jeudi, 19 mai 2011
La valeur de DSK
Un million de dollars ! Cinq millions : voilà, tout est dit. Combien de vrais marlous et de véritables grisettes capables de verser de telles cautions ?
Eclatant. Comme le pouvoir des réseaux. Un million de dollars de caution, cinq millions de dépôt de garantie, sortis rubis sur l’ongle par la bonne Anne aux yeux clairs de 7 sur 7, pour libérer le mentor à qui la gauche française songeait à confier son pitoyable destin, et qu’elle continue de protéger tant elle a cru au storry-telling strauss-kahnien. Sans se rendre compte que plus elle le protège, et plus il l’entrainera dans son naufrage ubuesque, au yeux d’un électorat cette fois-ci sur les dents.
Strauss-Kahn, ou la morgue de ceux qui savent qu’avec l’argent, les réseaux, on peut jouer avec la vie des autres impunément, jouer des rôles, endosser des personnages, et se remplir les poches à satiété, entraînera-t-il dans son naufrage ubuesque et ridicule le parti mitterrandien d’Epinay dont on se demande comment il avait survécu jusqu’à aujourd’hui ?
Non, décidément, cette gauche vendue qui ne fonctionne plus que sur l’empathie des images et la communication osera-t-elle nous faire accroire qu’elle tient là son martyre ? La prude Martine et le normal François ont du pain sur la planche…
L'été dernier, Bettencourt et Woerth, cette année Strauss-Kahn et le PS : quand la planche de la balançoire est pourrie, elle l'est sur sa droite comme sur sa gauche. Sur quoi l'elécteur peut-il encore poser son cul ?
23:10 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (33) | Tags : politique, ps, dsk, socialisme |
lundi, 09 mai 2011
Quelque chose de Mitterrand
Ah, le socialisme à la Tonton ! Impossible de ne pas jeter un regard ironique sur les festivités naphtalinées qui vont encombrer la télé cette semaine à l’occasion des Trente ans du 10 mai 81 ! S’agit-il, avec ce « Quelque chose de Mitterrand », de tenter de susciter des désirs d’alternance et de mythifier la non-histoire du PS français à l’heure où DSK qui débarque en Porsche voudrait que les clés du pouvoir fussent dans la boite à gants ? Le PS, comme l’UMP, n’a jamais été autre chose qu’une machine électorale, un raconteur d’histoires assez simpliste. Changer la vie, disait-il sublime, forcément sublime…
Depuis l’été, la stratégie d’Aubry se borne à expliquer aux Français que leur seul problème, c’est Sarkozy. De marteler que ce qui clocherait chez ce président, c’est sa personne. Une certaine partie de la droite, celle où l’anti-sarkozisme est le plus véhément, lui a prêté main-forte. L’idée est ainsi passée via les medias dans de nombreux esprits. La suite logique de cette première idée, c’est qu’il suffirait de changer la personne pour continuer à sa place la même politique. CQFD.
C’est alors que DSK pointe le bout de son nez avec son expérience de gouvernance économique mondiale incontestable, patron du FMI, pensez-donc ! Les Moscovici et autres Cambabélis apparaissent, au simple nom de Dominique, comme des chats en rut.
On croit les voir déjà à cet instant où, l’Elysée en poche, ils useront de l’expérience de Dominique au FMI comme d’un argument d’autorité pour affirmer, la main sur le cœur, que, tout socialistes qu’ils soient, la seule politique réaliste pour le peuple français sera une politique de rigueur. Parlez-en voire aux Grecs !
Par rapport à ce futur qu’ils espèrent proches, ce lointain passé de mai 81 qu’on célèbre sur toutes les chaînes comme si c’était un événement fondateur se voudrait un âge d’or.
Mitterrand lui au moins était cultivé, entend-on ça et là.
A ce point, il faut reconsidérer l’argument de la non-culture du président actuel, que le récent livre de Franz Olivier Gisbert, M. le Président et le film La Conquête, qui va sortir bientôt, replace à nouveau sur la table, et qu’on a l’air d’opposer à la prétendue culture de François Mitterrand.
Denis Podalydès, interprète de Mitterrand dans Changer la vie
00:17 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : mai 81, mitterrand, politique, denis podalydès |
samedi, 07 mai 2011
Français, vieux et moyen
Dans le bœuf, le morceau qu’il préférait était le manteau, le nom qu’on donnait dans son quartier à la hampe. Comme le morceau n’est pas si gros, il se rendait chez le boucher dès l’ouverture, pour assurer sa part du jour avant que les mères de familles nombreuses ne fassent la razzia.
Il ne ratait jamais le tirage de l’Euromillions. Parmi les dates des grandes victoires napoléoniennes, il avait choisi plusieurs numéros pour figurer les chiffres et les étoiles à cocher sur les grilles. Comme il ne jouait jamais, il guettait toujours sur l’écran la chute des boules, avec au ventre la peur que sa martingale sortît. A la fin, il poussait toujours un ouf de soulagement en constatant que sa combinaison n’était pas tombée. Ne l’ayant pas jouée, il s’estimait remboursé. Et le lendemain, buvait un verre de Viognier à la santé de cette putain de Française des Jeux, heureux, au PMU du coin.
Sitôt quitté le collège, il n’avait plus lu aucun roman. Durant son existence, il n’avait d’ailleurs terminé que peu de livres : quelques essais de libres penseurs l’avaient intéressé dans les années soixante, mais à présent qu’il s’approchait de la vieillesse, il songeait qu’il était inutile de se brûler les yeux pour si peu.
Sa vie professionnelle avait filé sans brio, lui assurant juste la possibilité de traverser les temps de crise sans trop manquer, comme disaient jadis les braves gens qui l’avaient élevé et qui tous étaient morts. Mais sans non plus lui permettre de se mettre à l’abri. Le soir, avant de s’endormir, il entendait les quelques piétinements de Milou parmi la paille, dans le vieux fourneau qui lui servait de table de nuit et se murmurait en lui-même qu’au fond, ça n’avait pas été si mal d’être un rond de cuir, que ça aurait pu être pire.
Lorsque durant ses promenades, il croisait une bande de jeunes, il s’étonnait formidablement du fossé vaste qui désormais le séparait d’eux. Les vieux de sa jeunesse ressentaient-ils cet écart aussi vivement ? Ce qu’il avait pris jadis pour de la morgue ou du dédain, il comprenait à présent à quel point ça tenait de quelque chose d'imperceptiblement métaphysique : n'était-ce pas lié à cette chose que sans se l’avouer, depuis la disparition de sa vieille cousine (dernière de la famille à l’avoir ainsi quitté) il attendait à son tour ?
Les milliards de petits pas qu’il avait effectués sur l’asphalte chaque jour de sa vie compteraient-ils beaucoup plus que ceux de Milou sur la paille ? Savoir ! Au fond, l’existence de cet homme avait quelque chose de romanesque qui lui appartenait en propre mais que ni lui, ni aucun de ses semblables n’écrirait jamais. Ce romanesque tenait certes du désenchantement qui s’était saisi de toute sa génération vers la fin du siècle dernier, devant la fadeur décrétée du Réel. Mais aussi, sans doute, d’une capacité inébranlable à maintenir vivant en lui une sorte d’illusion de grandeur, qui le rendait au soir de sa vie aussi imbécile qu’heureux.
00:45 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : littérature, france, société, politique |
vendredi, 06 mai 2011
Les quotas de la FFF
Laurent Blanc se repose dans un palace à Merano. Ça fait dix ans, paraît-il, qu’il est un habitué des lieux. Il s’est senti blessé, meurtri (dixit la ministre des sports Jouanno) parce qu’on a sous-entendu publiquement qu'il était peut-être raciste. Pauvre petit chou, trop sensible, l'entraîneur ! C’est comme ça, les enfants de la télé. C’est ben vrai qu’être raciste, c’est très vilain ! Bouh le méchant entraîneur de l’équipe de France. Pas un exemple dans les banlieues incultes.
Depuis qu’il porte des lunettes, la boule à zéro, et ne tape plus dans un ballon, le sot Thuram se prend pour un penseur, un justicier (qui songe peut-être à une recon version politique), et il condamne : « Je ne peux accepter la discrimination des enfants de 12 ans ! » Accepter ! Dame ! Je ne peux ! Dans quelques années il sera bon pour la béatification. C’est bien. Lui n’est pas raciste ; c’est un gentil. Comme Noah. Qu’on se le dise.
L'intransigeant Edwy Plennel, lui aussi un bienfaiteur des droits de l'homme, devrait l’embaucher pour écrire dans son torchon de Médiapart. Il n’aurait sans doute pas les moyens de le payer, remarquez bien. Car Thuram, c’est la même espèce que Blanc, sans jeux de mots : ça pionce dans les palaces.
Me demande combien coûte une pige de Thuram, si creuse soit-elle de tout atome pensant. Il paraît qu’Eugène Saccomano, qui est quand même une vieille gloire du foot, prenait, lui, 3000 euros les 30 lignes durant la dernière coupe du monde. Le Thuram, ça doit être quinze fois plus, non. Eh, c’est que c'est de la viande de champion, comme Laurent ou Christophe. Nous f'rait un bon p'tit ministre des sports sous DSK ça, non ?
Christophe Dugarry de son côté proteste évidemment. C’est comme aux échecs, dorénavant l'équipe de 98 : les Blancs contre les Noirs. N’en déplaise au président de SOS racisme qui va bientôt pouvoir intenter un nouveau procès médiatique. Les avocats s'en frottent les mains. Le Zidane, lui, après avoir empoché son chèque du Qatar et s’être refait on ne se sait combien de fois recycler de sang dans des cliniques suisses, il y a encore des cons dans ce pays, comme Emmanuel Petit qui « l’implore » pour attendre ce qu’il a à dire. Pauvre France ! Rien à dire, le Zizou. Tout à empocher. On le sait depuis longtemps.
La seule chose sensée que j’ai entendue sur cette affaire sans intérêt, c’est Hervé Gatteigno, le rédacteur en chef du Point qui l’a dite : « Mais quand Zidane a gâché la finale en 2006 avec son coup de tête, est-ce qu'il représentait les Français ? Quand Deschamps, en 1998, a dédié la victoire des Bleus à Bernard Tapie, est-ce qu'il l'a fait en notre nom à tous ? Non. À vrai dire, l'équipe de France n'est pas plus la vitrine de la France que le groupe Renault, empêtré dans sa minable affaire d'espionnage bidon, ou que le film Bienvenue chez les Ch'tis, une farce assez navrante. » L’interview complet ici. Ci-dessous, Moustache, dans le rôle du probe reporter.
14:14 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : laurent blanc, quotas, fff, mediapart, hervé gattegno, football, politique, équipe de france |
Le socialisme dada
Alors que Sarkozy est au plus bas dans les sondages, les candidats socialistes s’étripent et se montrent incapables de saisir leur chance en dégageant en leur rang un chef légitime capable d’incarner le pays. Chacun pense à sa pomme, révèle son intérêt propre, son incapacité à rassembler, et tous perdent une occasion précieuse devant l’opinion de montrer l'unité du parti derrière un candidat. Qu’en serait-il dans une circonstance moins favorable ? On se le demande ! Cela s’appelle laisser passer sa chance, quel fiasco ! Un tel spectacle n'a rien d'étonnant, cela dit, pour ceux qui se souviennent du deuxième septennat de Mitterand durant lequel ces gaillard(e)s firent leurs classes, et de la décomposition générale qui s'en suivit.
A moins qu’un candidat type Mélenchon ou Chevènement effectue une percée crédible, ce qui est peu probable au-delà d’un succès d’estime au premier tour, je crois pouvoir dire que mai 2012, c’est plié.
10:07 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : politique, socialisme |
jeudi, 05 mai 2011
Capital santé
Que la santé soit un capital, le prolétaire vivant parmi les autres à la force de ses seuls bras l’a toujours su ; ainsi, bien conscient de la portée économique d’un physique en pleine forme, s’est-on s’est toujours souhaité de concert la bonne année de pair avec la bonne santé. Un proverbe malicieux que je relève dans un recueil de sagesse populaire le dit clairement : « Soigne ta peau, te la porteras longtemps »
Mais le rapport à la peau, c'est-à-dire à la santé, demeurait encore un rapport à soi, c'est-à-dire à l’être. On était en bonne santé. Ce qui a changé avec le capital santé, prolongement des chèques restaurant ou vacances, c’est que la santé est dorénavant un avoir qui s’entretient au même titre qu’un parc immobilier, un portefeuille d’actions ou un bon héritage. Comme l'expression, mon corps en bonne santé devient un lieu commun de l'époque, le capital-santé faisant partie du package indispensable à toute existence heureuse en social-démocratie globalisée.
Capital-santé : La notion s’est propagée durant ces foutues années 80, aussi incongrue à notre patrimoine culturelle qu’étrangère à notre patrimoine linguistique. Dans la forme, la suppression de la préposition entre le terme santé et le terme capital est une construction issue du marketing. Elle fleurait bon son consumérisme ambiant et son modernisme dynamique, tout comme les prix-fêtes, les cadeaux-fidélité, la ligne-visage, la laque-double action, la poudre spéciale-textiles délicats, l’assurance tous risques… Mais l’expression n’est pas seulement dissonante à l’oreille, elle est aussi lourde de trivialité en assimilant la bonne forme à une valeur capitalisable, autrement dit à un bien, une marchandise. Derrière la capital-santé se cache l’ombre massive de l’OMS et de ses recommandations : dans cette perspective, il ne suffit plus d’être bien dans sa peau pour soi-même, la santé devient une sorte de devoir (un de plus) à l’égard de la société de consommation : manger équilibré, limiter le sucre, surveiller le cholestérol, dépister le cancer à temps, ne pas fumer, ne pas boire et rester svelte… Bref, traiter son corps comme une partie de l’espace public, et non plus comme le lieu même de l’intime.
Au regard de la norme ainsi constituée avec sa cohorte de Diafoirus (pharmaciens, diététiciens, conseillers et spécialistes de tous crins), le « comportement sanitaire » de chacun d’entre nous devient conforme ou non à ce qu’on peut attendre d’un bon citoyen, au même titre qu’un comportement économique ou social.
Parlera-t-on un jour de délinquant sanitaire ?
Les plus imprévoyants, déjà, les plus irresponsables (les pauvres et les incultes) qui perdent ou dissipent leur capital pour finir poivrots, tabagiques ou obèses sont de plus en plus mis à l’index. A l’autre bout de la table, on montre en exemple ceux qui savent rester sain en faisant fructifier leur capital, de liftings en transfusions sanguines complètes, de liposuccions en greffes d’organes : En matière de santé comme en tout, on ne fait crédit qu’aux riches.
10:46 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : politique, capital-santé, société |
lundi, 02 mai 2011
Qui dit mieux ?
Ben Laden n’est pas encore refroidi qu’on se demande déjà sur les chaînes d’info quelles seront les représailles d’Al-Qaida. Enfin, pas encore refroidi… Il parait que pour empêcher des islamistes fanatiques de faire de sa tombe un lieu de pèlerinage, les Américains ont balancé son corps en haute mer. Décidément, l’homme occidental vit toujours dans la peur, la méfiance ou la prospection.
Bien sûr, moi, confiant comme jamais dans les autorités qui nous gouvernent, en voyant Obama droit comme un cierge annoncer au monde entier la mort de l’Ennemi public n°1, je n’ai pu m’empêcher d’en douter. D’autant plus que ces cons ont laissé circuler sur Internet une photo truquée datant de 2010. Eh oui, y’a pas que les gosses du numérique qui jouent avec Photoshop :
Ces jours-ci, faut avouer, l’actualité à la Hergé nous gâte et le téléspectateur bédéssiné moyen qui suit le feuilleton devient, de bulle en bulle, de plus en plus exigeant : Un mariage princier, une béatification papale, et aujourd’hui le dézingage du terroriste qui tenait la dragée haute à l’Amérique depuis 10 ans. On en oublie déjà celui du fils Kadhafi d’hier. A peine commencé, le XXIème siècle serait-il fini ?
Quant à la centrale de Fukushima, tout le monde se fout désormais de savoir où est en l’état des travaux. Ne parlons pas des résultats de la Ligue 1 et des deux olympiques de plus en plus minables courant derrière les lillois. De quoi va-t-on parler demain ? L’animateur (trice) aux yeux pétillants sur le plateau, ainsi que ses futurs invités, exultent.
La Grande Bretagne, le Vatican, les USA ont fait leur show : A ce rythme-là il va falloir que François Hollande et ses copains (pines), qui battent la campagne à répétition pour faire parler d'eux, inventent vite autre chose que de simples primaires pour intéresser le chaland à leur non-politique…
17:49 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : ben laden, actualité, politique, obama |
dimanche, 24 avril 2011
Salauds de pauvres
Marine Le Pen, ça se confirme, fait un tabac chez les ouvriers : 36%, affirme un sondage du Journal du Dimanche. C’est finalement un signe de santé de la part de cet électorat qui majoritairement, qu’il vînt de la droite ou de la gauche extrêmes, avait rejeté la Constitution giscardienne et que les barons de l’UMP comme ceux du PS giflent et toisent de haut depuis des décennies. Décomplexés, les pauvres ! Salauds de pauvres !
Et c’est drôle de voir les états majors de tous bords affuter leurs arguments : Marine Le Pen n’a pas de programme, ne tiendra pas ses promesses, Marine Le Pen décevra… Comme si eux, non plus n’étaient pas, n’’avaient jamais été des professionnels de la déception. Comme si eux non plus ne s’apprêtaient pas à décevoir.
D’ailleurs, les riches ont tort et le savent : Ils savent que Marine le Pen ne décevra pas, elle, et les pauvres le savent aussi, puisqu’elle ne sera jamais élue. Elle ne sera jamais élue contre leur monde, celui des medias, de l’économie, de la finance et des affaires. Elle ne décevra donc pas. La boucle est bouclée et le roi est nu, le roi est plus que nu, sur sa fesse droite comme sur sa fesse gauche.
C’est pourquoi toutes leurs sirènes d’alarmes, leurs gyrophares policiers et leurs mines de circonstance devant ces sondages en réalité calamiteux pour eux sont si vains, sonnent si faux, mettent une fois de plus à nue leur seule ambition au service d’eux-mêmes, dans ces primaires aussi ridicules là où elles sont déclarées (à gauche) que là où elles ne le sont pas (au centre et à droite).
Tout le monde sait que si elle passe le 1er tour, Marine Le Pen ne servira, comme son père avant elle, qu’à faire élire avec un score sans doute moins pharaonique que le désastreux Chirac (82,21 % au premier tour !), mais cependant toujours aussi peu représentatif, un de ces candidats du sérail.
Alors, le vote utile ?
Même cette rhétorique éculée ne prend plus. Comme si finalement, les pauvres disaient aux riches qu’ils se foutent bien que ce soit l’un ou l’autre d’entre eux qui les gouverne, puisque comme le fit au forceps la constitution européenne, ce sera de toute façon l'un ou l'autre d'entre eux qui passera.
La politique n’est plus même un spectacle qu'on se contente de regarder de l'autre côté d'un écran. Le parterre veut s’amuser. Et demande à rire un peu.
19:41 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : marine le pen, politique, france, 2012, élections |
jeudi, 21 avril 2011
Laïcité : où conduit l'égalitarisme ?
Où conduit l’égalitarisme ? En matière d’enseignement, à ne à plus considérer la valeur personnelle de chaque individu, mais la nécessité politique de décerner à chaque membre du troupeau dès sa majorité un vague diplôme.
L’égalitarisme confond l’égalité des droits et celle des devoirs avec celle des valeurs, en dressant une analogie de principe entre elles. Bien sûr qu’un élève a les mêmes droits et les mêmes devoirs qu’un autre. Mais comment nier le fait que son effort, son travail, son niveau diffèrent de ceux d’un autre : c’est d’ailleurs ce que le système et son besoin de notes demande aux professeurs d’évaluer, tout en leur expliquant depuis bientôt trente ans qu’il ne faut pas faire de discriminations entre bons et mauvais au nom de l’éthique républicaine et de je ne sais quelle morale éducative.
Lorsque Claude Allègre, alors ministre de l’Education Nationale, déclara que le français était une langue comme les autres, il avait bien sûr raison en tant que linguiste. Pourtant, chargée d’affects comme elle l’est pour les Français, leur langue maternelle n’est pas une langue comme les autres et la pensée abstraite qui veut faire d’elle l’équivalent d’une autre se trompe, de la même manière que lorsqu’elle postule une égalité de valeur entre l’effort et le travail de divers élèves. Toutes les littératures, tous les mouvements culturels se valent-ils ? Oui dans l’absolu. Non dans les faits. De la même façon que l’italien, l’arabe, le russe ou l’hindi ne sont pas des langues comme les autres pour des Italiens, des Arabes, des Russes ou des Hindis, le français non plus n’en est évidemment pas une. De la même manière, notre mère n’est pas, quoi qu’on en dise, une femme comme les autres. Personne ne pense sans affects. Le croire est un leurre.
Appliqué à la laïcité, voilà ce que donne ce dogme de l’égalitarisme: en France, le christianisme devrait être une religion comme les autres ! Quelle tartufferie ! Raisonnement de sociologue rompu à la bien-pensance de l’égalitarisme démagogique, raisonnement se croyant objectif alors qu’il n’est qu’analogique. Pur sophisme. Car à moins de gommer quinze siècles de culture et d’histoire, force est de constater qu’en France, le christianisme ne peut être « une religion comme les autres », le christianisme n’ayant pas produit sur cette terre les mêmes effets ni les mêmes mœurs, les mêmes langages ni les mêmes significations que d’autres religions. La réciproque est vraie en d’autres terres. Le nier est une folie.
La laïcité postule fort justement que tous les hommes ont une liberté de conscience, celle de croire ou de ne pas croire, et qu’en terme de droit ils sont égaux, et que le fait politique et le fait religieux sont indépendants l’un de l’autre. Il ne vient à l’esprit de personne de contester cela. Mais là encore, égalité de droits ne présuppose pas égalité de valeurs, ni égalité d’histoire. Or, à moins d’un révisionnisme gigantesque – en cours, certes, mais pas encore achevé -, on ne parviendra pas à faire avaler aux gens que l’influence chrétienne est anodine dans ce pays, que l’histoire et la culture ne l’ont pas chargé d’une valeur identitaire spécifique, et qu’elle doit céder le pas à d’autres.
Que cherchent au fond les tenants de l’égalitarisme en laïcité ? Et de quoi ont-ils peur ?
Je crois pouvoir dire que ce qu’ils redoutent est rien moins que la guerre civile. « « C’est pour protéger la paix civile », combien de fois ne l’ai-je pas entendu, que l’égalitarisme a peu à peu supplanté ce qu’on appelle désormais l’élitisme à l’école, et qui n’était ni plus ni moins que la reconnaissance des différentes valeurs. Or à quoi a-t-on abouti ? A niveler par le bas, et à installer cet à-peu-près et cette violence larvée qui règnent dans les classes, surtout comme on le dit d’un pudique euphémisme, dans les « classes difficiles ». A générer surtout de l’inculture. Une effroyable amnésie collective dont les adultes sont les premiers responsables et qu’ils font payer le plus souvent, parents compris, à leurs mômes.
Cela se comprend très bien : lorsqu’on ôte aux gens la valeur, c’est-à-dire la signification des choses, on les rend, c’est bien normal, violents. Introduire l’égalitarisme en laïcité, c’est nier les valeurs diverses qu’ont – ou n’ont pas – les religions diverses aux yeux des croyants comme des non-croyants. Parler du passé chrétien de la France, comme du passé musulman d’une autre nation, n’est en rien scandaleux. Au contraire ! C’est ramener de la diachronie, rappeler certaines évidences lorsqu’au tamis de la pensée analogique et du consumérisme, on souhaite abolir les différences, niveler les croyances et mettre les comportements singuliers au pas du même dogme : celui de l’amnésie.
09:03 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : politique, religion, laïcité, égalitarisme |