Peillon reprendre, pour initier sa réforme, la sémantique de ses opposants et utiliser ces termes hyperboliques employés naguère par les tenants d’une école exigeante face aux réformes conduites par ses confrères, le ministre Allègre et son successeur Lang, ministres socialistes des années 90.

Parmi ces opposants à ce qu’on appela alors le démantèlement de l’école républicaine, ce petit ouvrage de Joël Gaubert qu’on trouve peut-être encore sur certains marchés d’occasion, L’Ecole républicaine, Chronique d’une mort annoncée, 1989-1999 publié aux éditions pleins feux. Après une longue analyse du double discours tenu par le gouvernement socialiste d’alors , ce professeur de philosophie écrivait : « Pour entamer vraiment la refondation de l’école, il est fondamental de commencer par reconstruire l’idée encyclopédique et architectonique des savoirs à transmettre et qu’il est nécessaire de s’approprier pour s’accomplir comme homme libre car éclairé, selon la diversité manifeste mais aussi la profonde unité des dispositions et aspirations humaines. Cette tâche ne peut être confié qu’à un comité de savants qui savent ce dont ils parlent, et non pas à des experts de l’enfance, de la société ou encore de la communication, qui méprisent les disciplines, en toute indépendance à l’égard des cabinets ministériels du moment.».

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Alors que les socialistes vont annoncer leur « projet », la relecture de cette seule phrase est à la fois triste et savoureuse. Car on voit bien à quel le projet Peillon, loin de refonder quoi que ce soit, continue d’aligner l’école sur des contingences extérieures à la transmission raisonnée des savoirs :

Axé sur la suppression des devoirs à la maison et la limitation des heures de cours, la création d’un unique niveau en maternelle (ce qui revient à en faire une immense crèche)  il vise encore, sous prétexte de « réduire l’inégalité », et de supprimer « la pression de l’évaluation » à combattre l’apprentissage de l’excellence et la diversité des talents au profit de la simple socialisation et du moule commun pour tous. (1)

Théorisé à partir des « pics d’attention et de fatigue »et du « mal-être » présumé  des élèves », il donne la part belle à ces fameux experts des sciences de l’éducation dont la gauche raffole, et qui ont tous retrouvé leurs postes dans les IUFM que Hollande a rétabli à peine entré à l’Elysée, comme si l’avenir du pays dépendait de l’affectation à ces postes privilégiés de quelques-uns.

Visant à long terme à la suppression des redoublements,  et à la refonte des évaluations, le projet de Vincent Peillon  apparaît surtout comme une mesure d’équilibre économique plus que jamais décrétée par  « les cabinets ministériels du moment » après le passage obligé par l'inénarrable  « commission d’expert ». N’oublions pas la part belle donnée aux communicants et à leurs effets d’annonce qui ont pondu ce slogan digne du travailler plus pour gagner plus de Sarkozy : il y aura dans le primaire, plus de professeurs que de classes…  

Telle est donc la chanson ...  de Vincent Peillon...

A ce doctrinaire et immodeste ministre il faudrait rappeler la seule mesure efficace prônée d'ailleurs par Gaubert et par tant d'autres du terrain (comme disent les experts) et qui d'ailleurs avait été intelligemment reprise par le candidat Bayrou : à l'école, ô politiciens avides de laisser votre trace sur le moment, pour une fois surtout pas de réformes, ne touchez à rien, et laissez les gens travailler... 

(1) : Ce n'est pas sans inquiétude que j'entends Valls comme Hollande systématiquement renvoyer, dans leurs discours officiels, le traitement des problèmes de violence et dorénavant de terrorisme à l'école. Comme si cette dernière avait la solution à tous les problèmes religieux et sociaux posés par la gestion politicienne de ces trente dernières années. De quoi donner envie à tous les gens sensés de mettre leurs enfants dans le privé...

11:19 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : vincent peillon, refonder l'école, politique, france, société, culture | | |