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mercredi, 15 février 2012

Gazette de Solko n°18

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16:42 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : sarkozy, présidentielle, politique, actualité | | |

vendredi, 13 janvier 2012

Bref sabbat

Fin de fêtes pour les sapins. Scènes désormais courantes de la consommation souveraine, qui n’émeut personne, plus même les enfants. C’est sur une place de Lyon, au côté d’un abribus, les gens balancent leur arbre que des bennes viennent charger au petit matin.

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Sauf que cette année, des loubes les enflammèrent le soir venu. Torche crépitant tout soudain, les sapins. Brûler la teuf, disent-ils. L’abribus a eu chaud quelques minutes. Une dizaine de pompiers quand c’est presque fini, dispersent les braises. Reste un cercle de sable noirci, trace d'un sabbat dérisoireet bref.

 

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00:05 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : noël, sapins, société, lyon | | |

mercredi, 11 janvier 2012

Le moine et le footballeur

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Un footballeur multimilliardaire, l’inénarrable « Zizou » a déjà pris la place de l’abbé Pierre dans le cœur des Français (l’expression régulièrement répétée sur les chaines de télé depuis 98 possède quelque chose d’aussi pathétique que ridicule). Un autre footballeur guigne donc le même statut et part en croisade pour le conquérir

« Le mythe de l'abbé Pierre dispose d'un atout précieux : la tête de l'abbé. C'est une belle tête, qui présente clairement tous les signes de l'apostolat : le regard bon, la coupe franciscaine, la barbe missionnaire, tout cela complété par la canadienne du prêtre-ouvrier et la canne du pèlerin. Ainsi sont réunis les chiffres de la légende et ceux de la modernité ».

Avec cette phrase,  Barthes plantait en 1957 son article sur l’abbé Pierre dans ses Mythologies.  Cinquante cinq ans plus tard, c’est Cantona qui tente de devenir à son tour l’icône des sans-abris.

A propos de  l’abbé Pierre,  Barthes analysait la manière subtile dont la charité croulait  « sous une foret de signes », évoquant  « l’identité spectaculaire entre une morphologie et une vocation ». Il y aurait aujourd’hui beaucoup de choses à dire sur la façon dont la solidarité (version bobo et people de la charité) croule sous une forêt d'autres signes.

Sur le désordre de cette barbe en papier glacée, par exemple, sur le regard à la fois sombre et glamour, sur la mèche qui, pour remplacer le beret, sent autant le gel du salon que le vent de l'action. Beaucoup de choses à dire peut-être même sur le maillot (version post-moderne de la canadienne du prêtre ouvrier) qu'on vend et qu'on mouille, qu'on respecte et qu'on échange, Le milliardaire généreux récupère ainsi l'autorité séculaire du moine pauvre, et le footballeur-acteur la légitimité sociale du clerc : nous avons beau être dans un autre siècle, nous sommes toujours dans la confusion des signes. Et l'avertissement de Rabelais reste toujours d'actualité : oh, si les signes vous trompent, combien vous tromperont les choses signifiées...

 

00:05 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : rabelais, abbé pierre, cantona, emmaus, roland barthes, football, politique, société | | |

mardi, 27 décembre 2011

L'huis de l'huitre

« Loin de la mer, je n’ai pas envie d’huitres. C’est comme ça. ! »

Si c’est comme ça, se dit-on, mieux vaut ne  pas en discuter. En même temps le contraire pourrait aussi fonctionner très bien. Pour ma part, je n’ai jamais tant avalé d’huitres qu’une certaine année à Paris, alors que je n’avais pas quitté la capitale depuis je ne sais plus combien de temps, et qu’à chaque mollusque avalé c’est l’Atlantique tout entier qui me coulait en gorge.

La grosse dame véhémente s’en est donc allé loin des bourriches, à pas qui trainent.

J’ai toujours pris Francis Ponge pour un imposteur. On a eu beau m’expliquer son parti pris des choses en long, large, travers, son « monde opiniâtrement clos » qu’on  peut « pourtant ouvrir » comme métaphore des étages de la signifiance, du brusque dévoilement, etc, etc…  Ponge m’est toujours tombé des mains, comme tout ce qui se la joue trop simple pour faire en fin de compte très compliqué. 

Je préfère dans Le Rat et l’Huitre, celle, épanouie de La Fontaine. Au moins trouve-t-on là un parti pris affirmé, celui du personnage. Celui de la musique, aussi : Quand je lis « Il laisse là le champ, le grain, et la javelle, Va courir le pays, abandonne son trou. », je me dis que toutes les syllabes d’avant la dernière ont été choisies pour mettre en valeur ce trou paternel trop brutalement abandonné, pas le moindre ou et pas le moindre t avant,  avez-vous  remarqué ?

Quant à cet autre alexandrin qui dit la marche faussement précautionneuse du Rat vers le piège de l’Huitre : « approche de l’écaille, allonge un peu le cou », il contient juste ce qu’il faut d’insouciance et de fatalité pour être à la fois drôle et tragique, héroï-comique disait-on. Grand art.

Tristan Bernard a défini le comble de l’optimisme dans le fait « de rentrer dans un grand restaurant et de compter sur la perle qu’on trouvera dans l’huître pour payer l’addition. » Est-ce tant que ça le « comble de l’optimisme »? J’y verrais plutôt un art extrême de tenter de sort, ou de se mettre dans des situations difficiles, un art qui est le propre des aventuriers. Nous entrons dans quelques journées dans une année  électorale : « compter sur la perle qu’ils trouveront dans l’huître pour payer l’addition », n’est-ce pas un peu tout ce que les candidats venus et à venir vont tenter de faire? A nous de ne pas trop jouer les rats… 

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Jan Steen - La mangeuse d'huitres

00:32 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : jan steen, francis ponge, la fontaine, littérature, poésie, huitre | | |

mardi, 29 novembre 2011

Les Lyonnais font leur promo

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L’univers du grand banditisme, celui de la police, celui du cinéma et celui de la téloche flirtent ensemble avec doigté. Surtout aux heures de grande écoute dominicales.

Pour s’en convaincre, il fallait zapper sur  Drucker ce dimanche. Sur les sofas rouges de son indécrottable talk show, Olivier Marchal, acteur, metteur en scène et ancien inspecteur à la brigade anti terroriste et anti criminelle présentait son film, Les Lyonnais, lequel sort sur les écrans mercredi. (Quel étrange emploi du verbe sortir, me dis-je. Mais passons.)  « C’est un film qui plait beaucoup aux femmes parce qu’il présente des hommes au grand cœur. » explique Marchal. Diable : c’est ce qui s’appelle faire d’une pierre deux coups !

Près de lui, deux de ses personnages, si l’on peut dire : Edmond Vidal, dit Momon, le célèbre truand, et Charles Pellegrini, le non moins célèbre flic qui arrêta Momon, un jour de décembre 1974. Tous deux blanchis par le temps.  Tous deux assis côte à côte, « comme deux anciens combattants entre qui la paix est revenu » susurre le gentil animateur à la voix mièvre. L’un et l’autre admettant, du bout des lèvres, que Les Lyonnais est « un beau polar ». (Pas encore des pros de la promo, mais ça viendra) : nous voici donc prévenus, on s’y rendra donc avec une infinie prudence.

Hasard du calendrier ? Ils avaient en réalité tous deux aussi  un bouquin qui vient de sortir à vendre (encore sortir, décidément, quand ferons-nous des choses qui rentrent et nous ramènent à la maison ?) : Pour une poignée de cerises du côté de Momon, l’ancien braqueur de banques de soixante-quatre ans (dont quatorze passés en tôle), et Histoires de PJ pour Charles le flic, lequel s’illustra également dans les affaires du petit Mérieux et du juge Renaud et avoua être  rentré dans la police pour avoir trop lu San-Antonio. On souhaite à tous deux (mais je n’aurai pas l’heur de vérifier) la même plume que celle du père de Béru.

Tous ces gens, flics, truands, acteurs et metteurs en scène se font applaudir tour à tour telles des stars miniaturisées par un public amorphe qui, ici comme ailleurs, consent à former tapisserie. Etrange magma que ces pixels en boites d’où jaillit la couleur sur le ciel laiteux et gris de ma fenêtre en novembre. Ces gens ne partagent qu’une seule valeur, leur notoriété et l’argent qu’ils en tirent. Tous, y compris ce pauvre Michel dont on ne sait, comme les maires ou les députés du PS ou de l’UMP, à quel âge il prendra enfin sa retraite pour libérer le terrain, tous  pareillement corrompus par le spectacle. Dans tous ces mots, ces phrases, et même dans ces applaudissements, quelque chose qui s’étire vainement, se prolonge pour rien, détaché de toute action, de toute signification.  Une sorte d’anéantissement de l’agir, du dire, du désir, du rêve de devenir shérif comme de celui de se faire la Société Générale, un jour, entre copains. Tous ces gens ont réussi. Des nantis. J’éteins la télévision.

Je n’ai pas vu Intouchables. Je n’irai pas voir Les Lyonnais.

samedi, 19 novembre 2011

Large coffee

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La terre d’Eluard était bleue comme une orange, celle de Mac Donald, ronde comme un bol de café. Lyrique, le concepteur de l’affiche a gommé toute présence humaine de ce matin qui aurait pu être le premier du monde ; est-ce pourtant une si bonne idée que ça, cet océan de café, cette mer noire au point qu’on la croirait, à perte de vue, polluée de pétrole ? Le bel arôme s’y noie plutôt qu’il n’y charme la narine, n’en réchappe que la vision repoussante d’une bibine imbuvable qu’on ne saurait plus jamais nommer désir. Bien trop américaines, ces vagues de café-boutasse répandues sous un ciel à l’immensité factice autant que forcée: Ici l’horizon n’est qu’un bout de plastique blanc ou une frontière de céramique. Le petit zinc est loin, l’aventure tout autant : passé le rebord de ton bol, le vol promis par l’affiche cherra dans l’abîme des sept milliards d’individus sur Terre, ton quotidien au précaire parfum de crise.

Large Coffee : On pense à ces petits cadres aux traits las qui emplissent les vols d’United Airlines et survolent le monde, chacun plongé dans son souci, à la violence matinale d’une humanité qui se répand de métropoles en métropoles, comme tache d’huile sur continents. Flots, flux : la planète tout entière envahie de leur communauté, la mer à leur image, vide de tout danger apparent, mais prompte comme jamais à la sombre catastrophe : 1,50 euro, le prix du café allongé, dit large, parmi la meute. L’artiste a signé, c’est ce M en capitale jaune comme l’or, initiale emblématique de l’uniformité d’une mondialisation qu’on ne dira plus galopante, mais désormais galopée. Reste plus qu’à nous vendre le ciel pour quelques euros de plus, barbe à papa, sorbet à la menthe, coktail céleste, I'm lovin'it

12:55 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : large coffe, macdonald, helsinki, publicité, société | | |

dimanche, 23 octobre 2011

XV de France: quel esprit ?

Mi-temps de la finale France/NouvelleZélande ; tandis que la Société Générale diffuse à nouveau son spot sur l'Esprit d'Equipe :


Marc Lièvremont déclare tout de go à un journaliste dans les vestiaires : "Si on garde cet esprit d'entreprise, ça peut le faire".

Et le commentateur, alors que les Bleus reviennent au score : "Cela prouve l'état d'esprit de l'équipe de France...

Enfin, juste après la courte défaite, François Trinh Duc, au journaliste qui lui demande s'ils ne sont pas "une bande de potes,  : "On est vraiment une équipe."

12:16 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : xv de france, trinh duc, all blacks, finale rugby | | |

lundi, 17 octobre 2011

La farce tranquille

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Après une parodie de scrutin et une mise en scène médiatique des plus réussies (on aura même eu droit au plan téle suivant la voiture du candidat aux fenêtres fumées, dans  la roue de sa Peugeot en direction de l'Elysée  la rue de Solférino ), la société du spectacle a élu son nouvel histrion.

Sentiment désagréable de facticité, que tout ceci n'est que postures, imposture, construction d'images, distributions de rôles et ressassement de mots. Une farce tranquille et mystificatrice, qui recommence. A la fin de la pièce, Hollande faisant applaudir les candidats malheureux, comme après une représentation. Scénographie d'énarques bien huilée, bien rodée, maçonnée en loges. Dans tout ça, comme d'hab', un grand absent dont on parle sans cesse, pourtant : le peuple.

 

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05:54 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : politique, hollande, parti socialiste | | |

dimanche, 09 octobre 2011

La France de demain ?

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Dupont et Dupond, venus nous expliquer ce soir au JT que 2 millions d'électeurs, c'était un franc succès (Pour mémoire, Jean Marie Le Pen, quatrième du premier tour de 2007, avait obtenu 3 millions 800 000 voix et Besancenot, le cinquième, 1 million 500.000.) Pour mémoire encore, le socialiste qui sortira gagnant devra quant à lui convaincre encore quelques 18 millions d'électeurs pour égaler les voix de Sarkozy au deuxième tour. C'est dire à quel point cette pantalonnade médiatique est loin de la réalité. Cela dit, les deux Dupondt peuvent cependant se réjouir : aux primaires socialistes, 2 millions d'élécteurs, c'est aussi 2 millions d'euros...

21:12 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : politique | | |