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jeudi, 29 août 2013

Ces dames qui nous gouvernent

« La Réforme des retraites ce sont des choix pour l’avenir de notre parti … de notre pays pardon ( …) Joli lapsus de Vallaud Belkacem entendu hier à la télé, qui en dit  long plus que mon bras.

Michèle Delaunay, ministre des personnes âgées, a fait à Agevillage cette subtile confidence, qui va dans le même sens: « Il nous faut repenser la place des âgés dans la société. Ils pèseront de plus en plus lourd, y compris sur le plan électoral. »  Les vieux, ça se bichonne tant que ça vote, conception géopolitique du PS.

Marisol Touraine, de son côté, s’est fendue d’une jolie tautologie à propos de la réforme, toujours  : « C’est  un progrès. C’est une réforme de gauche. La preuve, la droite ne se prive pas de la critiquer ».  

Quant à Trierweiler, à en croire son tweet, elle est toute prête à pousser son François à entrer en guerre au vu de simples images : « Qui ne serait pas touché par ces images d’enfants ? Qui ne serait pas bouleversé par ces images de corps d’enfants alignés les uns derrière les autres ? » Se rappeler que la dame est journaliste à Paris Match

Tout ça est formidablement éclairant. Rassurant aussi. Au moment de payer ses impôts, ça donne envie, vous ne trouvez pas ? 

00:10 Publié dans Lieux communs, Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : michèle delaunay, trierweiler, marisol touraine, vallaud belkacem | | |

dimanche, 25 août 2013

Embrassons nous, Taubira

La scène est dans un bureau de tabac de Marignane.  Jeudi, vers dix-huit heures deux malfrats armés et cagoulés, dont un, on le sait à présent, est un multirécidiviste, abattent de sang froid un sexagénaire qui tentait de les arrêter, sous les yeux de sa femme et de sa petite fille de 15 mois.  Valls, le ministre de l’intérieur, se fend le lendemain d’un discours dans lequel il ne manque pas d’utiliser la rhétorique sarkozienne (pourtant honnie par la gogoche), qualifiant le malfrat de « barbare » et la victime de « héros ».  Il fera amende honorable le surlendemain en hurlant dans un micro, devant ses copains à La Rochelle qu’il est « un socialiste, un homme de gauche », en bras de chemise, à la limite de l’apoplexie et de l’extinction de voix. Dont acte.  

Ce fait divers sanglant– après de multiples autres - survient au moment où Taubira, la Garde des Sceaux, après avoir sapé l’autorité du mariage, s’apprête à saper celle de la peine de prison, en annonçant son projet de loi sur la probation,  concept judiciaire pondu par ses copains du syndicat de la magistrature. Espèrent-ils pouvoir ainsi  embaucher par centaines des contrats jeunes afin de devenir ce qu’on appelle, dans un pays quasiment entièrement désindustrialisé, « des travailleurs sociaux » ? Possible. Magouille sur les chiffres du chômage oblige. Avec ces gens-là, dont la duplicité est légendaire, on ne sait jamais ! Espèrent-ils réduire davantage le budget des prisons qui, comme les hôpitaux psychiatriques, sont invitées de plus en plus à ouvrir leur porte. Possible aussi. Cela évite clairement d’entretenir et de restaurer les anciennes, et d’en construire des nouvelles. On pense à Mandeville et à la fameuse fable des abeilles, dans laquelle il est expliqué que les fous et les truands en liberté constituent les ingrédients d’un marché dans lequel l’Etat a tout à gagner puisque cela crée des taxes et des emplois, et occupe la réflexion et l’énergie des citoyens. Probation, donc.

A propos de taxes, ni Valls ni Taubira, dont l’honnêteté intellectuelle n’est plus à prouver,  ne remettent en question la responsabilité des hausses délirantes des taxes sur le tabac décidées par leur gouvernement, c'est-à-dire par eux-mêmes, qui  transforme en or brun ou blond la cartouche de cigarettes, faisant un peu plus encore  des buralistes de quartiers des cibles de choix pour ce qu’il est convenu d’appeler en jargon de sociologue « la petite délinquance » et d eleur marchandise un aliment commode à récolter pour son économie parallèle de contrebande, petite délinquance habituée depuis le collège à rigoler devant tout ce qui incarne l’autorité de l’Etat, du prof dépassé au CPE compréhensif en passant par le chef d’établissement démuni et le ministre démago, de passage pour quelques mois aux affaires.

Pour l’Etat PS, les buralistes ne sont de toutes façon ni de grandes banques, ni de grands groupes. Comme chacun le sait, ils votent à droite voire à l’extrême, alors qu’ils se démerdent, ils valent peanuts, ces poujadistes ringards, tout juste bon à glisser un bulletin bleu Marine dans l’urne aux prochaines municipales. Quant aux malfrats qui s’entretuent, tant qu’ils ne s’attaquent pas à des députés ou à des ministres (et au vu de leur conscience politique, c’est pas demain la veille), ils resteront des jeunes incompris devant lesquels tout abus de langage finira un jour par être sanctionné après le recours d’une association d’indignés et trois marches silencieuses autour des mamans désolées.

On voit bien qu’au fond ce qui fait autorité dans l’esprit de ces ministres plus libéraux que libertaires, (mais cela revient au même, on le sait depuis longtemps désormais), comme dans celle des malfrats, leurs doubles inversés, c’est le pognon et non pas la justice. Dans une société où le châtiment n’a plus aucune autorité (et sur ce terrain là il faut admettre que la peine de mort avait un rôle symbolique à jouer), la loi du plus fort règne en maître, puisque les individus, dirigeants de haut vol comme loubards des cités, continuent eux, à s'octroyer le droit de tuer. Et le marché, toujours lui, qu’il soit légal ou parallèle, devient le seul objectif poursuivi par le politique.

Comme la tolérance à l’égard des couples d’homosexuel(le)s généralement plutôt CMS aisées et désireux d’enfants à câliner ouvre celui de la procréation assistée et autres merveilles technologiques onéreuses, le laxisme de l’Etat ouvre celui des outils de vidéosurveillance, des armes et des milices privées. Manière de faire en sorte que ce soit in fine l'autorité du marché et non celle de l'Etat qui règle l'affaire. Mandeville à nouveau. Cela, il faut être naïf comme un électeur du PS pour croire que le gouvernement ne s’en accommode pas, pourvu que les taxes rentrent. Les discours de prêtresse illuminée de la Garde des Sceaux et celui de cow-boy pré-pubère du ministre de l’intérieur sont finalement également hystériques, à l’un et à l’autre coin de l’échiquier des faux-culs. 

 

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14:16 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : valls, taubira, probation, la rochelle, marignane, sécurité, police, justice | | |

vendredi, 19 juillet 2013

Vacances

On annonce l'arrivée de grosses canicules. C'est le temps de se mettre au frais. Je vous souhaite un bel été et vous dis à bientôt, pour d'intrépides et nouvelles aventures

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Rubens  - Entrevue de Henri IV & de Marie de Médicis à Lyon, Louvre, détail

19:59 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (7) | | |

mercredi, 10 juillet 2013

Lambert en fumée

Tout le monde connait sa silhouette, à la pointe de l’ile Saint-Louis, quai d’Anjou. Il est classé monument historique depuis 1862. En 2007, le neveu de l’émir du Qatar Hamad Ben Khalifa-Al-Thani (celui qui vient d’abdiquer), Hamad Abdallah al-Thani,l'a rachèté pour la somme de 80 millions d’euros au baron de Guy de Rothschild, lequel mourut quelques jours avant la signature. L’auteur de la discutable formule, « juif sous Pétain, paria sous Mitterrand » y avait organisé des fêtes somptueuses avec son épouse Marie Hélène van Zuylen de Nievelt de Haar.

Il le tenait du milliardaire chilien Arturo Lopez Willshaw surnommé le roi du guano, qui y vivait avec son mignon, le richissime financier et collectionneur d’art Alexis de Rédé, un pote de Pierre Bergé, dont le peintre Pierre Le Tan écrivit ; « Il existe à Paris une poignée d’hommes qui, depuis des décennies, semblent ne pas avoir vieilli, ou presque. Ainsi l’élégant baron de Rédé, souvent drapé dans une cape et chaussé d’escarpins d’une extrême finesse. Ses cheveux d’acajou sont tantôt plaqués, tantôt légèrement bouffants. De loin, sa silhouette est celle d’un homme de quarante ans ».

En décembre 1969, ce dernier donna à l’hôtel Lambert un Bal Oriental qui lui couta un million de dollars et qui est encore considéré comme l’une des plus célèbre fêtes de l’après-guerre. Le maître de cérémonie, déguisé en prince mongol, y accueillait le Tout Paris de l’époque. Des esclaves noirs au torse nu portaient des torches dans le grand escalier menant à la salle de bal, tandis que des automates jouaient différents instruments dans la galerie d’Hercule, considérée à sa création comme une première ébauche de la galerie des glaces de Versailles

Pour assurer la transition entre fêtes parisiennes et fêtes arabes, le nouveau propriétaire a voulu transformer l’hôtel Lambert en « maison de famille », avec ascenseur pour voitures et salles de bains dans chacune des vingt chambres. Le chantier a alors été confié à Bouygues Rénovation privée, une filiale de Bouygues construction.

A titre d’exemples, la construction d'une salle de bains nécessite la destruction de l’ancien cabinet de Jean Baptiste Lambert (premier propriétaire et trafiquant notoire de biens immobiliers) et celle de l’ascenseur de défoncer un plafond peint à poutres et solives au dessus d’un bel escalier en bois sculpté au XIXème.

En décembre 2007, l’association Paris historique estima qu’avec un tel projet, il y avait « perte d’authenticité et de substance du  bâtiment ». Elle porta plainte pour « dénaturation de chef d’œuvre ». Elle obtint de Bertrand Delanoë qu’un projet de parking sous jardin (le premier jardin surelevé de Paris au XVIIeme), avec une porte pivotante percée dans le mur d’enceinte du XVIIe fût bloquée. Le ministère de la Culture s’en mêla et l’affaire devenant publique, chacun joua son image sous l'oeil de la planète entière ; Delanoë et la mairie de Paris doit se montrer capable d’attirer de grands investisseurs dans la capitale, Albanel et le ministère de la Culture de défendre le patrimoine français, les associations de ne pas avoir l’air intolérantes et les propriétaires qataris de demeurer des propriétaires respectueux des édifices qu’ils achètent.

Mais voilà que la Pologne s’en mêle à son tour : Avant le roi du guano et son éphèbe proustien, l’hôtel Lambert, avait appartenu au prince Adam Czartoyski qui avait accueilli sous ses plafonds  les nombreux exilés polonais en fuite devant la répression russe après la Grande émigration de 1831. A cette époque, l’hôtel avait connu de grandes fêtes romantiques et s’y croisaient Chopin, George Sand, Liszt, Balzac et Delacroix. L’hôtel lui-même, par les soins du prince, devint alors un centre intellectuel majeur de la résistance polonaise en Europe.  L’ambassadeur polonais, Tomasz Orlowski s’émeut donc de la destruction programmée de l’escalier du XIXe, principal témoin de cet épisode.

Depuis cette nuit, le feu, ce grand purificateur dont Léon Bloy écrivit à la fin de La femme pauvre qu'il est le symbole de la justice éternelle, met tout le monde d’accord. Cent quarante pompiers sont mobilisés pour éviter que ce haut lieu de luxe et de débauche ne parte définitivement en fumée. Hyperbolique et peut-être même un peu à côté de ses pompes, le maire de Paris vient de proclamer qu'un tel incendie faisait partie des épreuves que connait Paris...

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jeudi, 13 juin 2013

Tout ce qui est mortel

Bientôt la terre nous recouvrira tous, ensuite, elle aussi se transformera. Et ces nouvelles choses se transformeront à l’infini. Et, si l’on pense à ces vagues successives des transformations et des altérations, et à leur rapidité, on méprisera tout ce qui est mortel.

 

Marc Aurèle, Ecrits pour lui-même


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vendredi, 07 juin 2013

Fred Perry, les soldes et la récup

On sait que Fred Perry, vainqueur à Roland Garros en 1935, a lancé une marque de vêtements destinés au tennis, dont bien sûr des polos (version english de Lacoste). Ces derniers furent prisés par JFK en son temps, par de nombreux acteurs, rois et people des années soixante. Il devint en même temps l’article fétiche des mods, une branche de la contre culture urbaine londonienne dont les skins s’inspirèrent par la suite. Dans les années 80, les skins se sont scindés en trois, un groupe s’orientant vers « l’extrême droite », un autre vers « l’extrême-gauche », un troisième restant fidèle à la tradition de l’apolitisme. Tous ont continué à affectionner la marque, les dirigeants proposant des micro-signes de reconnaissance sur les manches pour se distinguer les uns des autres. Comme à l'université. Dans les années 80, le marketing tisse  alors des liens étroits avec les revendications identitaires politiques, ce qui explique la rencontre dans des ventes privées de jeunes appartenant à des extrêmes opposés.

Clément Méric, le militant antifas qui  a été mortellement blessé lors d'une bagarre à la sortie de l’une d’entre elles, mercredi 5 juin, avait 18 ans. Il étudiait à Sciences Po. Ses agresseurs skinheads avaient à peu près le même âge ; on saura peut-être un jour où ils étudiaient (ou n’étudiaient pas). Même âge à peu près qu'Alexandre, le jeune français converti à l'islamisme, dont on nous a dit qu'il était discret, poli et à la recherche de lui-mêmen avant d'attaquer un militaire au cutter à la Defense. Lui, il porte des capuches. Et étudia aussi forcément quelque part.

Des jeux de provocations qui tournent mal en pleine partie de shopping, et des partis politiques prétendument responsables dirigés par des Mélenchon ou Désir ravivent aussitôt les appels à manifester. Vieux réflexes, qui nous renvoient à une génération de sexagénaires pour qui la politique n’est pas seulement une affaire de polos, mais aussi de propagande idéologique. Le sénile milliardaire Bergé qui n’en rate pas une dans sa détestation du catholicisme explique que si tout le monde avait sagement accepté la loi qu'il a vendu au gouvernement, tout cela ne serait pas arrivé. Quant à l’inénarrable Vallaud-Belkacem elle ne se géne plus pour déclarer que c’est la faute des journalistes ,qui relaient « les discours de haine de l’extrême droite » et les enjoint à « ne pas leur donner  plus d’audience que de raison ». Hollande, Ayrault et toute la clique annoncent déjà qu'ils préféreront dissoudre que résoudre... 

Pour finir et selon eux, si des millions de gens ont défilé contre le mariage gay, les journalistes auraient dû n’en rien dire, si le chômage, la démagogie, la crise et leur  incompétence politique face à de multiples opposants de tous bords font exploser les revendications identitaires en tous genres (y compris islamistes) dans la rue, il ne faut pas en parler non plus. 

Bref. La variante que ces gens ont trouvé au « Moi ou le Chaos » de De Gaulle, c’est «Moi ou la Haine». Plus que jamais risibles. 

Les responsables de la violence ont toujours les mains propres, vieil adage qui se confirme. Et ça c'est moins drôle.

Surtout pour ceux qui se sont fait piégés et restent sur le carreau, militaires, footeux, antifas, skinheads, ou autres à venir, car avec de tels arguments, il ne faut pas réver, il y en aura d'autres.

En attendant Pierre Mauroy vient de mourir. Le dernier service qu'il rend à ses copains : Un bon coup de diversion médiatique, le temps de respirer un peu en déposant des gerbes sur les écrans. La finale de Roland Garros qui rapplique aussi devrait leur faire du bien. Triste époque.

 

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Fred Perry (1909-1995)

11:13 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : fred perry, antifas, clément méric, france, politique, vallaud-belkacem, pierre mauroy | | |

lundi, 03 juin 2013

La recherche

 Le domaine importe peu, c'est le chercheur qui compte. Jacqueline de Romilly aurait très bien pu énoncer ce lieu commun. Il devient d'ailleurs de plus en plus vrai. Si, dans la Grèce antique, le champ d'exploration était encore large, aujourd'hui, avec le nombre de travaux publiés ou non qui s'empilent dans les bibliothèques, et tandis que le marché contrôle le champ de la recherche pour l'instrumentaliser dès qu'il le peut, que peut-on, en tant qu'individu, espérer découvrir ? De quelle utilité pour autrui peut-on se prévaloir ?  L'objet d'étude n'est plus en soi une raison suffisante de passer des heures, des semaines, des mois de sa vie dans un travail. Le bien commun, la cause de l'humanité plus trop non plus semble-t-il. Mais la construction de soi, oui. L'exploration de ses capacités intellectuelles réelles, de ses limites éprouvées, de ses repères efficients, oui. A l'heure où l'objet s'accumule, le sujet n'a jamais été si précieux.

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07:52 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : jacqueline de romilly, recherche | | |

jeudi, 23 mai 2013

Locustarum examen

Le printemps, c’est la saison des asperges, des cerises, des fraises et des examens : au marché de la Croix-Rousse, les maraichers se plaignent tous de la pauvreté de leur récolte. L’éducation Nationale, elle, demeure ponctuelle dans sa production saisonnière de pensums. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’on crève de chaud par 40°, il y en a pour tout le monde, élèves, étudiants, professeurs. Ecrits puis oraux, avec des lots conséquents de copies et d’exposés tous la plupart du temps similaires puisqu’à l’école on n'apprend depuis toujours, c’est bien connu, qu'à faire, dire et penser comme tout le monde, tantôt en rangs, tantôt en ronds..

Ce matin donc, je m’en vais examiner.

Et comme j’aime bien savoir ce que je fais quand je fais quelque chose, j’ai suivi la piste à travers les siècles de ce terrible mot examen, utilisé aussi bien dans le domaine judiciaire que le médical, l’économique ou le scolaire. J’ai donc ouvert mon Gaffiot – une Bible irremplacée, et voici ce que je découvre : Le sens premier du terme latin examen est essaim d’abeilles, puis par dérivation troupe. Gaffiot, décidément, toujours à propos ! Il donne comme exemple Juvenum examen (Horace, Odes, 1, 35 [J’ai toujours aimé la précision des citations, Félix Gaffiot herborise autant qu’il fait de la grammaire]), qu’il traduit par troupe de jeunes gens. Au passage, apprécions ce locustarum examen, si tragiquement véridique, recueilli chez Tite Live, 42, 10,7 : nuée de sauterelles.

Comment le mot en vient-il à son troisième sens dans l’Enéide du bon Virgile (12, 725) ? Ne me le demandez pas, Gaffiot n’en dit rien. Il enregistre, simplement : aiguille ou languette d’une balance, et de là, action de peser, contrôle.

Le moderne Robert donne comme étymon le latin exigere, peser. Sans plus.

Mais Gaffiot, à l’article exigo, rappelle que ce même verbe à lui-même pour étymon ago (agir). Le premier sens de exigo (ex ago) étant pousser hors de, chasser, puis, mener à terme et enfin mesurer, régler.

Ainsi se comprend le fait que le terme ancien ait pu signifier en même temps les troupes ou les nuées (ce qui sort hors de) et l’instrument qui sert à peser. Finalement, le mot français examiner contient la forme latine verbale  (contrôler) et nominale (les troupes). Examiner, cela revient à peser les sauterelles, pour ne pas dire autre chose.

 

C’est sans rapport aucun, mais je trouve très engageante cette vue de Lyon, prise du haut de la montée de la Grande Côte.

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lundi, 13 mai 2013

Le pouvoir et le courage

Je m’étais promis de ne plus vous entretenir de l’ancien conseiller général de Corrèze, mais quoi, son actualité dépassant la fiction, je ne résiste pas au plaisir de sortir du bois et, d’une certaine façon, de tomber dans le piège qu’il tend. Qu’importe.

Il est vrai que les politiques ont toujours nourri, à l’égard de la création et de la culture, une espèce de complexe, comme si le pouvoir, justement, n’était pas suffisant à apaiser leur boulimie névrotique de reconnaissance. Cela passait, naguère, par une volonté de singer l’homme de lettres. On  se souvient des velléités littéraires de François Mitterrand, dont La Paille et le Grain, qui n’ont pas, c’est le moins qu’on puisse dire, marqué plus que ça les esprits. Giscard, avant lui, a prétendu faire œuvre de romancier (et a fini à ce titre dans la Coupole qui n’a pas craint le ridicule de l’accueillir en 2003). On ne sait trop à quel nègre Chirac a confié, après lui, ses Mémoires dont les manuscrits originaux doivent croupir au musée de Sarran.

Les névroses présidentielles sont un bon marqueur des changements de civilisation.

Le pauvre type qui occupe aujourd’hui le théâtre de l’Elysée ne fantasme donc plus bibliothèque. Il laisse ça à son ex qui sort le même jour (!!!)  un bouquin avec sa bibine hilare en couverture, sous un titre lui aussi hilarant : Cette belle idée du courage. Non, il ne rêve pas d’être Voltaire ou Hugo (pour rester dans du scolairement correct) plutôt Gabin ou Depardieu. Le voilà donc qui sera dès mercredi le héros d’un nouveau vaudeville, dans lequel Moi Président joue son propre rôle (on l’imagine mal dans Quai des Brumes ou Cyrano, faut dire) : ça s’appelle Le Pouvoir

Décidément, je crois comprendre pourquoi, dès le début cet être m’est à ce point antipathique. Il me fait penser au beauf qui, revenant de Thaïlande, ne peut s’empêcher de faire sa soirée crêpe pour montrer ses putains de photos à tout le voisinage, savez : « J’ai fait la Thaïlande ». Ou à l’ado boutonneux qui, après avoir levé sa première minette, montre la photo à tous les copains.

François Dujardin Hollande himself a donc tourné son premier film. C’est ce qu’il appelle être normal. Ah ! ah ! Franchement, je suis vraiment content de ne pas avoir glissé son bulletin dans l’urne. Me demande ce que je penserais à présent. Le Changement ! J’entendais un étudiant l’autre jour répéter niaisement à la télé, comme on décline sa leçon : « Moi j’ai voté François Hollande parce que je voulais plus de Sarkozy,  mais le changement, on l’attend encore ». Pauvre chou. Pourra toujours aller voir son président aller et venir, entrer et sortir, se lever et s’asseoir sur l’écran en lui faisant des leçons de morale sur la République et l’Egalité ; Se rendra-t-il compte qu’il a la même dose de narcissisme, de fatuité et d’ego boursouflé que Sarkozy, la même dose en plus feutré, plus notable, en mieux élevé, en plus insipide, plus médiocre, somme toute. Hollande, c’est du Sarkozy light. Pauvre de nous. Au fait, le pognon récolté servira-t-il à rembourser la dette ?

C’est vrai que, sans être un changement, un président aussi bas dans les sondages, aussi peu crédible dans sa fonction et qui au bout d’un an s’échine encore à jouer son propre rôle dans un film en salles, c’est une première ! Le jour de la sortie du navet, le héros normal ira présenter sa copie à Bruxelles. La queue basse et friendly. Sur tous les écrans, ce mercredi. La veille de la conférence de presse, censée ouvrir l’an II du pays bas.  Et vive le socialisme !

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Y'a t-il encore une vie intellectuelle en France ?