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mardi, 27 décembre 2011

L'huis de l'huitre

« Loin de la mer, je n’ai pas envie d’huitres. C’est comme ça. ! »

Si c’est comme ça, se dit-on, mieux vaut ne  pas en discuter. En même temps le contraire pourrait aussi fonctionner très bien. Pour ma part, je n’ai jamais tant avalé d’huitres qu’une certaine année à Paris, alors que je n’avais pas quitté la capitale depuis je ne sais plus combien de temps, et qu’à chaque mollusque avalé c’est l’Atlantique tout entier qui me coulait en gorge.

La grosse dame véhémente s’en est donc allé loin des bourriches, à pas qui trainent.

J’ai toujours pris Francis Ponge pour un imposteur. On a eu beau m’expliquer son parti pris des choses en long, large, travers, son « monde opiniâtrement clos » qu’on  peut « pourtant ouvrir » comme métaphore des étages de la signifiance, du brusque dévoilement, etc, etc…  Ponge m’est toujours tombé des mains, comme tout ce qui se la joue trop simple pour faire en fin de compte très compliqué. 

Je préfère dans Le Rat et l’Huitre, celle, épanouie de La Fontaine. Au moins trouve-t-on là un parti pris affirmé, celui du personnage. Celui de la musique, aussi : Quand je lis « Il laisse là le champ, le grain, et la javelle, Va courir le pays, abandonne son trou. », je me dis que toutes les syllabes d’avant la dernière ont été choisies pour mettre en valeur ce trou paternel trop brutalement abandonné, pas le moindre ou et pas le moindre t avant,  avez-vous  remarqué ?

Quant à cet autre alexandrin qui dit la marche faussement précautionneuse du Rat vers le piège de l’Huitre : « approche de l’écaille, allonge un peu le cou », il contient juste ce qu’il faut d’insouciance et de fatalité pour être à la fois drôle et tragique, héroï-comique disait-on. Grand art.

Tristan Bernard a défini le comble de l’optimisme dans le fait « de rentrer dans un grand restaurant et de compter sur la perle qu’on trouvera dans l’huître pour payer l’addition. » Est-ce tant que ça le « comble de l’optimisme »? J’y verrais plutôt un art extrême de tenter de sort, ou de se mettre dans des situations difficiles, un art qui est le propre des aventuriers. Nous entrons dans quelques journées dans une année  électorale : « compter sur la perle qu’ils trouveront dans l’huître pour payer l’addition », n’est-ce pas un peu tout ce que les candidats venus et à venir vont tenter de faire? A nous de ne pas trop jouer les rats… 

jan steen la mangeuse d'huitres.jpg

Jan Steen - La mangeuse d'huitres

00:32 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : jan steen, francis ponge, la fontaine, littérature, poésie, huitre | | |

Commentaires

Les candidats vont nous faire tourner bourriche, avec des phrases lourdes d'enfileurs de perles . La tête comme un belon, on va se conchylier sur pied.

Écrit par : patrick verroust | mardi, 27 décembre 2011

Que ce "conchylier sur pied'" est bienvenu ! La conchyliculture, c'est exactement la culture mainstram du téléspectateur votant. Il faut faire breveter le terme par l'Académie, non d'un gueux !

Écrit par : solko | mardi, 27 décembre 2011

La seule solution, c'est de rester fermé comme une huître à tous leurs discours électoraux. La perle, elle, est au fond de nous.

Écrit par : Feuilly | mardi, 27 décembre 2011

C'est vrai. L'huitre nous est de bon conseil finalement.

Écrit par : solko | mardi, 27 décembre 2011

Solko, tu es un esthète. (Faisons les huîtres, et nos perles seront bien gardées.)

Écrit par : Sophie K. | mercredi, 28 décembre 2011

Bien sûr que je suis un esthète. Tu n'avais pas remarqué mon beau chapeau et ma lavallière ?

Écrit par : solko | mercredi, 28 décembre 2011

Si si siii. :oD

Écrit par : Sophie K. | mercredi, 28 décembre 2011

D'abord, comment peut-on s'appeler Ponge. Comme dit Boby Lapointe : "Que ponds-je ? Que ponds-je ? - Le dernier mot qui t'a servi est éponge."

Écrit par : fred | mercredi, 28 décembre 2011

Les commentaires sont fermés.