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vendredi, 17 juillet 2015

Mystères douloureux

Parmi les mystères sur lesquels les Chrétiens qui  récitent le Rosaire  sont invités à méditer se trouvent, le vendredi, les Mystères douloureux. Et c’est en effet un moment indescriptible que celui durant lequel, se figurant le Christ sous les crachats des imbéciles, les flagellations des mécréants, les huées des prêtres juifs, les coups des païens, et finalement mis en croix devant eux tous, les Chrétiens récitent à sa Mère, tout  en suivant leur chapelet ; « Je vous salue Marie, pleine de grâces… » Sa mère au pied de la Croix… C’est un mystère qui dépasse toute conscience humaine en effet, toute limite de l’esprit et du sentiment, que de devoir nommer grâce  ce à quoi Marie assiste, et qui est proprement inenvisageable, et qu’il faut pourtant imaginer, et qui est vraiment douloureux, pour ressentir une bonne fois pour toute l’exécration véritable de toute nature humaine plongée dans le péché, et toute l’étendue de la grâce divine venue la sauver.

Méditer sur la Passion du Fils Unique de Dieu devrait suffire à faire comprendre à chacun ce que le Christ a subi de la nature pécheresse des hommes, et partant, quel est l’arbre aux bons fruits et quels sont ceux aux mauvais.

Quand on voit les horreurs que certains Islamistes, pour venger l’honneur de leur « Prophète » caricaturé par un journal, vont jusqu’à commettre, on se dit que les Chrétiens, s'ils suivaient cette même logique, devraient pour venger le Christ tuer tous les Juifs, et tous les païens, et même tous les Musulmans qui se laissent persuader qu’un Prophète puisse encore exister, après la Passion et la Croix…

Mais non. Le christianisme n’est pas une religion d’amour parmi d’autres (discours officiel des déistes), il est la religion d’amour. La Passion en est la preuve.

Certes, nous ne sommes pas et nous ne vivons pas à cette hauteur.

Lorsque le Christ répondit à Pierre qui venait de lui dire : « - Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant », « - Tu es heureux ; Simon Bar-Jona, car ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux ; tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle » [Matthieu, 16/16-18] pour aussitôt après lui jeter à la figure : « - Va-t-en ! Arrière de moi, Satan ! tu m’es scandale car tu n’as pas le sens des choses de Dieu, mais celui des choses de l’homme » [Matthieu, 16/23], c’est ce que le Christ entend, bien sûr. Les Chrétiens ne sont pas parfaits et ne vivent évidemment pas à cette hauteur.

Est-ce une raison pour contrefaire les vérités et créer entre des religions qui n’ont rien à voir ensemble des amalgames douteux ? Prenez par exemple le mot martyr, qu’on entend à toutes les sauces. Mourir en martyr, pour le Jihad, c’est mettre à mort le plus possible d’infidèles en se croyant ainsi aimé de Dieu, mourir pour sa cause. Pour l’Eglise, mourir en martyr, c’est mourir parce qu’on aime Dieu, et qu’on refuse de renier sa foi devant des bourreaux qui le demandent. Un soupçon différent, non ? 

Aujourd’hui, les seuls martyrs qu’on puisse reconnaître et sanctifier sont les Chrétiens massacrés en Orient parce qu’ils n’abjurent pas le Christ face aux fous de Daesh, ce ne sont pourtant pas eux qui font la une des journaux… Curieuse inversion sur laquelle on devrait méditer, et qui me rappelle ces propos limpides de Jean, dans sa première lettre, sans lesquels il n’y a plus de christianisme véritable : « Voyez par l’épreuve si les esprits sont de Dieu, car plusieurs faux-prophètes sont venus dans le monde », et puis à la fin : « Nous savons que le Fils de Dieu est venu, et qu’il nous a donné l’intelligence pour connaître le vrai Dieu, étant en son Fils Jésus-Christ. C’est lui qui est le Dieu véritable et la vie éternelle. Mes petits enfants, gardez-vous des idoles. »

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Millet, l'Angelus...

dimanche, 12 juillet 2015

Eurodégats

« Il ne faut pas se leurrer. Une soirée électorale n’est qu’une soirée spectaculaire dans un monde où le vrai n’est qu’un moment du faux », écrivais-je dimanche dernier. Une semaine plus tard, le faux a repris tout ses droits, le suspens est clos. Aux Grecs, on fera une fois de plus l’aumône d’un plan de restructuration, ou bien on les jetera dehors. Malgré le sirtaki de dimanche dernier, leur destin, de toute façon, n’est pas plus entre leurs mains que le nôtre. Les dirigeants européens sont des chiens, à commencer par ce caniche binoclard et parvenu, épris des estrades, que nous aurons la honte de devoir supporter encore deux ans. Plutôt que de fêter ce Quatorze Juillet aussi ridicule que momifié, si la France avait un état d’esprit républicain et, comme ce gouvernement le prétend, un sens véritablement européen, elle mettrait sur la table tout le pognon des défilés et des feux d’artifice pour aider les Grecs et, dans la foulée, marquer les opinions publiques mondiales. Voilà qui ferait du buzz, aurait de la gueule et ferait bouger les lignes, comme disent les communicants. Une partie pour les Grecs,  une partie pour les chrétiens du Moyen Orient. Mais l’Eurogroupe économique, qui rime si bien avec satanique, cette Euromerde ne le souhaite pas. Ce serait se rappeler que nous sommes avant tout des peuples chrétiens.  Et Hollande préfèrera promener son bedon aux Champs. J’espère que cette année, il y aura foule pour le conspuer.

Dans toute l’Euromerde, les couvents et les hôtels Dieu fondés au fil des siècles par des moines et des saints sont un par un métamorphosés en hôtels de passe luxueux pour milliardaires affairistes ou désœuvrés, dans l’indifférence générale d’électeurs lobotomisés. Sommes-nous nombreux à nous offusquer à l’idée de transformer des églises en mosquées ? Des millions de gens semblent donc ne plus comprendre ce que le simple fait de se proclamer Le Prophète, sept siècles après la Croix, eut en soi de blasphématoire et d’anti-chrétien. Ne parlons pas du Jihad et du reste.

 

Sur un plan collectif, que louer, qu’admirer, que sauver de ces pays égarés dans cette zone, renégats d’eux-mêmes, et qui acceptent toutes les humiliations, toutes les compromissions, perpétuent tous les reniements. Un comble : J’entends que les Allemands proposent à la Grèce une sortie de l’euro temporaire... Une appartenance européenne à géométrie variable, autrement dit ! Une histoire en pointillés… Cela nous montre à quel point il est urgent de rétablir partout des souverainetés nationales et historiquement fiables, à commencer par la France, où les laïcards de toutes obédiences croient avoir fait tabula rasa de toute mémoire et de toute culture. « France, qu’as-tu fait de ton baptême ? » lançait naguère et si justement Jean Paul II. Il n’y aura sinon plus grand-chose à tirer de ce désastre, à espérer de cet oubli de Dieu, sinon pour chacun le salut individuel, malgré la nuit de l’apostasie.

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Croix de campagne, photo Yves Jacquel

 

14:04 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grèce, euro, eurogroupe, islam, christianisme, mahomet | | |

mardi, 30 juin 2015

Des pensées humaines...

Canicule annoncée, terrorisme et crise grecque : cette fin de mois de juin fait vivre les populations dans un climat d’accablement et d’impuissance exacerbés, qui rend tout simplement absurde la simple idée de partir en vacances. Comme si où que chacun allât, nous étions tous enfermés dans un même lieu, une sorte de fournaise collective dont rien ni personne n’émerge, une nuée de laideurs communément partagées, une  confusion des valeurs et une inversion des aspirations les plus nobles, bref, dans ce mal informel et avare d’originalité auquel le divertissement sociétal nous livre ; ce mal qui attriste et salit le monde, ce magma de « pensées humaines », dont nous ne demanderons jamais assez d’être à jamais affranchis, « sed libera nos a malo »…

Saint Thomas d’Aquin, dans son commentaire de l’oraison dominicale, explique nettement combien cette dernière demande du Pater Noster, «libère-nous du mal », ne peut être une fin en soi. Mais un simple moyen pour que la première demande, « Que ton Nom soit sanctifié »  (« sanctificetur nomen tuum » qui est, elle, la seule finalité de la prière) arrive.

Que les hommes soient délivrés du Mal pour demeurer entre eux dans leurs vaines pensées, à quoi bon en effet, si le Nom de Dieu n'est pas sanctifié par tous ?

Mais cela, comment nos bons humanistes [qui ne voient plus que l’homme partout, l’homme et ses valeurs, l’homme et sa démocratie, l’homme et sa science, l’homme et sa survie, l’homme, ses Droits, ses œuvres et ses pensées] pourraient-ils encore l’entendre, le souhaiter et le murmurer, agenouillés devant un autel ?

Eux qui, dès qu’ils se trouvent confrontés au Mal dans sa version extrême, poussent des cris d’orfraie et engagent des dissertations aussi inutiles que ridicules sur ce que doit être ou non une civilisation ? Ah, la ronde Aubry et sa « brillante civilisation arabo-musulmane », Valls, Bush père et fils et tutti quanti, quelle rigolade !

Comment ces bons humanistes qui ont oublié une bonne fois pour toutes le visage du Dieu venu racheter, sur l’arbre de la Croix, le Mal qu’ils sont eux en essence, comment  seraient-il capables de le prier ? Tout ira de mal en pis, c’est certain, car ils ne veulent être délivrés du Mal que pour eux-mêmes, et sont déjà perdus.

 

Hier et aujourd’hui, pendant ce temps-là, l’Eglise fête ses deux apôtres, Pierre et Paul.

En mémoire vive de ses deux colonnes principales, l’Eglise doit plus que jamais ne pas être confondue –même s’ils sont admirables – avec les bâtiments qui partout la composent. Même si, à peine béni pour avoir reçu cette révélation « non de la chair et du sang, mais du Père qui est dans les Cieux » (Mathieu XVI – 17), Saint Pierre se retrouve, par le Christ lui-même, traité de Satan [« car tu n’as pas d’intelligence des choses de Dieu, tu n’as que des pensées humaines » (Mathieu, XVI, 23…)], son  corps mystique demeure une assemblée de pécheurs repentis autour de l’hostie, participant d’un combat commun contre le même ennemi. C’est la raison pour laquelle le Christ a dit que « portae inferi non praevalebunt adversus eam » (les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle). Et dans la fournaise humaine dont il était question plus haut, cela reste in saecula saeculorum d’une cuisante actualité pour nous tous…

 

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Giotto, Saint François d'Assise chassant les démons

 

dimanche, 21 juin 2015

Dans les griffes de Satan

On ne croit plus guère à Satan. On a tort. Car les trois tentations qu’il a adressées au Christ dans le désert dit depuis de la Quarantaine, au Nord de Jéricho, (Mathieu – IV, 1-11) sont d’une actualité effrayante.

La première, qui est de changer les pierres en pains, semble ne rien contenir de démoniaque, au contraire. Jésus ayant jeûné quarante jours, ce propos fait mine de s’adresser à sa propre faim, mais de manière plus large, il représente aussi une tentation humaniste et généreuse qui passe même de nos jours pour être hautement morale : se proposer de nourrir tous les hommes, puisqu’on prétend en avoir le pouvoir. Or Jésus la rejette d’un coup, alléguant l’Ecriture : « L’Homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». S’il avait prêté l’oreille à cette tentation, il aurait en effet subordonné sa puissance divine aux besoins matériels humains, sa puissance éternelle aux besoins immédiats des vivants, sa puissance spirituelle à des nécessités économiques, car nourrir les corps est censé n’être que le boulot du politique. On voit ici comme Satan tente de pervertir la mission même du Christ, en lui proposant de définir son action au sein du champ borné de ce qu’on appelle aujourd’hui l’humanisme, voire l’humanitaire, lequel occupe pourtant beaucoup de belles âmes

Mais le Christ lui rappelle que la source de toute nourriture authentique demeure, selon l’Ecriture, la Parole, qui incarne face aux propositions du diable le seul réconfort, le seul véritable pain spirituel ; lequel préfigure d’une certaine façon l’hostie. Par ce refus très net, Satan, qui tentait d’arracher le pain spirituel des générations futures à Celui venu le leur apporter, est une première fois vaincu, et le Sauveur pose la première pierre de son magistère divin.

La deuxième tentation vise à fixer des limites politiques et religieuses à ce magistère : « Jetez-vous en bas [du pinacle du temple de Jérusalem], car il est écrit : Il donnera pour vous des ordres à ses anges, et ils vous prendront sur leurs mains, de peur que votre pied ne heurte contre une pierre. »  Par un aussi éclatant prodige, le Christ aurait été immédiatement reconnu par les Juifs comme le Messie qu’ils attendaient (attendent encore ?). Ceint de l’épée ce dernier devrait abattre toute puissance rivale et faire régner sur la terre de Juda une abondance matérielle et charnelle sans égale, instaurant ainsi la Jérusalem terrestre. En repoussant un tel projet (on dirait aujourd’hui un tel story-telling présent dans tous les programmes électoraux), le Christ heurte tous les préjugés des Juifs, qu’ils soient Pharisiens ou Sadducéens, et soulèvera toute leur haine. Il ne sera pas tel jadis David ou tel plus tard Mahomet un prince conquérant, car le propre fils de Dieu ne tente pas en vain son Père. Le miracle chrétien est celui de l’Incarnation, pas celui de la conquête ; il tient dans la raison, et pas dans le spectaculaire.

Avec sa troisième tentation, Satan se découvre totalement. Puisque le Christ refuse de tenter Dieu, le diable se propose de lui offrir lui-même le règne sur le monde terrestre : « Je vous donnerai tout cela si, tombant à mes pieds, vous vous prosternez devant moi ». C’est la proposition adressée jadis à Eve puis, par son intermédiaire, à Adam : « Vous serez comme des dieux ». On peut dire sans rire que c’était bien tenté, puisque d’Adam à Faust, tous les hommes marqués par le péché originel ne peuvent – à moins de sainteté - que céder à cela. Or Jésus n’est-il pas un homme ? La stratégie de Satan se découvre ainsi d’une nature, il est vrai, guère originale. Mais le démon se découvre surtout d’une nature qu'on dira soit ignorante (du fait que ce fils de l’homme auquel il s'adresse cette fois est aussi le propre Fils de Dieu, venu précisément contrer ses projets sur les hommes), soit naïve (car comment penser que le Fils de Dieu accepterait de lui ce qu’il vient de refuser de son Père ?).

Et c’est à ce moment-là que le Christ-Roi se découvre, le tutoyant et, pour la première fois, lui donnant un ordre : « Retire-toi », ce qu’il ne peut que faire aussitôt. D’un point de vue théologique, les trois tentations étaient inutiles devant le Fils de Dieu et elles n’auront servi qu’à démasquer en le ridiculisant l’Ange déchu, pour l’édification morale et spirituelle des hommes. A la fin du récit de Mathieu, on voit ces mêmes anges, qui avaient fermé sur lui les portes du Ciel, les rouvrir aussitôt, devant Celui qui vient de le vaincre.

Mais, et c’est alors que commence la Passion du Christ, les hommes, eux, n’ont pas vaincu Satan, loin de là. Et le Christ devra endurer – prendre sur Lui – leurs péchés, traverser leur mort et contredire son action maléfique jusque dans les conséquences du péché Originel. Mourir sur la Croix. Là se découvrent les preuves de sa Royauté divine sur le simple chef humain qu’il serait devenu s’il avait suivi les projets diaboliques proposés par le cornu : céder au pragmatisme de l’humanisme, céder à l’intimidation du spectaculaire, et au programme du faux messianisme religieux. Jésus ne sera pas, comme Krisna ou Mahomet, un simple chef de guerre ni un simple chef religieux, ni comme Bouddha, Socrate ou Lao Tseu, un simple éveillé ou un simple philosophe. Une Royauté divine qui, depuis 2000 ans, aura agacé et continue d'énerver beaucoup de gens, athées mais le plus souvent croyants.

Car ce qu'on apprend en lisant saint Mathieu, c'est que la contemporanéité véritable de Satan avec le XXIe siècle ne réside pas dans les rituels de gothiques originaux qui auraient vu trop de films gore dans leur enfance, ni dans les faits divers épouvantables dont la presse aime nous abreuver, crimes de masse et attentats sanglants. Elle réside au cœur des projets même que Satan proposa au Christ et que la Divinité de ce dernier rejeta sans ambages : le pragmatisme humanitaire, le story-telling politique, le faux messianisme religieux. Notre monde qui fête en ce premier jour de l’Eté 2015 sa musique en toute ingénuité est bel et bien pris dans les griffes de Satan. Et la juste compréhension par le plus grand nombre de la Divinité Incarnée du Christ se révèle, plus qu'en aucun autre temps d'obscurantisme, d’actualité. Sans doute est-ce pour la contrer que les ennemis du Christ n'ont jamais été si divers et si nombreux. 

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Duccio di Buoninsegna. Maestà.

Tentation du Christ sur la montagne. c. 1308-1311. Frick Collection, New York, USA.

 

jeudi, 04 juin 2015

Le suaire et le sacré.

On n’approche pas commodément du Saint-Suaire à Turin.  La réservation s’opère par Internet. Des milliers de bénévoles (« les blousons violets ») venus des diverses paroisses de la capitale du Piémont accueillent les visiteurs dans la zone du Dôme, depuis le commencement du parcours liminaire dans les Jardins Royaux jusqu’à la salle des confessionnaux et aux marchands de souvenirs sur le parvis de la cathédrale Saint-Jean Baptiste, Piazza Castello. On franchit tout d’abord un portique, comme dans les aéroports, ce qui montre à quel point notre civilisation est placée constamment dans une certaine ligne de mire. Il est vrai qu’un fou d’Allah parvenant à s’infiltrer dans les tunnels en toile qui conduisent durant plus de 800 mètres jusqu’à l’entrée de la chapelle serait assuré de faire le buzz sur le champ. Les tunnels d’accès sont donc garnis de caméras. Nous habitons bien au XXIe siècle.

Le pèlerin est ensuite introduit dans une salle où un bref film vidéo lui dépeint ce qu’il s’apprête à voir en détail. Toutes les parties du corps de l’homme au suaire sont successivement zoomés et agrandis. Un commentaire en plusieurs langues insiste sur les traces de coups de fouets, de trous d’épines et de lances. Étrange exhibition mortuaire, devant une assemblée silencieuse où se découvrent toutes sortes de gens.

La question de l’historicité de l’homme dont l’image frontale et l’image dorsale se joignent par la tête n’a ici plus guère d’intérêt. Comme Benoit XVI l’a dit un jour, cet « icône écrite avec le sang » est surtout un émouvant miroir de la Passion. Le sacré, ici comme ailleurs, n’a nullement besoin d’être breveté par l’historicité. Sinon pour les manants.

Elle est d’ailleurs suffisamment présente, l’histoire, la belle et triste histoire humaine, sous la forme de cette poignée de quidams en casquettes et tee-shirts, pantacourts et autres tenues de p.à.p, le smartphone à la main, foule mixte de touristes ou de pèlerins, ou les deux à la fois, mi-pèlerins, mi-touristes, immobilisés dans le noir face à l’image qui se reflète de l’image sacrée offerte à cette foule même qui passe, telle un miroir d’un moment de l’histoire – cet aujourd’hui faits d'eux tous  défilant, profanes, devant lui, le sacré.

Car la voici enfin, entre deux sentinelles en costumes historiques, immobiles comme au musée Grévin. La voici la châsse le portant, puis le suaire lui-même, derrière des glaces de sécurité multicouche ; en rangs, trois rangs, les spectateurs du moment contemplent un instant le tracé d’un corps dans lequel chacun lit ce qu’il peut, ce qu’il veut, ce qu’il sait et ce qu’il ressent de ce qui lui est offert ou non dans le silence de cette confrontation avec un autre Monde. Car c’est bien d’un autre Monde qu’il s’agit, l’Antiquité, le Dénuement, la Mort, la Cruauté des hommes acharnée contre ce corps en ostension, la Religion,  la voici, la Passion. Au-delà du spectacle (car il demeure là encore, le spectacle -  certains même tentent un fois de plus de photographier, [et tu te dis qu’à l’instant de rendre l’âme, tenteront-ils encore, les sots, les stupides, de photographier la mort qui venant à eux leur arrachera des mains leur foutue richesse ? ] ) chacun ne reçoit que ce qu’il amène, dans cette cité terrestre qui, comme le dit Saint-Augustin, prétend tout dominer, et se trouve elle-même soumise par l’esprit de domination (1)

 

A cette image de Dieu dont la Charité ravive jusqu’au cœur de la société du Spectacle ces quelques traces perceptibles du Saint-Golgotha, nous amenons donc un cœur gonflé de sanglots et de peines, et notre honte d’appartenir à cette espèce si vaine et si folle, et notre ferveur aussi, notre espérance et notre Joie toutes deux faites de larmes invisibles et de limon silencieux; et puisqu’ici, chaque sacrement est une réconciliation, nous nous souvenons un instant de Joseph d’Arimathée qui, de Béthanie, emporta le sang du Christ jusqu’en Cornouailles, tel un Ulysse ou un Enée de la Cité de Dieu à bâtir sans cesse, de la Chrétienté dont nous sommes les ultimes et insuffisants rejetons. 

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Extérieur de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Turin

1 - Saint-Augustin, Cité de Dieu, livre 1

lundi, 18 mai 2015

Pensées non sacrilèges (2)

1. La messe tridentine est à la messe ordinaire ce que le cours magistral est aux cours lambda. Ici, un égalitarisme de bon aloi règne entre les uns et les autres, on se serre la main, on chuchote, on vient (comme dirait Mac Do) « comme on est » ; et on reste comme on est... là, un officiant exerce une autorité efficace devant une assistance respectueuse, silencieuse, composée de gens recueillis et parfois vêtus dans des habits de circonstances. On vient en étudiants ou en fidèles et on en sort enrichis. Ici, les uns et les autres ont leur mot à dire et participent au déroulement de l’office ou du cours ; là tout le monde se tait, écoute, comprend et tente de recevoir ce qu’il a besoin de comprendre et de recevoir. Ici, on est joyeux d’être modernes, plein de soi-même et certains du bien fondé de la réforme ad perpetuum. Là on poursuit une tradition séculaire, une filiation honorable, humbles et assurés de la justesse éprouvée des rites.

2. Le tout premier pays dont le Premier Ministre médiatiserait à outrance son mariage pour tous – pratiquons le novlangue comme tout le monde – ne pouvait donc être que ce sacré pauvre Luxembourg ! Il semble qu'il y ait là comme une grotesque prédestination pour ce G.D. (Grand Duché) devant l'Éternel, terre abondamment promise aux grandes magouilles financières et autres somptueux délits d'initiés, qui offrit à la Commission de la Zone son actuel président à lunettes, Jean Clo-Clo pour les intimes. Le Luxembourgeois lambda, si ça existe vraiment, le Luxembourgeois ordinaire doit se sentir incommen-surablement fier de se voir dorénavant représenté par un être aussi avancé, l’esprit aussi ouvert et le cul si bien posé sur le siège de son Temps.

 

3. A propos de cet ironique mariage pour tous, le mariage n’étant pas considéré comme un sacrement par les protestants, les 500 pasteurs de l’Eglise Unie de France (hum! hum!) ont décidé de bénir les unions homosexuelles; [une bénédiction qui n'est pas un sacrement, euh, c'est quoi au juste ?] « Pour les protestants, les questions de mœurs, de morale, d’éthique, relèvent de la responsabilité et de la liberté personnelle, avant tout », a déclaré à l'issue du vote Laurent Schlumberger, leur digne président (un Luxembourgeois, lui aussi ?) Voilà qui confirme ce que je crois depuis longtemps, que l’on ne peut à la fois se déclarer une protestation contre la religion et être une religion. Ce que Chateaubriand proclamait déjà dans ses Mémoires, lorsque, dédaignant de visiter le tombeau de Luther à Wittemberg, il écrivit : «Le protestantisme n’est en religion qu’une hérésie illogique». Pour le coup, la décision (finalement très conventionnelle et très prévisible dans son déni de toute tradition) de l’EPUdF en fournit une fois de plus l’éclatante démonstration à nos cœurs ébahis...

 

dimanche, 10 mai 2015

Dans la fournaise

De guerre lasse, mon cœur a cessé d’être inquiet,

Et mon esprit, furieux de la médiocrité du monde,

Et ma peau, tannée de son contact insidieux,

Et ma voix, éméchée de trop parler,

Et ma pensée, alourdie par l’attente,

Et mon corps, fragile de désir.

 J’ai relu le cantique des trois Jeunes Juifs dans la fournaise.

Sur la terre qu’ont dévastée les hommes, où dévorer aujourd’hui telle poésie

Dont la nature toute entière serait la périphérie et Toi, le centre, 

Seigneur ? Où ressentir dans la foule des masques et des rictus,

Telle ingénue consolation,

Sinon, au matin juste levé, par la porte entrebâillée d’une chapelle non loin du fleuve

 

Dans l’effluve d’un rayon, tombé sur ton autel ?

http://acathistes-et-offices-orthodoxes.blogspot.com/2009/04/cantique-des-trois-jeunes-gens-dans-la.html

autel de la chapelle de Pioussay

23:01 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, christianisme | | |

mercredi, 22 avril 2015

La terre de la Croix

Le premier ministre Valls (1) explique que les « terroristes » ciblent « la France, pour nous diviser ». Non. Les « djihadistes » visent « « les Juifs et les Chrétiens »  de France et d’ailleurs, essentiellement d’ailleurs pour l’instant, comme en témoignent les décapitations atroces des Chrétiens coptes en Lybie et éthiopiens la semaine dernière. Quiconque a vu les vidéos de ces décapitations de Chrétiens sur des plages africaines a entendu la déclaration de guerre de ces fous du Prophète, adressée, couteaux brandis,  à la « Terre de la Croix ». Telle est la propagande islamiste, rien de plus et rien de moins que cela. 

En Orient, quand les églises sont visées, tous les gens vont à la messe le dimanche suivant, afin de montrer qu'ils ne sont nullement impressionnés et qu'ils n'ont pas peur.  

(1) Ce soir, Valls a corrigé son jugement, affirmant "que s'en prendre à une église, c'est s'en prendre à l'essence de la France".  Ce qui pour moi signifie que ce n'est pas à l'Etat de protéger les églises : mettre un militaire devant chaque église, c'est aberrant. C'est tout simplement à vous, à moi, à ceux qu'on appelle les laïcs, d'y faire corps...

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13:43 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisme, attentats, églises, france, djihadisme, politique | | |

mardi, 07 avril 2015

La Queue, sur Off-Shore

A retrouver ICI la lecture par Philippe Nauher de La Queue. Une lecture en trois points, la satire du design, la face tue de Kerouac, et la « préoccupation de l’auteur devant un monde occultant son héritage chrétien ».

Je ne sais à ce propos si, sans la coïncidence avec les fêtes de Pâques, l’insistance du pape François durant tout le week end pour interpeller la « communauté internationale » et l’émoi soulevé dans une partie de l’opinion hexagonale, Valls aurait finalement réagi et invité le patron de la RATP à revenir sur sa décision de retirer la mention « pour les chrétiens d’Orient » de l’affiche des Prêtres. La manière dont la RATP s’est ridiculisée à propos de cette mention d’abord retirée, puis réaffirmée, ses ineptes allégations de laïcité, tout ceci en dit long sur les porteurs de queues qui nous dirigent, hélas !

Encore merci à Philippe pour son billet.

 

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