dimanche, 25 août 2013
Embrassons nous, Taubira
La scène est dans un bureau de tabac de Marignane. Jeudi, vers dix-huit heures deux malfrats armés et cagoulés, dont un, on le sait à présent, est un multirécidiviste, abattent de sang froid un sexagénaire qui tentait de les arrêter, sous les yeux de sa femme et de sa petite fille de 15 mois. Valls, le ministre de l’intérieur, se fend le lendemain d’un discours dans lequel il ne manque pas d’utiliser la rhétorique sarkozienne (pourtant honnie par la gogoche), qualifiant le malfrat de « barbare » et la victime de « héros ». Il fera amende honorable le surlendemain en hurlant dans un micro, devant ses copains à La Rochelle qu’il est « un socialiste, un homme de gauche », en bras de chemise, à la limite de l’apoplexie et de l’extinction de voix. Dont acte.
Ce fait divers sanglant– après de multiples autres - survient au moment où Taubira, la Garde des Sceaux, après avoir sapé l’autorité du mariage, s’apprête à saper celle de la peine de prison, en annonçant son projet de loi sur la probation, concept judiciaire pondu par ses copains du syndicat de la magistrature. Espèrent-ils pouvoir ainsi embaucher par centaines des contrats jeunes afin de devenir ce qu’on appelle, dans un pays quasiment entièrement désindustrialisé, « des travailleurs sociaux » ? Possible. Magouille sur les chiffres du chômage oblige. Avec ces gens-là, dont la duplicité est légendaire, on ne sait jamais ! Espèrent-ils réduire davantage le budget des prisons qui, comme les hôpitaux psychiatriques, sont invitées de plus en plus à ouvrir leur porte. Possible aussi. Cela évite clairement d’entretenir et de restaurer les anciennes, et d’en construire des nouvelles. On pense à Mandeville et à la fameuse fable des abeilles, dans laquelle il est expliqué que les fous et les truands en liberté constituent les ingrédients d’un marché dans lequel l’Etat a tout à gagner puisque cela crée des taxes et des emplois, et occupe la réflexion et l’énergie des citoyens. Probation, donc.
A propos de taxes, ni Valls ni Taubira, dont l’honnêteté intellectuelle n’est plus à prouver, ne remettent en question la responsabilité des hausses délirantes des taxes sur le tabac décidées par leur gouvernement, c'est-à-dire par eux-mêmes, qui transforme en or brun ou blond la cartouche de cigarettes, faisant un peu plus encore des buralistes de quartiers des cibles de choix pour ce qu’il est convenu d’appeler en jargon de sociologue « la petite délinquance » et d eleur marchandise un aliment commode à récolter pour son économie parallèle de contrebande, petite délinquance habituée depuis le collège à rigoler devant tout ce qui incarne l’autorité de l’Etat, du prof dépassé au CPE compréhensif en passant par le chef d’établissement démuni et le ministre démago, de passage pour quelques mois aux affaires.
Pour l’Etat PS, les buralistes ne sont de toutes façon ni de grandes banques, ni de grands groupes. Comme chacun le sait, ils votent à droite voire à l’extrême, alors qu’ils se démerdent, ils valent peanuts, ces poujadistes ringards, tout juste bon à glisser un bulletin bleu Marine dans l’urne aux prochaines municipales. Quant aux malfrats qui s’entretuent, tant qu’ils ne s’attaquent pas à des députés ou à des ministres (et au vu de leur conscience politique, c’est pas demain la veille), ils resteront des jeunes incompris devant lesquels tout abus de langage finira un jour par être sanctionné après le recours d’une association d’indignés et trois marches silencieuses autour des mamans désolées.
On voit bien qu’au fond ce qui fait autorité dans l’esprit de ces ministres plus libéraux que libertaires, (mais cela revient au même, on le sait depuis longtemps désormais), comme dans celle des malfrats, leurs doubles inversés, c’est le pognon et non pas la justice. Dans une société où le châtiment n’a plus aucune autorité (et sur ce terrain là il faut admettre que la peine de mort avait un rôle symbolique à jouer), la loi du plus fort règne en maître, puisque les individus, dirigeants de haut vol comme loubards des cités, continuent eux, à s'octroyer le droit de tuer. Et le marché, toujours lui, qu’il soit légal ou parallèle, devient le seul objectif poursuivi par le politique.
Comme la tolérance à l’égard des couples d’homosexuel(le)s généralement plutôt CMS aisées et désireux d’enfants à câliner ouvre celui de la procréation assistée et autres merveilles technologiques onéreuses, le laxisme de l’Etat ouvre celui des outils de vidéosurveillance, des armes et des milices privées. Manière de faire en sorte que ce soit in fine l'autorité du marché et non celle de l'Etat qui règle l'affaire. Mandeville à nouveau. Cela, il faut être naïf comme un électeur du PS pour croire que le gouvernement ne s’en accommode pas, pourvu que les taxes rentrent. Les discours de prêtresse illuminée de la Garde des Sceaux et celui de cow-boy pré-pubère du ministre de l’intérieur sont finalement également hystériques, à l’un et à l’autre coin de l’échiquier des faux-culs.
14:16 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : valls, taubira, probation, la rochelle, marignane, sécurité, police, justice |
Commentaires
Ce gouvernement ne ménage pas plus ceux qui ont voté pour lui qu'il ne ménage les buralistes. Il ne rate pas une ânerie, tout dans la pose et l'effet (les non-vacances du chef de l'état, par exemple), c'est presque pathétique.
Écrit par : Julie des Hauts | dimanche, 25 août 2013
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